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Accueil du site > Actualités > Santé > Des médicaments trop chers pour les malades du Sud

Des médicaments trop chers pour les malades du Sud

Un traitement recommandé par l’OMS pour les traitements antirétroviraux (ARV) de deuxième ligne vient d’être amélioré par les laboratoires Abbott et peut désormais résister à la chaleur qui sévit dans les pays où vivent la très grande majorité des sidatiques. Il y a cependant un hic, et il est de taille : il n’est disponible qu’aux États-Unis, et coûte plus de 10 000$ par an et par patient.

C’est l’organisation Médecins sans frontières qui dévoile cette absurdité sur son site. L’ironie veut qu’un médicament thermostable soit beaucoup plus approprié aux conditions climatiques et technologiques (difficulté de réfrigérer de façon fiable) des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, où ni les États, ni les malades ne peuvent payer le prix fort demandé par les laboratoires Abbott.

On savait déjà qu’à peine 10 % des sommes pour la recherche en santé sont attribués aux conditions et maladies qui représentent 90 % du fardeau des maladies dans le monde.

MSF met le doigt sur un autre gros bobo dont souffrent beaucoup trop de malades qui ont le malheur de vivre dans le Sud : même les médicaments pour des maladies de pays riches leur sont inaccessibles parce que trop coûteux.

Au Québec, nous faisons partie des privilégiés qui peuvent tomber malades sans se soucier de l’état de leur portefeuille. L’assurance maladie et l’assurance médicament (publique pour ceux qui ne travaillent pas ou dont les employeurs n’ont pas d’assurance collective) nous le garantissent.

Remarquez, au passage, que plusieurs Américains ne peuvent en dire autant.

Ici, nous nous battons pour maintenir un système de santé à une seule vitesse. Le principe est simple et devrait pourtant être universel : peu importe que vous ayez moins de 1$ par jour ou plus de 1 million $ par jour, hôpitaux, cliniques et médecins doivent vous accueillir à bras ouverts et ne pas vous laisser repartir ruiné.

MSF fait une oeuvre remarquable mais se bat contre des forces pires que le virus du SIDA : les forces du marché.

Alors que les prix des antirétroviraux de première génération avaient considérablement baissé du fait de l’apparition des génériques, ceux des nouveaux médicaments, soumis au monopole résultant des brevets, connaissent une hausse vertigineuse.

Communiqué de MSF.

Que faire contre cette situation attristante ? MSF, des médecins et des chercheurs renommés demandent aux laboratoires pharmaceutiques de ne pas laisser leurs politiques commerciales décider de la survie de millions de malades.

La solution doit venir d’une volonté des pays riches et des entreprises qui font leurs profits dans tout le secteur de la santé.

Tout comme il existe un Pacte mondial des entreprises, ne pourrait-on pas songer à un pacte mondial dans le but de garantir à chaque être vivant des soins de santé et des médicaments appropriés, sans égard à ses revenus ?

L’Engagement en faveur des patients de Novartis est un pas dans la bonne direction, mais il en faudra beaucoup plus pour la réalisation du droit à la santé.

Après tout, avec l’éducation, la santé est une des deux voies royales de sortie de la pauvreté.


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16 réactions à cet article    


  • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 16 mars 2006 17:05

    Je n’ai aucun commentaire à faire sinon qu’à déplorer avec vous cette injustice, la fracture nord-sud devant laquelle le monde riche reste indifférent.

    je voulais cependant faire le lien entre votre article et celui publié ici-même sur Agoravox et intitulé « ah si les riches étaient pauvres ». Je pense que l’un complète l’autre et l’illustre.


    • douceur (---.---.57.218) 16 mars 2006 20:12

      retournons aux vrais valeurs naturelles ...

      Il y a moyen de les aider avec des methodes efficaces et pas cher mais pour le moment on ne veux pas encore essayer pk je sais pas ...


      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 16 mars 2006 20:18

        Aider le Sud ... Oui, mais à condition qu’il prenne conscience de la nécessité de lutter contre la surpopulation, comme l’a fait la Chine, et qu’il le fasse.


        • douceur (---.---.57.218) 16 mars 2006 20:19

          et pk on aide a conditions que l’autre fait ce qu’on lui dit ? tolerance merci ...


          • Senatus populusque (Courouve) Courouve 16 mars 2006 23:42

            La tolérance, il y a des maisons pour cela (Claudel)

            L’assistance à fonds perdus, alors que l’on croule sous la dette et le déficit, est-ce bien raisonnable ??


