• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > Au Maroc, un village autonome : Tizi n’Oucheg

Au Maroc, un village autonome : Tizi n’Oucheg

 

Composée de 4 étudiantes ingénieures agronomes AgroParisTech, l'équipe d'Harveez voyage à travers l'Afrique pendant près d'un an pour interviewer ONG, agriculteurs et entrepreneurs dans le but de découvrir et promouvoir les initiatives innovantes et "frugales" qui réformeront durablement le monde de l'agriculture, de l'environnement et de l'énergie. Notre motto : "Faire mieux, avec moins !"
En novembre 2018, nous visitions le Maroc et découvrions izi n'Oucheg. Grâce à son association citoyenne à laquelle les 600 habitants sont adhérents, ce village perché à 1600 mètres d'altitude dans les montagnes de l'Atlas a pu améliorer l'éducation, l'assainissement et l'agriculture. 

Retour en image sur un séjour passé avec Rachid Mandili, président de l'association. 

 

Au centre du Maroc, à plus de 1 500 mètres d'altitude, de nombreux villages surplombent les vallées du Zik et de l'Ourika. Les montagnes atlasiques sont un véritable "château d'eau" pour l'ensemble de la région. Cependant, l'eau vient souvient à manquer et les populations qui vivent majoritairement d'une agriculture de subsistance se trouvent une grande partie de l'année avec peu de ressources à se partager.

Dans notre quête d'initiatives ingénieuses et frugales, nous rendons visite à Rachid Mandili, propriétaire d'un gîte dans un de ces douars ("villages", en berbère) : Tizi n'Oucheg. Il est aussi le président de l'Association de Développement de Tizi n'Oucheg créée en 2010. Nous l'accompagnons au gré des ruelles du village, suivons les canaux d'irrigation pour comprendre l'organisation sociale qui régit le partage des ressources et les différentes actions de développement.

Nous avons tourné une courte vidéo résumant l'article qui suit :

Musique : Fatoumata Diawara - Sowa.

Un village berbère six fois centenaire, où la gestion participative est tradition

 

 

Des berbères furent les premiers occupants du village de Tizi n'Oucheg il y a plus de 600 ans. Ils ont, au fil du temps, développé de nombreux systèmes ingénieux pour l'agriculture ; notamment en terme d'irrigation. Le terrassement des terrains permet de pallier le dénivellé et de prévenir le ruissellement de l'eau. Un réseau de canaux en terre - fortement argileuse - permet d'acheminer l'eau depuis la source jusqu'à Tizi n'Oucheg, en passant d'abord par un village en amont.

Chaque jour, un membre de la communauté se rend à pied au réservoir situé à près d'un kilomètre en hauteur du village, afin d'ouvrir les canaux du village, et les referme en fin de journée afin de faire bénéficier le village voisin de la précieuse ressource qui émane de la résurgence d'altitude.

A l'échelle du village, une Jemaa (groupe de décisionnaires pour la gestion des ressources composées d'anciens, de représentants des familles principales...) se rend chaque matin au réservoir pour attribuer une certaine quantité d'eau à chaque parcelle. Pour garantir l'équité - et la frugalité -, pas besoin de capteurs mesurant le niveau du réservoir, ni de vannes automatisée. Un roseau est planté dans l'eau pour en mesurer la hauteur. Puis, en fonction des "tours d'eau" des précédents jours, un certain nombre de doigts (unité de mesure le long du roseau) sont attribués à chaque famille.

 

 

L'Association de développement, où chacun est force de proposition et d'action

Deux plans étatiques d'envergure ont permis en 2000 de fournir un accès à l'électricité puis d'instaurer un forage communal (grâce à un PAGER : Programme d'Approvisionnement Groupé en Eau potable des populations Rurales). Malgré ces avancés, l'inertie politique ne permet pas aux villageois d'accéder à une éducation de qualité ni à l'emploi, les conditions de vie sont précaires (pas d'assanissement) et le village demeure isolé d'un Maroc en plein essor. Depuis 2010 et après que le choléra ait atteint plusieurs habitants, l'Association de Développement à laquelle chacun des 600 habitants adhère a choisi de mettre en oeuvre nombre d'actions priorisées, dont un extrait est présenté sur la photo ci-dessous. De nombreuses actions ont été réalisées grâce au bénévolat des habitants du village : "mettre la main à la pâte pour décider de son futur".

