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Accueil du site > Actualités > Politique > Lire ou ne pas lire la lettre de Guy Môquet ?

Lire ou ne pas lire la lettre de Guy Môquet ?

C’est reparti pour un tour. Ce jeudi 22 octobre, date anniversaire de la mort de Guy Môquet, la lettre du jeune résistant communiste fusillé en 1941 doit normalement être lue dans tous les lycées. Pauvre jeune homme pris en otage d’un côté entre un président de la république, qui au nom d’une politique basée sur l’émotion tente de l’instrumentaliser et de l’autre par des enseignants qui ne se revendiquent plus comme des hussards de la République mais s’affichent plutôt en francs-tireurs.

Le débat est mal engagé. Adroitement biaisé par Henri Guaino. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a agité le chiffon rouge en rappelant les enseignants à leurs obligations. “Je pense que les enseignants ont un devoir. Le devoir, c’est de faire leur métier d’enseignant donc d’obéir aux directives”, “Ce n’est pas une profession libérale le métier d’enseignant, c’est un fonctionnaire” a dégoupillé la plume et pour l’occasion la bouche présidentielle sur France-Info .

Ni une ni deux, de nombreux enseignants se sont engouffrés dans le piège en indiquant avec une certaine légèreté, refuser de se plier à la prescription du chef de l’État. Si la note de service publiée l’an dernier contenait des ambiguïtés sur le caractère optionnel ou pas de l’exercice, le ministère de l’Éducation nationale, sur demande de Luc Chatel , a corrigé le tir. Un nouveau texte demande aux chefs d’établissement « de mobiliser les équipes éducatives autour de la commémoration » du 22 octobre. La seule option laissée aux enseignants porte sur le choix des textes qui doivent nourrir la discussion.

La polémique met en avant trois éléments qui constituent les ressorts du Sarkozysme. La dictature de l’émotion, le braconnage sur les terres mémorielles de la gauche et surtout, un fossé entre les discours et les actes.

A cet égard, l’attitude indigne du chef de l’Etat aux cérémonies de célébration de la résistance dans le Vercors le 18 mars 2008 ne laisse guère de doutes sur le trompe l’œil que constitue la lecture de la lettre de Guy Môquet. Une projection très personnelle dans un texte qui l’a sans doute troublé. En aucun cas un hommage à l’esprit de résistance ou à l’héritage du Conseil National de la Résistance .




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12 réactions à cet article    


  • Dzan 23 octobre 2009 11:30

    L’exploitation de la lettre de ce pauvre gosse, par un mec, qui foule aux pieds les décisions du Conseil National de la Résistance, est une imposture.

    Il me semble, que tout fonctionnaire a droit à la désobéissance civile.


    • Kim Kim 23 octobre 2009 14:36

      Son attitude avec ce petit rictus devant le monument aux morts est scandaleux. De même le dédain pour celui qui osa lui adresser la parole pour relater les faits.

      Ce type, pas ce président, ce type est indigne de sa fonction. Mais que voulez vous, qu’est ce que tout ca peut bien dire pour ce quarteron judéo-magyar. La France, sachez le bien, IL S’EN FOUT !

      • Fergus Fergus 23 octobre 2009 15:46

        Obliger des enseignants à lire un texte, aussi beau et émouvant soit-il, à une date officielle relève d’un pouvoir totalitaire à la soviétique ! 


        • franc 23 octobre 2009 16:04

           Gaino a raison ,les enseignants sont des fonctionnaires qui doivent obéir aux directives gouvernementales ,sauf bien sûr si celles -ci bafouent les droits élémentaires de l’homme

          Lire la lettre de Guy Mocquet est une très bonne chose pour les élèves et la jeunesse en général . 


          • gushy 24 octobre 2009 01:41

            Prof d’Histoire, et fort sensible à celle de la Résistance dans laquelle une partie de ma famille risqua sa vie, je me suis trouvé il y a trois ans sollicité par mon chef d’établissement à propos de la nécessité impérative de lire la lettre de Guy Moquet sur injonction du président de la République, personnage dont à mes yeux les idées et les pratiques sont une insulte aux valeurs de la Résistance.

            Ne pas le faire me paraissait revenir à laisser sans réagir à Mr Sarkozy le bénéfice de se réclamer d’un héritage qui est celui des miens, le faire revenait à conforter une interprétation, une image de la Résistance, volontairement déformées, récupérées pour servir à des buts qui sont pour la plupart, l’opposé de ce que fut le programme du Conseil National de la Résistance.