          • Plus Robert que Redford (---.---.208.75) 16 mars 2006 20:25

            J’ai le souvenir d’un reportage éprouvant diffusé sur Arte, je crois, décrivant la misère de l’arsenal thérapeutique des soignants en afrique devant des cas de trypanosomiase (maladie du sommeil) parce qu’aucun laboratoire ne s’engage à fabriquer une molécule pourtant efficace et connue, pour des populations à la solvabilité incertaine. Leur seul espoir réside dans la possibilité que la-dite molécule semble présenter une efficacité « cosmétique » sur certaines affections de la peau des coquettes occidentales : à cette condition, elle sera à nouveau fabriquée.


            • Scipion (---.---.28.15) 16 mars 2006 22:33

              N’oublions pas que ces gens ont eu, à un moment donné, à choisir entre l’indépendance et les calories - c’est une métaphore -, ils ont choisi l’indépendance, et bien maintenant, il faut qu’ils fassent avec leur choix et ses conséquences, toutes ses conséquences...

              C’est-à-dire sida, maladie du sommeil, sciatique, et bien le bonjour des ex-colonisateurs.


              • Michel Monette 17 mars 2006 00:04

                L’indépendance n’est pas un choix, mais un droit. Les conventions internationales signées par les pays riches, vous croyez qu’elles ne comportent pas d’obligations ? Vaincre les maladies jusqu’ici sans traitement, parce que les Pharmaceutiques ne font à toute fin pratique rien, ce n’est pas une question de capacité, mais de moyens $$. N’oublions pas non plus que sans la santé (et l’éducation), le développement économique est beaucoup plus difficile. Cherchons donc du côté des solutions plutôt que des coupables, les chances d’améliorer la santé des populations du Sud seront beaucoup plus élevées.


              • Scipion (---.---.63.176) 17 mars 2006 07:11

                L’indépendance est peut-être un droit mais, comme de beaucoup d’autres, on peut aisément s’en passer.

                D’ailleurs, en tant que droit, l’indépendance des Etats décolonisés ne concerne que des minorités à prétentions élitaires, qui puisent dans les caisses.

                Le petit peuple n’a rien à y voir et, pour lui, l’indépendance ne signifie rien d’autre que la disparition de quantité de services que les coloniaux faisaient fonctionner à satisfaction.

                Pour ce qui est de rechercher des solutions aux problèmes de santé des populations du sud, force est de constater, une fois de plus, l’inique répartition des rôles planétaires :

                le sud fournit les problèmes et le nord est censé fournir non seulement les solutions, mais également les sous des solutions. Alors, et au nom de plusieurs, je dis : Non, merci... smiley)


                • Fabrice Fabrice Duplaquet 17 mars 2006 10:12

                  Le problème vient du fait que les médicaments sont considérés comme un bien de consommation au même titre qu’un écran plat ou qu’un litre de lait.

                  Si l’on veut retirer les médicaments des lois du marché alors il faut retirer aux laboratoires privés la commercialisation des molécules chimiques médicamenteuses mais...

                  Mais la politique de recherche actuelle prend une autre voie :

                  1/ les fonds publiques de recherche sont négligeables en matière de médicament comparativement aux investissement collossaux des entreprises privées.

                  2/ les quelques brevets déposés dans ce domaine par des chercheurs financés par les fonds publiques sont immédiatement revendus aux firmes privées.

                  Bref, inutile de crier au loup si nous ne prenons pas les mesures adéquates mais y sommes nous prêt ? Car cette mesure porte un nom qui fait frémir dans les chaumières : NATIONALISATION de l’industrie pharmaceutique. Moi je suis contre.

                  Une autre mesure serait de financer l’achat au prix du marché des molécules produites par les firmes privées (par des fonds de développement du sud) et de les revendre prix coûtant. Cela aura l’avantage de ne pas plomber la recherche privée qui produit des centaines de nouvelles molécules par an ce qui sauve des millions de vie mais alors certains vont crier encore plus fort.


