Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’islam sur la foi du livre du musulman Tabari, lequel me sert de référence dans cet article, je n’avais aucune raison de rejeter a priori son récit. Mon hypothèse - simple hypothèse - de voir en Mahomet beaucoup plus le conseil que l’homme écartait les accusations portées contre lui, ses femmes étant en réalité - simple hypothèse de ma part - des populations ralliées. Et en effet, lorsque Tabari nous relate la barbarie de Hind (1) - l’épouse/population de son adversaire - je peux comprendre la volonté de réformes que le Prophète a manifestée au début de son ministère.
Dans le déroulement de cette histoire, il m’a paru également que l’exécution par le sabre de 800 juifs Benî-Qoraïzha ne pouvait se comprendre que dans un sens allégorique : un modèle de société guerrière que Mahomet a voulu abolir avec la possibilité pour les ralliés d’entrer dans une ummah musulmane tolérante, tout au moins à l’origine. Le mariage du Prophète avec la belle Ri’hâna pourrait évoquer ce ralliement (2).
Je ne suis d’ailleurs pas le seul à penser ainsi, tant cette exécution aurait été illogique. Mahomet avait besoin des juifs pour renforcer son armée mais aussi pour l’équiper en armement et en cuirasses. Les juifs de Médine avaient le savoir-faire et Mahomet l’argent pour les payer. La fameuse troupe verte qu’il fit défiler devant un Abou Sofyan ébahi ne peut s’expliquer que par les reflets du soleil sur un métal soigneusement poli (3).
Est-ce sous l’influence des nouveaux convertis au sein du conseil ou est-ce dans la logique implacable de la guerre, le fait est que nous assistons très vite à un durcissement du combat musulman. Alors qu’avant la bataille de Beder, le Prophète condamnait l’acte de torture (4), il l’ordonne lors de la bataille de Khaïbar (5). Et il y eut aussi, lors de cette bataille, sa migraine auquel s’ajouta le mal d’yeux d’Ali (6). Et il y eut aussi le morceau de brebis rôtie qu’il mangea et qui se révéla empoisonné, ce qui chaque année le rendait malade et fut la cause de sa mort (7). Comment ne pas faire le rapprochement entre cette brebis rôtie et le plat savamment cuisiné de deux chevreaux que Jacob apporta à son père Isaac malvoyant, ce qui l’amena à bénir et à faire passer le dit puîné Jacob/Israël devant l’aîné Esaü, l’héritier légitime ? Comment ne pas voir, là encore, comme le suggère Tabari, une répétition de l’injustice historique commise à l’égard d’Ismaël qu’Isaac avait apparemment supplanté (8) ? Ce plat empoisonné, ne serait-ce pas, au moment du siège de Fadak, un changement de majorité au sein du grand conseil en faveur des récents convertis d’origine juive, reléguant une fois de plus les descendants d’Ismaël à jouer le second rôle ?
Bref et là, je rejoins les thèses d’E-M. Gallez, à savoir une alliance (risquée) de Mahomet avec le courant le plus extrémiste, le plus messianique et le plus apocalyptique d’un judaïsme nazaréen qui semble être ressuscité de ses cendres, ça et là, après le désastre juif de 70 dont on aurait pu espérer pourtant qu’il aurait marqué la fin des espérances messianiques.
La sanglante expédition de Gaza a-t-elle eu lieu sous un Mahomet qui n’est plus de ce monde ou sous l’autorité du successeur Abou Becker ? Les textes se contredisent ou hésitent. Quant aux combats tout aussi sanglants qui ont suivi, la responsabilité ne peut qu’en incomber aux califes et à leurs alliés, même si certains hadiths continuent la tradition de faire parler les morts. Mais revenons à Abraham car c’est là que se trouve la source.
Mon explication de l’histoire d’Abraham.
Wikipédia : La conclusion des études scientifiques est la non-historicité d’Abraham, personnage biblique, donc, et non pas personnage historique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham.
Voilà qui est vite dit ! Après les thèses de l’archéologue Finkelstein qui rabaisse le Pentateuque au niveau d’un conte pour enfants, après les bafouillages de Wikipédia sur les localisations de nos anciennes capitales gauloises, on ne peut que constater les dégâts culturels causés par une archéologie dite scientifique incapable d’interpréter correctement les grands textes qui constituent notre héritage en bien et en mal.
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/alesia-gergovie-les-bafouillages-65179
Car si le nom d’Abraham se retrouve "à différentes époques et en différents lieux de Mésopotamie", j’y vois plutôt, pour ma part, la preuve de l’existence de colonies sémites originaires d’Aram qui se seraient implantées dans un pays de Sumer vaincu. J’en déduis qu’il me semble tout à fait logique que la ville d’Ur en Chaldée en ait hébergé une... mais hélas, implantation fragile puisque cette colonie/clan "Abraham" a dû se replier sur la cité-mère d’Haran comme l’écrit la Bible. Il n’y a aucune raison de mettre ce texte en doute tellement il est dans la logique de la vie des peuples. Et cela d’autant moins que l’histoire continue.
