Nos institutions dépassées par la technologie
On ne va pas revenir sur le problème des nouveaux usages culturels sur internet que les différents gouvernements n’ont pas su régler, si ce n’est que par l’archaïque Hadopi, dont on voit ce qu’elle coûte aujourd’hui aux contribuables et le peu d’effet qu’elle peut avoir sur les réseaux. Mais la campagne des présidentielles est une nouvelle illustration de l’impuissance des institutions et du pouvoir politique à s’adapter à l’évolution des nouvelles technologies.
Deux sujets démontrent cette impuissance : la réglementation du temps de parole 15 jours avant le 1er tour et l’interdiction de publier des résultats avant le fatidique 20 h.
Après avoir eu un démarrage de la campagne plutôt intéressant avec des émissions politiques inégales, mais qui permettaient d’installer dans le temps la personnalité des candidats et leur programme, chemin faisant nous avancions peu à peu, puis d’un seul coup nous sommes tombés dans l’égalité de temps de parole des dix candidats avec la campagne officielle.
Le dernier « Mots croisés » de France télévision a été l’apothéose de cette stupidité, ils étaient dix, pour certains nous avions les candidats en personne, d’autres avaient jugés bon d’envoyer leur représentant. Assommant, c’était le zap complet, l’argumentation en 140 caractères…, l’accumulation de poncifs. Impossible d’adhérer à quoi que ce soit, de comprendre quoi que ce soit, un festival de spots publicitaires.
Inutile de dire que de telles pratiques ne servent en rien la démocratie et la compréhension du débat électoral. Alors que les sources d’informations se multiplient, on assiste à cette farce électorale. Canal + en a démontré l’inanité, chaque soir en faisant une revue de la presse écrite qui, elle, n’est pas astreinte à cette règle d’égalité ; On y voit la surface papier accordée à chaque candidat….. Ainsi à l’aube de ce XXIème siècle naissant, la télévision et la radio ne sont pas en mesure de faire jeu égal avec la presse papier.
Plus surprenant, dimanche prochain ces mêmes médias (décidemment les pauvres !) ne pourront rien divulguer, sous peine de fortes amendes, des résultats sortis des urnes dès 18h30. Alors que l’ensemble de la presse étrangère belge et suisse en particulier, publieront sur leurs sites respectifs les premières indications de vote qui ne manqueront pas via facebook et twitter d’informer la France entière.
Nous assisterons à ce spectacle consternant de présentateurs condamnés à répéter en boucle les taux de participations dans un faux suspens avec des directs sur les différents états majors, qui en liesse, qui en dépression, avec les participants de la victoire criant leur joie sous les fenêtres …. Et l’attente s’installera ainsi jusqu’à 20 heures !
Nicolas Demorrand a annoncé qu’il publierait sur le site de son journal Libération dès 18h30 les premiers résultats. Tiendra-t-il parole ? Par ce geste il veut pointer l’archaïsme de la réglementation face aux réseaux sociaux et à internet.
C’est bien le même immobilisme dont font preuve nos autorités administratives à l’heure de la mondialisation de l’information et de la suprématie d’Internet. Alors que les principaux états major politiques se sont dotés d’armada de bloggeurs pour faire campagne, la France s’apprête à être la risée du monde dès dimanche.
C’est bien le même décalage culturel, la même impuissance que manifestent ainsi nos dirigeants vis-à-vis de cette culture qui se déchainent sur internet au mépris de la propriété intellectuelle. Pas d’anticipation, pas de réflexion mais une accumulation de conservatismes désuets et la menace de la sanction pour seule réponse, comme Hadopi ! A l’aube d’un changement politique majeur, cela sent malheureusement la vieille France.
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