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Voici donc relancé le débat sur l’identité nationale !

La création du ministère de l’immigration et de l’identité nationale était une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Lors d’un discours à Besançon, le 13 mars 2007, le candidat réaffirmait ses intentions : « Parler de l’identité nationale ne me fait pas peur », même si « pour certains c’est un gros mot. (...) Je ne veux pas laisser le monopole de la nation à l’extrême droite. Je veux parler de la nation française parce que je n’accepte pas l’image qu’en donne Jean-Marie Le Pen. »

Voici donc relancé le débat sur l’identité nationale !
 
La création du ministère de l’immigration et de l’identité nationale était une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Lors d’un discours à Besançon, le 13 mars 2007, le candidat réaffirmait ses intentions : « Parler de l’identité nationale ne me fait pas peur », même si « pour certains c’est un gros mot. (...) Je ne veux pas laisser le monopole de la nation à l’extrême droite. Je veux parler de la nation française parce que je n’accepte pas l’image qu’en donne Jean-Marie Le Pen. »
Ce qui était déjà clair à l’époque c’est que la question de l’identité nationale était liée à celle de l’immigration. Le fait même de créer un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale » le prouve.
 
Au moment où le débat faisait rage, très exactement le 22 février 2007, était inaugurée par le premier ministre Dominique de Villepin la Paris School of Economics un établissement universitaire de très haut niveau 100 % en anglais et doté de 20 millions d’euros par l’Etat français. Quel que soit leur rivalité il y a au moins un point sur lequel MM de Villepin et Sarkozy s’accordent : l’américanisation du pays.
 
Car si j’ai bien compris le débat à l’époque, une poignée d’Africains et d’Arabes reclus dans les banlieues, souvent chômeurs et n’ayant en tout cas que peu de poids dans la vie politique et économique du pays, mettaient en danger l’identité de la France tandis que la formation de nos élites de haut niveau dans une langue étrangère ne la mettait pas.
 
A ce que je sache ce n’est pas de l’arabe que je vois sur les affiches de cinéma, les publicités dans la presse et dans le métro. Ce n’est pas en arabe que sont chantées jusqu’à 75 % des chansons sur certaines radios (et encore parce qu’il y a des quotas). Ce ne sont pas des chansons en arabes qui font la musique de fond des pubs à la télé. Alors où est le danger ?
 
Depuis la dernière élection présidentielle les choses se sont accélérées. Des ministres comme Christine Lagarde et Bernard Kouchner ne perdent pas une occasion de s’exprimer dans la langue de Shakespeare dans des instances internationales où le français est pourtant reconnu. La ministre de la recherche déclare que l’anglais n’est plus une langue étrangère. L’ex- ministre de l’enseignement Xavier Darcos rêvait de faire de la France un pays bilingue. On impose ainsi l’anglais à des pauvres gosses qui ne maitrisent même pas leur langue maternelle. Le français recule à toute vitesse à Bruxelles sans que la France ne bouge le petit doigt, au contraire. Et M Sarkozy ne daigne même pas se rendre au sommet de la francophonie.
 
Bien pire l’anglais est devenu la langue de communication à l’intérieur de certaines entreprises nationales, les scientifiques ne publient pratiquement plus qu’en anglais et certaines universités et laboratoires de recherches donnent des cours en anglais au prétexte qu’il y a des étudiants étrangers (étranger = anglo-saxon ?) alors que des programmes comme Erasmus doivent servir à des étudiants étrangers à apprendre d’autres langues. Enfin dans les lycées on a créé les classes EMILE (Enseignement d’une matière en langue étrangère, devinez laquelle ?) en violation de la loi Toubon.
 
L’annonce faite dimanche 25 octobre par le ministre de l’immigration, Eric Besson, du lancement d’un vaste débat sur l’identité nationale avec les "forces vives" du pays a provoqué des réactions contrastées entre la droite et la gauche. Mais il semble qu’on en reste à lier l’identité nationale à l’immigration. Le fait que ce soit le ministre de l’immigration et de l’intégration qui a lancé le débat n’annonce rien de bon.
 
Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale Jean-François Copé a affirmé devant la presse à Paris que le débat sur l’identité nationale lancé lundi par Eric Besson était « absolument majeur » et « d’autant plus urgent que l’on est dans le déni depuis plus de trente ans ». « L’absence de discours politique sur le sujet a conduit à ce que la nation se fissure en silence », a poursuivi M. Copé qui a appelé à « un débat structurant pour les années à venir ». Tout cela est assez vrai à condition de ne pas se tromper d’adversaire. Je serai assez d’accord avec Mme Boutin, qui regrette ce débat soit « déjà associé presque exclusivement au problème de l’immigration et de l’intégration ».
 
Selon une enquête CSA pour Le Parisien, les éléments constitutifs de « l’identité de la France » sont la langue (80 %), la République (64 %), le drapeau (63 %), la laïcité (61 %) ou la Marseillaise (50 %)
 
La langue vient donc en premier : nos politiques feraient bien d’y réfléchir.
 
Patrick Kaplanian

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15 réactions à cet article    


  • Krokodilo Krokodilo 7 novembre 2009 15:46

    Les Français ne sont pas plus mauvais en langues que n’importe qui, c’est une question de motivation : il est tout à fait logique que des locuteurs d’une langue encore très répandue hors de sa diaspora soient moins enclins à étudier les langues étrangères, sauf exception : à preuve, les anglophones... de loin les plus mauvais en langues étrangères, toujours en moyenne.
    Ce masochisme bien français est un cliché trop utilisé dans les médias, par exemple par Les Guignols de l’info, que j’aime bien, sauf quand ils parlent de foot, ou qu’ils utilisent cet auto-dénigrement, effet un peu facile qui fait la joie des pro-anglais.


  • patrickk 7 novembre 2009 18:18

    Je vous trouve bien optimiste. Nous ne sommes plus au Moyen-âge.
    Le génie français ? Je crois que les Français aujourd’hui connaissent mieux Jimmy Hendrix que Baudelaire.


  • manusan 7 novembre 2009 08:29

    En Suèdes, les immigrés doivent attendre 7 ans sur le territoire pour pouvoir prétendre aux droits sociaux, en attendant c’est privé.

    Le fameux modèle scandinave, ça fait rêver.


  • patrickk 7 novembre 2009 18:20

    Il n’empêche que nos bougnoules des banlieues qui mettent soi-disant en danger l’identité nationale sont francophones !


  • PUCK 7 novembre 2009 23:36

    Un grand merci pour cet article .


  • patrickk 7 novembre 2009 18:30

    Je connais cet argument : l’identité nationale c’est la guerre entre Etats. Mais n’y a-t-il pasun juste milieu entre le nationalisme-chauvinisme et la mondialisation-américanisation ?
    Tout ceux qui dénigrent la nation, le nationalisme, l’identité nationale et tout ce qui commence par le mot nation- se gardent bien de nous dire ce qu’ils proposent à la place.


  • Krokodilo Krokodilo 7 novembre 2009 20:16

    Sans compter qu’on peut faire la guerre au sein d’une nation, une guerre civile, ou entre des féodalités, ou entre des blocs idéologiques : ne sommes-nous pas en ce moment même en guerre au sein d’une coalition supra-nationale ?


  • Elisa 7 novembre 2009 15:01

    Le débat sur l’identité nationale n’en est pas un. Pour qu’il y ait débat il faut un affrontement de points de vue distincts et un minimum d’incertitude sur les conclusions.

    Or tout est fait pour impliquer le maximum d’instances dans la désignation d’un bouc émissaire : l’émigration des pauvres.

     Il s’agit, pour le gouvernement, non pas de débattre mais d’occuper le terrain pour imposer un point de vue d’autant plus pervers qu’il n’est jamais complètement explicité : le risque pour l’identité française c’est l’immigré issu prioritairement du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

    Il faut faire adhérer le maximum de gens à l’idéologie du « choc de civilisations » pour légitimer l’ordre économique mondial dominant et sa légitimation libérale de plus en plus contestés depuis le début de la crise financière.


    • patrickk 7 novembre 2009 20:17

      100 % d’accord


    • patrickk 7 novembre 2009 20:21

      Voilà à nouveau le discours lepeniste alors que justement j’essaie de poser le problème autrement. 


