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Taxe carbone, opinion, bidouillage...

Où allons-nous avec cette taxe apparemment rejetée assez massivement par les français ?

La « Contribution Climat Energie » devenue taxe n’a pas bonne presse, il est depuis quelques temps question de la compenser : reverser son produit aux contributeurs.

Diverses formules ont été envisagées, diverses modalités, du « chèque vert » au crédit d’impôt ou à la diminution de l’impôt sur le revenu, dernière invention de François Fillon, premier ministre.

Ceci afin que la taxe soit indolore aux personnes et ménages disposant d’un faible pouvoir d’achat.

On tâtonne, on « bidouille » sur les modalités de remboursement afin d’amadouer l’opinion : ce n’est pas du travail sérieux !

Cette invention de F Fillon semble omettre que dans cette population au pouvoir d’achat réduit se trouvent un grand nombre de personnes et ménages qui s’acquitteront de cette taxe mais ne paieront pas d’impôt car ils ne sont pas imposables : leur échappera alors la diminution ou le crédit d’impôt.

En d’autres termes cette solution laissera de côté les moins aisés, et elle peut à ce titre être vue comme une véritable traîtrise sociale.

De la même façon on peut qualifier cette taxe de traîtrise environnementale car, nous le savons, il est maintenant urgent de changer fortement nos comportements.

Le réchauffement de certaines zones du globe, l’Arctique en particulier, est d’une rapidité imprévue et a des conséquences aujourd’hui dont on prévoyait il y a quelques années qu’elles pourraient se manifester vers 2030 / 2050.

C’est le cas de l’irruption massive de méthane, puissant gaz à effet de serre, dans l’atmosphère, en provenance des fonds marins ou du permafrost en fusion dans bien des zones.

L’exemple suédois de taxe énergétique, en vigueur depuis une vingtaine d’années avec à ce jour une valeur d’une centaine d’euros par tonne de CO2, nous donne le rythme de travail d’une telle taxe : une réduction d’environ 12% des émissions imputables au chauffage collectif et aucun effet mesurable dans le secteur automobile.

Une efficacité avérée dans le secteur du chauffage, mais d’une ampleur relativement réduite, et une inefficacité totale ailleurs.

C’est peu, très peu face au double défi climatique et de l’épuisement en cours des ressources fossiles (pétrole, gaz : les gisements de la mer du Nord ont pour la plupart dépassé leur pic depuis plusieurs années, et même la Grande Bretagne doit compléter ses approvisionnements avec du gaz russe, qui ne sera pas non plus éternel).

Que faut-il faire pour atteindre un rythme de changement de nos comportements qui nous offrirait de bonnes chances de ne pas endurer de trop graves dommages issus de ces deux défis ?

C’est simple : il nous faut nous donner les moyens de vivre correctement tout en consommant beaucoup moins d’énergie, et ce n’est pas cette taxe qui nous mènera à ce résultat en temps opportun.

Elle ne nous fournira aucune alternative, elle sera juste un dispositif assez complexe au rendement faible tout juste capable de donner bonne conscience à ceux qui n’auront pas mesuré sa disproportion vis-à-vis des défis à relever.

Ce qui s’avère en fait indispensable et n’est aucunement prévu dans le cadre de cette taxe est de mettre en place les alternatives qui permettront à chacun ce choix entre deux produits, deux solutions au contenu énergétique différent.

Qu’il s’agisse de faciliter aux plus démunis une meilleur isolation de leur habitat, de développer des réseaux efficaces et denses de transports en commun, de généraliser la voiture électrique en libre service... il n’est pas prévu que le produit de cette taxe soit consacré à des investissements massifs dans l’une ou l’autre de ces direction.

C’est la raison pour laquelle j’écrivais il y a quelques jours « Carbone : la taxe illégitime » et proposais un fiscalité spéciale, basée sur le revenu, dont le produit serait consacré aux investissement qui nous permettraient de prendre un réel virage énergétique.

Songeons simplement que la rénovation thermique de l’habitat ancien demanderait une quarantaine d’années de travail à raison de 400 000 logements traités par an : le chantier est tout aussi immense qu’incontournable si nous voulons réellement parvenir à une meilleure efficacité énergétique.