 

Simplicité, ressources locales et inclusion sociale : les piliers d’une frugalité qui marche

La station d'épuration frugale est l'une de nos innovations favorites. Composée de sacs de ciments recyclés contenant un mélange de charbon, d'argiles et de sables locaux, elle permet de faire circuler l'eau domestique usée en vue de la purifier avant sont rejet dans la nature. Un futur projet est d'instaurer un filtre planté de roseaux et d'autres espèces dont les propriétés hyperaccumulatrices permettent de purifier l'eau tout en étant productif. De même, une étude est conduite pour réutiliser les eaux usées pour l'irrigation.

Ces systèmes permettent aux habitants de prospérer tout en protégeant au maximum leur environnement et les ressources naturelles dont ils dépendent. D'autant que, comme nous l'avons vu, ces innovations environnementales et frugales ne datent pas d'hier. La décharge instaurée par l'association permet de collecter le peu de déchets plastiques des habitants, mais le tri des déchets et leur ré-utilisation a toujours été chose commune. Les papiers, cartons et autres matières combustibles sont recyclés dans le hammam, tandis que les déchets organiques sont donnés aux animaux.

 

 

Quant aux innovations sociales, elles reposent principalement sur la prise de décision en commun et l'inclusion des plus démunis  : un bel exemple est celui du prix de l'eau domestique, avec la mise en place de seuil selon la consommation. Les premiers 500 litres coûtent 1 dirham (10 centimes). A partir de 5 m3 les 500 litres supplémentaires coûtent 5 dirhams, puis 10dirhams à partir de 12 m3.

Bien que l'ensemble des actions réalisées dépendent du dévouement des habitants et de la détermination de l'association, des ONG notamment françaises ont en partie supportée les projets. C'est le cas de AAA (Action autonomie avenir).

Un grand merci à Rachid Mandili pour son accueil, ses explications et les randonnées incroyables réalisées au travers des magnifiques montagnes de l'Atlas.

Plus d'informations sur notre site internet www.harveez.com

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.13/5   (15 votes)




Réagissez à l'article

26 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 22 mars 2019 09:34

    ils n’ont ni pelle pioche pour creuser .........


    • Decouz 22 mars 2019 10:05

      "Tous ces aménagements dans un environnement que l’on pourrait qualifier d’hostile montrent que les gens qui ont construit les meskat, les jsours (petits barrages de pierre), les kattaras et autres, avaient envie de survivre dans leur région et de rester dans leur territoire. Les autorités coloniales n’y ont vu que des méthodes rudimentaires et non civilisées

      Leur solution, c’était le béton : des barrages et des ponts. Pourtant, le premier barrage construit par les Français en Algérie, en 1906, a été emporté par les eaux 20 ans plus tard.

      Pourtant, ces techniques anciennes respectent la nature : à l’opposé de la société de consommation, on peut parler d’une « société de subsistance », qui ne prélève de la nature que le strict nécessaire.

      Malheureusement, 80 % des foggaras de Marrakech sont hors d’usage en raison de la baisse de la nappe phréatique, mais aussi de l’urbanisation et du développement du tourisme.

      ... la participation des citoyens, indispensable à la mise en œuvre de ce genre de solutions, n’est pas une démarche usitée dans le Maghreb actuel. On note toutefois des progrès significatifs, puisque 12 kilomètres de foggara ont récemment été remis en état à Marrakech, et que dans l’oasis marocain de Jorf (dans le Tafilalet), la remise en état des kattaras a permis une véritable renaissance de l’écosystème

      https://www.partagedeseaux.info/Techniques-traditionnelles-de-l-eau-dans-le-Maghreb-foggaras-et-meskats


      • Harveez - Anna Harveez - Anna 22 mars 2019 23:14

        @Decouz

        Passionnant, merci beaucoup. la question des khettaras et des oasis nous a beaucoup int ?ress ?. Je recommande aux visiteurs de passage ? Marrakech de se rendre au Mus ?e de l’Eau. Pour ceux qui n’auront pas l’opportunit ? de s’y rendre, je vous invite ? consulter notre site internet www.harveez.com ou vous trouverez une newsletter d ?di ?e aux oasis marocaines et un article sur la culture de la datte.


