Les accidents en milieu hospitalier se multiplient ; on parle de 10 000 morts occasionnés par des erreurs médicales. Ces révélations soulèvent légitimement de l’inquiétude. Ces accidents sont révélateurs de dysfonctionnements importants liés majoritairement à l’absence de pratique d’assurance qualité.
Chaque jour nous apporte son lot de catastrophe en milieu hospitalier et c’est évidemment très préoccupant.
Des milliers de personnes ont subi une radiothérapie avant que l’on se rende compte d’erreurs dans l’évaluation de la dose, de décentrage du faisceau d’irradiation, etc … C’est difficilement imaginable ! Est il concevable que des fantômes ne soient jamais mis en place pour effectuer des vérifications ?! Pour tout malade traité, non seulement au titre de radiothérapie mais aussi de radio-scopie, et de toute autre technique mettant en jeu des rayonnements quelconques (donc non exclusivement nucléaire) devraient être répertoriées la dose, ie la quantité de rayonnement reçue, et les modalités de l’irradiation avec une référence précise à l’appareil utilisé, les dates et méthodologies de contrôle de l’équipement et les noms des manipulateurs. On nous dit, pour les plus récents évènements, que le centre de la cible était décalé de 1,25 mm. C’est grotesque car cela voudrait dire que l’on est capable d’irradier au centième de mm près, ce qui est tout à fait inconcevable ; aucun appareil n’est aujourd’hui capable d’atteindre ce niveau de précision ; le chiffre rapporté est celui produit par l’ordinateur auquel il est fait une confiance aveugle, tant pour le positionnement du patient que pour le réglage des paramètres de l’irradiation ; le médecin, le radio-physicien perd la main et oublie les données les plus fondamentales de la physique. Toujours est-il que la précision revendiquée indique de façon claire qu’il s’agissait d’irradiations prétendument extrêmement bien ciblées, ce qui est tout à fait compréhensible s’agissant du cerveau où les zones actives ainsi que les zones pathogènes sont souvent de très petites dimensions. Une erreur du mm peut tout simplement vouloir dire que l’on a atteint une zone critique (nerf optique, ou auditif, ou un autre centre actif touchant des fonctions fondamentales) ; les dégâts occasionnés seront irréversibles. Alors, on aura beau jeu de rappeler les patients, de constater les dégâts "normaux", bien difficiles à évaluer puisque la zone irradiée n’est même plus connue et que, notamment la zone pathogène n’aura pas été irradiée, ou "collatéraux" ! Evidemment, le patient, avant traitement, aura signé un papier dégageant de toute responsabilité le médecin à l’origine de l’acte …
Qu’un patient puisse être victime d’un surdosage est difficilement concevable mais qu’une centaine de patients en soient victimes dépasse l’entendement ! Pas un seul scientifique ne peut accepter ce genre d’erreur car ceci signifie que les appareils n’ont pas été contrôlés sur de longues périodes !
Ces accidents de radiothérapie, au moins leurs divulgations, viennent d’être suivis de plusieurs autres impliquant des erreurs de médicament administré, de mauvaises posologies, de dosages de perfusion erronés, etc . On découvre des produits traînant dans des armoires où ils n’ont à l’évidence rien à faire ; cela rappelle les produits caustiques traînant dans les cuisines au milieu du sucre et du chocolat ... Combien de malades reçoivent des médicaments qui ne leur sont pas destinés ? Personne n’en sait rien. Dans tous les secteurs d’activité, on est capable aujourd’hui de retrouver le cheminement d’un produit, notamment dans le domaine de l’agriculture, le déroulement d’une expérience de laboratoire, etc … ; cela s’appelle de la traçabilité. Ce mot semble étranger au milieu médical, sauf à Angers et à Rouen, si l’on en croit un titre de l’édition du 27 juin d’Ouest France : « Angers traque l’erreur. Le centre Paul-Papin est, avec celui de Rouen, le seul en France à sécuriser l’administration de la chimiothérapie aux malades. Pour éviter de donner à Jean ce qui est prescrit à Jacques. » Cela fait froid dans le dos. Hélas, ces accidents dont le public a eu connaissance ne sont que la partie émergée de l’iceberg, tel que le rapporte le professeur Savin dans le JDD du 11 janvier qui anticipe 10 000 morts par an suite aux erreurs médicales !
En réalité tous ces dysfonctionnements ne sont pas dus à des erreurs médicales à proprement parlé mais ils révèlent un manque total d’organisation et notamment l’absence généralisée de procédures d’assurance qualité. Compte tenu du nombre tout à fait anormal de cas, ce n’est pas le personnel hospitalier qui doit être blâmé en premier lieu mais bien les plus hautes autorités qui ont en charge la responsabilité du fonctionnement des hôpitaux.