Une classe politique pas à la hauteur
François Bayrou avait raison. La rénovation des pratiques politiques ne peut émerger des élus eux-mêmes. Le coup de sabre porté par les députés au projet de loi sur la moralisation de la vie politique demandé par François Hollande à la suite du scandale Cahuzac en est la démonstration. Il vient en écho au front du refus qui a vu le jour face au projet de l'acte III de la décentralisation dont le plus grand tort est d'avoir voulu rationnaliser l'organisation administrative française en supprimant des collectivités et par conséquent quelques rentes de situation.
C'est ce qu'on peut appeler un détricotage tranquille. Un bras d'honneur aux citoyens anonymes exaspérés par une classe politique qui apparaît de plus en plus en décalage avec la vraie vie. Les députés ont simplement vidé de leur substance un projet de loi voulu par le président de la République pour tenter de retisser des liens de confiance entre élus et citoyens. La confiance attendra.
Claude Bartolone en président du syndicat des députés avait donné le signal en s'opposant à la transparence sur le patrimoine des députés. Celui-ci ne sera finalement pas publié. Voyeurisme accusaient les opposants quelques jours seulement avant que Mediapart ne rende publique une enquête fouillée sur les malversations qui gangrènent le département de l'Essonne.
L'interdiction de l'exercice d'une quelconque profession lors du mandat parlementaire a également été passée par pertes et profits. Les revenus tirés d'une activité professionnelle durant le mandat ne seront pas non plus limités.
Après les aveux de Jérôme Cahuzac, l'ancien candidat centriste à la présidentielle en avait appelé au chef de l'Etat pour une rénovation "prise à corps, non pas par les extrêmes, mais par les citoyens". "Il faudra que le président de la République ait le courage de se tourner vers le peuple pour qu'il exprime par référendum sa volonté de mettre un terme aux dérives qui l'indignent chaque jour davantage" avait déclaré le président du Modem, dans le droit fil de ce qu'il avait lui même porté lors de la campagne présidentielle (cf vidéo).
François Hollande aura eu le tort de faire confiance aux parlementaires socialistes. La solution du référendum est désormais la seule qui reste. Pour redonner de l'épaisseur au projet de moralisation, pour interdire sans attendre le cumul des mandats et enfin revoir l'organisation administrative française, afin de sortir d'une féodalité, cancer de notre démocratie.
Crédit photo : Rama
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