Voile, résistance à la loi, harcèlement de fonctionnaires d’élus
Le voile intégral est maintenant interdit, mais faire appliquer la loi requiert du courage. Fonctionnaires, agents du service public et élus doivent compter avec des opérations de harcèlement les visant individuellement, comme aux temps, que l'on croyait révolus, des lettres de dénonciation. Ces opérations sont facilitées par le fait que le voile non intégral reste autorisé, ce qui permet de jouer sur des situations ambigües. Une interdiction de tous les voiles assainirait l'atmosphère, couperait l'herbe sous le pied des amateurs de jihad judiciaire, et serait seule compatible avec l'égalité des sexes, droit fondamental qui n'a pas à être sacrifié à une "liberté religieuse" entendue comme la liberté de déployer son intégrisme ou son extrémisme.
La loi interdisant la dissimulation du visage est maintenant entrée en vigueur : cette dissimulation est interdite sur les voies publiques, ainsi que dans les lieux ouverts au public ou affectés à un service public. Une circulaire du 2 mars 2011 apporte des précisions ; en particulier, la dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance du service public.
Le refus d'appliquer la loi organisé par certains groupes extrémistes a pris dans plusieurs cas la forme de harcèlement à l'encontre de fonctionnaires ou d'agents qui ne faisaient que leur travail, assortis d'une claire intention de nuire par dénigrement public ou par saisine d'autorités en vue de sanctions dans certains cas douteux ou présentés comme tels. En particulier, l'affirmation rétrospective et invérifiable que le visage n'était pas entièrement dissimulé ouvre un champ d'incertitude juridique redoutable pour l'agent, facilement accusé de discrimination et passible potentiellement de lourdes sanctions, alors que la femme en voile intégral ne risque qu'une amende minime.
Voici quelques exemples récents de harcèlement ou de dénigrement inadmissibles :
Insinuations de recherche d'attouchements à Aulnay sous Bois
Le 31 juillet à Aulnay sous Bois, une femme en niqab est arrêtée par la police et conduite au commissariat à la suite de ce qui aurait du être un simple contrôle d'identité, mais qu'elle s'est attachée à rendre le plus mouvementé possible, hurlant et traitant les policiers de chiens.
Cet incident est pris en charge par Forsanne Alizza, un groupe particulièrement extrémiste récemment jugé à Limoges.
L'on trouvera ici un reportage sur l'incident d'Aulnay sous Bois.
Particulièrement choquante est la seconde vidéo, réalisée par Forsanne Alizza. Elle comporte des menaces ("Maintenant, ya des frères qui sont derrière ces soeurs là"), et d'inadmissibles insinuations. La jeune femme ne cesse en effet de répêter que les policiers, les hommes surtout d'après elle, cherchaient à procéder à une palpation. Il est clairement insinué qu'ils recherchaient des attouchements sexuels sous couleur de contrôle d'identité.
Incident aux arrivées de l'aéroport d'Orly
Une voyageuse en niqab, qui précise qu'elle connaît la loi d'interdiction, fait son cinéma à la police et à la douane aux arrivées de l'aéroport d'Orly. Elle retire son niqab pour permettre le contrôle de son identité, mais le remplace immédiatement par un masque médical. La loi lui est rappelée mais les fonctionnaires sont bienveillants, puisqu'elle échappe à l'amende. Elle est cependant scandalisée par la façon trop sèche, selon elle, dont ils lui ont parlé.
L'incident est d'abord relaté sur le site L'islam en France. Il n'y est plus en ligne, mais des captures d'écran avaient été réalisées et mises en ligne par Riposte Laïque.
On y voit que les fonctionnaires dont il s'agit sont qualifiés de criminels. Leur description physique est donnée afin qu'ils soient retrouvés. Sont également donnés des téléphones et adresses d'autorités en vue de dénonciations pour "islamophobie".
L'article n'a d'ailleurs pas entièrement disparu : il a été partiellement repris sur le siteIslaminfo, qui invite la "soeur" concernée à se manifester auprès des "Amazones de la liberté", en vue de poursuites judiciaires.
Incident lors d'un mariage à Lyon
Une voilée se présente pour son mariage à la mairie de Lyon devant Fatiha Benahmed, adjointe écologiste, qui lui demande de retirer son voile pour qu'elle puisse s'assurer de son identité. Le voile était-il vraiment intégral, ou manquait-il quelques centimètres pour qu'il le soit ? C'est toute la question que devra résoudre le maire d'arrondissement, et, à sa suite, tout l'appareil d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), car les quelques centimètres, selon qu'ils sont présents ou manquants, ont le pouvoir de transformer une élue faisant son devoir, et digne de soutien, en délinquante islamophobe bonne à jeter aux chiens.
Nous supposons que les centimètres fatidiques étaient présents puisque l'élue est soutenue par son maire.
Mais les blogs et associations communautaristes ne l'entendent pas de cette oreille, et ils lui tombent dessus. Aucun ne manque à l'appel pour la jeter aux chiens. L'affaire est même internationalisée par le site anglophone Islamophobia Watch, un scandale islamophobe de cette gravité ne pouvant se traiter au niveau national.
Toutes les instances possibles d'EELV sont bombardées de mails dans tous les sens ; c'est un régal avec ces excellents clients, toujours partants pour dénoncer le racisme vrai ou supposé.