Mais quel est donc ce Dieu très haut qui ne peut trôner qu’au ciel, dans l’infini lointain, au centre de l’univers (l’étoile polaire) au-delà des étoiles ? Quel est donc ce Dieu El ou El-Chadaï qui règne depuis sa montagne céleste ? Quel est ce Dieu qui fait descendre son esprit et sa parole dans la conscience des hommes et qui inspire les conseils des cités saintes ?
Il n’y a pas à hésiter, c’est Celui qui dit à Abraham : Va-t’en de ton pays... vers le pays que je te montrerai... je te bénirai... et tu seras une bénédiction ( 9). Nous sommes probablement au temps du règne d’Amménémès Ier, pharaon de la XII ème dynastie. Le roi égyptien mène une politique intérieure et extérieure particulièrement dynamique ; mais à l’est du Delta, il ne semble pas être intervenu. En effet, pourquoi serait-il intervenu puisqu’Abraham y faisait régner l’ordre, y apportant la "bénédiction de Dieu" , c’est-à-dire "la paix" ? Et si Abraham et ses troupes ont pu nomadiser dans le pays, c’est bien évidement à la suite d’un accord passé entre Haran et l’Egypte. Et si un accord a pu être signé, c’est parce que le Dieu qui inspire les conseils de ces cités saintes en a décidé ainsi, lui apportant le sceau de l’approbation divine.
Si l’on se réfère au récit plutôt oriental de la création, de l’histoire d’Adam et d’Abraham, Dieu serait une pensée sémite, mais à partir de la naissance d’Ismaël, avec l’apparition des anges dans le texte biblique, on peut se demander s’Il ne serait pas également dans la pensée égyptienne (10). Il est vrai qu’Amon évoque aujourd’hui dans notre esprit plutôt sa statue de Karnak, et donc une idole pour les juifs, mais à la fondation de la XII ème dynastie, une des plus brillantes qu’ait connue l’Egypte, qu’en était-il ? Faut-il rappeler par ailleurs le bélier qu’Abraham sacrifia à la place de son fils, curieuse coïncidence car le bélier, c’était le symbole par excellence d’Amon et du pharaon précité.
Amon, dont le nom signifie le Caché, tire de cette expression le caractère même de sa personnalité. Sa véritable nature échappe à l’entendement, il est l’esprit qui plane sur les eaux originelles, sa nature reste mystérieuse.
http://desir-egypte.ifrance.com/lettread.htm. Son culte apparaît déjà comme une religion monothéiste.
Dans mon précédent article, j’ai écrit que le Dieu qui avait promis à Abraham de lui donner le pays de Canaan, ainsi qu’à sa descendance, était le pharaon d’Egypte ; je rectifie : cette promesse était celle du Dieu très haut qui parlait alors au pharaon.
C’est Moïse qui nous a transmis l’histoire d’Abraham.
La preuve est le passage que ses scribes y ont inséré sous forme d’une prophétie qui annonce les quatre cents ans de captivité en Egypte, puis le retour au pays de Canaan. Cela nous donne la date à laquelle le document d’origine a été modifié : lors de la sortie d’Egypte et au moment où Moïse arrive sur le mont Nebo, en vue du pays de Canaan dont Josué allait entreprendre la conquête ... un conquête habilement présentée dans le texte comme une reconquête (11).
Dès lors, on comprend l’insertion dans le texte du mot Yahwé alors qu’il n’a été "révélé" qu’au temps de Moïse.
Avertissement : Article publié avec les réserves d’usage. Je précise que je n’ai cherché dans cette étude qu’à expliquer des textes, sans a priori de ma part, que je laisse à leurs auteurs, tenants et aboutissants, la responsabilité des promesses de terre promise qu’ils ont fait dire à Dieu, que je ne suis pas un spécialiste de l’islam et que dorénavant, c’est aux historiens de métier qu’il revient de corriger mes erreurs et de débattre entre eux. Quant au ministre de la Culture, je crois avoir compris en écoutant le récent débat télévisé sur Alésia que sa politique était de ne pas faire de vagues, comme Pilate qui s’en lavait les mains.
Références : Tabari "Mohammed, sceau des prophètes", éditions Sindbad, 1980, traduction de Hermaan Zotenberg.
1. page 200
2. page 232
3. page279
4. page 150
5. page256
6. page254
7. page259
8. Gn 27, 9
9. Gn 12, 1
10. Gn 16, 7
11. Gn 15, 12-17