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Accueil du site > Actualités > Santé > Le téléphone leur prend le chou

Le téléphone leur prend le chou

Alors que l’on dénonce l’obésité et la malbouffe, les jeunes générations sacrifient leur consommation de fruits et légumes au profit des nouvelles technologies.

Les jeunes générations consomment peu de fruits et légumes. Elles préfèrent arbitrer leur budget en faveur des produits innovants en technologie de l’information et de la communication (appareils audiovisuels, téléphones...). C’est la conclusion d’une récente étude du Credoc, présentée par Pascale Hébel. En règle générale, les consommateurs, en raison de facteurs conjoncturels (ralentissement du pouvoir d’achat et mauvaise perception des prix), sont très attentifs aux prix du secteur alimentaire, notamment ceux des fruits et légumes (68,5% d’entre-eux déclarent regarder systématiquement les prix des fruits et légumes). Pourtant, la raison principale de la désaffection pour la consommation de fruits et légumes ne tient pas au facteur prix. Malgré le ralentissement du pouvoir d’achat, la croissance de la consommation reste à des niveaux relativement élevés. Les consommateurs puisent dans leur épargne et utilisent fortement les crédits pour continuer à consommer des produits de la sphère des loisirs. L’arbitrage de consommation se fait au détriment des produits de grande consommation et en faveur des produits d’équipement du foyer et des services. On note par exemple des taux de croissance négatifs en 2005 sur les dépenses de consommation en produits d’hygiène beauté, alors que les postes d’équipements audiovisuels sont en croissance de 13% en euros constants. Pascale Hébel ajoute : « Nous constatons que la génération « robot-électrique » (individus nés entre 1937 et 1946), a le même niveau de dépense en fruits frais tout au long de sa vie. Par contre, lorsque l’on appartient à la génération plus jeune « aliment-services » (individus nés entre 1957 et1966), la consommation de fruits frais est inférieure de 20% à la génération « robot-électrique ». Quant à la génération « Internet » (individus nés entre 1977 et1986), elle consomme quatre fois moins de fruits frais que la génération « robot-électrique ». A 20 ans, ils ne dépensent que 100€ par an en fruits frais ! Cette baisse générationnelle s’explique par les évolutions du modèle alimentaire qui se simplifie (moins de plats dans les repas, augmentation des plateaux repas, baisse du temps de préparation). Les nouvelles générations ne veulent plus de la cuisine corvée. Il y a également une déperdition du savoir-faire : les jeunes générations ont perdu les habitudes de préparation de leurs aînés : peler les légumes, les faire cuire et les préparer. »


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12 réactions à cet article    


  • romG romG 26 juin 2006 13:56

    Excellent article monsieur Chansiaux, qui fait froid dans le dos : renonçant à l’hygiène de vie, toute une génération obéit à un modèle économique qui ne leur montre pas les conséquences de leurs actes de consommation. « J’ai acheté un téléphone parce que les légumes c’est périssable », cela pourrait faire une belle chanson ...

    Etant moi-même à la marge de cette génération, j’ai la chance d’avoir eu une éducation qui m’a permis de prendre conscience des enjeux d’une saine alimentation. Je prends donc plaisir à cuisiner, à découvrir de nouveaux légumes, voire à les cultiver moi-même.

    Je suis par ailleurs impliqué dans une association qui souhaite le maintien d’une agriculture paysanne, avec des liens de proximité forts entre le producteur et le consommateur. L’enjeu, et la difficulté, résident dans la transmission du message : prenez le temps, la consommation n’est pas tout, et un légume est bien plus qu’une tâche de couleur au fond de l’assiette. Comment faire passer ce message pour voir apparaître une consommation plus sensée ?


    • Chansiaux Chansiaux 26 juin 2006 14:25

      Je partage votre inquiétude. Il y a une perte « culturelle » évidente en matière de santé et de nutrition. Pour vous donner un exemple, une de mes amie a acheté 600 grammes d’épinards frais pour une tablée de cinq personnes et appelé une autre amie à la rescousse pour lui demander comment les cuisiner ! Quand cette dernière lui a avoué qu’ils auraient chacun l’équivalent d’une bouchée à déguster et qu’elle devrait les laver, les équeuter...elle en était toute étonnée. Je pense que l’école pourrait jouer un grand rôle en réapprenant aux enfants comment cultiver des lègumes, les récolter, les préaprer, les cuisiner...Peut être est-ce aussi une mission que les paysans pourraient reprendre en main en créant des jurnées de la cuisine paysanne ?


    • Alexis (---.---.125.152) 26 juin 2006 14:21

      Comment le faire passer ? En prenant le temps... Celui de cuisiner, de leur apprendre à cuisiner. De jardiner. De cultiver. Avec eux...


