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L’Éducation nationale refuse une nouvelle fois d’entrouvrir sa porte à l’espéranto

Et diverses nouvelles sur les langues.
Le député de la Somme, M. Olivier Jardé (Nouveau Centre) a posé une question écrite au ministre, lors des séances de l’Assemblée nationale. Et si, pour une fois, le ministre a évité le honteux copier-coller des nombreuses réponses négatives émises par ses prédécesseurs, le fond reste le même : niet, même pas en option au bac !

(Question N° : 61840
Question publiée au JO le : 27/10/2009 page : 10095
Réponse publiée au JO le : 20/04/2010 page : 4509)
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-61840QE.htm

Texte de la question :
« M. Olivier Jardé attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale sur l’absence de place accordée à l’espéranto. Alors que le Président de la République ne cesse de répéter que le monde du XXIe siècle ne sera pas uniforme mais bien multipolaire, c’est bien la prééminence de la langue anglaise qui persiste dans notre système éducatif. Ce qui est valable au niveau politique et économique l’est également au niveau linguistique. Certes, l’espéranto, en tant que langue neutre, n’est pas rattaché à une culture, mais elle délivre un message de paix et de fraternité essentiel à transmettre à notre jeunesse dans ce nouveau siècle. Comme l’ont démontré de nombreux rapports d’experts, l’espéranto prépare d’une manière très efficace à l’apprentissage des autres langues vivantes. Le rapport Grin analyse, de manière pertinente, l’injustice économique que la situation actuelle engendre. Aussi, l’apprentissage de l’espéranto ne peut continuer à être rejeté de l’enseignement ou laissé à la simple initiative des établissements scolaires. Il souhaite donc savoir si le Gouvernement compte promouvoir l’enseignement de l’espéranto dès l’école primaire ou, à défaut, faire au moins l’objet d’une initiation durant la scolarité de chaque Français. »

Texte de la réponse
« L’espéranto est une langue porteuse d’un bel idéal de fraternité et de neutralité. Parlé par des millions de locuteurs dispersés de par le monde, l’espéranto ne réunit malheureusement pas les conditions nécessaires pour faire l’objet d’un enseignement institutionnalisé à l’école. Enseigner l’espéranto en vue de former des locuteurs qui puissent communiquer à l’international implique que cette langue soit suffisamment diffusée dans le monde pour en permettre une utilisation effective et pratique ; dispose d’un statut officiel ; soit porteuse d’une culture et d’un patrimoine culturel riche. L’espéranto n’est actuellement pas en mesure de concurrencer certaines grandes langues internationales comme l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le russe et le français dont la maîtrise s’avère aujourd’hui bien plus essentielle que l’espéranto ; aussi bien dans les domaines de l’économie, de la diplomatie, du tourisme que de la recherche. En outre, l’espéranto n’est pas non plus aujourd’hui reconnu comme langue de travail dans les grandes organisations internationales. La place de la culture, prépondérante dans l’enseignement des langues vivantes en France, impose par ailleurs que la langue étrangère ou, régionale enseignée soit porteuse d’un patrimoine culturel riche et vivant. Il s’agit pour l’élève de mettre en perspective sa propre culture par rapport à celle de l’autre pour comprendre ce qui constitue chacun dans sa différence. Il s’agit aussi de sensibiliser l’élève aux variations linguistiques (accents, patois, registres de langue...) qui font le « sel » de la langue. C’est bien l’accès à la complexité d’une culture et à la richesse interne d’une langue qui rend l’apprentissage particulièrement motivant pour les élèves. L’espéranto qui ne dispose pas encore du statut de langue maternelle, se construit actuellement une culture propre qui reste encore bien jeune. Néanmoins, rien ne s’oppose à ce que d’ores et déjà des établissements scolaires qui le souhaiteraient, mettent en place une initiation à l’espéranto dans le cadre d’activités péri-éducatives locales. »

Que penser de cette réponse ?

Tout d’abord féliciter le député Jardé de son initiative sur un sujet ignoré des grands médias nationaux.