Et ce chantier peut encore être envisagé et mis en route dans les conditions actuelles : serait-il imaginable de l’entreprendre si le baril de pétrole devenait beaucoup plus coûteux ?

De nombreuses considérations peuvent nous laisser supposer qu’il pourrait devenir extrêmement coûteux dans un avenir plus ou moins proche.

C’est une façon d’exprimer que l’époque dans laquelle nous nous trouvons nous laisse encore des chances d’agir qui pourraient ne pas se reproduire.

Il est encore temps de remplacer, dans son principe, cette "taxe carbone« par une »Contribution Environnementale Généralisée" (qui pourrait devenir une "Contribution Environnementale Européenne Généralisée" à plus ou moins brève échéance) dont le produit serait intégralement consacré à de grands chantiers qui permettraient à chacun de réels choix dans ses modes de consommation.
 

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15 réactions à cet article    


  • Lapa Lapa 9 septembre 2009 10:47

    "Le réchauffement de certaines zones du globe, l’Arctique en particulier, est d’une rapidité imprévue et a des conséquences aujourd’hui dont on prévoyait il y a quelques années qu’elles pourraient se manifester vers 2030 / 2050."

    sources ? parce que c’est pas foncièrement ce qu’on peut voir par là :
    http://www.pensee-unique.fr/indicateurs.html

    Pour le reste, assez d’accord.


    • jcm jcm 9 septembre 2009 11:25

      Ah oui, mais il faudrait sortir de la pensée unique de chez pensée unique, mon cher !

      Et se donner une vision assez large sur les informations disponibles.

      Si cela peut aider je publie au jour le jour une liste des textes lus et jugés intéressants (ce qui ne signifie pas que je me trouve toujours en accord avec leur contenu) que l’on peut trouver ici classés par catégories.


    • jcm jcm 9 septembre 2009 15:48

      Sérieux : cela peut m’arriver en effet !

      Preuve ?

      Les traces sont ici : « réchauffement » via jcm


    • jcm jcm 9 septembre 2009 22:23

      Ah..... auriez-vous mal regardé ?

      Dommage...


    • jcm jcm 11 septembre 2009 00:07

      Est-ce si important en fin de compte, car il y a de bonnes chances que nous n’ayons aucun risque de griller du fait du réchauffement climatique : nous nous étriperons bien avant qu’il soit vraiment insupportable pour tenter de nous réserver les ressources énergétiques sans lesquelles nous ne saurions plus vivre...

      Et comme nous sommes devenus très efficaces pour ce qui est de nous entre tuer...


    • HELIOS HELIOS 9 septembre 2009 12:57

      Bonjour JCM,...

      Apres avoir lu votre article, je ne m’attarderai pas sur le fond, c’est a dire sur le rechauffement climatique,ses sources et ses conséquences pour réagir sur votre pensée a vous, telle qu’elle transparait.

      Je vous suis parfaitement lorsque vous dites : ... il nous faut nous donner les moyens de vivre correctement tout en consommant beaucoup moins d’énergie...

      C’est là le bon sens même. Par contre, tout le reste est vraiment un appel au meutre, le meutre par taxe interposée. Où avez vous vu, lu et entendu que pour atteindre un objectif quelconque, la taxe etait le meilleur moyen ?

      Nous sommes entré depuis quelques années, dans un monde de contraintes. Les epaces de liberté laissés par notre petite emprise sur la planete ont disparu a cause de la nocivité et l’ampleur de notre activité mondiale. Nous sommes contraint de réguler.

      Mais reguler ne veut en aucun cas dire taxer. La regulation est nécessaire là où se généralise une activité a contôler, par son ampleur ou par son impact. les activités mineures ne font pas parti de cette regulation.

      En systemique, il y a plusieurs point ou l’on peut reguler... par la source, par l’usage, ou par le process. Votre objectif de taxation consiste a taxer l’usage, le pire endroit car c’est celui qui est le plus difficile, par son nombre et ... sa douleur.
      Reguler par le process, c’est la solution choisie lorsqu’on a quelques alternatives... et réguler a la source, c’est lorsqu« on est sincere et responsable.