      • romG romG 26 juin 2006 15:12

        Bonjour Alexis,

        Je suis d’accord avec vous, et j’imagine que le message doit facilement passer auprès de petits auvergnats. Personnellement, je suis parisien, et seuls quelques projets locaux permettent d’afficher un peu d’optimisme (création par une association de quartier d’un jardin potager collaboratif par exemple). J’appartiens à une AMAP, et il n’est pas évident d’en expliquer l’intérêt à des adultes qui ne souhaitent qu’une chose : réduire le temps de préparation du dîner, lassés par leur journée de travail, et foncer loin de chez eux une fois le WE venu. Quant à se mettre devant les fourneaux en compagnie de leurs bambins ...

        Cordialement.


      • Mathieu (---.---.212.160) 26 juin 2006 17:12

        « Pourtant, la raison principale de la désaffection pour la consommation de fruits et légumes ne tient pas au facteur prix. »

        Je ne suis pas d’accord, la désaffection des jeunes pour les fruits et légumes et dû principalement à 2 choses selon moi. D’abord le prix des ces fruits et légumes qui sont de plus en plus cher, surtout comparés aux produits prêts à consommer. Etant donné que les jeunes n’ont pas forcément beaucoup de moyens, il est normal qu’ils consomment moins ces produits. La deuxième raison est que les parents de la jeune génération consomment déjà beaucoup moins de fruits et légumes que leurs ainés. Il est donc logique que leurs enfants accentuent la diminution de ces produits.

        Il faudrait voir ce que l’on peut faire pour redonner le gout de la consommation de ces produits et comment réduire leur prix.


        • Chansiaux Chansiaux 26 juin 2006 17:39

          Il est vrai, qu’en tant que fils de maraîchers, j’ai toujours été effaré par les prix des F et L dans le commerce et surtout par leur piètre qualité. On voit encore sur les marchés des fraises sorties de leur barquettes, mises en tas et servies avec une espèce de pelle en plastique ! Cependant rien n’est plus fragile qu’une fraise. Que dire des laitues tripotées en longueur de journée par les consommatrices (teurs) hésitantes et finissant totalement frippées. Dès lors qui voudrait mettre un euro ou deux dans de tels produits ? Il est vrai que les jeunes ont peu de pouvoir d’achat, lorsqu’ils achètent un téléphone portable, il est généralement attractif et fiable. Les légumes sont bien souvent repoussants et défraîchis. L’étude ne dit rien sur le ressenti qualitatif des consommateurs, mais les producteurs et toute la filière devraient aussi se poser ces questions.


        • David (---.---.146.250) 26 juin 2006 17:27

          @ Matthieu

          Je ne pense qu’il s’agisse d’un facteur prix. C’est une question de savoir où l’on veut mettre l’argent et nos priorités.

          Comparer l’investissement technologique et l’investissement alimentaire... combien de jeunes pensent plutot à investir dans la technologie, la mode vestimentaire (chaussures, fringues, baskets, etc...), la voiture (achat, essence... pour cela il faudrait analyser tout simplement la répartition du portefeuille des jeunes et là on pourrait distinguer l’évolution du comportement d’achat des jeunes.

          Tirer les prix vers le bas, c’est possible, mais gare aux conséquences, nos agriculteurs vivent difficilement, les distributeurs eux c’est vrai se font de vrais marges sur les fruits et légumes.

          Il y a eu récemment une campagne nationale pour manger plus de fruits et légumes. Cela ne semble donc etre plutot un phenomène social et culturel que plutot économique.


          • Mathieu (---.---.212.160) 27 juin 2006 09:53

            « Je ne pense qu’il s’agisse d’un facteur prix. C’est une question de savoir où l’on veut mettre l’argent et nos priorités. »

            Il y a aussi cet aspect là qui entre en compte, il y a énormément des gens qui préfèrent faire des économies sur la nourriture (en achetant donc de la mauvaise nourriture) pour pouvoir s’acheter plus de produits inutiles mais plus « tendance ». Je pense que ce n’est pas un phénomène propre aux jeunes mais seulement plus présents chez les jeunes. Il faut revoir l’éducation vis-à-vis de notre consommation alimentaire à nos enfant (avec pouquoi pas l’aide de l’école) pour corriger ce problème.

            « Comparer l’investissement technologique et l’investissement alimentaire... combien de jeunes pensent plutot à investir dans la technologie, la mode vestimentaire (chaussures, fringues, baskets, etc...), la voiture (achat, essence... pour cela il faudrait analyser tout simplement la répartition du portefeuille des jeunes et là on pourrait distinguer l’évolution du comportement d’achat des jeunes. »

            Ce n’est pas propre aux jeunes malheureusement, il ne font généralement que reproduire le schéma parental à ce niveau.