Le ministre répond que l’espéranto ne présente pas les critères d’un enseignement institutionnalisé. Pourtant, les services du ministère savent fort bien que les associations espérantistes demandent aussi depuis longtemps quelque chose de simple à mettre en place - l’option au baccalauréat, aux côtés des nombreuses langues possibles, plus d’une quarantaine :

« I.2 Épreuves facultatives orales
Peuvent faire l’objet d’épreuves facultatives orales, les langues suivantes : allemand, anglais, arabe, chinois, danois, espagnol, grec moderne, hébreu, italien, japonais, néerlandais, polonais, portugais, russe, basque, breton, catalan, corse, gallo, langues mélanésiennes, langue d’oc (auvergnat, gascon, languedocien, limousin, nissart, provençal, vivaro-alpin), langues régionales d’Alsace, langues régionales des pays mosellans, tahitien.
I.3 Épreuves facultatives écrites
Peuvent faire l’objet d’épreuves facultatives écrites les langues suivantes : albanais, amharique, arménien, bambara, berbère, bulgare, cambodgien, coréen, croate, finnois, haoussa, hindi, hongrois, indonésien-malaysien, laotien, lituanien, macédonien, malgache, norvégien, persan, peul, roumain, serbe, slovaque, slovène, suédois, swahili, tamoul, tchèque, turc, vietnamien.
Cas particulier : les candidats à l’épreuve de berbère choisissent, lors de l’inscription à l’examen, l’un des trois dialectes suivants :

- berbère Chleuh ;

- berbère Kabyle ;

- berbère Rifain. »

Ces dernières décennies, le ministère a maintes fois utilisé comme argument le grand nombre de langues déjà éligibles, une lourde charge qui rendrait impossible l’ajout de l’espéranto. Mais après chaque refus diverses langues furent régulièrement acceptées, jusqu’à aboutir au nombre actuel, toujours sans l’espéranto ! Cet argument est donc fallacieux, surtout quand on sait le coût infime d’une langue supplémentaire en option au bac.

Les réponses de divers ministres sont lisibles sur le site de SAT-Amikaro :

« Cet éventail représente par ailleurs une très lourde charge en terme d’organisation de l’examen qu’il ne saurait être question d’accroître par l’ajout d’épreuves supplémentaires. Pour toutes ces raisons, il n’est pas envisagé d’introduire une épreuve d’espéranto au baccalauréat. »

Il est dommage que l’EN ne fasse pas preuve de la même ouverture d’esprit que les deux universités françaises qui viennent d’ajouter l’espéranto aux langues possibles dans l’option « langues rares » :

« La langue internationale espéranto ne pouvait plus être ignorée, écrit M. Kerdilès. Reconnue par l’Unesco depuis 1954, énormément utilisée dans les E-mails, rendue visible par une wikipedia de 100 000 articles, diffusée sur de nombreuses radios, sans oublier son édition spéciale du Monde Diplomatique, il fallait bien reconnaître que pour le milieu universitaire, elle était devenue incontournable. » (nota : M. Kerdilès est le doyen de la FLSH - Faculté des lettres, langues et sciences humaines de Mulhouse) (Le Pays)

Autre argument inusable, la culture :
« C’est bien l’accès à la complexité d’une culture et à la richesse interne d’une langue qui rend l’apprentissage particulièrement motivant pour les élèves. »
Quand on lit ça, on se demande si le ministre a déjà eu des élèves en face de lui...En tout cas, ça ne correspond pas du tout à ce que me racontaient mes enfants de la motivation de leurs petits camarades de CM2 face à l’anglais débité par une assistante native, auquel ils ne comprenaient pas un traître mot !

Ou encore un classique : on privilégie les langues très répandues.
« L’espéranto n’est actuellement pas en mesure de concurrencer certaines grandes langues internationales comme l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le russe et le français dont la maîtrise s’avère aujourd’hui bien plus essentielle que l’espéranto (...) »

Sans être mensonger, cet argument n’en est pas moins fallacieux, car cette phrase laisse penser que l’élève est libre de choisir parmi ces quatre langues de grande diffusion celles qu’il souhaite étudier (sans oublier l’allemand, le chinois et l’italien, non cités). Or, il n’en est rien : pour la plupart des enfants du primaire et de nombreux 6e, il n’y a AUCUN choix. L’anglais est imposé, l’allemand rarement proposé ; quant à l’espagnol, l’arabe et le russe... Les plus anciens se souviennent sans doute de leur présence, leur souvenir flotte dans les couloirs de nos écoles comme un fantôme linguistique !

