Omertà sur les cancers secondaires
Les cancers secondaires radio induits sont des cancers provoqués par le traitement d’un cancer initial par des rayonnements électromagnétiques. Pour des raisons variées, ces cancers sont en augmentation sensible et ils soulèvent de manière aigüe la question des modalités d’irradiation par les techniques actuellement mises en œuvre, notamment les questions associées aux énergies des rayonnements utilisées...
Ce qui nous intéresse ici traite de la radiothérapie. Cette technique est basée sur une destruction des cellules malignes par l’énergie déposée sur ces cellules par un rayonnement électromagnétique, provenant soit de la désintégration d’un noyau radioactif (le Cobalt 60, ou cobaltothérapie, par exemple), soit d’une réaction d’un faisceau de particules (des électrons) de forte énergie produit par un accélérateur avec une cible appropriée. Suite aux campagnes anti nucléaires virulentes, aux difficultés de manipulation des sources radioactives et d’approvisionnement, les accélérateurs sont de plus en plus en plus utilisés. Ils présentent les avantages de fonctionner à la demande, de générer des faisceaux de géométries bien définies et, compte tenu de leur faible dimension, de pouvoir être fixés au bras d’un robot orientable autour du patient afin d’attaquer la zone pathogène sous des angles variés.
Le succès de l’irradiation dépend notamment de deux facteurs : la quantité d’énergie déposée au siège de la zone tumorale, ou dose, et la délimitation précise de la zone d’irradiation, les cellules saines étant également sensibles aux effets des rayonnements. Cependant, la faculté de réparation des dégâts produits dans les brins d’ADN sont plus rapides pour les cellules saines que pour les cellules tumorales, d’où les protocoles d’irradiation impliquant des irradiations fractionnées et différées dans le temps. La délimitation des isodoses (zones recevant des doses identiques) et ces effets différentiés selon la nature des cellules sont qualifiés par les spécialistes d’effets différentiels.
Outre la nature du rayonnement (essentiellement des rayonnements électromagnétiques), un paramètre important est l’énergie du rayonnement qui détermine le dépôt d’énergie par unité de longueur de trajectoire et donc le parcours global du rayonnement dans l’individu.
Les cancers secondaires induits par les rayonnements (radio induits) sont des cancers résultant de l’irradiation de tissus sains mais dans lesquels les dégâts ont été suffisamment importants pour générer de telles pathologies. Ces cancers sont difficiles à caractériser car ils surviennent longtemps après l’irradiation, qu’il n’existe pas de marquage spécifique d’une tumeur radio induite et que des interférences résultant des divers protocoles de traitement sont toujours possibles. Seul des études épidémiologiques comparatives longues et difficiles dans des populations ayant subi ou non une radiothérapie permettent de conclure à l’apparition de tumeurs en surnombre dans les populations »irradiées ».
En dépit de ces difficultés, les données sont aujourd’hui suffisamment abondantes pour conclure que les cancers radio induits, bien que relativement rares, existent et qu’une attention toute particulière doit être portée pour abaisser cette fréquence. Une étude très exhaustive a été publiée sur ces résultats par le professeur M.Tubiana[1] ; il indique que l’incidence cumulée des cancers secondaires engendrée par une radiothérapie pourrait atteindre jusqu’à 25 %. Par ailleurs, les effets radio-induits sont également responsables de pathologies cardiaques et vasculaires comme cela apparaît clairement pour les patientes traitées pour des cancers du sein droit ou gauche. Ces aspects ont été très largement discutés lors d’une Conférence Internationale organisée par l’ASN à Versailles[2].
Les cancers secondaires radio-induits sont en nombre croissant. Ceci paraît devoir être essentiellement attribué à l’énergie des rayonnements utilisés générés par les accélérateurs. Ces énergies ne sont pas discrètes, comme dans le cas de sources radioactives, mais elles s’étendent sur un large spectre d’énergie jusqu’à des énergies très élevées ; ces rayonnements ont un parcours important dans le corps aboutissant à une extension significative de la zone irradiée avec le risque accru d’atteindre des organes sensibles. Evidemment, toute irradiation est précédée d’un lourd calcul de distributions de doses mais il n’est pas certain que celui-ci prenne en compte avec la rigueur suffisante tous les paramètres impliquées, notamment les paramètres énergétiques. Quoiqu’il en soit, l’utilisation de rayonnements de haute énergie pour le traitement de tumeurs peu profondes est injustifiée et le retour à l’emploi de sources radioactives aux caractéristiques énergétiques plus appropriées devrait être envisagé. Un brevet dans ce domaine présentant des innovations originales vient d’être déposé : il mériterait d’être considéré avec un maximum d’attention mais il est à craindre que la mainmise de quelques importantes sociétés (étrangères) sur les équipements médicaux ne facilitent pas cette initiative.
Fort heureusement, ces pathologies induites sont en nombre relativement réduit par rapport aux effets curatifs des rayonnements ; cela ne saurait en aucun cas justifier le peu de considération accordée à ce problème. Et qu’en est-il du consentement éclairé du malade avant traitement alors même qu’il n’est pas tenu informé de ces possibles effets secondaires ? Ces seconds cancers restent ainsi du domaine restreint des spécialistes lesquels pratiquent l’omertà sur le sujet vis à vis du public ; il faudra attendre qu’un patient averti, touché par les travers de cette technique, ne dépose plainte portant ainsi sur la place publique ces conséquences.
Les effets secondaires considérés ici sont de toute autre nature que les dysfonctionnements qui ont été observées dans différents centres de traitement, notamment à Epinal ou Toulouse, mais ils montrent que les modalités de traitement par radiothérapie peuvent et doivent être améliorées pour le plus grand bien des patients ; ils renforcent la nécessité de la mise en place de procédures de contrôle qualité, comme cela a été souligné à la conférence de Versailles.
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