      Par consequent s’il faut »aider« la planete, toujours en supposant que ce soit nos activités qui soient responsables et si nous connaissons les limites de nos ressources, dans ce cas la, c’est au niveau de la production, des industries et des modèles de fonctionnement qu’il faut agir.

      Par exemple....(toujours sans faire d’hypotèses ni sur la legitimité ni la realité de l’action) vous voulez que les voitures rejettent moins de CO2. Au lieu de taxer les utilisateurs, vous pourriez ET/OU modifier le »process« de l’automobile c’est dire son mode d’utilisation (individuel, collectif, limiter les deplacements en modifiant les plans de circulations, les lieux d’habitation vis a vis des lieux de travail , etc) c’est evidement difficile mais utile... OU BIEN - - - et c’est a mon sens le plus intelligent - - - forcer les industriels par la reglementation a produire des vehicules moins gourmands, moins lourds et moins puissants, avec des energies differentes etc...

      C’est dans ce dernier point ( a la source donc) que l’action régulatrice est la meilleure tout simplement parcequ’elle accorde l’offre et la demande, elle implique totalement l’utilisateur et elle est indolore. Evidement, comme c’est une demarche intelligente et raisonnée, faite par des gens sincères et responsables, elle echappe aux dogmes qui helas sont le fait de ceux qui tentent aujourd’hui de prendre le pouvoir et d’imposer aux autres leur modele.

      La taxe carbone, même avec redistribution outre son inutilité - - - tous les français connaissent, helas, le prix de l’energie - - - est non seulement injuste dans sa définition mais en plus profondement predatrice pour notre société en pleine difficulté sociale.

      Tout le monde va payer ce nouvel impot et une petite frange de la population va profiter de la redistribution. la France des pauvres va se diviser en deux, ceux qui vont etre »remboursés" et ceux qui ne le seront pas, donc encore plus enfoncés. Par exemple, une famille de chomeurs qui ne paie pas d’impots passe a la pompe ou se chauffe comme tout le monde mais ne beneficiera pas de la diminution d’impot correspondante. pour eux, pas de redistribution, ni par la, ni par les aides auix economies d’energies car ils n’ont aucun moyen d’investir.

      en plus, je me pose une autre question... cette taxe, si faible soit elle, touche beaucoup de monde et sera redistribuée a peu de famille, donc les montants distribues devraient etre consequent a l’image du loto... beaucoup de jouers, peu de vainqueur !
      Qu’en sera-t-il de cette taxe ? le seul gagnant, c’(est l’etat, comme d’habitude.


      Sarkozy, président du pouvoir d’achat.... il a oublié de dire dans quel sens il allait s’en occuper !

      Bonne appetit


      • jcm jcm 9 septembre 2009 13:36

        Helios, nous sommes d’accord sur la nécessité de consommer moins d’énergie, mais aussi sur le fait que CETTE taxe n’est pas appropriée car elle n’est pas conçue pour nous fournir des alternatives dans le domaine des modes de consommation à notre disposition, j’y suis donc opposé.

        Nous sommes dans un monde de contraintes à intensité croissante, une intensité qui n’a malheureusement pas fini de croître.

        C’est pourquoi j’ai écrit : « Il est encore temps de remplacer, dans son principe, cette »taxe carbone« par une »Contribution Environnementale Généralisée« (qui pourrait devenir une »Contribution Environnementale Européenne Généralisée« à plus ou moins brève échéance) dont le produit serait intégralement consacré à de grands chantiers qui permettraient à chacun de réels choix dans ses modes de consommation. »

        Vous me répondrez qu’il s’agit d’une autre forme de taxation : en effet.

        Mais son assiette sur l’impôt sur le revenu implique qu’elle n’affecterait que les personnes imposables pour un montant proportionnel à leurs facultés à consommer, ce qui constitue certes une approximation par rapport au montant du revenu de chacun affecté à la consommation immédiate, et la part des revenus consacrée à l’épargne serait affectée également.

        Mais l’épargne peut être vue comme une réserve consacrée à une consommation différée...

         Et cette contribution ne serait source d’aucune redistribution, elle serait intégralement destinée à alimenter un fond de restructuration de notre société vers une moindre consommation énergétique.

