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Accueil du site > Actualités > Société > L’homme, le meilleur ami de l’homme ?

L’homme, le meilleur ami de l’homme ?

Alors que le système de solidarité à la française est menacé et que les Français réagissent mollement, l’utilité de ce système - ultime protection de notre humanité - n’a jamais été aussi déterminante pour l’avenir de notre société. La barbarie rôde et si nous assouplissons notre vigilance, elle pourrait bien frapper encore, comme elle le fit par le passé, devastant tout sur son passage. L’humanité est une bête qu’il faut rassurer et maintenir sous contrôle.

La simple lecture des faits divers qui s’étalent en page d’accueil de google.news devrait achever de convaincre les plus optimistes de la nature foncièrement mauvaise de l’homme. Je ne parle évidemment pas de l’abée Pierre ou de sœur Theresa mais bien de l’homme lambda, le vulgum pecus, celui qui navigue entre sa mauvaise conscience, quelques restes de religion, la morale, le qu’en-dira-t-on et la peur du gendarme pour trouver le comportement adéquat. « Et tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! » (Baudelaire, 1857). Nous aimerions nous convaincre que nous valons mieux que tous ceux qui pillent, violent, tuent, volent, mentent, torturent et souvent tout cela en même temps, qu’ils sont monstrueux et que nous représentons la norme. Hélas, nous appartenons à la même espèce.

La conviction de ne pas appartenir à la même espèce que la ou les victimes est d’ailleurs le point de départ de la majorité des exactions, je ne dis évidemment pas toutes mais nous y reviendrons. Le procédé n’est pas nouveau et il fonctionne quelle que soit l’échelle à laquelle il est employé. Ainsi, les guerres sont précédées d’une propagande visant à ôter toute dignité, légitimité, humanité à l’ennemi afin d’atténuer à la fois la clairvoyance de l’électeur et la mauvaise conscience du soldat, exécuteur des basses œuvres politiques, au moment où il effectue le sale boulot. Visible comme le nez au milieu d’un visage, cette vieille ficelle n’en demeure pas moins obligatoire pour préserver la santé mentale des enfants que nous envoyons sur tous les fronts, souvent sans le recul nécessaire pour comprendre ce qu’ils y font réellement. Mais parfois, la supercherie est découverte et les conséquences peuvent être désastreuses, aussi bien pour le pouvoir politique que pour ceux qui ont commis des crimes en son nom. C’est ce qui s’est passé durant la guerre du Viêtnam.

Ceux qui ont intérêt à déclencher des guerres n’ont d’ailleurs pas toujours besoin de dévaloriser artificiellement l’ennemi qu’ils souhaitent combattre. Parfois, la croyance populaire s’est déjà chargée de semer la petite graine qui ne demande qu’à grandir pour devenir un casus belli. Le racisme antijuif du troisième Reich n’a fait que prospérer sur un fumier bien plus ancien qui pourrissait l’Europe depuis fort longtemps. Quant à la haine du voisin, qui peut dire aujourd’hui qu’elle ne serait pas ancrée en son cœur s’il avait été allemand en 1933, alors que l’Allemagne meurt de faim et qu’elle doit encore et toujours payer pour la Première Guerre mondiale ? Toutes les graines étaient en place et il ne restait à l’audacieux jardinier qu’à les arroser correctement pour qu’elles se développent et deviennent d’hideux ronciers. Nous incubons parfois inconsciemment de vieilles haines, des idées qui renferment un potentiel de destruction monstrueux et proportionnel à leur diffusion et celui qui sait lire dans le cœur des masses pour capter ces irrationalités et les exploiter peut amener ses semblables à commettre les pires exactions avec entrain, bonne humeur et bonne conscience. Terrifiant !

Et puis, il y a ceux qui aiment le mal, qui aiment faire souffrir ou qui n’en tirent eux-mêmes aucune souffrance et qui en profitent pour développer une petite activité, un business, un loisir... Les tueurs à gage appartiennent à cette catégorie : leur absence de remords appuyée par une certaine technicité est à vendre ; les petits délinquants qui saucissonnent les riches bourgeois soit pour le plaisir, soit pour les délester de leurs économies aussi ; les violeurs également. Mais si cette transgression des normes communément admises par l’humanité comporte certains risques, elle apporte également des avantages non négligeables, surtout lorsqu’elle est érigée en système. L’homme s’ouvre des sources de plaisirs et de revenus terrifiants en renonçant aux contraintes morales, juridiques, religieuses qui encadrent sa vie sur terre. Le fonctionnement des mafias et autre bandes organisées relève de cette logique. Il s’agit d’une sorte de guerre asymétrique contre des sociétés qui respectent des règles par des gens qui ne respectent pas ces règles. Les risques sont également terrifiants car vivre dans une société sans règles revient à renoncer au minimum aux deux valeurs fondamentales que sont la liberté et la sécurité. Heureusement, la majorité des personnes considèrent encore ces deux valeurs comme hors de prix.

