Un roi et trois présidents pour la France
Dans le tumulte de la campagne présidentielle, avant même que celle ci ne s'engage officiellement, trois personnages se distinguent naturellement.
L'artifice politique, avec ses sondages, ses mots et ses maux, n'y changeront rien. L'histoire s'impose à travers les hommes et dessine ses clivages. Clivage droite-gauche, séculaire, mélange d'artifice et de réalité, latéral et pivotant, pour le pire et le meilleur, rouge et bleu, les deux pans du drapeau...et le clivage Nord-Sud, ville-province, politique, historique, géographique, ancestral, profondément français, celui-ci bien inscrit dans la mémoire collective du pays et particulièrement dans le souvenir occitan.
Et le panache blanc du vert-galant de montrer le chemin.
J'ai l'impression bizarre que ce schéma est universel et concerne tous les pays du monde. Cette impression confirmerait qu'il existe bien un centre flanqué d'une droite et d'une gauche, un mode de fonctionnement de la société humaine et politique. D'ailleurs les étendards eux mêmes arborent souvent trois couleurs distinctes, mais bien sur d'autres modèles s'imposent, il s'agit surtout d'un courant d'expression. Intimement c'est la triangulation, une vérité psychologique bien décrite et expérimentée, le mode transactionnel. Éric Berne, médecin psychiatre américain, dans les années 1950 à 1970. www.analysetransactionnelle.fr/
Les trois principaux candidats contiennent volontairement ou inconsciemment tous les autres, personne ne reste en rade sur le côté du chemin. Tout le monde est concerné. Pour des raisons de rivalités électorales et de combats politiques, on a pu invoquer le parti de la division, celui de l'illusion et plus récemment celui de la stagnation. Cette dernière qualification ne me semble pas triviale, même si le redoutable et sympathique débatteur Manuel Valls en a usé comme d'une arme à l'endroit de François Bayrou.
Géométriquement, les deux couleurs qui s'invectivent pivotent réellement autour d'un centre qui semble immobile.
Si l'on écoutait les rumeurs toulousaines de la halle aux grains, précédé du poète, notre ami Nougaro, qui donne la couleur et le ton.
Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin,
Parfois au fond de moi se ranime
L'eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes
Ô mon pays, ô Toulouse, ô Toulouse
Depuis la guerre civile espagnole, c'est la capitale des républicains espagnols, donc d’une certaine manière, la capitale des républicains de l'Europe.
samedi 20 mars 2012, extraits du discours de François BAYROU
bayrou.fr/media/PDF/Meeting_de_Toulouse.pdf
...Permettez-moi de dire qu’il y a une autre famille en train de se reconstituer, qui est une famille d’esprit, qui aurait dû gouverner la France depuis longtemps, si des institutions injustes, iniques ne l’avaient obligée à se fracturer ! Et dans cette famille, pour moi, il y a les femmes et les hommesdu Centre, il y a des hommes comme Michel Rocard et Jacques Delors. Il y a des hommes comme Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre, il y a la descendance intellectuelle et politique de Pierre Mendès-France, et il y a des gaullistes, Daniel (Garrigue).
Tous ceux-là, ensemble, auraient dû donner à la France le destin que la guerre des deux idéologies, la guerre des deux excès, l’ont empêchée de trouver. Parce que nous savons, nous, qu’un excès contre un autre excès, cela ne fait pas un équilibre, cela fait deux excès et, passer d’un excès à un autre excès, c’est s’empêcher pour le pays de choisir le bon cap, le seul qui puisse lui permettre de retrouver, demain, son avenir...
...Lorsque le général de Gaulle revient en 1958 à la tête de notre pays, il décrit avec précision ce déséquilibre qui s'est créé au cours des années et qui fait que cette grande nation de producteurs, de producteurs agricoles, de producteurs artisanaux, de producteurs industriels, cette grande nation d'ingénieurs et d'usine, en 1958 elle est, on dirait aujourd'hui, "à la rue", malgré d'extraordinaires et incontestables succès.
...La France se trouve accablée par les décisions successives de ses dirigeants, par une dette dont nous devrions avoir honte devant les plus jeunes.
...Au contraire de ceux qui n'abordent pas la question, pour les uns qui prétendent -c'est Nicolas Sarkozy- qu'il n'y a plus d'économies à faire, qui n'ont comme solution -c'est François Hollande- qu'il faut dépenser encore plus 20 milliards de plus à mettre à la charge des Français, au contraire de ceux-là, nous avons un plan précis, concret, chiffré, crédible, indiscutable, de désendettement, de sortie du surendettement pour notre pays… Pas demain, tout de suite !!!
...Ce que nous avons combattu, car nous l'avons combattu pendant ces années, c'est le chemin des illusions ! Ceux qui conduisent une campagne électorale avec la seule idée de dire à tous les
publics ce qu'ils ont envie d'entendre, ou qu’ils croient -car je crois que c'est une erreur- ou qu’ils croient qu'ils ont envie d'entendre. Leur manière de gouverner est très facile, nous la connaissons bien : ils prennent tous les sondages, ils voient ce que sont les demandes de chacune des catégories de la population et ils proposent à chacun ce que chacun demande, qu'importe que ce soit crédible !