                  • Michel Monette 17 mars 2006 13:20

                    Il faudra bien se résoudre à mettre de côté nos préjugés et nos mythes économiques pour se pencher sur les vrais problèmes, d’autant plus que nous sommes directement concernés. Vous en doutez ? Quand arrêtera-t-on les tueuses en série ? Pour ma part, je doute fort que la décolonisation ait empirer les problèmes. Les chiffres laissent plutôt croire le contraire, même. Nous avons trop souvent tendance à voir le Sud comme un ramassis de pauvres, alors que la classe moyenne y est plus populeuse que celle du Nord. Cette nouvelle réalité économique est irréversible. L’autre réalité que nous occultons, tellement nous aveugle notre suffisance occidentale, c’est que nos entreprises (Pharmaceutiques incluses), ont le haut du pavé grâce au soutien des États. Le pire, dans le cas des Pharmaceutiques, c’est qu’elles profitent scandaleusement de notre naïveté. Cela aussi vous en doutez ? Lisez donc La santé n’est pas une marchandise.


                  • Fabrice Fabrice Duplaquet 17 mars 2006 14:26

                    je suis d’accord, la santé n’est pas une marchandise, mais nos état n’ont pas les moyens d’investir dans la recherche sur les molécules thérapeutiques ou diagnostiques donc, à ce jour, et cela ne me rejouis pas, seules les firmes privées peuvent inventer de nouveaux traitements.

                    Donc soulever le problème ce n’est pas y répondre.


                  • Michel Monette 17 mars 2006 23:48

                    Là je dois dire que je diverge totalement d’opinion. Ce n’est pas une question de moyens mais de volonté (On a marché sur la Lune et on continue de dépenser des centaines de milliards par année de fond publics pour l’achat d’armements).

                    Dépenses annuelles mondiales :

                    Aide au développement : entre 50 et 60 000 000 000$

                    Ventes d’armes : plus ou moins 900 000 000 000$

                    (Source : Oxfam)

                    Bref, nous avons les moyens que nous voulons, pas ceux que nous pouvons.


                  • Milla 3 février 2007 14:02

                    Bonjour, Avez- vous entendu parler de Krisana Kraisintzu ? Un petit bout femme, mais grand checheur traquée par les labo qui détiennent les brevets sur la tri- thérapie par exemple.

                    Son but, la crétion de laboratoires au sein même des pays pauvres, ce qu’elle a déjà fait au cambodge, et qu’elle poursuit en afrique, qui engendreraient une médication moins honéreuse.

                    Elle a d’autant diffusé un générique de la « tri-thérapie » moins couteux, puisque le cout est surtout relatif à la présentation du médicaments (trois boites), elle a donc réuni les mollécules en une seule prise.

                    Le problème, c’est qu’en occident, une femme atteinte du virus ne présente pas ou plus de risque pour son enfant, si elle est enceinte, les labo n’ont même pas pensé au dosage pédiatrique, ce qui fait que, dans les pays pauvres, comme l’explique Krisana, un taux de mortalité infantile est très important, parce qu’il faut morceler les médicaments existants et trouver la bon dosage... pas évident !

                    Ce qu’il faut encourager c’est le développement des laboratoires sur place.

                    Milla


                    • Michel Monette 3 février 2007 15:45

                      Je ne connaissais pas Kraisintu. Merci de nous faire découvrir cette femme remarquable. Son oeuvre a même inspiré une performance théâtrale - Cocktail - qui sera jouée en avril prochain.


                    • Milla 5 février 2007 19:26

                      Merci aussi pour cette info michel, et vous avez aussi

                      Même combat pour, Béat Richner, violoncelliste, né à Zurich en 1947, Beat Richner arrive au Cambodge au milieu des années 70. Il exerce en tant qu’assistant-médecin à Kantha Bopha, l’hôpital des enfants de Phnom Penh. Fuyant le régime khmer rouge en 1975, il reviendra ici en 1991 où le roi Norodom Sihanouk lui confie la lourde mission de remettre en route cet hôpital pédiatrique. Fort d’une volonté sans limite, bravant tous les obstacles dans ce pays où la corruption est omniprésente, cet homme va, en 8 ans, non seulement rénover le premier hôpital mais en faire construire deux autres, dont celui de Siem Reap. Financés entièrement par des dons privés, ces trois unités sont la fierté du pays. Elles permettent de sauver la vie de 2400 enfants par mois. Sans l’acharnement de cet homme dont le combat permanent n’a qu’un seul but -sauver des enfants-, ce sont autant de vie qui seraient perdues.

                      Suivre lien s’il est encore actif !

                      http://cayabdl.free.fr/asie/cambodge/carnets-de-route/un-homme-exceptionnel.htm

                      Milla smiley

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