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Vers la fin de l’assurance-chômage ?

La réforme de l'assurance-chômage est au coeur du projet économique du candidat du mouvement "En Marche !" à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron. A la différence près qu'il ne s'agit pas d'une réforme, mais d'une révolution dont il faut mesurer les conséquences avant de s'y engager.

Alors que le candidat Emmanuel Macron semble s’acheminer – si l’on en croit les instituts de sondage – vers une qualification au second tour de l’élection présidentielle, il est une de ses propositions qui n’a pas occupé dans le débat public la place qu’elle aurait méritée : la réforme de l’assurance-chômage.

Dans ce domaine, l’une des mesures du candidat a été fortement commentée : « Quelqu'un qui est au chômage pourra refuser une offre d'emploi si elle ne lui convient pas. En revanche, il ne pourra pas refuser la deuxième » a déclaré le candidat lors de la présentation de son programme économique fin février 2017. Actuellement, la loi interdisant de refuser plus de deux offres « raisonnables », elle laisse davantage de marge de manœuvre aux assurés. Mais l’essentiel n’est pas là.

L’essentiel, c’est que la proposition du candidat du mouvement « En Marche ! » n’est pas une réforme, c’est en quelque sorte une révolution, ou du moins un changement profond de nature. Le système français d’indemnisation du chômage est de type assurantiel. Cela signifie que, chaque mois, salariés et employeurs versent une cotisation à l’organisme gestionnaire du régime d’assurance-chômage (l’UNEDIC) pour financer l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) des demandeurs d’emploi. C’est précisément parce que ces demandeurs d’emploi, lorsqu’ils étaient en activité, ont cotisé à l’assurance-chômage pour se prémunir du risque que constitue le chômage, qu’ils reçoivent une allocation lorsqu’ils remplissent les conditions.

Or, Emmanuel Macron entend rompre avec cette logique, en nationalisant l’assurance-chômage. D’une part, cela implique la fin de la gouvernance paritaire du conseil d’administration de l’UNEDIC où salariés et employeurs sont représentés, à part égale, par leurs syndicats respectifs afin de s’accorder, au sein d’une convention, sur le montant des cotisations, les règles d’indemnisation (conditions d’ouverture de droits, montant et durée du versement de l’allocation) et la nature des différentes aides aux allocataires. Si le projet du candidat du « retour au travail » est appliqué, exit le dialogue social : la gouvernance de l’indemnisation du chômage sera étatisée, confiée aux ministères compétents qui établiront un projet de loi soumis – nous l’imaginons – à la représentation nationale lors du vote du budget de l’État.

D’autre part, et surtout, la nationalisation de l’assurance-chômage, c’est l’étatisation du financement du coût du chômage. Le candidat prévoit en effet de financer la suppression de la cotisation sociale salariale d’assurance-chômage (2,4% du salaire brut) par une augmentation de la CSG. Cela revient à financer les allocations chômage par l’impôt (la CSG est considérée par le Conseil constitutionnel comme un impôt), autrement dit par l’ensemble de la population française, dont des catégories de population qui, malgré l'extension des bénéficiaires proposée par le candidat, n’en profiteront jamais (les retraités et les fonctionnaires, par exemple). Pourquoi appliquer cette logique universaliste à l’assurance-chômage et non, par exemple, aux services de transports publics, très largement financés par l’usager ?

La raison est simple. Le but inavoué de cette réforme est d’appliquer une pression à la baisse sur le montant des allocations versées, pour réaliser des économies. Dans un système étatisé, les allocations seraient en effet financées par la solidarité nationale, c’est-à-dire la générosité publique. Philosophiquement, il ne s’agit donc plus d’un dû en contrepartie d’une cotisation, mais d’un droit garanti, accordé d’en haut par l’État. Plus rien ne différencie alors le chômeur de l’allocataire du revenu de solidarité active (RSA). Que se passe-t-il lorsque l’État n’a plus les moyens ? Il décide – puisque c’est alors lui qui gère le système d’indemnisation – de diminuer le budget dédié aux allocations ! L’allocataire, quant à lui, est réputé avoir acquiescé à la manœuvre, celle-ci ayant été proposée par le gouvernement au vote du Parlement. Il y a donc fort à parier qu’une allocation chômage étatisée sera bien moins généreuse que l’assurance-chômage actuelle, qui permet aux cadres supérieurs de recevoir une allocation allant jusqu'à 7.183 euros brut par mois (car ils ont cotisé à hauteur du plafond de la Sécurité sociale).

En alliant allocations « au rabais » et interdiction de refuser plus de deux offres d’emploi sous peine de radiation, le candidat d'En Marche résout l’équation insoluble pour son prédécesseur de limiter les déficits publics sous la barre des 3% du PIB et « en même temps » de diminuer sensiblement le nombre de demandeurs d’emploi. Pour le bien-être des Français ?


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12 réactions à cet article    



    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 20 avril 2017 09:45

      La réforme de l’assurance chômage de Macron est imposée par la Commission européenne depuis 2014 !
      Voici les réformes que Hollande devait appliquer en 2014/2015. Dont la réforme de l’assurance chômage. Ce qui n’a pas été fait, le prochain Président devra l’appliquer


      Plus la feuille de route européenne 2016/2017 pour la France .

      Sauf si Asselineau est élu pour mettre en route le Frexit, tous les autres devront appliquer les GOPé, les Grandes Orientations de Politique économique de la Commission européenne. pas seulement Macron. C’est l’application des Traités européens. 

      • Trelawney 20 avril 2017 10:14

         « Quelqu’un qui est au chômage pourra refuser une offre d’emploi si elle ne lui convient pas. En revanche, il ne pourra pas refuser la deuxième »


        Petite question qui a son importance : Est-ce que Pole emploi a déjà proposé une seule offre d’emploi à un chômeur ? Donc avant même qu’il en propose une seconde, le dit chômeur sera déjà en fin de droit

        • foufouille foufouille 20 avril 2017 10:27

          @Trelawney
          c’est rare mais ça arrive, tu es censé chercher toi même.


        • Spartacus Lequidam Spartacus 20 avril 2017 10:50

          L’UNEDIC n’est pas et n’a jamais eu une réalité « assurancielle »...


          Si c’était le cas, elle serait contractuelle. La définitions des droits se ferait au départ du contrat. Jamais en cours de contrat un politicien ne pourrait changer les droits et obligations....

          • Sozenz 20 avril 2017 11:17

            UNE EUROPE PLUS SOCIALE !!!

            allez , tout le monde à 450 euros entre 25 pour 48 de boulot . les jeunes connaissent déjà la chanson .. aux suivants ...


            • Sozenz 20 avril 2017 11:20

              @Sozenz
              pour entre 25 et 48 h de boulot *


            • Sozenz 20 avril 2017 11:18

              pour entre 25 et 48 h de boulot *


              • zygzornifle zygzornifle 20 avril 2017 13:15

                ça pue la Merkel la en dessous ..... 


                • wald 20 avril 2017 17:18

                  Très bonne mesure la nationalisation.... Cela va permettre de se passer des syndicats français et d’en finir avec le paritarisme petit à petit. C’est d’ailleurs un but non avouable, mais transparent et qui n’a pas échappé à la presse. Le jour où on aura des syndicats allemands ou scandinaves et pas des Martinez, on en reparlera. 

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