      • Nicolas_M Nicolas_M 22 mars 2019 11:34

        Je ne veux pas paraître pessimiste, mais est-ce une bonne nouvelle ? Je veux dire, il y a quelques centaines d’années, 99% de la population mondiale était répartie dans des villages autonomes comme celui là, en harmonie avec la nature surtout du fait de la faible population humaine et de la faible industrialisation. Aujourd’hui, on industrialise de plus en plus, avec les conséquences qu’on connait.

        Si votre article existe, ça veut dire qu’avoir un comportement responsable et avoir un impact faible sur la nature, ce qui était au final la norme dans le passé, est devenu l’exception digne d’attention. Ce village va rapidement devenir une attraction touristique « oh regardez ils vivent comme avant », remplie de touristes blindés d’appareil photos aux terres rares amenés à grand coup de charters bourrés de kerosene.


        • foufouille foufouille 22 mars 2019 11:42

          @Nicolas_M
          voudrait pas te vexer mais il existe des tas de villages de ce genre dans le tiers monde.
          et qui font mieux avec un assainissement.


        • JPCiron JPCiron 22 mars 2019 16:03

          @Nicolas_M

          Ces villages ou ces îles du Pacifique s’étaient autrefois à leur environnement naturel. Leur population y a été contenue. Leur consommation n’a pas été débridée. Leurs Traditions, Principes et Valeurs ont dû s’ajuster pour permettre cet équilibre non envahissant avec le milieu naturel.
          .
          Aujourd’hui, une surpopulation mondiale importante (pour toute autre espèce animale ou végétale, on parlerait d’infestation) qui s’accorde (trop souvent) un haut niveau de vie en consommant sans mesure le capital naturel (vivant et matériel) qui ne lui appartient pas (il est le bien commun du Vivant humain/ animal/ végétal), en polluant à tout va (de préférence en l’exportant dans les pays pauvres).... en repoussant la gestion du problème sur les générations futures... cette population vit avec des Principes (et des Valeurs implicites) qui sont à l’opposé des Valeurs Morales auxquelles elle prétend souscrire.
          .
          Si l’humanité n’est pas capable de se gérer en se réinventant, nous arriverons à une situation où le naturel fera les choix pour nous. Et les survivants devront alors vivre selon les principes raisonnables de ces villages ou de ces îles... en réinventant des Mythes, Valeurs, Principes et Modes de Vie compatibles avec le respect des autres formes de vie et respectueuse donc de leur biotope et de l’environnement.
          .
          Les travaux et méthodes décrits par cette Article sont importants pour l’humanité.
          .


        • Harveez - Anna Harveez - Anna 24 mars 2019 00:00

          @Nicolas_M Merci pour votre réaction vous soulevez une bonne question. J’en soulève une autre ; pourquoi toujours philosopher et debattre sur ce qui a été mis en place pour savoir si c’est bien ou mal ? Quel temps perdu qui pourrait être investit dans la promotion des bonnes initiatives et pour les plus audacieux, leur mise en oeuvre. Neanmoins pour vous repondre ; ce village prône l’ecotourisme. Le gite permet a lassociation davoir quelques revenus, d’accueillir des benevoles qui souhaitent participer mais surtout apprendre aux côtés de Rachid et de l’ensemble des habitants qui souhaitent partager leurs innovations. Il existe un nombre incalculable de personnes qui ne veulent pas partager leur quotidien ni être envahi d’observateurs. Être envahi de personne qui remette sans cesse en questions les efforts de chacun est d’ailleurs certainement pire. Mais si un gîte est dans ce village et qu’aucun des adhérents à l’association ne proteste pourquoi ne pas y faire un tour ? Vous seriez surpris. Finalement, cette vidéo permettant de mettre en lumière les initiatives du village a été tournée avec un appareil photo bourré de terres rares. De meme que la publication de mon article s’est faite depuis un ordinateur bourré de terres rares Votre commentaire aussi à moins que votre ordinateur ne soit fait de bambous ? Ou le lithium de votre batterie extrait grace a des pompes solaires ? C’est peut être possible, peut être avez vous fait comme certains entrepreneurs que nous evoquons dans nos newsletters disponibles sur (www.Harveez.com).