    • fwed fwed 10 novembre 2009 12:12

      @ blackwater
      « les porteurs d’obscurantisme. »

      Il me semble que les porteurs d’obscurantisme sont ceux qui nous dirigent.
      Ceux qui s’efforcent de maintenir et d’étendre un système d’esclavage basé sur un système monétaire privé.
      http://monnaie.wikispaces.com/

      En même temps venant d’un mec qui choisit en pseudo le nom d’une société militaire privée américaine (d’ailleurs ca a changé, c’est Xe maintenant) ca sent pas le défenseur de la démocratie. Et sinon votre taux de marge pour les opérations en Afghanistan et en Irak est il suffisant ?

      Vous devriez relire le com’ d’Elisa.


    • Krokodilo Krokodilo 7 novembre 2009 16:31

      Hubert Vedrine, dans un entretien avec le Nouvel obs cette semaine : « il nous faut réapprendre à nous aimer, trouver enfin point d’équilibre sans une glorification anachronique du passé (Louis XIV, Napoléon, la patrie des droits de l’homme...) en refusant l’idée que nous ne serions plus qu’une puissance moyenne condamnée à raser les murs sans rage expiatoire. »
      Dommage qu’il ne parle pas une fois de la question de l’anglais dans l’UE, au sujet de laquelle il dit pourtant :
      « Et je ne suis pas sûr que les Européens, malgré tous leurs atouts, aient l’énergie mentale pour constituer un des pôles de ce monde et cesser d’être une succursale du système américain. »

      Par les accords Blum-Byrnes, en 1946, contre l’annulation de la dette et un nouvel emprunt, la France a accepté des quotas de films américains, ce qui a favorisé l’implantation de la culture américaine, et a grandement ouvert la voie à son hégémonie actuelle. Non que je n’aime pas Stargate ou autres séries (j’ai un faible pour la SF), ils font du super-boulot, mais le fait est là : l’UE administrative est anglophone de fait, le français est en déclin, on organise des filères spéciales anglophones pour Erasmus mundus -autant d’étrangers qui ne viendront pas étudier en français - Sciences-PO vient de le rendre obligatoire, il est imposé à l’école primaire, et souvent en 6e, faute de choix. Mon épicerie vent des « pocket bag » plutôt que des sacs de poche... Même les profs de langue s’en sont aperçus et protestent, c’est dire... Ils demandent une clarification entre le tout-anglais et la diversité linguistique, entre l’anglais imposé et le choix... Les pauvres, ils n’ont toujours pas compris que le gouvernement s’en bat l’oeil de la langue française et de la diversité linguistique !

      Le courrier commun de diverses associations compltera bien le sujet :
      « Les associations de défense du français répondent à N. Sarkozy ... »

      « Donc, par défaut, par lecture inverse, tout le monde aura compris que la fausse grande ambition pour les langues affichée par le Préident de la République visait d’abord l’anglais. »
      « En effet, faute d’une véritable politique en faveur de la diversification de l’enseignement des langues étrangères, ces mesures vont se traduire par une place toujours croissante de l’anglais dans l’enseignement au détriment des autres langues étrangères, cette langue étant majoritairement choisie par la plupart des élèves, voire imposée de fait. » (c’est moi qui souligne)

      Ce qui est fou, c’est qu’il faut maintenant suppllier pour que l’anglicisation soit cantonnée aux matières scolaires mineures (merci pour elles !), l’histoire et le sport. Pourtant, c’est en histoire qu’on peut comprendre la notion d’impérialisme, culturel ou politique...
      Ce sont toutes les matières qui doivent être en français ! Demande-t-on que les ministres principaux parlent en français ? Non : tous, même Lagarde et Kouchner...


      • patrickk 7 novembre 2009 18:24

        Tout à faire d’accord : il s’agit d’un phénomène de bouc émissaire : les immigrés sont responsablesde tous nos maux. Un peu facile non ?


        • patrickk 7 novembre 2009 20:25

          Ci dessusc’est une réponse à Elisa qui a été mal placée. De toute façon je suis 100 % d’accord aussi bien avec Elisa qu’avec Krokodilo.


          • fouadraiden fouadraiden 8 novembre 2009 04:50

            vs n’avez pas compris alors cher auteur


            les arabes comme vs dites nivellent par le bas si j’ose dire alors que les américains eux ne feraient que du business avec leur langue.

            durant la colonisation les arabes ne disposaient d’aucune pouvoir aussi et pourtant ils étaient pour la France le problème...quoique sans les États Unis il est fort probable que la France soit encore en Algérie pour répandre ses lumières obscures...

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