Mais pour combien de temps encore la liberté et la sécurité seront-elles considérées comme des valeurs abordables ? N’assiste-t-on pas un peu partout en Occident à la destruction du cadre qui maintient le comportement des citoyens dans des limites qui garantissent à la fois prospérité, sécurité et liberté au plus grand nombre ? La sécurité est le fruit de la solidarité, cette solidarité qui nourrit et soigne les indigents ; la liberté est le fruit de la sécurité qui protège les plus faibles et les autorise à exprimer leur point de vue, à se déplacer librement, à vivre comme ils le souhaitent… Cette solidarité est la pointe de la pyramide qui soutient l’ensemble de notre société. Soumis à l’incessante sollicitation de la publicité, à l’arrogance des riches, à la faim, au besoin de reconnaissance et ne possédant ni sécurité, ni liberté, l’homme continuera-t-il longtemps à porter le carcan qui faisait autrefois son bonheur mais qui aujourd’hui l’amène à accepter de crever dans des conditions indignes en regardant des vieillards se goinfrer ?

Cette situation vous rappelle quelque chose et c’est normal puisque c’est la photo de vos dernières vacances en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. Vous étiez agacé par ce pauvre qui s’agrippait à votre chemise pour vendre un bout de bois sculpté. Vous riez encore dans les soirées avec vos amis de la laideur des tissus qu’il voulait vous vendre. C’était ailleurs mais maintenant, c’est chez nous. Quand le Medef dit qu’il faut supprimer le Smic pour encourager l’emploi en France, que veut-il dire ? Que ceux qui vivent déjà difficilement avec un Smic vivront encore plus difficilement avec un salaire moindre mais que simplement et que corrélativement, ils seront plus nombreux à vivre difficilement. Les naïfs diront que les patrons sont des hommes comme les autres, dotés d’une humanité qui les amènera à rémunérer leurs employés du mieux qu’ils peuvent. Justement, les patrons sont des hommes comme les autres, comme moi qui regardait sans sourciller ces pauvres Africains mourant de faim durant mes vacances, comme ces patrons anglais que décrivait Jack London dans son livre Le Peuple de l’abîme, narration des conditions de vie durant la révolution industrielle en Grande-Bretagne.

Les conditions de vie durant cette révolution industrielle devraient achever de tous nous convaincre que le renoncement à la solidarité est la pire chose qui puisse arriver. La Sécurité sociale est l’incarnation de cette solidarité. Elle n’appartient qu’aux Français et ne doit surtout pas être confiée aux entreprises privées. Elle fut acquise de longue lutte, souvent contre les intérêts des patrons, des bailleurs, des banquiers, des logeurs, des assureurs, des financiers et autres hommes qui, comme nous, regarderont les pauvres crever la bouche ouverte sans le moindre sentiment, en se disant que décidemment ils n’appartiennent pas à la même espèce qu’eux - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! La Sécurité sociale est notre rempart contre la barbarie, c’est la forteresse de notre humanité. Battons-nous pour la protéger !


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6 réactions à cet article    


  • Le péripate Le péripate 5 mai 2008 10:31

    Partant de l’idée que l’homme est mauvais pour l’homme, il faut donc le contraindre pour faire le Bien. Et apparaît une "solidarité" qui est à la solidarité ce qu’est le viol à l’amour.

     


    • Le péripate Le péripate 5 mai 2008 15:34

      Voyons voir, à quand remonte les dernières élections à la Sécu ? Si quelqu’un s’en rappelle, qu’il lève le doigt, Leon lui donnera un bon point. Si le régime de la securité sociale (la législation) s’adresse à tout le monde, qui est vraiment l’Ursaaf ? Les fonctionnaires cotisent-ils à l’Ursaaf ? Alors, voilà quelque chose que personne ne connait, et, nous aurions choisi que cela soit ainsi ?

      Qui dit des bétises ?


    • Le péripate Le péripate 5 mai 2008 16:44

      Parway. Les Grecs avaient trois noms pour l’amour, philia, l’amour des proches mais dont on attend au moins de la reconnaissance, eros, amour qui sans retour se meurt, et agapé, l’amour sans retour, le don absolu, qui ne sait pas la valeur des choses. De connaitre l’agapé ne veut pas dire ne pas connaitre eros et phillia. Croyez vous que la contrainte fait naître l’agapé ?


