Le poker menteur de Sarközy
A moins de 3 mois de l’élection présidentielle, Sarközy, pour mieux rebondir, a décidé de rentrer en campagne, la tête basse, presque à reculons, mais n’est-ce pas une manœuvre subtile ?
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Chef de l’Etat a des états d’âmes.
Quelques jours avant le premier tour de 2007, il avait convié à sa table quelques journalistes pour s’épancher, en toute fausse humilité, déclarant déjà qu’il était prêt à perdre l’élection de 2007, voire à ne pas s’y représenter en 2012.
L’un des témoins de ce repas peu banal s’appelle Laurent Bazin, journaliste à « ITélé », et avait relaté ça dans son blog.
Or sa direction vient de lui demander de retirer ce texte.
Mais qu’est-ce qui pouvait tant déranger, et surtout 5 ans après ?
Etait-ce parce que lors de ce repas, Sarközy avait étalé un de peu de culture, en faisant au passage quelques jolies erreurs ?
Evoquant son livre préféré, celui d’Albert Cohen, « le livre de ma mère » mais se trompant dans son titre : « le livre à ma mère » affirmant qu’il a été écrit en 59, sauf que c’était 54, (lien) puis parlant de « Belle du seigneur » cet autre ouvrage de Cohen, il assure que ce livre a été écrit au bord du Lac Léman, sauf que c’était à Londres. lien
A l’instar d’un Lefebvre qui, pour briller, évoque « Zadig et Voltaire » au lieu de « Zadig de Voltaire », le candidat d’alors aurait peut-être du être moins prolixe sur le sujet. lien
Mais ne serait-ce pas plutôt la partie de l’entretien dans lequel il évoquait sa stratégie présidentielle pour 2007 qui posait problème ?
Par exemple, lorsqu’un journaliste lui demande s’il voudra faire 2 mandats, il répond :
« Deux mandats ? Et encore ! Si ça ne tenait qu’à moi, je n’en ferais qu’un. Mais je ne peux pas. Tant d’espoirs reposent sur moi. Des millions de gens comptent sur moi. Je ne peux pas faire ça ».
Puis un journaliste lui demande : « et après ? »
Et le futur président de 2007 de répondre : « après ? J’irais dans le privé, gagner de l’argent. Je suis avocat, je peux réussir là ».
Il y dévoile aussi sa stratégie face à Ségolène Royal : on a compris qu’il voudra la faire sortir de ses gonds, même s’il affirme « non, elle ne va pas s’effondrer, c’est macho de dire ça » ajoutant : « moi, je serais sur le terrain des idées. Poli, courtois, mais intraitable sur le fond. »
Face à Bayrou : « je n’en parle pas, je ne critique pas. Ses électeurs voteront pour moi au second tour, je ne l’attaquerais pas. Je dis juste qu’il se trompe de chemin ».
Au sujet de Le Pen : « Le Pen ? Il l’aura un jour, il l’aura (le pouvoir) » ajoutant : « on ne fait pas reculer Le Pen en étant Ministre de l’Intérieur, il faut pouvoir agir sur tous les terrains ». lien
S’il ne peut pas le faire reculer lorsqu’il est ministre, pourrait-il en avoir le pouvoir en tant que président ?
En effet, le risque est réel pour l’éventuel candidat de l’UMP d’être devancé au premier tour par le FN puisque dans un sondage récent, ils seraient déjà 20% à avoir choisi la candidate de l’extrême droite, et que 12% des sondés ont coché la case des « probablement pas », faisant donner au mot « probablement » un sens plutôt inquiétant (lien) d’autant que dans ce même sondage, on apprend que 34% des interrogés « lui font confiance pour bien exprimer les problèmes des gens ».
Le détail du sondage réalisé par « ViaVoice » est sur ce lien.
Il semble que le FN soit effectivement en train de « ramer » beaucoup plus qu’en 2007 pour obtenir ses 500 signatures, et qu’il en aurait 80 de moins qu’il y a 5 ans au même moment, à moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie alarmiste pour mieux séduire l’électeur, en s’habillant en victime. lien
Et puis, on ne peut s’empêcher de penser aux possibilités d’actions de la DCRI, aux ordres du probable candidat de l’UMP, afin de gêner la candidate du FN.
C’est donc peut-être pour ces confidences politiques qui se télescopent avec la réalité, qu’ITélé, à fait retirer 5 ans après, cet entretien du blog de Laurent Bazin.
Alors Nicolas Sarközy est-il un « Troll » comme le suggèrent 3 internautes du site « Bellaciao », voulant empêcher par tous les moyens ses rivaux dangereux de se présenter ? lien
Et puis il y a le vote électronique.
On sait qu’en 2012 un grand nombre d’électeurs utiliseront le vote électronique, permettant une fraude facile, ainsi que l’a démontré un informaticien hollandais, remplaçant en quelques minutes une partie de la machine à voter de la marque NEDAP, celle là même utilisée en France.