Bref, cette réponse un rien prétentieuse et hautaine masque mal le fait que la liberté de choisir ses langues étrangères est un concept totalement étranger à l’Éducation nationale, qui verse plutôt dans la planification. Et cette planification est depuis la calamiteuse réforme du primaire massivement orientée vers l’anglais, alors même que les TICE (technologies de la communication) permettraient un total libre choix à coût constant.

A notre avis, la vérité est à chercher ailleurs, dans l’inconscient collectif de nos dirigeants qui laissent l’anglais devenir la langue de l’Union européenne, du moment que le français demeure deuxième langue de travail - l’allemand ne l’étant plus guère sur le terrain.

Nous faisons d’ailleurs preuve du même impérialisme linguistique que les USA et la GB, avec certes des moyens financiers réduits et une influence politique plus modeste, mais l’esprit est le même qui nous fait promouvoir l’enseignement bilingue en Roumanie :
«  Le Sénat est saisi du projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale, autorisant l’approbation de l’accord sur l’enseignement bilingue entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Roumanie, signé à Bucarest le 28 septembre 2006.(...)
Cependant, notre présence culturelle et linguistique est de plus en plus menacée par la montée en puissance de l’anglais en Roumanie. »

C’est bien pour cela que nous n’interdisons pas l’enseignement d’autres matières en anglais (sections européennes, programme EMILE), bien qu’il soit probablement contraire à la loi Toubon et anticonstitutionnel.

Comment se rebeller contre l’intrusion de l’anglais dans les autres matières scolaires quand nous soutenons à l’étranger ce que les intérêts anglophones veulent développer chez nous ?
Par souci d’objectivité, on peut lire le site Emilangues.

Cette problématique n’est pas une spécificité francophone, contrairement à ce que certains veulent faire croire en parlant « d’arrogance française » :

«  Dernières nouvelles d’Alsace  : L’Allemagne a lancé hier une campagne pour la défense de sa langue face à un tsunami d’anglicismes qui déferle sur la patrie de Goethe. La campagne est menée par le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, pour qui « l’allemand est le langage des idées » et « la langue la plus parlée en Europe » »
(Inttranews)

« Le Sénat étudie un projet de loi qui obligerait les juges de la Cour suprême à être bilingues et presque tous les sénateurs conservateurs se préparent à voter contre ce projet de loi. »
(Cyberpresse)

« La ville de Shangai fait la chasse au chinglish en prévision de l’exposition universelle de 2010 » (APLV)

Ici la décision contestée du Sénat espagnol de débattre désormais dans les cinq langues nationales ! En recrutant nombre d’interprètes, comme l’ONU ou l’UE.
(Courrier international)
Et le même sujet en espagnol. (Presseurop)

Est-ce une avancée ou un recul, une richesse ou une complication ? Certainement pas une simplification administrative...

Je passe sur la Belgique, sur les difficultés de nombreux pays d’Afrique où les enfants ne peuvent recevoir un enseignement dans leur langue maternelle du fait du grand nombre de dialectes.

Ces quelques exemples puisés au hasard de l’actualité montrent bien, s’il en était besoin, que la question linguistique est entière et mondiale.

Cette obstination à privilégier sa propre langue, voire à l’imposer aux autres - qui nous maintient dans ce qu’on peut appeler la guerre des langues ou une lutte d’influence - nous empêche de réfléchir à la communication entre citoyens européens, et, d’une manière plus globale, à l’incommunicabilité qui règne entre Humains.
 
Est-il logique qu’à l’heure où la planète s’est rétrécie, où les activités de chacun retentissent sur tous, qu’il s’agisse d’économie, de politique ou de pollution, nous ne puissions discuter avec notre prochain, notre frère de l’espèce humaine ? C’est anachronique. Il nous faut trouver un moyen de garder chacun notre culture et notre spécificité, tout en disposant d’un moyen de communiquer. La diversité culturelle, aussi utile que la diversité biologique, ne doit pas priver l’espèce humaine d’un moyen de communication moderne.

Or, à ce jour, quel que soit le critère retenu (le rapport temps d’étude/efficacité, la neutralité et l’internationalité), il ne fait guère de doute que le meilleur candidat est l’espéranto, la langue équitable.

