Réforme hospitalière : entre provocation et inconscience politique ?
La gestion de l’hôpital est devenu un enjeu majeur dans un contexte où l’Etat français est en situation déficitaire au point d’inquiéter les instances européennes, dans un contexte où l’assurance maladie, et plus généralement la Sécurité sociale, appelle une réforme d’ampleur de son financement. A quelques semaines des élections municipales, les différentes annonces concernant l’hôpital constituent soit une provocation à l’égard des professionnels soit une inconscience politique.
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a confirmé lors d’une déclaration lundi 24 décembre que la réforme et le financement des hôpitaux seraient l’une des priorités de l’année 2008.
Il a visité lundi en cette veille de Noël, presque
de manière symbolique, pendant environ une heure l’hôpital parisien Necker-Enfants
malades (AP-HP) au moment même où les personnels hospitaliers manifestent leurs
inquiétudes au sujet des d’heures supplémentaires effectuées et non payées à
l’hôpital (environ 23 millions ! Les personnels hospitaliers auraient-ils anticipé
le slogan cher au chef de l’Etat ?).
Les médecins urgentistes ont appelé à une grève illimitée à partir de lundi
soir sur cette question et pour obtenir une revalorisation des gardes, laquelle
si elle se voulait symbolique n’en a pas moins permis de pointer le cœur du
problème : l’argent. En effet, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a annoncé disposer d’une enveloppe budgétaire de 572 millions d’euros, annonce
que les syndicats se sont empressés de dénoncer compte tenu de la situation
budgétaire des hôpitaux publics lesquels depuis la réforme de leur financement
(mise en œuvre progressive de la tarification à l’activité et alignement entre
le financement du secteur public et du secteur privé) sont pour leur grande
majorité passés en situation déficitaire. Cette situation conduit bien
évidemment les établissements à reculer leurs projets d’investissements, mais
aussi parfois à devoir faire des annonces symboliquement fortes comme la
suspension de la prise des journées de RTT, sans évoquer que ces situations qui
se multiplient relèveraient dans le domaine public de la cessation de paiement.
Dans ce contexte, l’annonce du chef de l’Etat : « En 2008, la
question de la gouvernance des hôpitaux, des moyens de l’hôpital et de la carte
hospitalière sera une question prioritaire » relève de la provocation
auprès des professionnels ou de l’inconscience politique auprès des élus qui
siègent aux conseils d’administration des hôpitaux publics qui mesurent chaque
jour les difficultés de gestion des hôpitaux, en cette veille des élections
locales. En ce sens, il convient de rappeler que les élus locaux sont membres du conseil d’administration de l’hôpital public, et cette situation délicate, ajoutée à la carte judiciaire, risque de constituer un piège pour les élections locales à venir.
Dans ces conditions, comment croire à ses effets d’annonce : « Je
consacrerai tous mes efforts, toute mon énergie, à donner à l’hôpital les
moyens de son développement et de son ambition, à donner aux personnels la
rémunération naturelle qu’ils méritent en fonction des efforts qui sont les
leurs et qui sont grands » ?
Au passage, on constatera une nouvelle fois de la difficulté de communiquer sur
l’hôpital quand Nicolas Sarkozy a annoncé souhaiter que « sur l’ensemble
du territoire national il y ait la meilleure carte hospitalière possible »,
semblant là aussi contredire les propos de son ministre de la Santé (cf. Réforme hospitalière :
le poker menteur !)
Le Monde - article « Les
médecins urgentistes menacent de durcir le mouvement social déjà fort ».
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