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2 firmes pharmaceutiques font pression sur des scientifiques pour cacher des effets secondaires graves ...

Suite au courrier de 2 firmes pharmaceutiques, une étude montrant une augmentation du risque de cancer liée à la prise de certains médicaments pour traiter le diabète a subitement disparu.

Décidément, le diabète est à l'honneur en ce moment ! Un article récemment paru dans le Lancet explique que le nombre de diabétiques a doublé depuis 1980. Selon cette étude financée par la Fondation Bill & Melinda Gates et l'Organisation Mondiale de la Santé, 350 millions de personnes souffraient de diabète en 2008.

Un fabuleux marché pour l'industrie pharmaceutique.

Oui mais !

Primum non nocere. Les enjeux du diabète ne doivent pas nous faire perdre de vue que la première qualité d'un médicament est avant tout de ne pas nuire. Ainsi, le retrait tardif du marché du Mediator, de l'Avandia et de l'Actos est d'autant plus impardonnable que nous disposons d'un grand nombre de traitements efficaces, disponibles sous forme de génériques, pour traiter cette maladie.

Or, un texte hallucinant, digne d'un long-métrage hollywoodien, est paru dans le BMJ il y a quelques semaines. Ce texte est passé complètement inaperçu aux yeux de la presse française alors qu'il contient tous les ingrédients pour vendre du papier. Il faudra qu'on m'explique un jour comment travaillent certains journalistes...

Tout commence par une étude à paraître dans la publication internationale "Gastroenterology". L'étude est signée d'un grand nom du diabète, Peter Butler. Que dit-elle ? Tout simplement que deux antidiabétiques de dernière génération (la sitagliptine et l'exenatide, commercialisés respectivement sous les noms de Januvia et Byetta) augmentent significativement le risque de cancer du pancréas, de pancréatite et de cancer de la thyroïde !

Risque de pancréatite multiplié par 6,8 chez les patients sous sitagliptine et par 11,8 chez les patients sous exenatide.
Risque de cancer du pancréas multiplié par 2,4 chez les patients sous sitagliptine et par 2 chez les patients sous exenatide.
Risque de cancer de la thyroïde multiplié par 3,4 chez les patients sous sitagliptine et par 7,6 chez les patients sous exenatide.

Nouveau scandale en perspective ? Vu les enjeux, on ne peut pas se permettre une nouvelle affaire Mediator. D'autant que ces médicaments sont commercialisés dans le monde entier.

Deux firmes pharmaceutiques, pleines de bonnes intentions, Novo Nordisk et Merck se plaignent alors auprès d'Anil Rustgi, rédacteur en chef de la revue Gastroenterology. Les firmes critiquent la méthodologie utilisée. Merck explique qu'une telle publication "pourrait avoir un effet négatif sur la prise en charge des patients" et Novo Nordisk de rajouter qu'un tel papier pourrait "démarrer une crise sanitaire dont on se passerait" (la phrase originale stipule : "it could spark an unnecessary health scare").

Selon l'auteur de la publication, Peter Butler, ces firmes ont tout simplement demandé l'annulation de l'article. Aussitôt, le site internet de Gastroenterology indique que les auteurs se sont rétractés. Butler se plaint auprès du journal qui modifie son site et indique que la publication a été retirée, c'est à dire cette fois à l'initiative de la revue.

Le 10 mai 2011, le BMJ a publié un rectificatif expliquant que contrairement à l'impression qui se dégageait de l'article précédent, l'étude de Gastroenterology n'a pas été annulée du fait des plaintes reçues par les firmes. La revue a simplement souhaité laisser plus de temps aux auteurs pour peaufiner leur texte.

L'étude paraîtra donc bien en juillet.

De son côté, Merck a publié un droit de réponse dans le BMJ. En substance, cette lettre n'était absolument pas destinée à demander la suppression de l'article. La firme expliquait simplement ses réserves par rapport à la méthode utilisée.

Notons que c'est une méthodologie comparable qui a permis au Dr Irène Frachon de mettre en évidence les effets du Mediator. Une méthodologie également critiquée par la firme concernée...

Merck fait également référence à une position officielle d'une société savante internationale : l'EASD (European Association for the Study of Diabetes), dans laquelle, cette association détaille les biais de l'étude... "Although there are important questions which currently need to be answered with respect to the safety of incretin-based medications, there is no definitive evidence pointing to an increase in cancer risk. The only robust way of measuring comparative risk is within randomised control trials which record adverse events. There is no immediate need for action, and patients should under no circumstances stop taking any medication and should consult their physicians to be advised on their diabetes therapy."

Ce qui donne en français :

"Malgré les questions importantes soulevées qui nécessitent d'être résolues, en ce qui concerne la sécurité des médicaments agissant sur les incrétines, il n'y a pas de preuve définitive montrant une augmentation du risque de cancer. La seule manière robuste pour mesurer un écart de risque, ce sont les études cliniques randomisées qui recensent les effets secondaires. Il n'y a pas lieu d'agir pour le moment et les patients ne doivent en aucun cas arrêter leurs médicaments et consulter leur médecin pour demander conseil sur le traitement à suivre."

C'est effectivement ainsi qu'il a été possible par exemple de prouver formellement la toxicité du Mediator en 2009 avec une étude randomisée, ... après 33 ans de commercialisation !

Xavier Bertrand ne déclarait-il pas il y a quelques jours que désormais le doute devait profiter au patient et non à la firme ?


Novo Nordisk est "corporate member" et Merck "Gold member" - on ne saurait trouver un titre plus approprié - de l'EASD, une société savante bien évidemment indépendante.


