L’Affaire dite Dominici vue par la télé
L’inconvénient majeur c’est qu’il manque au téléspectateur découvrant l’Affaire, 99% d’icelle. Heureusement, les spectateurs avaient étudié le dossier avant et ont conclus très justement par l’innocence du vieux Gaston (et des autres Dominici ???).
Ce qui est omis également, outre l’accent provençal savoureux, c’est le contexte de l’époque. A aucun moment ne sont cités les mots communisme, communiste, Union Soviétique. Or tous les membres de la famille ainsi que l’environnement proche, notamment à la S.N.C.F. étaient adhérents ou sympathisants communistes, Paul Maillet, le père d’Yvette, secrétaires de sections locales. Même les avocats de Gaston, à commencer par Maître Pollack, peut-être envoyé en mission pour neutraliser l’effet nocif pour le Parti si on avait exposé la vraie vérité, étaient des militants actifs.
Et même Santini, ex-communiste n’est pas clair clair en récitant la version du PC parlant d’agents anglais et américains alors que ces derniers n’ont rien à faire la-dedans. Mais on peut lui accorder le bénéfice du doute aujourd’hui.
Donc cette Affaire, dite injustement Dominici alors qu’elle devrait s’appeler Affaire Drummond, peut être resituée en partie comme un affrontement entre les communistes, les accusés et leur défense d’une part, et les anti-communistes d’autre part, regroupant l’administration de bas (le commissaire Sébeille) en haut jusqu’au président de la République René Coty qui se sentira obligé d’intervenir en commuant la peine de mort en réclusion, sachant pertinemment ce qu’il en était de la soi-disant culpabilité de Gaston. Ceci explique les invraisemblances extravagantes du dossier relativement au déroulement des faits dans la nuit du 4 août 52, l’Etat ne reculant devant rien pour faire porter le chapeau au lampiste de service, cette fois un vieux paysan violent, lubrique et assoiffé de sang, une autre de nos jours, de jeunes garçons immatures, des SDF, un professeur de droit sans parler des affaires touchant à la Défense.
Bref une séance comme celle-ci pourrait être qualifiée d’emplâtre de luxe, luxe de détails, de chinoiseries, d’ergotages à n’en plus finir sur "la plaque de vélo", "les tribulations de Zézé", "le soi-disant emplacement de la carabine sur une ’état j’erre’ imaginaire", "l’huile d’olive avec laquelle ils lubrifiaient, les bougres", "les pieds de la petite" etc...sur une jambe de bois complètement vermoulue puisque les Dominici n’ont rien fait.
Du point de vue artistique, littéraire, ciné, télévision, moult intervenants célèbres s’en sont mêlés. En plus des écrivains, Giono, Salacrou, Meckert, F Truffaut n’a pas voulu tourner un "drame paysan" parce que ce n’était pas bon pour sa carrière. Orson Welles, débarquant là-dedans comme un éléphant dans un magasin de porcelaine s’est cru obligé de faire du néo réalisme, son film c’est "Riz amer" sur "La terre tremble". Faut voir les gros doigts boudinés malaxant la terre de Provence soi disant aussi pauvre que la Sicile pour coller au patronyme de l’accusé, ou les interviews croquignolesques par le Maître, de Maillet et de Chapus. Pour au final se voir censurer par le gouvernement pour une thèse qui allait pourtant dans son sens, mais la raison d’Etat ne désirait qu’une chose, qu’on ne parlât plus du tout de l’Affaire.
Au théâtre on a là les ingrédients de la tragédie grecque du côté des Dominici : les fils accusent le père, le père accuse les fils, ne pouvant imaginer autre chose les malheureux, et du côté Drummond, Shakespeare, une exécution froidement décidée par Richard III.
sources :
http://www.dominici-gaston-innocent.com
http://www.williamreymond.com/dominici/accueil.html
http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv572
http://www.amazon.fr/Laffaire-Dominici-Expertise-triple-crime/dp/2844786030/ref=sr_1_1
"Dans le métro souvent elle lisait du Coelho"
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