        • Désintox Désintox 22 mars 2019 18:21

          Super article ! Merci !


          • Harveez - Anna Harveez - Anna 22 mars 2019 23:06

            @D ?sintox merci ? vous c’est un plaisir


          • sls0 sls0 22 mars 2019 18:59

            Avec la fin du capitalisme néolibéral qui aura pillé toutes les ressources, ce type de village sera le seul endroit où cette fin ne fera pas trop mal.

            L’autarcie reviendra au gout du jour.

            Avant la France était auto suffisante coté alimentation. Est-ce encore le cas ?

            Faire en sorte qu’ils aient une vie plus confortable c’est le prix d’une ou deux voitures.

            Rendre tout un village heureux ou rendre un ou deux nombril heureux.


            • Harveez - Anna Harveez - Anna 23 mars 2019 23:50

              @sls0

              Merci sls0. Je suis votre raisonnement mais n’ai aucune certitude sur l’avenir. L’auto-suffisance alimentaire dépend de l’agriculture, et donc de la nature et du climat et elle est donc par définition incertaine, malgré l’ensemble des efforts mis en oeuvre par Tizi n’Oucheg pour y contribuer. Ce qui est certain c’est que la solidarité et la conscience de nos comportements de consommation et de production, et des actions prises pour les rendre plus durables aux échelles individuelles et collectives, en milieux rural et urbain sont possibles.

              Notre voyage dans le cadre d’Harveez et mes rencontres avec des dizaines d’entrepreneurs me rassurent mais biaisent évidemment mon jugement. Elles me font penser qu’une « mauvaise » fin n’est pas necessairement ce qui nous attend.

              Bien à vous


            • Alina Reyes Alina Reyes 23 mars 2019 08:01

              Merci pour cet article où l’on retrouve le vrai Maroc, pas encore souillé par le tourisme et la néocolonisation des riches français (je l’ai connu il y a très longtemps puis plus récemment, j’ai vu les dégâts terribles sur les esprits dans les endroits devenus très touristiques). Préserver la beauté de la vie, c’est aussi préserver la beauté de l’âme. J’admire la noblesse de ces gens, alors que le roi, adorateur de l’argent comme notre président, ne fait rien pour eux.


              • Harveez - Anna Harveez - Anna 23 mars 2019 23:46

                @Alina Reyes

                Je vous remercie Alina, c’est un plaisir de vous lire. Je vous invite à suivre notre carnet de voyage www.Harveez.com, vous trouverez notamment dans la rubrique actualités 2 newsletters concernant le reste de notre voyage au Maroc, retraçant nos rencontres avec d’autres acteurs et « agri-preneurs » percutants et inspirants. Bien à vous


              • Alina Reyes Alina Reyes 24 mars 2019 09:38

                @Harveez - Anna
                Merci à vous, j’ai parcouru votre site et j’y reviendrai sans doute, toute cette verdure et tous ces sourires sont un baume de joie sur ce gris dimanche parisien. Bravo pour votre action et votre détermination. C’est un bonheur de trouver un tel article sur Agoravox. L’esprit du voyage et du partage :)


              • titi titi 23 mars 2019 10:42

                @l’auteur

                Votre article sent bon l’utopie à trois dirhams.

                La vérité c’est que les jeunes dans ces villages « traditionnels » n’ont qu’une envie : se barrer.
                Vivre à 15 dans la même maison, avec une famille par pièce ça ne fait rêver que les nostalgiques du grand soir et de la collectivisation à la Pol Pot.