Pourtant, l’espéranto est négligé, tandis que les solutions technologiques bénéficient depuis des décennies d’investissements considérables, alors que les congrès annuels d’espéranto se déroulent depuis un siècle sans interprète aucun, et ont donc largement prouvé son efficacité !
Les solutions technologiques, au contraire, sont des pis-allers qui font à peine plus que du mot à mot, des « traductions » bourrées de contresens, faute d’une véritable intelligence artificielle qui comprenne les niveaux de langues, la polysémie et l’analyse globale de la phrase. Mais c’est un marché porteur, un secteur de plusieurs milliards de clients potentiels... Rien d’étonnant à ce que les industriels de ce milieu ne parlent jamais de l’espéranto ! Sans oublier les « baby-speaking » et autres business florissants, parfois douteux scientifiquement.

Dernier effet d’annonce en date :
« 24-02-2010 (Le Monde) La montée en puissance de la traduction automatique : Au fil des ans, nous avons appris à ajouter rapidement de nouveaux langages à Google Traduction. Pour nous, c’est devenu facile ; cette année, nous avons décidé de nous concentrer sur un plus grand défi et d’améliorer la qualité de notre service de traduction automatique." Alfred Spector, le vice-président chargé de la recherche et des projets chez Google, est sûr de lui : les subtiles difficultés de la traduction automatisée peuvent être résolues à brève échéance. "Notre approche, c’est ’l’intelligence hybride’, la combinaison de l’informatique et des apports humains, grâce aux suggestions de nos utilisateurs." »

Cinquante ans qu’on nous parle de brève échéance ! L’objectivité et l’honnêteté ne sont pas les vertus premières de ce milieu ; je renvoie à mon article « La traduction automatique : intox et effets d’annonce !  »

Autre exemple, le projet MONNET :
« Un nouveau projet financé par l’UE réalise des programmes Internet multilingues qui faciliteront la présentation et la récupération d’informations en ligne, dans plusieurs langues. Ces programmes répondront aux besoins des administrations, de l’industrie et des entreprises qui veulent tirer pleinement parti du potentiel d’Internet en matière de diffusion d’informations. »

Promettre, ça n’engage à rien, et c’est une bonne façon d’obtenir des subventions européennes ou un financement par les sociétés de capital-risque. D’ailleurs, c’est même chiffré :
« Le projet MONNET (« Multilingual ontologies for networked knowledge ») a démarré en mars cette année et a reçu 2,4 millions d’euros au titre du thème « Technologies de l’information et de la communication » du septième programme-cadre (7e PC). »

Alors que l’espéranto est disponible aujourd’hui, finalisé en somme, gratuit, facile, équitable et « open source », tout pour déplaire ! Pas d’ Iphonique, de Googleparleur, de Conversomobile ou autre futurs traducteurs de poche qui nous seront demain vendus très cher.

La machine contre l’esprit humain, la gratuité contre le consumérisme...

De ce point de vue, il est dommage que l’Éducation nationale fasse preuve d’un tel obscurantisme, ou, plus poliment, d’une telle frilosité sur une question essentielle à l’humanité.

Pour finir dans la bonne humeur, bravo à Télélangue qui détourne à son profit cette manie de promettre une méthode miracle pour apprendre les langues (tâche dont l’extrême difficulté est souvent cachée), avec une pub de gélules pour apprendre l’anglais en quelques jours, avant de conclure que ce n’est pas chez eux, eux c’est du sérieux (je raconte de mémoire).
Apparemment, ils étaient déjà coutumiers de l’humour, je ne connaissais pas celle de l’ascenseur...

Encore un peu de sourire sur la question, en Italie.
 
Seul point positif de la réponse du ministre : son rappel que les chefs d’établissements sont libres d’organiser ou d’accepter l’espéranto dans leurs locaux, au titre d’activités d’éveil "péri-éducatives locales", c’est-à-dire dans le temps extrascolaire. Ça tombe bien, car comme le disait Léo Ferré en parlant d’autre chose, l’espéranto, c’est extra !
 

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19 réactions à cet article    


  • Asp Explorer Asp Explorer 5 mai 2010 07:40

    J’ai reçu ma déclaration de revenus hier. Il y avait un cahier de communication gouvernementale expliquant où allaient mes impôts, et d’où provenaient les recettes fiscales. Ce qui m’a le plus frappé, c’est le trou béant entre les dépenses (420 milliards d’euros) et les recettes (270 milliards). C’est ce qu’on appelle le déficit budgétaire. Un tel différentiel, alors que nous ne sommes pas en guerre et ne relevons pas d’une catastrophe naturelle majeure, n’est explicable que par le fait que notre pays est malade. Une chose est certaine : il est devenu nécessaire de diminuer les dépenses et d’augmenter les recettes, ce qui ne pourra pas se faire sans sacrifices. Bien évidemment, le budget de l’Education Nationale ne peut qu’être le premier touché, puisqu’il représente le premier poste de dépense.