            Ce n’est pas une question de différents politiques : toute la Résistance ne fut pas de gauche, et les miens ne l’étaient certes pas, mais bien d’une certaine idée de la liberté, de la défense du droit, de la République, de la solidarité humaine, de la justice sociale, que visiblement Mr Sarkozy ne partage pas, et peut être même ne comprend pas.

            Par chance, la loi garantit encore, quoiqu’en pense Mr Guaino, la liberté pédagogique des enseignants. J’ai donc proposé de lire plutôt que la lettre de Guy Moquet, assassiné encore presque enfant pour ce qu’il était, un communiste, plus que pour ce qu’il avait fait, la lettre de Missak Manouchian, fusillé pour avoir en toute connaissance des risques, choisi de s’engager dans ce qui était sans doute la plus dangereusement risquée des activités de Résistance, la lutte armée en zone urbaine.

            J’ai bien précisé à mon chef d’établissement que je comptait insister tout particulièrement auprès de mes élèves sur ce qui à mes yeux fonde l’honneur de la FTP-MOI, et toute la valeur symbolique de son engagement comme message aux jeunes gens d’aujourd’hui :

            - ils s’appelaient Manouchian, Epstein, Rayman, Bancic, Della Negra, Wajsbrot, presque aucun n’était né français. Ils étaient pour la plupart des étrangers sans papiers, souvent des réfugiés comme Manouchian.
            Comme ceux qu’au nom de la France le gouvernement de Mr Sarkozy enferme dans ses centres de rétentions pour les embarquer de force dans des charters au nom de la République.

            - ils étaient l’« ultra gauche » de l’époque, engagés jusqu’au bout, jusqu’à en mourir, dans l’action violente, armée, meurtrière, en violation de la loi et des règles, contre le gouvernement légal, même s’il n’était pas légitime moralement, du maréchal Pétain. Au nom d’idées révolutionnaires, subversives et dangereuses pour la société, unanimement réprouvées par la morale publique de l’époque.

            - ils étaient des assassins et des criminels aux yeux de la loi et des autorités. Ils étaient bien, d’après la loi, « l’armée du crime » dénoncée par l’affiche rouge : des terroristes contre lesquels tous les coups sont permis. Leur donner la chasse, les empêcher de nuire justifiait toutes les formes de répression, la suppression de tous les droits, libertés, garanties légales et principes de droit, auxquels on reconnait les nations civilisées. Au nom, déjà, de la lutte contre le terrorisme, contre les étrangers fanatiques qui parait-il menacent nos valeurs.

            - ils ont été arrêtés par la Police française qui en ce temps là faisait un métier bien difficile, comme on l’entend parfois encore aujourd’hui. En pourchassant les étrangers sans papiers et les terroristes, ce sont souvent les mêmes il parait, pour les enfermer dans des camps ou les expédier de force vers des pays dangereux pour eux. Voir en arrêtant les enfants étrangers ou juifs à la sortie des écoles. Un vilain vieux temps qu’on n’aimerait pas voir revenir.

            - et à cause de tout cela ils sont des héros, profondément humains, amoureux de la vie, morts sans haine, pour la France, la République et la liberté, aux noms d’idéaux qui effectivement justifient qu’on lise leur témoignage aux enfants d’aujourd’hui. Des symboles partout connus du combat pour le droit et la liberté.

            J’ai développé abondamment, c’est un sujet qui me touche personnellement.

            Deux jours après ( le temps de consulter en plus haut lieu ? de réfléchir ? ) ma direction m’a informé que bon n’est ce pas, la lettre de Guy Moquet, ce n’est pas vraiement obligatoire....

            Je continue donc, comme avant car aucun prof d’Histoire n’a attendu Mr Sarkozy pour savoir ce qu’exigent son métier et ses responsabilités de fonctionnaire, de passer un quart d’heure sur l’affiche rouge. Bien plus représentative de ce que fut l’engagement communiste dans la Résistance que ne l’est la lettre de Guy Moquet, bien plus éclairante aussi par rapport aux problématiques de l’actualité sur les droits et libertés, le terrorisme, le statut des étrangers, le conflit que chaque citoyen peut devoir un jour trancher à titre personnel entre la loi et les valeurs morales.

            Et trois quart d’heures à expliquer Pierre Frenay, Lucie Aubrac, Gilbert Dru, Lucien Neuwirth, Georges Guingouin, Joseph Epstein, les rouges espagnols des maquis, Roman-Petit et les maquis des Alpes. Des gens qui n’avaient rien en commun avant la guerre, furent pour certains des ennemis politiques avérés après la guerre, mais seraient tous je crois profondément ulcérés de voir aujourd’hui leur engagement personnel dans la Résistance et les valeurs morales qu’ils partageaient instrumentalisés au service d’une ambition politicienne si contraire aux idéaux pour lesquels ils ont risqué leur vie.