                Donc dire que ce schéma collectiviste rend les gens « heureux » c’est totalement faux. Ca rend heureux les Français qui s’imagine refaire le grand soir. Ca rend heureux les anciens qui se disent, avec l’argent des Français je vais enfin m’acheter une parabole. Mais certainement pas les jeunes.

                Pour ce qui est de l’eau le Maroc vit ce que nous avons vécu il y a 50 ans : l’exode rural. Les campagnes se vident, et les gens s’agglutinent en ville, d’abord dans des bidons ville, ensuite dans des immeubles.

                En 1912 le maroc comptait 5 millions d’habitants.
                En 2014 le maroc comptait 34 millions d’habitants dont 20 millions en zone urbaine.

                Imaginer une seule seconde que c’est en réhabilitant les systèmes de répartition d’eau d’il y a 100 ans qu’on va alimenter 33 millions d’habitants faut vraiment être « hors sol » pour le croire.

                Le Maroc fait aujourd’hui ce que nous avons fait il y a 50 ans : construire des grands barrages pour alimenter ses agglomérations.


                • Harveez - Anna Harveez - Anna 23 mars 2019 23:43

                  @titi Merci Titi pour votre commentaire éclairé et étayé de chiffres c’est essentiel.

                  J’ai ecris cet article dans le cadre d’une étude de 2 mois au Maroc visant à souligner les contraintes agraires institutionnelles et économiques majeures des territoires hétérogènes qui le compose, ainsi que les initiatives mises en oeuvre à l’échelle locale qui permettent à l’échelle locale de contourner localement ces contraintes, voire même de les convertir localement en opportunités.

                  Vous croyez certainement avoir lu entre les lignes et imaginez que je prône une telle vie pour tous les marocains, les français et l’ensemble des gens que je rencontre grace à mon voyage associatif ?

                  Bien entendu j’encourage tout le monde a s’impliquer localement (si je n’ai pas assez répèté ce mot faites le moi savoir) pour prendre en main son destin et ne pas trop attendre des decisionnaires, notamment politiques, qui font eux aussi, et je pense davantage que mon article « a 3 dirham », miroiter des utopies.

                  Néanmoins je ne parle la à aucun moment de bonheur, ni ne prévient les migrations urbaines. Au contraire, si vous saviez judicieusement lire entre les lignes, vous auriez compris que l’accès à l’emploi et à l’éducation promue par l’association locale permet justement aux jeunes de se rapprocher des villes et de Marrakech, pour atteindre de plus en plus des études secondaires et supérieures, et s’insérer professionnellement dans des métiers divers. Des métiers saisonniers, comme l’agriculture couplée à des formations de peintre, de constructeur, permettent aux jeunes de garder des liens avec le village et leur entourage s’ils le souhaitent, tout en participant à la vie urbaine sans pour autant vivre dans une précarité qui accompagne souvent l’exode rural.

                  Finalement, vous avez raison : je suis « hors sol ». Je ne vis pas à Tizi n’Oucheg et n’y ait passé que quelques jours. Je suis « hors sol » car j’ai ensuite voyage au Ghana puis au Kenya, curieuse de découvrir et de souligner d’autres initiatives locales de ce genre. Je suis « hors sol » car je publie une partie des résultats de nos recherches sur des plateformes virtuelles. Ce dont je suis sûre c’est que mieux gérer l’eau à l’échelle locale n’est pas « hors sol ». C’est au contraire continuer de s’y connecter pour mesurer les impacts de chaque action sur ces sols, au quotidien. C’est penser à ce que l’on rejete sur ces sols et ce que l’on preleve de ces derniers.

                  Après avoir traversé de nombreuses agglomérations marocaines, bien que celles en France comme vous le dites justement ne sont pas si différentes, je crois comprendre la définition du « hors sol ». Alimenter en eau un espace « hors sol » comme une ville où ce dernier est déjà artificialisé ne peut évidemment pas passer uniquement par une gestion de la ressource telle qu’elle l’est dans un village comme Tizi n’Oucheg. Et vous ne me ferez pas prôner ce que je n’ai pas dis.