    Dans ce cadre, je vois mal comment justifier de lancer les dépenses abracadabrantes inhérentes à l’enseignement de l’espéranto dans nos écoles, dépenses d’autant plus considérables que c’est une langue internationale que personne ne parle.


    • Krokodilo Krokodilo 5 mai 2010 11:49

      Les réponses sont dans l’article.


    • pingveno 5 mai 2010 17:16

      je vois mal comment justifier de lancer les dépenses

      Les divers arguments opposés à l’ajout d’une nouvelle langue n’ont pas empêché l’augmentation régulière du nombre de langues (en général des langues qui n’avaient rien demandé alors que les espérantistes sont, eux, demandeurs depuis longtemps), c’est dit dans l’article. Et l’argument financier ne fera pas exception.
      Par ailleurs, croyez-vous vraiment que quand on rajoute une nouvelle langue ça se fait avec des recrutements de profs supplémentaires ? En général non, la nouvelle langue n’est proposée que là où c’est possible, c’est à dire là où, découvrant qu’un prof d’une autre matière parle cette langue, on lui propose de l’enseigner.
      Donc, pas de dépense supplémentaire on augmente juste la polyvalence des profs.


    • Krokodilo Krokodilo 5 mai 2010 17:57

      Oui, et ce surcoût infime est à mettre en balance avec les sommes énormes (et secrètes pour l’addition finale) déjà occasionnées par la certification en langues, qui à 90 % iront dans la poche de l’Institut mixte Cambridge Esol. Ca existe depuis un an ou deux, également pour l’allemand, quelques Conseils généraux ont dû mettre la main à la poche pour financer les volontaires pour une certification que la plupart des parents ont vue comme une dépense inutile et un brin mystérieuse, aussi a-t-il fallu que les régions financent cette usine à gaz européenne qui ne sera utile qu’à une petite minorité d’élèves, et qu’on aurait pu faire réaliser par nos propres professeurs...
      http://www.francematin.info/Le-Conseil-Regional-de-Bretagne-et-l-Academie-de-Rennes-veulent-certifier-le-niveau-en-anglais-allemand-et-espagnol-des_a18446.html

      « Parce qu’avoir des compétences en langues étrangères constitue un atout majeur sur le marché de l’emploi, le conseil régional de Bourgogne a décidé d’adopter le test TOEIC pour évaluer les compétences en anglais des jeunes lycéens, apprentis, étudiants et demandeurs d’emploi. (...)
      Le conseil régional de Bourgogne prend désormais en charge les frais d’inscription des jeunes lycéens, apprentis, étudiants et demandeurs d’emploi au test TOEIC. »
      http://www.fr.etsglobal.org/france/actualites/?news=822&view=detail

      Face à ces dépenses délirantes et totalement inutiles, on voit bien que le problème n’est pas financier mais idéologique, peut-être est-ce même le début d’une privatisation de l’Education nationale par le biais du business des langues.

      La réforme que je propos de temps en temps est d’un esprit tout différent, une complémentarité entre l’école et les associations, les Instituts et le privé qui serait non pas un transfert éducatif mais une complémentarité ayant pour finalité de permettre enfin le total libre choix de deux langues étrangères à valider, parmi toutes celles possibles, réforme possible à coût constant grâce aux TICE, mais impliquant un changement radical de conception de l’enseignement des langues, passer de la planification à la liberté de choix. Avantage annexe non négligeable : la valorisation des langues d’immigration, par des actes et non du blabla politicard.


    • Blastm 6 mai 2010 10:18

      on est parfaitement d’accord, l’augmentation du nombre de langue n’est pas vraiment justifiable...
      des langues de spécialiste (voire mortes) n’ayant aucune place dans un cursus général, car n’ayant aucun intérêt pratique ou professionel pour 99% devraient disparaître de l’enseignement avant la fac... (la je pense au grec ancien, latin, espéranto et autre klingon)
      pour laisser la place a des langues nettement plus stratégique pour l’avenir de la France et des français (anglais, espagnol, allemand, chinois, etc..)
      quand on vois déjà le handicap professionnel que peut constituer le fait de s’être vu imposer l’allemand première langue au lieu de l’anglais, ne parlons pas du boulet que représenterais l’espéranto...