L'affaire tourne carrément à la chasse à l'homme, c'est-à-dire à la femme : à l'appel du trois associations plus locales relayées par, entre autres, Saphirnews, une manifestation la visant nommément et réclamant des sanctions est organisée devant la mairie du 9ème de Lyon.
Violences contre un machiniste à Marseille
Un chauffeur de bus de la Régie des Transports Marseillais (RTM) demande à une passagère de retirer son voile. Il est pris à partie, tabassé et sérieusement blessé. Puis, il est condamné par Karim Zéribi, d'EELV, président de la RTM ; son patron, donc ; une émission des Grandes Gueules est consacrée à le condamner.
Le voile était-il vraiment intégral ? Je tends à le supposer puisque, d'après La Provence, la passagère a été verbalisée. Mais, lors de l'émission des Grandes Gueules, il est affirmé avec assurance que ce n'était pas le cas, et les circonstances ne se prêtent pas à la vérification, si bien que l'émission tourne au lynchage médiatique du machiniste.
Y participaient Franck Tanguy, Sylvain Grandserre, Johnny Blanc (chroniqueurs) ; Philippe Bilger (avocat général) et Alain Requenat (responsable FO de la RTM). Cette émission fut d’une grande confusion et d’une totale mauvaise foi. On signalera d’abord qu’en était absent celui qui aurait eu le plus de choses à dire, à savoir Karim Zéribi, responsable de la RTM, celui-la même qui trouve « inappropriée » l’attitude du chauffeur. Or, ce même Zeribi se trouve être aussi un chroniqueur habituel des Grandes Gueules. Et il se débrouille pour être absent précisément le jour où le sujet le concerne ! Tout absent qu’il est, il s’exprime : il a été interviewé avant l’émission, et son message est transmis. Il fait savoir que le machiniste n’avait pas à demander aux femmes de se dévoiler.
La solidarité ne fut pas meilleure du côté d’Alain Requenat, secrétaire général Force Ouvrière de la RTM ; il contesta que le machiniste ait eu affaire à une femme en voile intégral et dit au contraire que, sur les deux femmes concernées, l’une avait le visage découvert et l’autre à moitié. En d’autres termes, il présente le machiniste comme ayant outre-passé son pouvoir. Cette information, à la supposer exacte, aurait du être communiquée aux autres intervenants avant l’émission, et les moyens de la vérifier auraient du leur être donnés. Au lieu de cela, ils furent pris totalement par surprise. En particulier, Philippe Bilger, favorable au machiniste, fut totalement déstabilisé, ne sachant sur quelle version des faits s’appuyer. Les critiques, eux, se déchaînèrent, confortés par cette nouvelle version qui présentait le machiniste comme ayant tancé une personne coiffée d’un voile ordinaire (quoique … c’est quand même bizarre, ce visage qui n’est ni couvert ni découvert, mais qui est voilé à moitié). Le chauffeur apparut donc, au mieux comme quelqu’un qui s’était mis dans un mauvais cas en faisant du zèle, au pire comme un suppôt du Front national.
Une voilée fait son cirque au tribunal de Béziers
Là, il ne s'agit pas d'un voile intégral, mais, devant un tribunal, toutes les coiffures peuvent être interdites, y compris un voile ordinaire, par respect pour la solennité de l'audience.
Pour avoir exigé qu'une justiciable ôte son foulard, la présidente du tribunal de Béziers est prise à partie en ces termes par le Collectif contre l'islamophibie (CCIF) :
« Une fois de plus, une jeune femme a vu ses droits bafoués du fait de ses convictions religieuses, elle s’est fait humilier dans ce tribunal sous le seul prétexte que ses pratiques ne convenaient pas à des personnes censées faire appliquer la loi et représenter la justice.
Le CCIF considère qu’il est particulièrement scandaleux que des personnes censées représenter le droit se permettent d’avoir une attitude aussi ignoble et il condamne fermement le comportement des personnes à l’origine de ces actes discriminatoires. Il se tient une fois de plus aux côtés de cette victime de l’islamophobie et demande au ministre de la Justice de prendre ses dispositions pour que des sanctions soient prises à l’encontre de cette magistrate. »
L’affront n’est pas resté impuni : convoquée une deuxième fois, la jeune femme est venue avec 23 autres voilées, et elle a pu entrer avec son voile.
La manifestation de voilées avait, semble-t-il, été organisée sur la page Facebook de la mosquée Ar-Rahma, de Béziers, par une discussion dont des captures d'écran ont été publiées par Riposte Laïque.
Pour en sortir ...
Il convient de souligner le vrai problème de sécurité juridique qui se pose en matière de voile. La règle se construit petite touche par petite touche, par la jurisprudence. Le justiciable ne sait qu’a postériori, au moment où il est condamné ou relaxé, si le juge estime qu’il pouvait ou non accepter le port du voile dans le cas qu’il a eu à traiter. S’il ne devine pas juste, pleuvent les amendes et les dommages-intérêts, souvent accompagnés d’un lynchage médiatique tendant à le faire passer pour raciste, voire nazi, et, s’il est salarié, les pressions sur son employeur pour obtenir son licenciement.
Le justiciable, qui a le droit de connaître la loi a priori et non a postériori, doit exiger du législateur une clarification des règles sur le voile.
On se fout qu’il soit grand ou petit, porté dans un lieu ou dans un autre, par une catégorie de personnes ou une autre.
Le voile, tous les voiles, doivent être interdits partout, tout simplement parce qu’ils portent atteinte à la dignité et à l’égalité des sexes. C’est pourtant simple à comprendre !
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