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Lobbyisme, pouvoir et puissance du BTP

Il apparaît manifeste que l’aéroport de Nantes est suffisant pour faire face au trafic actuel, futur et même à celui d’un futur lointain. Il convient de se demander à qui profite l’ouverture d’un tel chantier. Construire une piste avec l’aéroport qui va avec, c’est alimenter le chiffre d’affaires du bâtiment et des travaux publics (BTP). Il est aussi bien connu que les travaux qui sont facturés à l’État et aux collectivités territoriales ne sont pas au même prix que si le donneur d’ordre était une personne privée. C’est bien plus cher, donc très rentable.

Afin de comprendre le fonctionnement et le pouvoir lobbyiste du BTP, il faut se pencher sur le rapport Perruchot .On y apprend que les fédérations syndicales du BTP ont collecté plus de 86 millions d’euros de cotisations et possèdent une trésorerie de 180 millions d’euros en 2010. Elles sont, en terme de cotisations officielles, plus riches que l’UIMM [Union des industries et des métiers de la métallurgie], les magnas de la Métallurgie. Les fédérations du BTP possèdent un patrimoine très important dont il est difficile d’en avoir connaissance.

Cette puissance organisationnelle est très influente. Il en sera pour preuve les 85 propositions du BTP aux parlementaires qui visent à modifier, amender, créer la loi partout où cette fédération le juge utile aux intérêts des grandes entreprises du BTP qui tiennent la barre dans cette organisation professionnelle. Ces instances du BTP sont si riches et si puissantes qu’elles deviennent un État dans l’État. En effet, les organisations privées qui détiennent des masses d’argent très importantes ne s’embarrassent pas d’éthique. La règle devient l’absence de règle, partant du principe que tout s’achète.

Ces fédérations du BTP savent que le pouvoir est dans le système bancaire, donc elles y siègent. Et tout particulièrement dans Dexia Crédit Local. Les présidents du BTP sont d’office dans la gouvernance de cette banque. On remarquera que figurent dans ce conseil le président de la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics), Patrick Bernasconi, et celui de la FFB, Didier Ridoret. Nous trouvons aussi le BTP dans une banque qui lui est dédiée : BTP Banque, filiale du Crédit Coopératif et propriété des Banques Populaires.

Ici, il faut constater que les collecteurs d’argent sont là. Il y a SMABTP, SMAVie BTP et autres organismes, dont notamment les Caisses de Congés Payés du BTP, dont les principaux représentants sont dans BTP Banque. Il faut savoir que les élus des fédérations du BTP sont les membres de droit de ces caisses de congés. Si les fédérations du BTP ont beaucoup de moyens financiers, c’est grâce aux Caisses de congés qui collectent les cotisations professionnelles.

Le but principal des caisses de congés est de collecter les congés des ouvriers du BTP du 1er avril de l’année N jusqu’au 30 avril de l’année N + 1 pour les redistribuer en congés, en pratique de juillet de l’année N + 1 jusqu’au 30 avril de l’année N + 2. Il s’agit d’un mouvement perpétuel. Au moment où les caisses de congés commencent à verser les congés, elles ont déjà engrangé l’argent social des congés qui sera distribué à partir de juillet de l’année N + 3 et ainsi de suite.

Evidemment, ces caisses ne garantissent pas le droit au congé des salariés, dès lors qu’elles ne le reversent que si les cotisations ont été payées. Au passage, elles gardent, selon les rapports de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), 2 à 3 % de la collecte dont les salariés sont privés. Ceci sur un encours moyen de 6,5 milliards d’euros que les caisses placent, afin, disent-elles, de couvrir les frais de fonctionnement des caisses. Ces caisses de congés, qui sont des associations de droit privé, pratiquent l’affiliation obligatoire et se moquent des droits et libertés fondamentaux de leurs adhérents. En somme, les fédérations du BTP ne défendent pas leurs cotisants, elles les exploitent… Sur les Caisses de Congés Payés du BTP, voir explications, articles de presse, consultation juridique sur 4c-btp.

Priver le BTP de ces moyens de collecter beaucoup d’argent, c’est contribuer à faire en sorte que le béton et le bitume ne gagnent pas chaque jour un peu plus sur les terres agricoles et la forêt. Oui, il faut occuper le terrain pour que les acteurs de ce monde puissent répondre aux nécessités des populations. Désormais il convient de savoir qui doit avoir le pouvoir et de quelles manières nous devons répondre à chaque nécessité sans hypothéquer l’avenir. Ce qui exige une autre politique d’occupation des sols, un bien commun très précieux même s’il est souvent détenu par des personnes privées.

Concrètement, cela signifie que les opposants à la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes doivent aussi s’attaquer à la « pompe à fric » du BTP, à savoir les caisses de congés payés du BTP dont celle d’Orvault (Loire-Atlantique) qui finance aussi le Medef .

D'apres un article publié sur le site" Reporterre"

http://2ccr.unblog.fr/2013/03/10/lobbyisme-pouvoir-et-puissance-du-btp/

Lire également : « L’AYRAULT PORT DE NOTRE DAME DE VINCI »


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2 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 13 mars 2013 11:36

    Un dossier en béton !


    • Michel DROUET Michel DROUET 13 mars 2013 15:12

      Bonjour Robert

      Le système permet également aux élus locaux de proclamer que « 75 % de l’investissement public est réalisé par les collectivités territoriales » et donc de justifier, au nom de la crosiisance, l’existence s’un mille feuille couteux pour le contribuable : la boucle est bouclée !

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Robert GIL

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