        Vous préférez « forcer les industriels » à agir différemment, mais qui les forcera à une rénovation thermique de l’habitat (et du bâti en général) si aucun client ne se présente ?

        Or s’il existe peut-être de nombreux clients potentiels qui souhaiteraient bénéficier d’un logement très correctement isolé et consommant beaucoup d’énergie combien d’entre eux ont les capacités financières de réaliser le travaux nécessaires pour obtenir ce résultat ?

        Très peu en fait, et il faut compter parmi eux à la fois les propriétaires et les locataires.

        Le produit de cette « Contribution Environnementale Généralisée » serait dédié à régler ce genre de problème.

        Et il y a urgence, climatique (bien que vous sembliez en douter) mais aussi énergétique.

        Car les tensions dans ce domaine se renforcent de jour en jour.

        Considérez simplement que si tous les chinois devaient accéder demain au niveau de vie moyen français ils consommeraient l’intégralité de la production pétrolière mondiale, et ils sont sur cette voie de progrès de même que les indiens...

        Et ils vont vite, ce qui signifie que nous n’aurons peut-être plus la disponibilité d’un pétrole à relativement bas prix pour très longtemps.

        Comment ferons-nous si nous n’avons pas restructuré nos modes de consommation en temps opportun ?

        Nous risquons de nous trouver bientôt dans une situation pour laquelle nous n’aurons plus ni les moyens de restructurer ni de consommer comme à notre habitude : le bec dans l’eau !


      • HELIOS HELIOS 9 septembre 2009 14:48

        Sans entamer une polemique sans fin, mais quand on veut, on peut !

        Votre argument se focalise sur l’habitat... les regles sur l’amiante, l’electricité, le plomb les normes sur les noucelles constructiions existent et marchent. A nous de les ameliorer les augmenter et les adapter... sans passer par la case taxe.

        En tout cas, merci de m’avoir répondu


      • tmd 9 septembre 2009 13:34

        il nous faut nous donner les moyens de vivre correctement tout en consommant beaucoup moins d’énergie...

        C’est LA phrase de l’article. Et c’est celle qui est la moins réaliste. Enfin tout dépend de ce qu’on entend par correctement. S’il s’agit de continuer à avoir chacun à sa disposition 25 m2 chauffés et un véhicule d’1 tonne prềt à nous emmener à 100 km/h dès qu’on le souhaite, ce sera déjà très très dur. Si on veut en plus que toute l’humanité puisse en disposer, c’est impossible.

        Tout dépendra du prix du pétrole. Et il ne va pas redescendre. Rendez-vous en 2030 pour un baril à plus de 1000 dollars. Les 14 euros par tonne de CO2 paraîtront bien ridicules à côté, (mềme 100).

        La seule vertu de la taxe carbone peut s’obtenir en décidant cette taxe qui augmenterait de 20 ou 50 euros par tonne chaque année pendant 15 ans ! Oui, 2000 euros la tonne dans 15 ans, et le litre de carburant à 5 euros. C’est le seul moyen de faire intégrer cette logique économique d’un pétrole cher dans nos décisions d’aujourd’hui qui nous feront éviter les troubles liés à l’augmentation du prix de l’énergie.

        Partant de cet objectif, le produit de cette taxe ne doit surtout pas être redistribué pour compenser ses effets. Ce serait contre-productif. Il doit servir en priorité à transférer la fiscalité qui pèse sur le travail vers une fiscalité qui porte sur l’énergie. Au final, c’est par la réduction des charges sociales que viendra la redistribution.