...je veux dire en m'adressant à François Hollande- qu'ils créeront 60.000 postes d'enseignants, ce n'est pas vrai et cela ne se fera pas, et c'est moi qui aime l'Éducation nationale qui le dis !
...De l'autre côté, il y a quelque chose qui est au moins aussi grave ou peut-être encore plus grave qui est de choisir ou de proposer aux Français le climat de la division, de proposer aux Français le climat de l'excitation d'une partie de notre peuple contre une autre partie de ceux qui vivent sur notre sol,
...Ce n'est pas difficile de définir les valeurs : c'est ce que l'on a de plus précieux à transmettre aux enfants, c'est cela les valeurs, c'est : « Quand tu t'en iras, qu'est-ce que tes enfants garderont de toi ? Qu'est-ce que tu leur auras donné ? Et qu'est-ce qu'ils pourront à leur tour transmettre à leurs enfants ? ». Les valeurs, au fond, c'est la trame vivante d'un peuple et la trame vivante d'une famille.
...C'est une sorte de guerre que nous sommes en train de vivre…Quand il y a une guerre, la première des choses à laquelle on appelle, c'est l'union nationale.
...j'accepte d'être idéaliste, je ne suis pas pour autant angélique. Je sais très bien qu’il y a des forces, qu'il y a des organisations, qu'il y a des pulsions qui sont en contradiction même avec l'idée que nous nous formons de l'avenir, parmi les grandes familles démocratiques et républicaines de notre pays, il y a suffisamment de points de concordance, de points de ressemblance, de points d'accord profond pour que demain la France puisse se réunir en son gouvernement,
...Au lieu de nous retrouver le 7 mai dans la même situation de guerre civile, avec une majorité au pouvoir et une opposition qui la contre...trouver une majorité qui sera une majorité de rassemblement et d'unité nationale dans laquelle naturellement le courant central sera un pivot, un point d'équilibre,
...Au fond, notre affirmation politique, ce que l'on appelle centre et qui n'a jamais pu s'exprimer en France, en raison d'une seule cause qui est une loi électorale totalement injuste qui fait que 50% des Français n'ont pas leur place dans la représentation nationale,
...l'idée qu'on n'est pas obligé d'être en guerre parce qu'on a des opinions ou des convictions différentes du voisin, cela porte un autre nom : cela s'appelle la laïcité.
...Principe de laïcité, c'est très simple : ce n'est pas parce que nous avons des religions différentes que nous sommes obligés de nous détester, c’est cela les guerres de religion, cela a failli entraîner la France dans le gouffre le plus profond !
...Et c'est un homme de notre sud-ouest qui nous a permis de conjurer ce malheur : ce sera la gloire éternelle d'Henri IV que d'avoir fait l'édit de Nantes…
...Construire, reconstruire l'appareil de production qui donnera des emplois aux jeunes et aux familles la prospérité dont elles manquent. Reprendre le grand chantier de l'Éducation nationale sans lequel nous ne sommes rien !
...Rebâtir notre grand système de transmission de la lecture, de l'écriture et de la langue française, parce que c'est dans la langue française que se trouve la clef de toutes les réussites scolaires ultérieures
...c'est en soutenant l'école primaire que l'on y arrivera, c'est en recentrant l'école primaire sur ses missions fondamentales que nous avons une chance d'apporter la réponse la plus rapide, la plus complète et la plus profonde aux problèmes de l'école, du collège, du lycée et parfois de l'université en France.
...Ce qui n'est pas possible c'est de recréer des dizaines de milliers de postes d'enseignants parce que tout le monde voit bien que nous n'aurons aucun des moyens de le faire, ni les moyens financiers, ni les moyens universitaires, parce que le problème est aujourd'hui qu'il y a une crise des vocations dans l'Éducation nationale.
...On parle de désertification rurale, il y a une désertification parlementaire parce que nombre de députés sont obligés d'être sur le terrain et pas à l'Assemblée Nationale dans la discussion des textes essentiels
...Il faut que la vie publique de notre pays, la démocratie de notre pays, devienne respectable et respectée, ou plus exactement qu'elle devienne respectable pour être respectée !
...Je propose que la tribune redevienne ce que Jaurès aurait aimé qu'elle fût, un lieu de libre expression, de force de la parole, de capacité de mise en cause, d'interrogation, de contrôle, de rébellion ou de résistance s'il le faut !
...Le mot de notre avenir, c'est la solidarité, c'est la France solidaire qu'il nous faut construire. Oui, il est possible de retrouver les emplois que nous avons perdus. Oui, il est possible de retrouver l'équilibre des finances publiques que nous avons perdu. Oui, il est possible de retrouver pour notre pays la meilleure éducation du monde. Oui, il est possible de retrouver une politique honnête, une politique insoupçonnable, une politique morale qui montrera au monde entier que la France, au fond, a retrouvé ses traditions.
Du Béarn à Paris, l'envolée du panache blanc est la plus belle conquête pacifique de notre histoire de France. « Paris valait bien une messe »
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