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7 réactions à cet article    


  • Clojea Clojea 1er juillet 2011 15:09

    Décidément les scandales pleuvent dans les labos. On se demande ce que l’on va bien finir par pouvoir prendre comme médicaments ???


    • christian pène 1er juillet 2011 15:35

      vous cesserez de subir des inconvénients de « médicaments » qui n’en sont pas quand vous entamererz votre reconversion à la médecine naturelle ; je m’étonne que vous n’ayez pas en- core eu la curiosité d’aller voir de plus près de quoi il retourne ; pourtant toutes les pharmacies indiquent vendre de l’homéopathie , qui est sans risques , ce qu’il y a de moins cher

      vous ne pouvez en aucun cas dire que vous n’en avez guère entendu parler ....

      quant aux scandales qui pleuvent sur les labos de la « médecine » officielle , ce n’est que justice après tromperies dont inefficacité , dangerosité ...et coût le plus élevé....

      certains « médicamenst » ne voient jamais le jour sur le marché , tandis que d’autres subissent un décès officiel par retrait....quand l’AFSSAPS reconnaît qu’elle a été dupée , ainsi que les assurés sociaux qu’elle a dupés par autorisation de mise sur le marché

      associer « médicaments » et « dangereux » est un extraordinaire abus sémantique pour gogos.....un médicament peut-il être aussi un poison ? quelques 20.000 morts annuels en France par « accident thérapeutique » n’en sont pas revenus de cette duperie


    • amipb amipb 1er juillet 2011 22:21

      Attention : l’homéopathie n’est certainement pas une « médecine naturelle », elle n’est pratiquement utilisée e qu’en France et subit le quasi monopole des laboratoires Boiron.

      De plus, sa validité scientifique n’a jamais été établie, se basant sur des concepts théoriques jamais observés (dynamisation, mémoire de l’eau, etc.), et un taux de dilution rendant quasiment impossible la présence d’une molécule du principe actif.

      En résumé, mieux vaut se tourner vers la médecine par les plantes qui, lorsqu’elle est correctement pratiquée, est éprouvée depuis plusieurs siècles.


    • Furtive Sentinelle Furtive Sentinelle 1er juillet 2011 17:14

      Et la rosiglitazone AMM Avandia et la pioglitazone AMM Actos .......

      http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2007/05/27/l-affaire-de-la-rosiglitazone.html


      • Annie 1er juillet 2011 20:24

        Vous vous trompez de combat. Si les protocoles pour valider ou non la toxicité d’un médicament ne sont pas fiables, ils doivent être changés. Mais au bout du compte , vous avez besoin d’un protocole. Proposez le vôtre.


        • Walid Haïdar 1er juillet 2011 20:41
          Le premier protocole à appliquer c’est celui de la prévention.

          Ensuite c’est de paradigme qu’il faut changer et non de protocole.

          Cesser de faire de la symptômatologie et s’attaquer aux causes. Cesser de penser les facteurs isolément à tout prix et se dire que bien souvent il n’est pas pertinent de penser globalement.

          Cesser de se branler en double aveugle. Excusez ma grossierté, mais quelle est cette croyance qui voudrait qu’un traitement digne est un traitement qui a fait ses preuves en doubles aveugle ?

          Exemple : si des gens sont atteints de maladies graves qui détériorent leur santé assez rapidement, et qu’un traitement est proposé sous forme d’un régime particulier, et que ce régime peut faire effet au bout de quelques semaines comme au bout de 2 ans d’assiduité. Comment vous faites un double aveugle, sachant que ce régime doit s’ajuster patient par patient, car chacun a ses spécificités ? Pourquoi le fait de constater que la méthode marche expérimentalement sur des milliers de personnes avec environ 80%, ne suffit-il pas à susciter l’intérêt ? parce que tout est fondé autour de la rentabilité, et que des protocoles inscrits dans cette logique et conditionnés par elle empêchentd e s’exprimer des méthodes qui ne PEUVENT PAS et NE POURRONT JAMAIS être testées en double-aveugle.

          Donc certes, il faut changer les protocoles, mais il faut aussi comprendre que si les protocoles sont ce qu’ils sont, c’est parce qu’ils ont été produits par un certain système (économique et conceptuel), et pas un autre. C’est donc ce système entier qui doit être remis en cause, et profondément.

          On pourra alors sereinement appliquer des méthodes efficaces et appropriées sans jeter l’opprobe sur tout ce qui ne rentre pas dans le moule d’un système qui n’a rien d’une science, mais qui est une réalité sociale, économique, et même politique, dans laquelle la science est utilisée certes, mais dénaturée.

          Pour provoquer aux limites par l’absurde : si l’effet placebo concurrence les médicaments, pourquoi n’étudie-t-on pas plus la capacité qu’a l’esprit de guérir le corps ? c’est ça non l’effet placebo, l’auto-suggestion ? pourquoi n’y aurait-il rien à tirer de ce champ d’investigation ?

          RÉPONSE SIMPLE ET ÉVIDENTE : il n’y aurait strictement rien à gagner financièrement.

          Il faut donc que la puissance publique se dote de moyens et laisse les chercheurs décider souverainement de leurs axes d’investigation, sans dépendre d’une quelconque industrie.

          Je ne dis pas qu’il faut jeter tout ce qui se fait actuellement, je dis qu’il faut libérer la médecine de l’industrie pharmaceutique, et des intérêts privés, pour penser librement, en dehors des clous de l’argent et de la logique de profit, qui oblitère drastiquement le champ des possibles.

        • Walid Haïdar 1er juillet 2011 20:42

          « bien souvent il n’est pas pertinent de ne pas penser globalement », pardon.

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