                  Je prône la participation citoyenne, le prelevement conscient des ressources et la con naissances des initiatives mises en oeuvre par des citoyens qui certainement nous ressemble plus qu’on ne le pense de prime abord.

                  Une initiative « à trois dirhams » porte parfois bien plus ses fruits qu’un programme à plusieurs milliers. Et jusqu’ici Tizi n’Oucheg l’a prouvé.


                • titi titi 24 mars 2019 09:19

                  @Harveez - Anna

                  Puis que vous étalez votre CV, je précise un point : je vis au Maroc 25% de mon temps.
                  Je connais très bien ce type de villages avec ses « tours d’eau ». A certains endroits ils utilisent un bol avec un trou au fond : ils remplissent le bol d’eau en début de « tour », quand il s’est vidé, le « tour » est fini. Une sorte de clepsyhdre.

                  Dans ce genre d’initiative j’ai toujours l’impression de relire Rousseau : l’homme est bon dans son village de Tizi n’Oucheg, car il n’a pas été corrompu par notre société de consommation… il gère son eau pénard loin des grands méchants marchands.

                  Sauf que le société marocaine je la connais.
                  Ce n’est pas une initiative citoyenne, tout simplement parce que dans ces villages on est pas citoyen : on fait partie d’abord partie de sa famille (coté du père j’entend). Il ne peut pas y avoir d’équité ni d’égalité.
                  Là où la conscience de citoyenneté débute, c’est dans les villes avec les jeunes, éduqués et ne vous en déplaise, occidentalisés…. car la citoyenneté c’est une notion purement occidentale.


                • Alina Reyes Alina Reyes 24 mars 2019 09:46

                  @titi
                  Si vous passez un quart de votre temps au Maroc, pourquoi vouloir ramener la culture des Marocains à la vôtre ? N’est-ce pas le mouvement inverse, ou du moins un mouvement de partage, qu’il faut faire quand on voyage ? Sinon on reste dans un esprit néocolonialiste, où, alors qu’on est soi-même étranger dans un pays, on continue à se considérer soi-même comme référence et les habitants comme des étrangers ?


                • titi titi 24 mars 2019 12:08

                  @Alina Reyes

                  « vouloir ramener la culture des Marocains à la vôtre ? »
                  Moi je ne ramène rien à rien.
                  Au contraire...
                  Allez au Maroc et utiliser la misère de certaines régions pour essayer de repasser un plat idéologique dont plus personne ne veut en France à part quelques nostalgiques, ça c’est néocolonial.

                  Moi je ne ramène rien à rien.
                  Je constate…
                  Que les jeunes couples marocains, veulent un appartement avec une cuisine intégrée pour vivre dans une cellule familiale « à l’occidentale »…. la grande maison familiale avec les parents, les familles des frères et sœurs et la promiscuité qui va avec, ils n’en veulent plus.

                  Je ne dis pas que c’est bien ou que c’est pas bien.
                  Je constate.


                • titi titi 24 mars 2019 12:12

                  @Alina Reyes
                  .
                  Ca va vous faire plaisir, je suis sûr….

                  Quand je disais que la citoyenneté est une notion qui est bien présente chez les jeunes et dans les villes, voici le nouveau venu sur la scène politique :

                  https://www.huffpostmaghreb.com/entry/maan-koulchi-moumkine-petit-dernier-des-mouvements-politiques-au-maroc_mg_5c94dbc1e4b0a6329e158293?utm_hp_ref=mg-homepage

                  Et donc le modèle de référence, pour ce parti « citoyen », c’est la République En Marche.

                  De rien, je savais que ca vous ferait plaisir.


                • Alina Reyes Alina Reyes 24 mars 2019 14:33

                  @titi
                  Je crois que vous n’avez pas compris le travail de cette association. Et que vous ne voulez voir que ce que l’Occident peut inspirer aux autres civilisations. Le modèle occidental est pourtant en train de tuer la planète, et même si cela ne vous importe plus la planète est peuplée de jeunes qui veulent vivre et donc réinventer.

