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Fête des voisins, Fête de la musique… la France donne le ton !

La France s’est faite une spécialité de créer des fêtes, des événements, qui sont ensuite exportés et repris par les pays étrangers. C’est le cas de la « fête des voisins », née à Paris en 1999, dont la 13e édition a eu lieu récemment, et qui commence à essaimer en Europe. Encore plus flagrant, la « fête de la musique » créée par Jack Lang en 1982 est désormais bien installée internationalement. On peut encore citer les « journées du patrimoine », les « nuits blanches » (inventées à Paris en 2002), l’initiative « tous à l’opéra » (2007), la « nuit européenne des musées » (1999), etc.

A chaque fois, le scénario est le même : les autorités françaises lancent à l’échelle nationale une initiative qui est reprise ensuite par d’autres pays. Et le succès est là. En témoigne l’impressionnant développement de la fête de la musique, célébrée dans pas moins de 120 pays. A travers ce type d’initiatives, la France maintient là en quelque sorte son rang de pays phare en matière culturelle. Concrètement, elle s’appuie sur le très dense réseau culturel français à l’étranger (ambassades, centres culturels et alliances françaises) pour promouvoir ces événements made in France qui contribuent à entretenir son prestige culturel.

Mais le plus intéressant est ailleurs. Le phénomène est en effet très instructif sur la société française actuelle. Et là on peut émettre l’hypothèse qu’un tel phénomène ne pouvait émerger qu’en France. La façon dont ce type d’événements se diffuse en France est caractéristique d’un système centralisé qui pousse loin l’ingénierisme social. En effet, ce sont les autorités qui impulsent d’en haut ces fêtes dites « populaires », en les étendant à tout le territoire et en cherchant l’adhésion de la population. Le scénario inverse, celui d’une fête populaire locale se développant surà tout le territoire, est tout à fait incongru pour la France. Le fait que la plupart de ces initiatives débute dans la capitale confirme leur caractère nettement institutionnel et très peu populaire au final.

Il n’est dès lors pas très étonnant que plusieurs de ces événements soient très clairement élitistes. C’est le cas de la Nuit des musées, des Journées du patrimoine et de l’opération « Tous à l’opéra ». Malgré les bons sentiments affichés pour attirer les classes populaires à la « Culture » (visiblement appréhendée dans une perspective très élitiste), on se doute bien que ce genre d’ événements est peu susceptible, par nature, de favoriser une quelconque mixité sociale.

La fête de la musique, et plus encore la Fête des voisins, essayent précisément de combler ce vide. On peut éventuellement voir dans cette dernière fête une nouvelle expression du génie français, mais on doit surtout y voir une tentative pathétique et désespérée de contrer le délitement accéléré du lien social qui touche la société française : désaffection pour les festivités collectives telles que les fêtes de villes et village, raréfaction des moments et des lieux de convivialité, individualisme généralisé, méconnaissance voire méfiance envers l’autre, agressivité entre voisins qui ne se connaissent plus et ne se fréquentent plus. « La société a besoin de moments que les sociologues appellent de constitution de communautés éphémères », explique Michel Kneubühler, coordinateur régional des Journées européennes du patrimoine (Humanité Dimanche du 17 juin 2010). La France, en combattant les pratiques culturelles locales, en survalorisant la mobilité et en favorisant le déracinement, a au contraire sappé ce qui constituait la base du lien social et de la convivialité. Elle a permis l’avènement d’un espace indifférencié où l’individualisme prospère sans obstacle, où des individus interchangeables ont perdu tout sens de la communauté.

Il n’est guère étonnant, en définitive, que ce soit le pays du centralisme, imbus de sa supposée supériorité culturelle, et en même temps gangrené par le délitement de son lien social, qui fasse preuve d’autant d’inventivité sur le plan de l’exportation d’événements festifs.


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6 réactions à cet article    


  • Peut-etre 11 juin 2011 10:35

    Et moi qui croyais que la fête des voisins avait été créé à Toulouse, Place Arnaud Bernard... en 1999 !!!


    • manusan 11 juin 2011 15:36

      Toulouse, Place Arnaud Bernard.

      coïncidence hier :

      Une bagarre a éclaté, jeudi soir, vers 19 heures, sur la place Arnaud-Bernard à Toulouse. Quand les policiers sont intervenus, une cinquantaine de personnes leur a fait face

      http://www.ladepeche.fr/article/2011/06/11/1104443-le-chiffre-50.html

      Je sais pas pour vous, mais la fête de la musique 2011, va êtes très très chaude.


    • Le tocard 11 juin 2011 23:06

      C est vrai qu en France on sait plus faire la fete ( reglementations en tous genre, embourgeoisements des centres villes, aseptisation de la société ..)alors on l institutionnalise ..de l evenementiel élitiste et familial pour pallier le manque de culture de la fete a l année ,underground ou populaires .La mairie de paris s en fait la championne vu que sa ville est plus chiante que jamais, reservée a une clientèle friquée pour se dandiner sur du bob sinclar , a 1 h du mat ya plus d animation dans nimporte quelle ville moyenne anglaise . La France est censée etre le pays le plus jeune grace a sa démographie mais on s emmerde de plus en plus , pays de vieux , pour les vieux par les vieux .Ya une seule ville qui bouge encore c est Montpellier voire toulouse.Le manque de lien social j y crois guère car c est pire chez nos voisins, mais chez eux ils savent mettre en valeur les cultures populaires et undeground .Redonnez le centre de paris aux etudiants et vous verrez le résultat , ya un bouillonnement qui demande juste qu on lui donne de l espace


      • Le tocard 11 juin 2011 23:12

        Ils savent pas quoi faire de l hotel de la Marine, probablement un futur enième musée. Mais ouvrez le a d autres choses pour lesquelles il etait destiné ! soyez AUDACIEUX pour une fois !!l Oui on peut etre fier du patrimoine francais mais la culture de papa ca commence a bien faire , ya pas que ca !Cette facon d impulser cette culture depuis le haut est vraiment agacant, symptomatique d un pays centralisé et hiérarchisé a l extreme et qui ne veut tout simplement pas se lacher .


        • Le tocard 11 juin 2011 23:19

          et le vrai scandale vient des banlieues, sors du périph c est la misère , presque aucun lieu de fete de nuit alors que 6 millions d habitants y vivent ! Daccord ya pas de transport la nuit alors restes dans ton quartier pour faire la fete ,mais meme pas , que chi ! les mairies, generalementsocialo communistes, pondent quelques mediathéques, et salles de cinema pour suaver les apparences. A londres ils avaient vaincu les emeutes en creant le carnaval caribéen devenu aujourd hui mythique , c est de l evenementiel mais a l année dans le quartier t as plein de petits bars et boutiques ethniques qui animent les rues , ce qui contribuent a lutter contre la segregation, isolement etc . la fete comme lien social , ils sont tous compris les anglais, peut etre que leur classe politique n est pas composée que de vieux grisonnants enarchiques pour qui la fete est un verre de lafitte rothshild devant une exposition de manet


          • paoum 12 juin 2011 03:03

            ça vient pas des repas de quartier cette fête des voisins ?

            j’dis ça , j’dis rien....

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PaotrGarz

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