    • pallas 5 mai 2008 12:33

      L’homme en soit n’est pas mauvais pour l’homme n’y pour son environnement, en tout cas, nos actions, toutes nos actions sont communes a n’importe qu’elle espece, animal, vegetal, insectes, micro organismes. Depuis le toute debut de la vie, les premiers organismes etaient antropophages, la reproduction est une formidable machine developper en 1 milliard d’années qui donne naissance a une multitude de nouveaux etres mais peut survivront, sachant qu’il y a encore du canibalisme ou pire encore la destruction par le biai d’un membre du a diverses raisons, celui de reproduire uniquement son patrimoine genetique. l’homme, que sa soit pour la conquete de territoire, sexuellement, de pouvoir, individuellement, nous faisons ce que toutes pareillement que les autres individues des autres especes. Nous ne sommes pas plus mauvais que les fourmis, les cafards, les rats ou les vegetaux. Nous avons tendance a penser il y a l’homme d’un coté et la Nature de l’autre, c’est une vision totalement fausse, il y a l’homme ainsi que des millions d’autres especes a coté, toutes differentes, mais chacunes faisant la competitivité contre ces propres membres de la meme espece ainsi que l’invasion au detriment de son environnement et des autres especes. La 4 eme extinction massive d’espece etait du en parti a cause d’une espece de mamifere particulierement vorace, comme la notre qui provoque la 6 eme extinction massive, les especes de dinosaure sont mort du a des cataclysmes et non d’un seul, il y a eu 2 meteores, et non un seul, par exemple, c’est tres Dogmatique, dommage que la science devienne religion, car la recherche n’aboutit pas. Pour en revenir a l’homme, nous sommes ainsi fait, car le monde vivant est ainsi fait. C’est une remise en Question total de la Vie qui est en jeu, et non uniquement l’homme dans cette affaire, car l’homme fait parti de la Vie, nous ne sommes n’y sûperieur, n’y extra terrestre, n’y des dieux. Actuellement, en matiere biologique, notre structure ADN est 2 fois moin grande que celui des vegetaux, la pauvreté genetique, ainsi que la depense d’energie pose un réel probleme d’aptitude physiologique face a notre environnement. Au dela de la psychologie et le bla bla, nous ne sommes que des machines biologiques obeissant aux regles dicté dans nos genes, quoi qu’ont en dise, tout ce que l’ont fait est des plus commun dans toute la vie. En matiere physique, nous depensons enormement d’energie pour pas grand chose, nous mangeons et rejettons enormement de dechet, nous sommes tres faible, comparé aux vegetaux qui ne generent que peut de dechet et capable de vivre tres, tres, tres longtemp, avec une capacité de gerer l’energie, c’est comme comparé la voiture electrique a celle a essence. NOus avons etabli que la Vie etait toute puissante, l’image d’un dieu, mais cela est faux, nous representons bien se dilemne, physiquement faible, expantionniste, beaucoup de dechet produit pour peut de resultat, une destruction de son propre biotope, incapable de generer de la progeniture qui evoluera dans le meilleur, mais repetant la meme erreur que les parents. L’Homme est la sacralisation de la vie, car nous sommes la creature la plus evolué qui n’est jamais existé. L’Homme, le meilleur ami de l’homme ? non, nous sommes simplement que des etres incomplets et surtout non viable. Dans cette course, la vie a pris le parti, de l’extreme quantitatif et non qualitatif Logique, ce qui amene la vie sur cette a disparaitre incessamant sous peut, c’est un fait qui devient chaque jour averé. C’est sa le grand secret, personne n’est responsable, mais tout le monde est coupable, mais c’est inconscient.


      • clostra 5 mai 2008 13:37

        Et bien : si ! nous pouvons être mauvais, à la différence des insectes et autres animaux qui nous entourent ! C’est même notre différence fondamentale !

        Celle de pouvoir être bons ou mauvais (et toutes les valeurs de -1 à +1 avec un coéfficient propre à chacun) et celle de reconnaître la différence entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. (voir le livre le plus lu dans le monde...), celle de reconnaître la/les différences (voir la real symbolique révélée lors d’un arc en ciel)

        Alors, oui, nous avons besoin d’être protégés parce que nous sommes les plus faibles de la nature et ne pouvons vivre sans les autres. Et Vive la Sécurité Sociale, première caisse de solidarité, son esprit mutaliste des premières heures, tout comme les tontines et autres belles inventions de l’humanité, instituées pour surseoir aux aléas de la vie en toute solidarité.

        Il reste que quand les gens n’ont plus de petit surplus, les tontines ne sont plus alimentées. Et quand la demande est trop forte, les tontines ne suffisent plus...

        Alors, avant que le capitalisme ne fasse des siennes (ce qu’il est en train de faire) avec cette manie qu’ont les banques de jouer nos économies, de nous les faire rentrer et sortir à leur guise, on pourrait accepter qu’une faible partie (mais proportionnelle) des intérêts alimente les caisses de solidarité. Et que sa gestion se rapproche des bénéficiaires : parce que si la Sécu est tout de même d’une utilité reconnue, que la santé est ce qu’on se souhaite chaque début d’année, sortis de là, chacun fait son petit fourbi de son côté sans trop se préoccuper de savoir s’il pourrait, par ses actes, moins piocher dans la caisse, par exemple en acquérant une véritable « culture de santé ».


      • pallas 5 mai 2008 13:53

        La difference de l’antiquité, Clostra, avant l’argent servai a acquerir le pouvoir, c’etait un outil. Aujourd’hui le pouvoir sert a acquerir l’argent, c’est le contraire des motivations, pour autant, il n’y a jamais eu d’epoque benite dans l’histoire de l’humanité, que sa soit de la prehistoire a aujourd’hui, car nous fonctionnons en matiere purement quantitatif et non qualitatif, c’est tout, c’est con, c’est bete, mais la vie raisonne ainsi. derriere le proces de l’homme, c’est la Vie elle meme qui est mis en accusation et qui se suicide, dont nous faisons parti, l’homme fait parti de la La vie ou la Nature, peut importe les mots.

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