        • Salade75 9 septembre 2009 13:36

          Mon vrai nom est simplet.
          Je ne comprends pas en quoi l’instauration d’une taxe, fut elle renomée en « contribution », est plus efficace qu’une législation coercitive !?
          On veut nous faire évoluer ? Pas si évident. Par contre, il est évident que « on » ne veut pas que si cette évolution se fasse en se traduisant par une baisse des rentrées ficales issues de ceux qui ne ralent pas. 
          Sinon, pourquoi ne pas interdire en France, par ex, les automobiles / poids lourds / locomotives diésel ... consommant plus de X tonnes de carburant / km ? Même en zone rurale, on n’a pas besoin d’un 4X4 pour aller au boulot ou amener les enfants à l’école.
          Pourquoi ne pas taxer le kérosène ? Interdire l’avion sur des parcours couvert par le train ? Taxer le diesel pour les transporteurs routiers , supprimer les amusements liés aux moteurs thermiques (courses, karting, avion de tourisme, ...) ...
          ... avant de taxer les ménages ?
          De plus, cette taxe carbone permet quand même allègrement de focaliser la réflexion écologique sur le seul carbone, et ainsi de laisser de côté toute autre pollution.
          Les industriels, les agriculteurs, OGM ou non, les miniers, etc... ont encore de beaux jours de pollution devant eux !
          Mais pas les quelques contribuables qui paient réellement l’impôt et ne font pas payer par leur entreprise / parti politique / état / région / canton / commune leurs émissions de carbone ! 


          • kitamissa kitamissa 9 septembre 2009 17:55

            cerise sur le gâteau ..

            la taxe carbone va être soumise à la tva ,en somme ,une taxe de la taxe ! pas mal trouvé hein ?
            et je ne blague pas ,ça a été annoncé ce matin sur les infos,et non démenti !


            • Christian Delarue Christian Delarue 9 septembre 2009 20:14


              L’énergie « verte » ou « propre » : chacun pour soi ou service public en réseau ?


              Contrairement à ce qu’indique le titre qui veut souligner un point essentiel, la promotion de l’énergie propre ne fait pas l’économie de la fiscalité « verte » qui à notre avis doit aussi être « rouge » et de plus ne devrait pas être l’essentiel du projet « climat » contrairement à ce que défend Nicolas Hulot et d’autres dont l’auteur de ce texte.

              La contribution climat-énergie dite taxe carbone de la commission Rocard prévue pour réduire la consommation d’énergie et la réduction de gaz à effet de serre n’est pas une réussite à ce jour. Sa mise oeuvre gouvernementale non plus. Les critiques ne cessent de tomber. Une d’entre elles a attiré notre attention, celle d’un ami co-fondateur d’ATTAC Guillaume DUVAL qui dans son article " Taxe carbone : il faut raison garder " (1) dit en substance que l’injustice sociale de cette taxe " ne doit pas retarder la montée en puissance d’une fiscalité environnementale en France ". Ce choix écologique anti-social est dur à entendre en période de crise économico-sociale.

              Cette contribution présentent trop de défauts. J’en vois quatre . Le propos est sobre car non spécialiste de la question climatique et alors que déjà des auteurs avertis se sont prononcés. Par contre, peu à ce jour ont défendu un service public national de l’énergie propre (en lien avec une gestion publique mondiale de l’énergie comme bien commun de l’humanité).

              1 - Cette contribution présente quatre grands défauts :

              Elle élude la question écologique et la question sociale et enjambe allègrement la question démocratique.

              * Sur le volet démocratique, à défaut de vote ou de consentement à l’impôt on apprend par sondage que deux français sur trois contestent cette nouvelle taxe. On sent qu’une vague de « communication-culpabilisation » va monter en puissance dans les médias pour réexpliquer la nécessité d’un seul changement individuel de comportement pour limiter la dépense d’énergie fossile qui dispense des gazes à effet de serre qui sont à leur tour responsables du réchauffement climatique observé.

              * Sur le plan écologique, elle exclue l’électricité . Il est certain que l’augmentation des prix du charbon, du fuel et du gaz va favoriser la consommation d’électricité. Mais l’électricité est exclue au motif du nucléaire soit disant « propre ». Elle a d’autres défauts annoncés, notamment son faible taux qui la rend aux yeux des spécialistes inefficace.

              * Au plan social, elle exclue les entreprises polluantes mais pas les ménages qui n’ont pas choisi le mode de production qui impose un mode de consommation. De plus, elle ne va pas empêcher les riches de surconsommer. Par contre, ce sont les prolétaires qui vont devoir être vigilants et être « sobres ». Toujours la même rengaine de l’austérité pour ceux d’en-bas et de gabegie maintenue pour les très riches. La justice sociale est absente.