    • Krokodilo Krokodilo 6 mai 2010 10:53

      L’allemand n’est pas perçu par tous comme un boulet, c’est la première langue de l’UE quant à la population. Mais puisque vous avez eu la désagréable expérience de vous voir imposer un apprentissage (donc résultat médiocre à prévoir), pourquoi ne pas réfléchir à la liberté de choix des langues étrangères ?


    • pingveno 6 mai 2010 14:54

      car n’ayant aucun intérêt pratique ou professionel pour 99% devraient disparaître de l’enseignement avant la fac

      Rassurez-vous c’est bien ce qui se passe : 99% des langues disparaissent de l’enseignement parce qu’il faut bien faire de la place pour l’anglais...


    • Wàng 6 mai 2010 18:10

      des langues de spécialiste (voire mortes) n’ayant aucune place dans un cursus général, car n’ayant aucun intérêt pratique ou professionel pour 99% devraient disparaître de l’enseignement avant la fac... (la je pense au grec ancien, latin, espéranto et autre klingon)

      C’est ce qu’on m’a toujours dit mais vous vous trompez, les langues anciennes (surtout le grec et le latin j’avoue) s’avèrent parfois utiles dès lors que vous vous intéressez à autre chose qu’à la télé ... même sans être spécialiste de linguistique. Vous savez, il y a des tas de livres en latin qui représentent un savoir énorme et qui ne sont jamais traduits, notamment, la plupart des philosophes du Moyen-Âge (Scot, Suarez, Cajetan, Ockam, etc). Même les bons manuels de philo du XXème siècle sont truffés de citations en latin et mes faibles souvenirs dans cette langue me limitent. J’ai un ami en thèse d’histoire du droit qui est lui amené à lire du latin tous les jours dans son travail. Ne parlons pas de son intérêt étymologique qui fait comprendre mieux notre langue, et de son intérêt culturel.

      quand on vois déjà le handicap professionnel que peut constituer le fait de s’être vu imposer l’allemand première langue au lieu de l’anglais, ne parlons pas du boulet que représenterais l’espéranto...

      Le but de l’école (en Europe) n’est pas d’abord d’adapter les gens le plus vite possible au marché du travail, mais aussi de les former humainement, ce qui implique quelque chose en plus que la vision de la philosophie pragmatique (qui définit le vrai par ce qui est utile). Sinon, pourquoi faire de l’Histoire, du français ...

      L’espéranto, lui, est encore un autre problème qui n’est comparable ni aux langues commerciales actuelles (ou enseignées dans un but commercial), ni aux langues anciennes. A moins de mettre sciemment entre parenthèses
      - la façon concrète dont se déroule son apprentissage (vitesse d’acquisition, sentiment de progresser, gratification)
      - son intérêt propédeutique (pour la suite des études)

      ce qui n’est à mon avis pas une bonne façon de chercher la vérité.


    • Blastm 6 mai 2010 20:39

       les exemples que vous me citez (lectures d’ouvrage pointus dans un domaine particulier, votre ami en thèse... me confirme dans l’idée que le latin est bien une langue de spécialiste qui pourrais très bien disparaitre sans victimes collatérales des programmes de collège et lycées, et convenir au seul enseignement prodigué aux personnes suivant des études supérieures en lettres.)
      Comprenez bien que moi même je suis plutôt de filière scientifique, et si l’étude de langages de programmation avancés (ou désuets) peut attirer ma curiosité, je n’irais pas défendre l’intérêt d’un tel enseignement a des élèves qui suivent encore un enseignement général et qui ont encore a définir leur orientation.

      de plus, les chinois seront heureux d’apprendre que pour vous, l’étude de leur langue vivante ne forme pas plus, humainement parlant, que l’étude de langues mortes...
      alors que sont apprentissage n’est pas sans challenge intellectuel, et qu’elle est potentiellement beaucoup plus utile pour le futur de l’étudiant, que ce soit au travail, en vacances, ou pour faire ses courses dans le 13éme.


    • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 6 mai 2010 22:44

      Et le mur du çon est franchi avec brio par Wàng, dont le pseudonyme évoque toute sortes de jeu de mots stupides dans la langue d’Albion.

      Je ne peux que souscrire à sa défense du latin, dont l’enseignement en France est lentement en train de crever, suivant dans la tombe l’enseignement du grec ancien, ce qui est profondément dommage et dommageable.

      En revanche, l’invention du concept de « langue commerciale » par W lui vaut de franchir le mur du çon en produisant le fameux BANG ! superçonnique.

      Je brûle de l’entendre expliciter ce que recouvre ce fabuleux terme, qui est une perle massive.

      Typhon


    • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 6 mai 2010 22:50

      Blastm, le latin est une langue qui ne procure effectivement aucun avantage professionnel immédiat en dehors de certains secteurs bien précis.

      Son apprentissage est donc moins important que celui de l’anglais, toutefois il est un apport culturel très intéressant, et permet l’ouverture à beaucoup d’auteurs dont l’influence sur notre culture est incommensurable.

      Maintenant, comme disait Desproges, on peut parfaitement vivre sans la moindre espèce de culture.
      Çà n’est pas faux. Mais entre apprendre une langue qui me permettra d’accéder à une culture riche, produit de douze siècles de civilisation, et une langue qui ne permet d’accéder à aucune culture que ce soit, mon choix est vite fait.

      Typhon


    • Wàng 7 mai 2010 09:43

      les exemples que vous me citez (lectures d’ouvrage pointus dans un domaine particulier, votre ami en thèse... me confirme dans l’idée que le latin est bien une langue de spécialiste qui pourrais très bien disparaitre sans victimes collatérales des programmes de collège et lycées, et convenir au seul enseignement prodigué aux personnes suivant des études supérieures en lettres.)

      Désolé mais étant ingénieur ma formation n’a rien de spécifiquement littéraire, de même pour l’ami cité qui est juriste et historien (sciences humaines). L’étude de langues comme le latin, le chinois, le grec ancien, tout comme celle de l’histoire, du français, de la philosophie pourraient très bien être supprimés sans que cela nuise à la compétitivité commerciale du pays. Mais ça fait partie de ce qu’on appelait jadis les humanités.

      De plus, toutes proportions gardées, l’anglais aussi est une langue de spécialistes qui est utilisée dans de nombreux domaines scientifiques pointus ...

      Comprenez bien que moi même je suis plutôt de filière scientifique, et si l’étude de langages de programmation avancés (ou désuets) peut attirer ma curiosité

      Mais il n’y a rien de commun entre l’étude d’un langage de programmation spécifique et celui d’une langue ... ce qu’il faut faire étudier aux élèves, par contre, c’est l’algorithmique, qui est, de façon analogique, aux langages de programmations ce qu’une langue planifiée bien construite est aux diverses langues vivantes. Mais l’analogie est faible car les langages de programmation sont déjà conçus par l’intelligence de l’homme (on passe donc facilement de l’un à l’autre, contrairement aux langues).

      de plus, les chinois seront heureux d’apprendre que pour vous, l’étude de leur langue vivante ne forme pas plus, humainement parlant, que l’étude de langues mortes...

      Désolé mais vous avez une lecture dialectique de mes arguments (vous forcez ma pensée en la fracturant) : je n’ai pas parlé du chinois dans ma réponse.

      alors que sont apprentissage n’est pas sans challenge intellectuel, et qu’elle est potentiellement beaucoup plus utile pour le futur de l’étudiant, que ce soit au travail, en vacances, ou pour faire ses courses dans le 13éme.

      Très bien, alors avant de vouloir faire apprendre cette langue très intéressante mais très difficile aux élèves, qu’est-ce que vous attendez pour l’apprendre et l’utiliser vous même ?


    • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 6 mai 2010 08:47

      Mon dieu, quel article ennuyeux ! Il est interminable, il se perd en méandres pas possibles...

      Sur le fond, je rappelle que c’est vraiment le moindre problème de l’éducation nationale, gouffre financier devenant chaque jour un peu plus impotent et incapable de remplir sa mission.

      Et vous aurez beau vagir le contraire, la culture est effectivement une très puissante motivation dans l’apprentissage d’une langue. La seule et unique raison pour laquelle j’ai atteint mon niveau en anglais, c’est mon appétit pour les films et les livres, et notamment les films et les livres américains.

