Et si on parlait de « communautarisme positif » ?
Durant la campagne électorale 2005, j’ai été assez séduite par les propositions de Nicolas Sarkozy sur la discrimination positive, la diversité.
On n’a pas besoin de le subir, pour reconnaître que la discrimination existe. Bien sûr, on ne peut pas non plus voir du racisme partout, et crier ô racisme, pour un oui ou pour un non… Mais des associations ont testé : aussi bien dans les banques, dans les boites de nuit, que dans les entreprises, et le résultat est sans appel : le racisme est bel et bien présent dans notre société.
J’ai été séduite par l’idée de la discrimination positive, car je me disais que si les choses ne se font pas naturellement, la solution serait d’imposer pour que la « majorité visible » s’habitue, pour qu’un jour ce qui était sous l’effet d’une volonté politique, devienne un réflexe naturel. S’habituer : j’entends par là que celui qui rencontrera un directeur de banque noir, sera peut-être surpris, mais au bout de quelques rendez-vous, il se rendra compte que comme lui, il est un être humain, avec son intelligence, ses compétences, ses qualités et ses défauts. Quand je dis réflexe naturel, j’entends par là qu’un jour, on n’aurait plus besoin de lois, pour que les femmes, les noirs, les arabes, occupent des postes à responsabilité, et qu’ils seront choisis, tout bonnement parce que leur CV était le meilleur….
Toutes ses bonnes intentions politiques, tous ses beaux projets en faveur de la minorité visible sont méritants certes, mais finalement je les trouve peu valorisants.
Alors je m’interroge. Pourquoi une communauté doit-elle attendre que les autres agissent pour elle ? Pourquoi se sont les autres qui doivent régler ses problèmes ? Par exemple, en politique, avant d’attendre d’être nommé, un noir ou un arabe doit se battre pour être élu, pour ses idées, ses convictions. On ne veut pas l’accepter sur une liste électorale ? Alors il propose sa propre liste ! Même s’il n’est pas élu, on remarquera ses talents d’orateur, son charisme, ses idées, et surtout qu’il existe. On ne veut pas l’embaucher ? Alors il réfléchit à créer sa propre entreprise, car il n’y a pas de raison que les autres réussissent et pas lui. C’est peut-être difficile, mais il faut se battre et ne jamais abandonner, même quand on rencontre des obstacles. Il faut que le noir ou l’arabe participe à la vie de son quartier de sa ville. Qu’il aille aux conférences, aux réunions d’organisations associatives ou politiques, qu’il soit présent aux manifestations organisées par sa ville. Aussi, chaque communauté discriminée devrait se prendre en main en prônant le communautarisme positif !
Les associations contre le racisme ont le mérite d’exister, mais je ne crois pas qu’elles permettent d’arrêter les clichés, les préjugés. Elles sont surtout là à crier au racisme après chaque fait, mais elles n’apportent pas de véritables messages pour aussi inciter ceux qu’elles défendent à s’intégrer. Elles n’apportent pas vraiment de solutions aux problèmes des minorités visibles. A entendre les propos de certains, la communauté noire continue d’être stigmatisé. S’il y a plus de trafiquants noirs dans certaines villes du 93, c’est certainement parce que ces villes-là sont habitées par une majorité de Noirs et d’arabes, et de surcroit, des villes où le taux de chômage bat des records.
Le problème d’intégration de certaines personnes issues de la minorité visible est probablement dû à la pratique de la religion, mais aussi au rejet de l’autre, mais surtout du fait d’une éducation ratée.
La communauté noire de banlieues devrait se démarquer par un élan de solidarité. Non pas à pleurer sur leur sort en répétant « qu’on ne fait rien pour nous ». Mais en faisant passer un message fort, ne serait-ce que par le biais d’une association pour que chaque noir s’élève dans cette société, par la culture, les études, et l’éducation stricte qu’il donnerait à ses enfants, dès leurs premiers pas. Puisque le communautarisme est bel et bien présent, pourquoi ne pas le positiver ? Pourquoi les associations comme le CRAN, n’ont pas l’idée comme aux Etats-Unis, de créer des écoles d’excellence pour les noirs ? Il faut que les noirs incitent leurs enfants à faire de longues études, à choisir des métiers d’avenir. Il faut qu’ils rendent leurs enfants ambitieux, les aident à devenir des chefs d’entreprise. Il faut qu’ils disent à leurs enfants qu’ils n’ont pas choisit (en tout cas ceux qui n’avaient pas le choix) de vivre en banlieues, et que le seul moyen pour eux de s’en sortir, c’est de se démarquer non pas par un look qui les marginalise davantage, mais positivement, c’est-à-dire travailler à l’école, donner le meilleur d’eux-mêmes pour réussir, leur rappeler leurs droits mais aussi leurs devoirs.
Dès leurs plus jeunes âges, il faut dire aux enfants que des préjugés existent sur les noirs, en les citant s’il le faut, pour que justement ils prouvent et montrent le contraire à ceux qui le pensent. Par exemple, si on dit que les antillais sont toujours en retard, je m’arrange pour ne jamais être en retard lors d’un rendez-vous ou au travail. Ainsi, quand on dira à mon patron que les antillais sont toujours en retard, il dira le contraire en me prenant comme exemple !
Le livre de Lilian Thuram « Mes étoiles noires » est un exemple même de communautarisme positif ! Je ne partage pas les idées politiques de Thuram, mais son livre est un espoir pour les jeunes noirs, car si leurs ancêtres ont été capables de grandes inventions alors qu’ils étaient privés de liberté, eux aussi le peuvent et en toute liberté !
Alors le message que je veux faire passer aux communautés, c’est que chacun se proclame porte parole de sa communauté pour apporter un message positif, un appel à l’intégration vers le haut, pour un avenir ambitieux et meilleur.
Danielle Hierso
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