            L’enseignement de l’Histoire vise à former des citoyens, c’est pour cela que le contribuable me paye. Pas pour obéir au caporal de service qui prétend m’ordonner de faire la pub de telle ou telle lubie des politiciens à la mode ( voire l’obligation d’enseigner « les aspects positifs de la colonisation française » ou l’Histoire de l’Art ), fussent t il président de la République, n’en déplaise à Mr Guaino.

            Chaque année, nous emmenons nos élèves au musée de la Résistance. Quand ils sortent de l’ancien quartier général de la Gestapo de Lyon, devenu le Centre d’Histoire de la Résistance, après deux heures de discussion avec tel très impressionnant survivant du camp d’Auschwitz, il suffit de voir les réactions de ces jeunes pour avoir la certitude que nous avons rempli le contrat, qu’ils savent, dans leurs tripes et pour toujours ce qu’il faut combattre et ce qu’il faut défendre en termes de valeurs.

            Et chaque année dans ce musée je ressens la même émotion devant cette photo des cadavres de Résistants assassinés par la Gestapo place Bellecour à l’angle de la rue Herriot, au printemps 44, la où se trouve aujourd’hui le monument aux morts de la Résistance lyonnaise.
            A l’idée que si l’un d’entre eux n’avait pas eu le courage de mourir sans parler, mon grand père et les siens serait sans doute morts quinze ans avant que j’ai eu la possibilité de naitre.
            Le souvenir de l’angoisse dans la voix de ma grand mère qui, enfant, me racontait cela plus de vingt ans plus tard. La haine effrayante dans sa voix, elle si profondément, si imperturbablement chrétienne et charitable, lorsqu’elle parlait de Klaus Barbie au moment de son procès.
             
            A côté de cela, Mr Sarkozy, Mr Guaino, et leurs tentatives de récupération d’une Histoire trop profondément noble et émouvante, trop chargée de sang, de souvenir et d’émotions, pour qu’ils puissent la comprendre m’apparaissent comme très petits. Peut être même un peu minables. Et finalement assez ignobles.


            • papiper 24 octobre 2009 10:37

              merci Monsieur le Professeur,vous ètes hautement digne de votre magnifique métier ( un vieil instit)


            • Francis, agnotologue JL 24 octobre 2009 10:47

              @ Gushy, total respect.


            • Bardamu 24 octobre 2009 09:11

              Ce qu’a fait le C.N.R., Sarkozy s’applique à le défaire !
              Il salit tout ce qu’il touche.
              C’est un rustre, un esprit inculte et trivial qui ridiculise notre beau pays.
              L’Histoire n’est pas un jouet, on objet de consommation, un hochet de plus dans l’univers mercantile d’un libéralisme rampant.
              Certains ont fait preuve d’un rare courage ; d’autres, à l’image de qui nous gouverne, ne laisseront sur cette Terre que l’empreinte des bouffons.


              • Cathy59 24 octobre 2009 09:27

                Oui, enfin ce qui m’interroge, c’est surtout le contenu des cours d’histoire en général au nom du « plus jamais ça » alors que, en ce moment même, des populations entières sont massacrées dans l’indifférence politique générale !


                • DIMEZELL 24 octobre 2009 10:06

                  La vidéo de l’empereur est assez incroyable. A conserver et à diffuser.
                  Je n’en reviens pas.

                  Concernant la lettre du gosse, sa lecture est intéressante bien sûr.
                  Ce qui pose un réel problème, ce sont les ordres, c’est toute cette orientation de plus en plus ’centralisée’, de plus en plus décidée par des gens qui ne connaissent rien au terrain, qui ne connaissent rien au fonctionnement des écoles, des collèges..et qui décident de tout. Complètement inefficace même à court terme.
                  Si, comme on peut le constater au travers des pseudos réformes, les enseignants doivent être transformés en petits soldats d’une Education Nationale qui ne sait pas évoluer, je crains avant tout pour tous ces élèves sans repères, sans éducation véritable que l’on méprise un peu pus chaque jour.


