La plus forte participation depuis la première Gay Pride en 1996, à Lyon. La polémique sur le thème de la transidentité a sans toute contribué à mobiliser davantage. Près de 10 000 marcheurs-teufers se sont retrouvés entre le Parc de la Tête d’Or et la place Bellecour.
Changement de parcours. Cette année la Gay Pride traversait le très bourgeois 6ème arrondissement, devant des badauds parfois interloqués, souvent amusés ou curieux. Des chars couverts de ballons roses et bleus, des canons à mousse, des fumigènes, de la musique techno à donf. Et bien sûr, des drag queen, des gogos dancers, des hardeurs aux ailes d’argent, des goths, des techno, des tecktonics, des SM en civil, et même des flics des FLAGS, l’association gay de la police. La plupart des associations militantes de la région. La Gay Pride marseillaise avait aussi envoyé une délégation à quatre roues. Et surtout des milliers de gens de tous les jours pour qui c’est à la fois la manif de l’année et la plus grande discothèque du monde. En tête de cortège, beaucoup plus de trans que d’habitude, visibles pour une fois. Léger relâchement du côté des officiels. Aux côtés du députés PS Jean-Louis Touraine, indéfectible, Katia Philippe, conseillère régionale PCF de plus en plus engagée. Thérèse Rabatel, (Alternatifs), puis Pierre-Alain Muet (député PS). Les absents se reconnaîtront.
Un cri contre le silence imposé aux trans. Arrivé place Maréchal Lyautey, le cortège s’est arrêté pour une minute de cri. C’était le moment fort de la manif. Les trans veulent attirer l’attention sur le silence dans lequel on les enferme. Les difficultés de leur vie quotidienne : vivre avec des papiers qui ne correspondent pas à leur apparence. La soumission au pouvoir de psychiatres qui décident arbitrairement de leur sort. Le véritable piège administratif dans lequel son les fait vivre jusqu’à l’obtention, pour celles-ceux qui y parviennent, d’un changement d’état civil. La trans-identité bouscule encore bien des tabous, il suffisait pour s’en convaincre d’entendre les remarques hostiles que les trans déclenchaient parfois au passage du cortège. Elles-ils réclament le respect de leur choix, des aménagements administratifs qui leur permettre de vivre normalement, la dé-psychiatrisation de leur démarche, l’accès aux soins médicaux dont ils-elles ont besoin.
Au sein des organisateurs, la question « trans » ne devait pas faire l’unanimité. Pourtant ce samedi, elle a montré que l’ensemble de la Gay Pride était capable de se mobiliser pour elle. Le 23 mars, lors d’une réunion préparatoire, quatre commerçants LGBT avaient critiqué ce thème ne le trouvant pas assez fédérateur. Certains avaient même pris pour cible les trans avec des propos...déplacés. La querelle qui avait suivi avait conduit les organisateurs à exclure de la marche les quatre commerçant en question. Une polémique, rien de tel pour que la presse s’intéresse au sujet, ce qui a donné lieu à de nombreux articles sur les trans, beaucoup plus que lors de la la journée mondiale contre l’homophobie le 17 mai, consacrée, elle aussi à ce thème. Le 12 juin la paix revenait dans la « communauté », les quatre commerçants faisaient amende honorable et acceptaient de soutenir le thème de la marche sans condition. En passant devant l’un d’entre eux, le Cap Opéra, les marcheurs ne se sont tout de même pas privés de crier : « Cap Opéra Honte à toi ! ».
Pierre Gandonnière