Un État doit-il sauver la vie de ses ressortissants quitte à verser une rançon ou à libérer des terroristes ?

Notre omniprésident a répondu :

« la seule stratégie ne doit pas constituer à payer des rançons et à accepter de libérer des prisonniers en échanges de malheureux innocents »[1]

 

Comme d’habitude, Sarkozy reste toujours dans la démonstration de force ! Jamais dans la réflexion. Il le prouve encore une fois en adoptant une position ferme et définitive.

Après tout, peut-être essaie-t-il de justifier la récente barbouzerie en Mauritanie, voire même de s’affranchir de sa part de responsabilité dans le décès de l’otage français Michel Germaneau ?[2]

En tout cas, adopter cette posture relève... :

  • de la bêtise parce qu’on ne saurait comparer deux forces en présence totalement étrangères l’une de l’autre, un Etat de droit et une bande informelle de fous illuminés...
  • de l’hypocrisie parce que l’Etat et ceux qui le dirigent, ou l’ont dirigé, n’ont pas à adopter une posture morale, tout simplement parce que ce ne sont pas des modèles de moralité...

Contrairement à ce que prétend le chef de l’État, verser une rançon ou accepter de libérer des terroristes ne relève pas d’une stratégie. Ce ne sont que des moyens, ultimes, pour sauver la vie à des victimes...

Comme on le disait précédemment, cette sortie lamentable du président Sarkozy nous rappelle la fin tragique d’Aldo Moro. [3]

Aldo Moro, homme politique italien intègre, fut enlevé dans des circonstances politiques particulièrement troubles en 1978 et assassiné 55 jours plus tard par un commando des Brigades Rouges...

Dans son livre, intitulé l’affaire Moro, Léonardo Sciascia, [4] qui participa à la commission d’enquête, rapporte que Moro demandait au gouvernement italien et à la classe politique d’accéder aux demandes de ses ravisseurs... avec lesquels il avait négocié.

Le gouvernement italien et la classe politique italienne ont écarté les arguments d’Aldo Moro au nom de principes politiques et moraux prétendument supérieurs... à la vie de l’otage.

En définitive, le refus de négocier avec les terroristes équivalait à une condamnation à mort de l’otage : Aldo Moro fut victime d’une classe politique italienne corrompue qui avait décidée de le sacrifier au nom de principes qu’elle-même ne respectait pas...

Aussi, en matière de terrorisme, la question essentielle ne réside pas dans le fait de céder ou non au chantage d’un groupe terroriste mais de sauver la vie à des innocents, emprisonnés arbitrairement parce qu’ils représentent un symbole...

Ce n’est pas une rançon refusée ou quelques terroristes de plus en cellule qui affaiblira de manière significative un groupe terroriste...

La lutte contre le terrorisme commande une politique volontariste qui impose la transparence et le contrôle des flux financiers internationaux... afin de tarir les ressources des terroristes..

Sarkozy devrait réfléchir au lieu de jouer les Rambos...

 

Notes

[1] L’Express - Nicolas Sarkozy critique les paiements de rançons à Aqmi

[2] Le Point - ENLÈVEMENT DE MICHEL GERMANEAU - Pourquoi Nicolas Sarkozy est passé à l’action

[3] Biographie Wikipédia

[4] un des plus grands écrivains italiens de son temps - sa bio wikipédia