                  • Loan 25 octobre 2009 09:18

                    Sur la mort de Guy Moquet, causes et circonstances, peit extrait sur le site des Manats du Roy "...Belle lettre d’un jeune garçon de 17 ans. Lettre d’un résistant ? Bon sang ne saurait mentir…
                    Fidélité à la cause communiste de son père, de son oncle, de sa tante, à cette même cause qui, obéissante aux ordres de Moscou, faisait dire dans « L’Humanité » du 13 juillet 1940 : « Les conversations amicales se multiplient entre travailleurs parisiens et soldats allemands : Nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les députés communistes ont été jetés en prison et qu’en 1923, les communistes se dressèrent contre l’occupation de la Ruhr, on travaille pour la fraternité franco-allemande »…
                    Tout comme Maurice Thorez a obéi aux ordres de Georgi Mikhailov  Dimitrov, secrétaire général du « Kominterm » et a donc déserté pour se réfugier à Moscou, de nombreux communistes français distribuent des tracts appelant : « par tous les moyens appropriés, en mettant en œuvre toutes vos ressources d’intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêchez, retardez, rendez inutilisables les fabrications de guerre, contrecarrez l’action des gouvernements français, qui aident les fascistes finlandais et se préparent dans le Proche-Orient à attaquer l’U.R.S.S parce qu’elle est la patrie du socialisme »
                    Prosper Môquet, cheminot, député communiste et père du jeune Guy Môquet s’est-il insurgé contre la ligne du parti ? Point que l’on sache… Arrêté en octobre 1939 et emprisonné par la suite en Algérie comme d’autres députés du Parti communiste…Le Parti communiste « français » a soutenu le pacte « Molotov-Ribbentrop » signé le 23 août 1939, pacte qui a facilité l’envahissement de la France…
                    Le jeune Guy Môquet a poursuivi la lutte qu’avait mené son père et en été 1940, qu’elle action de résistance mène-t-il ?
                    Il colle des « papillons » et distribue des tracts d’un « grand patriotisme »… Que pouvait-on lire sur les tracts communistes de cette époque ?
                    « Des magnats d’industrie (Schneider, De Wendel, Michelin, Mercier [...]), tous, qu’ils soient juifs, catholiques, protestants ou francs-maçons, par esprit de lucre, par haine de la classe ouvrière, ont trahi notre pays et l’ont contraint à subir l’occupation étrangère [...] De l’ouvrier de la zone, avenue de Saint-Ouen, à l’employé du quartier de l’Étoile, en passant par le fonctionnaire des Batignolles [...] les jeunes, les vieux, les veuves sont tous d’accord pour lutter contre la misère… »
                    Le « patriote » Guy Môquet a été arrêté le 15 octobre 1940, alors que le pacte « germano-soviétique » venait d’être enterré le 22 juin 1941 par l’opération Barbarossa.
                    Entre ces deux dates, quels sont les actes de résistance du « patriote » Guy Môquet ? L’histoire ne le dit pas.
                    S’il n’y a pas lieu de se réjouir de l’exécution d’un jeune garçon de France, fusillé par l’occupant à 17 ans, l’histoire retient que d’après le témoignage de l’abbé Moyon, curé de Saint Jean de Beré, appelé par l’autorité civile et militaire pour assister les victimes : « les condamnés ont refusé d’avoir les yeux bandés et de se laisser attacher au poteau. Un seul - le jeune homme de dix-sept ans - a eu un évanouissement. Lui seul a dû être attaché dans cet état, mourant ainsi dans cette triste condition. » (Mgr Jean-Joseph Villepelet, Un évêque dans la guerre, Éditions Opéra, 2006).
                    Et répétons le, s’il n’y a pas lieu de se réjouir de cette exécution, il y a lieu d’être révolté par une décision des plus hautes autorités de l’Etat, décision qui conforte insidieusement les mensonges du Parti des « 75 000 » fusillés…
                    Le lundi 22 octobre 2007, jour de basse manœuvre politicienne !

                    Simon de Quoisiry, le 22 octobre 2007"

                    Alors, lire la lettre peut être, mais aussi rappeler tout le contexte et aussi que grace à Dieu des résistants plus crédibles ont existés


                    • Céphale Céphale 25 octobre 2009 11:15

                      A contrario, on pourrait lire aux petits Français cette lettre écrite le 29 novembre 1940 au Préfet de la Gironde par un courageux anonyme :

                      Vous avez arrêté 148 communistes : c’est très bien. Mais beaucoup encore desservent notre pays, c’est pourquoi je tiens à vous dénoncer un certain Jeaubertie, André, 19, rue Porte Basse, qui mène une activité très cachée mais certaine et qui peut nous porter encore plus de préjudices. Il fréquente le Banque, rue de Berry, centre communiste notoire. En plus allié à certains Juifs de la rue Sainte Catherine. Son activité n’en paraît que plus dangereuse. Il serait bon, nous croyons, de mettre un terme à ces agissements. La Kommandantur est prévenue. Il faut débarrasser la France de tous ces criminels.

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Auteur de l'article

Henry Moreigne

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