      L’inexistence d’une culture espéranto (et contrairement à ce que mon paragraphe précédent semble sous-entendre, la culture ne se limite pas aux livres et au film) rend son apprentissage rébarbatif à quelqu’un qui n’est pas passionné par la linguistique.

      J’ajoute que le fait que l’espéranto ne soit la langue d’aucun peuple pose un problème de taille par rapport à la certification des professeurs. Il n’existe pas de moyen sûr de savoir si quelqu’un est qualifié pour enseigner l’espéranto, alors que pour n’importe quelle langue normale, il suffit de demander aux natifs si le monsieur il parle vraiment la langue et raconte pas du charabia.

      Typhon


      • pingveno 6 mai 2010 14:52

        J’ajoute que le fait que l’espéranto ne soit la langue d’aucun peuple pose un problème de taille par rapport à la certification des professeurs.

        Bizarrement j’aurais pu être d’accord si ça reflétait la réalité. C’est à dire si les enseignants de langue en France avaient l’obligation de passer une certification faite par des natifs. Mais non évidemment c’est un concours en France donc établi par des français.
        Regardez donc le fameux cadre européen de référence : le tableau est très joli, très complet, mais si vous voulez faire certifier votre niveau en langue étrangère, ce sont vos compatriotes qui vous jugent. Résultat en France tous les collégiens en 3e ont le niveau A2, spécialement ajusté pour que tous puissent le réussir...


      • Krokodilo Krokodilo 6 mai 2010 10:50

        Ce que vous appelez méandres est un tour d’horizon de l’actualité d’un sujet qui a de nombreuses facettes, mais je suis ravi d’avoir pu vous ennuyer et vous faire perdre du temps, ça me venge (un peu) de votre trollage passé et agressif. Au fait : bientôt un autre article ennuyeux sur un thème voisin.


        • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 6 mai 2010 12:33

          Vous ne m’avez ennuyé et fait perdre du temps que pendant cinq secondes, suite à quoi, j’ai arrêté de lire votre article pour le parcourir en diagonale, ce qui m’a pris une demi-minute. Vous ne pouvez plus me surprendre, de toute manière, donc c’eut été une perte de temps d’être plus attentif.

          Comme d’habitude, aucune réponse de votre part sur les points essentiels de mon message, et pourtant que je n’en ai pas fait des tonnes, comme j’en avais naguère coutume, vous faites donc bien preuve de mauvaise foi, comme à l’accoutumée.

          Vous êtes bien à votre place sur ce site, poussin vert.

          Typhon


        • pingveno 6 mai 2010 14:48

          Comme d’habitude, aucune réponse de votre part

          Comme d’habitude aucune réponse en rapport avec l’article, à part le fait qu’il contient le mot espéranto.
          N’attendez pas qu’on ait de la considération pour vous si vous n’en avez pas pour les autres (et je ne parle pas que pour l’espéranto, vous avez une tendance à faire ça sur tous les sujets... y compris sur le trollage soit dit en passant smiley


        • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 6 mai 2010 20:26

          Mais je n’attend aucune considération de krokodilo. Du respect et de la politesse, j’en avais par le passé, quand j’ai commencé à intervenir sur ces fils.

          À l’heure actuelle, je n’ai plus que mépris pour Kassekouildilo et ses pensums.

          Typhon


        • Clouz0 Clouz0 6 mai 2010 13:05
          Amis Terriens Bonjour,

          Je dois vous dire, que sur ma planète, fort éloignée de la vôtre, l’espéranto ne fait pas l’objet d’étude ou d’intérêt particulier.
          Nous étudions l’humanité depuis suffisamment longtemps pour savoir reconnaître les belles utopies, irréalistes au regard des comportement connus de votre espèce spécifique.

          Nos traducteurs automatiques, maintenant ultra-performants puisque nous pouvons comprendre tout ce qui s’écrit sur ce site, existent pour chaque langage de votre planète, mais aucun n’a vu le jour pour cette pseudo-langue alors que sa simplicité en ferait le traducteur le moins coûteux et le moins long à développer. 
          Ceci expliquant peut-être cela.

          Cette réflexion est seulement destinée à vous conseiller de ne pas perdre trop de temps avec ce problème.
          Mais, nous vous laissons évidemment apprendre par vous-même, sur vous-même.

          Et comme je dis toujours,
          Youpi !

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