              * Au plan fiscal, le choix de la neutralité empêche le financement public de l’énergie verte. Car la question est bien au-delà de la sobriété énergétique de réduire la production d’énergie « sale » pour développer celle dite « propre ». Une fois ce choix effectué se pose la question du mode de production de l’énergie « propre » : privé ou public ? Marchand ou non marchand ? En micro local ou en réseau national ?

              2 - Pour une gestion publique mondiale et pour un service public national de l’énergie propre.

              D’autres questions ne sont pas abordés telle le besoins de réformes de structure comme celle par exemple du logement " écologique " pour tous en lien avec l’instauration d’un grand service public national du logement.

              L’énergie fossile représente 80 % de l’énergie produite. Il faut réduire son extraction mais de ce fait investir dans la production de l’énergie renouvelable. L’énergie doit devenir un bien public à gestion publique pour l’humanité. Car nul ne peut se dispenser d’énergie. Elle est vitale. L’énergie propre doit donc devenir un droit garanti aux humains de la planètes. La question sera posée en décembre au sommet de Copenhague.

              Par ailleurs, l’énergie renouvelable dite « propre » ou « durable » va dans les prochains mois avoir le vent en poupe plus qu’auparavant si les gouvernements se mettent à taxer sur les énergies fossiles et seulement ces énergies-là. Dés lors, le besoin de production et distribution d’énergies propres va devenir impératif, urgent et de façon massive. Cette production comme cette distribution devra se faire sous appropriation publique et hors du marché pour que tous y ait accès.

              Imaginons que chaque ménage soit à égalité financière par subventionnement public, ce qui n’est pas simple, peux-t-on penser sérieusement que chaque ménage va être en droit de planter une éolienne dans son jardin ! Cet individualisme est tentant. Il est à repousser de même qu’un localisme de quartier ou de ville. Pour contrer la logique marchande et privatiste (des transnationales) et pour promouvoir une certaine égalité d’accès, il n’y a guère que le service public national. Lui seul assure la péréquation tarifaire pour l’ensemble des usagers du territoire.

              C D

              Taxe carbone : il faut raison garder Guillaume DUVAL



              • Croa Croa 9 septembre 2009 23:18

                J’ai aussi des doutes sur cette taxe qui ne sera probablement pas efficace. Trop faible, c’est une concession à Hulot mais il n’y a pas adhésion réelle du pouvoir.

                Pour autant faut-il jeter d’avance ? Je ne crois pas, attendons pour voir !

                à l’auteur :
                Il est faux de prétendre que les taxes n’ont pas d’effet sur la consommation. L’impact de la TIPP à la française n’est, par exemple, plus à démontrer et c’est bien comme par hasard les pays où la fiscalité sur les carburants n’existe pas que l’on trouve les plus grosses bagnoles ! Par ailleurs les modes suivent aussi les opportunités, comme le démontre celle des gros 4x4 d’aujourd’hui.
                __________________________________________________
                Je me demande d’ailleurs si cette taxe ne ferait pas peur aux industriels de l’automobile, d’où cette campagne de dénigrement lancée avant même d’en connaitre les détails ! Campagne partie des médias comme d’hab et non pas d’AgoraVox !
                Tiens, il y a justement les taxes foncières qui arrivent dans nos boîtes à lettre.... ça augmente partout et pour toutes les rubriques. Mon maire, par exemple ne s’emmerde pas avec 55% d’augmentation, mais il n’est pas le seul ! PERSONNE POURTANT NE DIT MOT, et vous ça ne vous étonne pas, ça ? 


                • Christian Delarue Christian Delarue 10 septembre 2009 08:42

                  Un autre point de vue qui n’invalide pas ma critique mais qui dévoile un autre aspect du problème.