            « Tirer les prix vers le bas, c’est possible, mais gare aux conséquences, nos agriculteurs vivent difficilement, les distributeurs eux c’est vrai se font de vrais marges sur les fruits et légumes. »

            Je suis d’accord, tirere les prix vers le bas est une opération délicate, tout les acteurs de la production/vente de ces produits ne bénéficient pas autant du prix élevé. Il faut au contraire soutenir les agriculteurs pour les inciter à continuer à produire de la qualité, ce qui devient de plus en plus difficile.

            « Il y a eu récemment une campagne nationale pour manger plus de fruits et légumes. Cela ne semble donc etre plutot un phenomène social et culturel que plutot économique. »

            J’avoue être très sceptique quand à l’efficacité de cette campagne. je pense que ce phénomène est autant économique que social et culturel, tout dépend de la situation de la personne.


          • GRL (---.---.91.38) 26 juin 2006 17:48

            Redonner du gout aux légumes et aux fruits , déjà pour commencer . Car franchement , les tomates toute l’année c’est bien joli mais c’est déguelasse 9 mois sur 12 ... fatalement ... sans parler du lieux d’achat .

            Bref , le supermarché étant le lieux d’achat rapide , c’est devenu le lieu de malbouffe aussi . De plus en plus d’étals du frais sont supprimés au profit du conditionné . Plus de vendeuse de légumes , plus qu’un « truc » que madame ... et monsieur préfereront sans terre , car dans une vie 90% béton , bureau , moquette , lignes droites et angles droits , la terre est vécue comme saleté car sa disposition et son apparition au milieu des vivres est ... d’apparence cahotique ( un peu comme les deux trois plumes collées à la coquille d’un oeuf ) . Puis les blettes sont trop grandes pour le sac , alors , seules leur cotes seront conditionnées et vendues . Les poireaux idem , puis à coté des peches toutes dégeulasses , une barquette de 4 peches mûres à point vendue au double du prix ... etc Et puis tant de fruits si peu ragoutants dans nos supermarchés , tant de médiocrité dans un pays ou la qualité pourrait aisément couvrir l’ensemble du territoire.

            Le légume et le fruit riment avec l’exterieur , avec marché , avec vendeur , et avec petit prix. Chez moi à Toulouse ( et certainement ailleurs ) les marchés connaissent un franc succes , les plus nécessiteux peuvent , pour 1 € seulement à partir de midi 1 , partir avec trois kilos de fruits ou de légumes dont tres peu seront à jeter . Il y a de la terre sur les tomates , sur les melons et au pied des blettes , on peut donner un sens à tout çà rien qu’en se promenant , en regardant les mains de celui ou celle qui nous tend le sac , en donnant un peu de sens et d’amour à la collecte de nos victuailles.

            Dans un supermarché , les choses n’ont pas été pensées comme celà , et l’influence du lieu d’achat sur l’achat lui même est à mon sens , tres marquée . L’achat centralisé amène l’acheteur à se dissocier du but même de l’achat . L’on vient acheter , un point c’est tout , acheter , craquer pour ce qui nous plait , soigner la tete , le stress ... bref , . Le légume , peu ragoutant en ces lieux , devient une option dans le panier , des fois trop fragile au milieu des courses ( le téléphone portable en promo plein de peche mure écrasée ... çà craint ) , on preferera le fruit ou le légume solidement conditionné et bien lavé , un peu vert pour ne pas s’abîmer .

            Oui , ce sont bien des habitudes de consommation auxquelles il y a des solutions évidentes à penser , difficiles à mettre en oeuvre , tous les défenseur de notre agriculture le savent . Dans le nombre et au résultat , malgré les campagnes de sensibilisation , fussent elles carrément médicales , on mange ... de moins en moins de fruits et légumes ...

            GRL.


            • (---.---.164.242) 26 juin 2006 18:32

              1 euro la salade entière, 1.50 à 2 euros le kilo de carottes, 1.50 à 2 euros le kilo de pommes de terres, 3 euros le kilo de pommes.

              Voila, les prix tout à l’heure au magasin biologique de mon quartier, pour des fruits et légumes « de base ». Vous trouvez ça cher ??


              • Mathieu (---.---.212.160) 27 juin 2006 09:39

                Vous prenez en exemple des produits parmi les moins chers, mais il en a des biens plus chers. Cela dépend aussi de l’endroit où l’on habite. Tout le monde n’a malheureusement pas non plus de magasin bio en bas de chez soi. La qualité a un prix, qui est de plus en plus cher (en moyenne évidement)


              • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 26 juin 2006 22:22

                Salut Chansiaux

                Article très intéressant, conséquence , le trou de la sécu n’est pas près de baisser !

                Pour s’en convaincre dan vos moteurs de recherches tapez :

                le manque de fruits et légumes sur la santé.

                cancers et manque de fruits et légumes.

                Alors ,…pas très efficaces les pubs télé qui indiquent qu’il faut manger au moins 3 à 5 légumes ou fruits différents par jour ,… il y a encore du boulot a faire !
                -  @+ P@py

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