Il s’appelle Alex Teichmann et en un tour de main, il a remplacé la puce électronique d’origine de la « machine à voter » par une autre, démontrant qu’un candidat pour lequel personne n’avait voté, avait récolté un maximum de voix. lien
Pour n’importe quel parti, mal intentionné, ayant sous la main des spécialistes de l’espionnage, ce ne serait pas très difficile de s’introduire nuitamment dans les locaux d’une mairie, de remplacer en quelques secondes la puce électronique, afin de falsifier en toute impunité le vote de milliers d’électeurs. lien
En 2007, 8 des 12 candidats demandaient un moratoire, et le seul à soutenir le vote électronique était Nicolas Sarközy. lien
Or, il y a 43 millions d’électeurs en France, et on attend pour 2012, 35 millions de suffrages exprimés (lien) alors que le vote électronique concernait déjà 1,5 millions d’électeurs en 2007, sans le moindre débat démocratique sur la question (lien) et qu’en 2007, la différence au premier tour entre Ségolène Royal et Nicolas Sarközy était de seulement 1 948 551 voix. lien
Les USA qui utilisent depuis longtemps le vote électronique savent maintenant à quoi s’en tenir, puisque les incidents s’y sont multipliés, comme par exemple en Indiana, en novembre 2003, lorsqu’un ordinateur utilisé pour le vote avait enregistré, dans le comté de Boone, 144 000 votes, alors qu’il n’y avait que 19 000 électeurs, ou dans la ville de Wellington où 78 électeurs qui avaient pourtant émargé n’ont pas vu leur voix enregistrées.
Encore pire, en Floride, en novembre 2006, les machines à voter n’ont pris en compte que les 13% de ceux qui se sont rendus dans les bureaux de vote, ce qui a conduit le Gouvernement de cet état à mettre au rebut toutes ces belles machines. lien
On se souvient du soupçon qui a pesé, et pèse encore, sur l’élection de G.W Bush en 2004. lien
Et puis le potentiel candidat de l’UMP sera-t-il tenté de lancer le scénario imaginé dans le livre d’Hacène Belmessous « Opération Banlieues » (éditions la découverte) dans lequel son décrites des émeutes provoquées dans une des banlieues chaudes du pays, faisant tache d’huile s’étendant à tous le pays, provoquant un couvre feu, tout comme en 2005, alors que l’actuel chef de l’état n’était que ministre de l’intérieur. lien
Le 20 juin 2005, à la suite d’un meurtre dans une ville de la région parisienne, il avait déclaré devant des caméras de télé complaisantes, deux jours avant les émeutes, « vous en avez assez de cette bande de racaille ? Eh ben, on va vous en débarrasser ». lien
Puis lors des émeutes qui ont suivi, il avait fait l’amalgame entre les immigrés et leurs enfants, alors que ceux qui avaient participé à ces insurrections n’étaient pas des immigrés, mais de nationalité française, parfois fils d’immigrés.
De plus il avait déclaré : « ils n’ont qu’à retourner dans les pays dont ils viennent », ajoutant « personne ne les retient ici ».
La réaction ne s’est pas fait attendre, les émeutes ont commencé le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, provoquant la mort de deux jeunes poursuivis par la police, laquelle inventera pour la cause « un cambriolage sur un chantier de construction », ce qui sera démenti par le procureur et par le jeune qui avait survécu.
Pendant 6 jours, et 5 nuits, entre les incendies de voitures, de bâtiments, les attaques de transports publics et les affrontements avec la police, ces émeutes provoquèrent le couvre feu, le gouvernement ayant décrété le 8 novembre 2005 l’état d’urgence jusqu’au 21 février 2006.
Sarközi continuera de répéter à plusieurs reprises le mot « racaille », ajoutant de l’huile sur le feu, et personne ne doute aujourd’hui qu’il ait pu récolter, en mai 2007, les fruits de ces interventions, ayant réussi en fin de compte à mater les émeutes. lien
Or, depuis juillet 2011, une loi autorise le tir à balles réelle sur des manifestants (lien), et à St Astier, 10 000 soldats formés à la guerre en banlieue, sont prêts à intervenir. lien
Belmessous imagine donc un scénario identique à quelques semaines de l’élection présidentielle de 2012, qui, une fois les émeutes étouffées dans le sang, verraient le président candidat être réélu pour avoir prétendu, une fois de plus, être le sauveur de la France.
On le voit, entre les manœuvres permettant d’empêcher une candidature gênante, les fraudes possibles permises grâce au vote électronique, et la possibilité d’émeutes, personne n’est à l’abri d’une surprise.
L’élection 2012 est-elle capable de changer la donne ? On ne peut que l’espérer, car comme dit souvent mon vieil ami africain : « le rire, c’est comme les essuies glaces, il permet d’avancer, mais il n’arrête pas la pluie ».
L’image illustrant l’article provient de « Le Post, montage d'après REUTERS »
Merci à Corinne Py pour son aide efficace.
Olivier Cabanel
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