                  Thomas LEGRAND / Schizophrénie autour de la taxe carbone
                  *

                  *Confusion autour de la taxe carbone !
                  *
                  Oui et je ne sais pas si vous avez remarqué mais en écoutant tous les protagonistes du débat on a l’étrange impression qu’ils s’écharpent en s’envoyant les mêmes arguments à la figure. C’est-à-dire que les pros et les antis taxe carbone, si vous les prenez à part et un par un, disent à peu près la même chose ! L’idée largement partagée est la suivante… Il faut changer les habitudes de consommation et la fiscalité est une arme incitative efficace. Le bonus malus sur les voitures propres l’a encore montré. La taxe carbone, dans son principe ne gêne donc pas grand monde. Mais il ne faut pas que cet impôt nouveau creuse les inégalités et c’est pour ça que la charte de Nicolas Hulot comme les propositions de Michel Rocard envisagent le chèque vert ou d’autres systèmes de dédommagement, la partie bonus, comparable à ce qui se fait pour l’achat d’une voiture sobre. Pour l’instant, c’est vrai, on ne sait pas ce que le gouvernement a prévu pour soulager les ménages qui seraient obligés d’utiliser leur voiture. Mais globalement, à part quelques ultra libéraux qui considèrent que l’impôt est à la politique budgétaire ce que la gégène est à l’art de la conversation, à part quelques khmers verts qui estiment que prendre sa voiture pour aller au boulot équivaut à un dégazage de tanker en pleine mer, toute la classe politique est maintenant d’accord : il faut taxer la pollution et investir dans les solutions alternatives. La violence des arguments entre les socialistes, entre les socialistes et le gouvernement et entre une partie de l’UMP et le gouvernement ne souligne donc pas une différence d’approche !

                  *Alors pourquoi se disputent-ils autant sur le sujet ?
                  *
                  D’abord, bien sûr parce que c’est une taxe ; c’est toujours rentable de critiquer une taxe. Mais comme on est pour, on dit qu’elle est mal faite. En réalité, il y a une raison plus profonde. Ils se disputent entre eux pour la simple et bonne raison, que -à part les écologistes qui sont cohérents sur cette question- tout le reste de la classe politique est pris dans une contradiction insoluble. Je m’explique : La taxe carbone est faite pour réduire la consommation de carbone. Donc elle vise une diminution. Mais l’ensemble de la politique économique vise une augmentation de la consommation et de l’investissement pour sortir de la crise. D’un coté, à gauche comme à droite, on dit, «  polluez moins, roulez moins, achetez moins gros ». D’un autre coté on dit « travaillez, faites des heures supplémentaires et surtout consommez  » ! Martine Aubry veut que le PS réfléchisse à une société, je cite, «  post-matérialiste » mais demande au gouvernement de relancer la croissance par le biais de la consommation. Le gouvernement est atteint de la même schizophrénie ! Ainsi dans Le Monde du weekend dernier, Christine Lagarde expliquait qu’elle voulait alléger la fiscalité sur les salaires et les investissements et l’augmenter sur la pollution ! Les mots sont choisis avec soin. « Taxe » égale « méchant », comme la pollution. « Salaire et investissement » égale « gentil ». Il faut les sauver. Mais en taxant la pollution on taxe les transports et la mobilité, pourtant « gentil » ! La contradiction n’est résolue que sémantiquement. Parce qu’évidemment « travailler plus pour gagner plus pour rouler moins et consommer moins » ça ne tient pas debout. Les grands partis de gouvernement de droite comme de gauche, le savent mais n’arrivent pas encore à envisager une société de modération et de sobriété.

                  Je ne voudrais pas faire de la psy de cuisine politique… mais je suis tenté quand même : quand on n’arrive pas à résoudre ses propres contradictions c’est toujours sur les autres que l’on rejette la faute. On accuse les autres parce qu’on ne peut pas se disputer avec soi-même ! C’est ce qui arrive aujourd’hui à toutes les grandes voix de l’UMP et du PS sur le sujet.


                  • Xxyzro 15 septembre 2009 13:28

                    Votre commentaire me semble tres lucide sur l’incoherence politique et l’opportunisme de nos dirigeants. Ils ont abandonne les projets ideologiques de nos chers partis historiques pour lui preferer le pragmatisme quotidien. On s’arrange en fonction de la situation economique, de l’opinion, sans penser au long terme. Une sorte de bouillie mentale ressort de cela et bon nombre ne se retrouvent plus dans les partis politiques. Une vision de la societe et de son avenir, voila ce qui se perd.
                    La construction d’un veritable projet de societe autour d’une taxation de la pollution est la reponse a notre confusion. Il ne reste plus qu’a trouver un parti capable de se remettre en question pour faire avancer la societe. Des suggestions ?

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