                  L’Occident, par définition, est un soleil couchant, mourant, qui a sans cesse besoin de s’inspirer de l’Orient où se lève la lumière, du Sud où elle fait foisonner la vie, ou bien du Nord qui a le sens des directions à prendre  ; et d’échanger.


                • titi titi 24 mars 2019 18:03

                  @Alina Reyes

                  Le modèle occidental est en train de tuer la planète… soit.

                  Mais n’empêche que de Shenzen à Dakhla, les jeunes adultes n’ont qu’une envie : vivre à l’occidental.

                  Vous pouvez considérer que c’est un « soleil couchant » si ca vous fait plaisir, il n’empêche que toutes les jeunes filles du monde (du moins celles qu’on oblige pas à porter le Hijab) et bien elles veulent toutes ressembler à Beyonce.


                • Alina Reyes Alina Reyes 24 mars 2019 18:22

                  @titi
                  Haha. Vous en fréquentez beaucoup, de « toutes les jeunes filles du monde » ? Votre remarque est condescendante, sexiste, et très fausse. Allez dans n’importe quelle classe leur dire ça, vous verrez si vous serez bien reçu. Les jeunes filles d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce que vous semblez vous imaginer être « les jeunes filles », selon des stéréotypes anciens.

                  Et non, tous les jeunes adultes n’ont pas envie de vivre selon le vieux modèle occidental, à commencer par beaucoup de jeunes Occidentaux. Vous n’avez pas l’air de les connaître non plus. Ils ne forment pas un bloc, ils ont des aspirations différentes, et beaucoup, beaucoup, souhaitent au contraire inventer de tout autres façons de vivre.

                  Il faut arrêter de se croire le centre du monde parce qu’on est occidental. Ce n’est pas du tout le cas.


                • titi titi 24 mars 2019 21:27

                  @Alina Reyes

                  « n’ont rien à voir avec ce que vous semblez vous imaginer être « les jeunes filles », selon des stéréotypes anciens. »
                  Le compte instagram de Beyonce compte plus de 126 000 000 de followers.
                  Kim Kardashian : 132 000 000

                  Deux fois la population de la France.

                  Donc moi je veux bien que ce sont des stéréotypes anciens...

                  « tous les jeunes adultes n’ont pas envie de vivre selon le vieux modèle occidental, à commencer par beaucoup de jeunes Occidentaux »
                  Bah là encore vous vous bercez de douces illusions.
                  Après comme je le précise il y a bien quelques nostalgiques des vielles utopies et du grand soir, mais leur nombre tend naturellement à leur diminution.


                • sylvain sylvain 24 mars 2019 18:58

                  je suis désolé de dire ca, mais cet article a un petit air de superficialité . j’ai vu quelques techniques traditionnelles, mais qui n’ont rien d’innovantes ni de très pratiques . Peut être y en a t il dans l’agriculture, mais on ne les voit pas . Du point de vu social, on a un village dirigé par un chef et par les anciens ( hommes je suppose, même si ce n’est pas précisé ) . Il y a l’idée d’un village autonome, mais on voit des maisons de lotissement toute neuves qui n’ont certainement pas été faites avec les matéraiux locaux et des nouveaux canaux en béton, ce n’est pas de l’autonomie ou alors on parle d’une autonomie que je ne comprends pas .

                  j’ai vu dans un commentaire que le village veut développer l’écotourisme... ils devraient garder leurs canaux en terre, ca fait plus tradi . L’écotourisme rapportera tellement plus que l’agriculture traditionnelle, surtout avec des articles comme ca qu’à moins de trouver un sens commun et profond à leur mode de vie ( ce dont l’article ne parle pas ), les gens feront comme partout ailleurs quand ils auront accés à plus de fric : des lotissements, un gros paysan moderne et des services, principalement du tourisme dans un endroit comme ça

                  en réalité je n’ai pas vu en quoi ce village ne s’inscrivait pas dans un mode de développement classique . A part ca, ca a l’air très beau comme coin, l’auteure a du faire un beau voyage


                  • Ruut Ruut 25 mars 2019 16:06

                    Et en France ce genre de modèle c’est Où ?

                    Car visiblement Paris n’en fait pas partis.....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité