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« La Grande Régression » (Jacques Généreux) : Décryptage (2ème partie)

Voici la suite annoncée d’un 1er article publié le 1er novembre 2010, qui résumait et commentait la partie du dernier essai de Jacques Généreux consacrée à la régression économique et écologique. « La Grande Régression » est un livre remarquable dont je recommande à tous la lecture et encourage réflexions et débat sur ce thème du modèle de société.

Attachons-nous à présent à suite de ce livre, consacrée à la régression sociale, morale et politique, qui accompagne la régression économique et écologique.

1- Un diagnostic clairvoyant, étayé par une analyse anthropologique

Pour comprendre l’évolution des sociétés humaines, depuis les sociétés primitives, puis traditionnelles, jusqu’aux sociétés modernes, post-modernes et même ce que l’auteur appelle « l’hypersociété », il nous faut remonter le temps, revisiter l’histoire. Jacques Généreux aborde le sujet par une approche anthropologique très intéressante, remonte aux motivations profondes de l’être humain et de ce qui le relie aux autres, à la société, pris dans une tension dialectique entre l’aspiration à la liberté, à l’autonomie, à une émancipation, et le désir de créer des liens sociaux, d’exister par l’autre, par les autres.

Il démontre que la société industrielle moderne était déjà dans sa genèse une formidable machine à dissocier et à dissoudre l’alliance entre les hommes. L’impulsion dominante du capitalisme pousse vers une « dissociété » plus individualiste, éclatée par la compétition et l’inégalité. Poussé à son extrême ces trente dernières années, le système capitaliste a été le théâtre d’une déconstruction des liens sociaux qui rassemblent les individus en communautés humaines et les communautés humaines en une grande société.

A cette « dissociété », l’auteur oppose une « société de progrès humain », du « bien vivre ensemble », cherchant à concilier la liberté (être soi-même), l’égalité réelle (égale capacité des individus) et la fraternité (être avec, par et pour autrui, en solidarité), c’est à dire l’idéal républicain, celui d’une république non seulement sociale, mais aussi durable et écologique, ne s’arrêtant pas au bien vivre de la génération présente mais s’attachant à la préservation des générations futures. La conciliation de la liberté et de la cohésion sociale passe selon lui par l’intensification de tous les liens sociaux. Or, la culture occidentale moderne et notamment néolibérale contemporaine, a ancré dans les esprit que liberté signifiait indépendance, des autres et des normes sociales. Une forme d’individualisme, d’affirmation de soi pour exister en propre indépendamment des autres, une forme libertaire et finalement égoïste de l’expression individuelle, aboutissant à une atomisation des individus, considérés séparément avec chacun son intérêt particulier. Une société d’hommes faite d’une juxtaposition d’individus indépendants, plutôt que d’individus liés entre eux. C’est là que réside une première erreur conceptuelle de cette culture occidentale néolibérale, un faux postulat selon l’auteur, car la liberté réelle ne signifie pas pour lui « indépendance » et par là isolement mais au contraire « une émancipation par des liens qui libèrent »,c’est-à-dire, d’après ce que j’en traduis, une liberté exprimant une prise de conscience et des choix personnels dans un environnement social qui passe par une immersion de l’individu dans des normes sociales, lui-même soumis à un conditionnement au sein de groupes, de communautés avec lesquelles il entretient des liens, prenant ses repères dans un système de référence et d’éducation, dont il pourra s’affranchir ou prendre de la distance après et grâce à cette immersion, à la manière d’un enfant qui, d’abord complètement sous l’emprise de sa mère, de ses parents, va progressivement s’en détacher en grandissant dans sa famille et en s’ouvrant progressivement à d’autres relations, d’autres groupes.

Différents cercles relationnels nous lient aux autres (famille, école-voisinage-amis, travail, associations, pays, religion, humanité dans son ensemble…), comme dans une spirale concentrique (p.198). Jacques Généreux décrit le délitement des liens auquel on assiste dans ces différents cercles mis chacun sous tension et contaminant les autres cercles de ses propres tensions. La spirale qui fonctionnait dans un sens ascensionnel, mue par une sorte d’énergie positive, s’est soudain fragilisée à partir des années 70-80 puis a inversé sa marche. Par exemple les tensions au sein de la famille, où l’enfant apprend à grandir et à s’épanouir avec des très proches, ont été favorisées par la poussée libertaire, la multiplication des divorces, l’introduction de la télévision dans les ménages, la plus grande permissivité, le relâchement de l’autorité parentale, notamment dans l’éducation des enfants devenue plus difficile,… Ces tensions se sont transmises à l’école, qui elle-même joue un rôle essentiel dans l’apprentissage du lien social, de notre rapport aux autres, lieu de confrontation à l’altérité, à la différence sociale et culturelle des individus. Les parents ont délégué une part de leur responsabilité et de leur autorité à l’école, la perte d’autorité s’et transmise aux professeurs, le délitement moral, la poussée libertaire, l’individualisme (l’enfant-roi, libre de ses choix) et l’utilitarisme grandissant d’un système de plus en plus asservi à la cause marchande, à la course aux diplômes, à la fabrication de producteurs-consommateurs aux ordres des marchés, plutôt qu’à la défense des valeurs républicaines et à la formation de citoyens intelligents (dont les marchés n’ont que faire !), a opéré une mutation des méthodes d’enseignement et même des programmes éducatifs : les moyens dévolus à l’école publique se tarissent, les sciences humaines et sociales non directement rentables sont dévalorisées, un semblant d’instruction civique n’est maintenue a minima que pour satisfaire une clientèle électorale qui exige un retour à l’ordre moral, alors que les entreprises privées de soutien scolaire fleurissent et sont cotées en bourse (dont seules les familles fortunées peuvent se payer les cours ou celles payant d’impôt sur le revenu bénéficier de déduction fiscale)… Les écoles publiques sont peu à peu remplacées par des entreprises de formation répondant aux attentes des marchés.

Pour Jacques Généreux, combattre le désordre moral suppose (p.234) :

1- une société décidée à replacer l’intérêt général du « bien vivre ensemble » au dessus de l’intérêt personnel,

2- une société disposée à investir en priorité dans l’éducation et l’accompagnement de ses enfants vers l’âge adulte et la citoyenneté.

Or, les politiques néolibérales font exactement l’inverse. Une phrase p.235 résume l’orientation de leur action : « les néolibéraux détruisent l’idée même d’intérêt général en faisant l’apologie permanente de la rivalité et du mobile de l’intérêt personnel, en déployant un système économique qui fait exploser les inégalités et qui ne profite qu’à une minorité dominante, en sauvant les prédateurs qui déclenchent le crises financières, en mettant tous les moyens de la puissance publique au service d’intérêts privés. » Lorsqu’elles invoquent la morale, ou la « moralisation du capitalisme » (qui est par essence amoral, sans morale du tout), c’est pure hypocrisie, pour détourner l’attention du désordre social, c’est un vœu pieu non suivi d’actions.

Or, une politique inégalitaire, injuste, qui favorise même les inégalités et engendre la pauvreté et la précarité, qui mène ainsi au désordre social, au développement de la violence, physique, verbale et comportementale (incivilité), de la délinquance, etc., développe aussi la peur et donc le besoin d’ordre, de protection, de sécurité. C’est pourquoi les gouvernements de droite qui promeuvent ces politiques gouvernent en même temps par la peur et favorisent les lois sécuritaires, répressives. « L’Etat pénitence mange l’espace et les moyens de l’Etat providence ». L’Etat gendarme enferme au lieu d’éduquer, lamine les libertés publiques au lieu de les protéger. Il a parfois même intérêt à nourrir la peur et fabriquer de l’insécurité, comme l’a fait l’administration Bush en fabriquant de fausses preuves démontrant la présence d’armes de destruction massive en Irak (on pourrait ajouter l’exemple des Roms, du discours de Grenoble de N.Sarkozy, rebondissant sur un fait divers pour associer insécurité et immigration et justifier une politique sécuritaire et d’exclusion). Or la peur de l’autre et le repli de protection sur des petits cercles de proximité, famille ou à défaut bandes de copains, sectes, … favorise le communautarisme ethnique et religieux (la quête du religieux retrouvant son sens premier, celui de relier les hommes), plus d’ailleurs par souci identitaire que motivé par la spiritualité et la foi.

La régression politique, traduite par des politiques de moins en moins au service de l’intérêt général et de la défense des valeurs républicaines, a aussi profondément atteint son fondement : la démocratie. « La presse ne joue plus son rôle de contre-pouvoir, les médias sont devenus une industrie marchande et un instrument redoutable de conditionnement psychique et d’embrigadement des masses, un authentique pouvoir mais sans le moindre contre-pouvoir »… « Les citoyens sont devenus plus bêtes, moins informés et moins autonomes ! Abrutis par la télévision, anesthésiés par la surconsommation, mal grandis dans un système scolaire sinistré par des décennies de néolibéralisme »… « La raison et la démocratie sont devenus des obstacles au déploiement de la cupidité des marchands et des gestionnaires de capitaux ». D’ailleurs beaucoup de citoyens ne s’intéressent même plus à la politique où l’on carrément rejetée par découragement et par dépit, par écoeurement des manœuvres politiciennes, des mensonges, des manipulations. Ils désertent les urnes et boudent la démocratie.

Face à ce constat, Jacques Généreux appelle les citoyens à un réveil, à une nouvelle Renaissance, celle du progrès humain.

 

2- Pour une nouvelle Renaissance, celle du progrès humain

Le titre de ce chapitre est prometteur. Hélas, sa lecture est décevante car plus que des propositions constructives nous indiquant un chemin à suivre pour faire évoluer le système vers un nouveau modèle, il est surtout un réquisitoire à l’égard des gouvernements qui se sont succédés dans ces trente dernières années, à gauche comme à droite, particulièrement critique envers les « pseudo-progressistes », les socio-démocrates, qui ont entretenu les mythes, qui se sont accommodés de l’économie de marché et en ont accéléré les effets dévastateurs en favorisant la dérégulation. Nos élites gouvernantes sont-elles atteintes d’une forme de « paralysie de l’entendement, d’asthénie de la pensée, d’aveuglement absurde » ? Ou bien sont-elles soumises au service d’intérêts particuliers d’une élite dominante ?

Quelques extraits (cités entre guillemets) :

Même ceux qui se proclament de « gauche », au Parti Socialiste, « dénoncent les symptômes mais pas la maladie, sans contester le système lui-même ». « Ils stigmatisent quelques méfaits de la mondialisation du capitalisme, mais pas le capitalisme ». Pas seulement les pseudo-progressistes en France mais aussi les Démocrates aux Etats-Unis, les travaillistes britanniques et toutes la social-démocratie européenne, n’ont rien fait pour contrarier la Grande Régression. « Ils l’ont même aggravée en Europe, en soumettant les nations, comme jamais, au dogme de la libre concurrence et au pouvoir de la finance »… « La gauche ne vise plus à transformer la société en vue d’un projet d’émancipation original ; elle cherche d’abord à gagner les élections ; elle vise ensuite la croissance économique nécessaire pour étendre les droits sociaux et la protection sociale »…

« Ainsi, à gauche comme à droite, la prospérité économique et l’expansion de la consommation deviennent les clés du bonheur des individus et de la société »… Finalement le clivage entre droite et gauche n’est plus si déterminant : « la gauche veut profiter de la prospérité pour réduire les inégalités, alors que la droite croit que trop d’égalité économique tue la croissance. Mais ce ne sont finalement que des débats techniques d’économistes ou de sociologues, qui portent plus sur les moyens que sur la philosophie et la finalité de l’action politique ».

Il est temps de mettre fin aux mythes et aux faux dilemmes :

- le mythe que « grâce à la croissance économique favorisée par le système capitalisme, le libre-échange mondialisé dans la compétition, soutenu par une financiarisation de l’économie, les individus pourront un jour satisfaire leurs besoins à satiété » ;

- celui que « chacun, tout en défoulant ses pulsions prédatrices dans la concurrence, contribuerait involontairement mais sûrement à l’abondance générale et, partant, à l’harmonie sociale » ;

- celui de « l’harmonisation spontanée des intérêts privés par les échanges, la pacification de rapports sociaux et internationaux par le doux commerce et le libre-échange, le marché libre autorégulé et dispensateur de tous les bienfaits individuels et sociaux ;

- « le faux dilemme, artificiellement construit sur une erreur anthropologique qui oppose les liens sociaux à la liberté, qui oppose la société à l’individu. Il convient au contraire de construire la liberté des individus grâce à la qualité et la diversité de leurs liens sociaux » ;

- enfin « le piège de l’Europe, qui souffre d’une démocratie affaiblie par des traités qui permettent d’établir des politiques publiques supranationales où les lois européennes priment sur les lois nationales, des lois initiées par la Commission européenne sans que les citoyens aient le pouvoir de les contester ou de les influencer par leur vote, des traités européens qui ont constitutionnalisé les politiques néolibérales, la libre concurrence généralisée, la libre circulation des capitaux et donc les pleins pouvoirs pour le capital ».

« Dans les faits, le capitalisme productiviste et le marché libre n’engendrent ni l’abondance, ni l’harmonie sociale »… »L’impasse productiviste, au lieu d’atténuer le dilemme engendré par l’impasse individualiste, ne fait que l’accentuer. Face à la déliaison sociale engendrée par le culte de la marchandise et de la compétition, les sociétés humaines retombent toujours sous l’attraction d’une restauration quelconque des liens sociaux, sous une forme communautariste ou étatique ».

 

Que propose l’auteur ?

Quelques lignes en fin du livre à partir de la page 267 : Une « nouvelle émancipation de l’humanité qui passe par une refondation anthropologique de nos conceptions de la liberté et de la société ». Une redéfinition de la liberté, qui ne serait pas « un désir d’autonomie au sens strict mais celui d’être libre de se lier aux autres, libre de choisir les modalités de son interdépendance naturelle avec les autres »… « L’émancipation passant par l’interaction ouverte des cercles relationnels, par le remplacement de liens aliénants par des liens qui libèrent ». Cette émancipation n’étant pas un mouvement naturel de l’humanité ; c’est un projet politique, un projet de civilisation ».

Pour cela l’auteur proclame que « la nouvelle république doit bannir autant le repli communautariste que l’homogénéité totalitaire (…) et s’engager dans le renforcement de tous les liens ». Une « révolution démocratique » qui devrait abolir la dictature de l’instant, de l’opinion et des médias imbéciles ou inféodés, qui devrait également nous prémunir contre le carriérisme politicien …

Il conclut qu’ « il ne reste quasiment plus un seul grand parti politique qui s’oppose à la régression. « Les citoyens ont le choix entre ceux qui organisent la régression, ceux qui l’accompagnent, ceux qui la déplorent comme une regrettable fatalité et les néofascistes qui font commerce du dégoût inspiré par les précédents. Pour autant il existe toujours des forces minoritaires dont l’offre politique pourrait, en théorie, répondre à la nécessité de bifurquer vers un autre chemin ».

L’auteur estime montrer par ce livre qu’une autre voie est possible et accessible. Qu’il suffit de le décider par son vote. Il ne cite à aucun moment le Parti de Gauche, dont il est co-fondateur avec Jean-Luc Mélenchon, mais l’appel au vote est bien évident.

Cependant, je reste sur ma faim concernant la description de « l’autre voie possible ».

 

3- Conclusion : une suite du livre sur les propositions alternatives ?

J’ai suivi l’auteur au fil de sa démonstration, de son argumentaire, sur son diagnostic, son constat des dérives destructrices et des dysfonctionnements du modèle de société actuel, que l’on peut appeler « néocapitaliste », déterminé sur le plan économique par l’économie de marché libre et concurrentiel dans la mondialisation et par le pouvoir des actionnaires, des détenteurs du capital, dont le moteur est le profit à court terme.

Concernant l’argumentation des causes de ces dysfonctionnements, je ne suis cependant que partiellement convaincue par l’auteur : il me paraît abusif d’attribuer les dérives du système au principe de « libre-échange » lui-même, de même qu’au pouvoir du capital. Le problème réside plutôt dans l’abus de l’utilisation de cet outil, dans la qualité des détenteur de ce pouvoir, de ce capital et dans les intentions de son utilisation, dans la mutation d’un capitalisme entrepreneurial visant une utilité économique et sociale vers une nouvelle forme de capitalisme, le capitalisme financier aboutissant à une financiarisation de l’économie, à une déconnexion entre les actionnaires et les entrepreneurs, entre les intérêts d’actionnaires financiers et ceux de l’entreprise, de son utilité sociale). Ainsi j’attribue les dérives plutôt aux excès, au manque de régulation d’un tel outil, ainsi qu’à une déculturation, une déresponsabilisation citoyenne, à un délitement des valeurs qui forge le lien social et l’adhésion aux principes de solidarité, à des contraintes et normes sociales (et environnementales) au profit de l’intérêt général.

Par ailleurs, je ne pense pas contrairement à ce que proclame l’auteur, qu’il y ait une volonté machiavélique d’une élite organisée, consciente des effets destructeurs du système, à le perpétuer, à développer chômage, précarité et inégalités, uniquement à son avantage. Je trouve nauséabonde une certaine théorie du complot de domination du monde (Trilatérale, Bildeberg, Le Siècle …) qui fleurit sur les blogs, qui entretient la peur et l’esprit de vengeance. Je déteste qu’on stigmatise des populations en faisant des amalgames, désignant d’une façon manichéenne les « bons » d’un côté et les « méchants » de l’autre, désignant les coupables : les riches, les banquiers, les médias, les hommes politiques, etc., faisant naître ou croître l’esprit de vengeance dans l’esprit des populations en souffrance, qui trouvent un défouloir aujourd’hui sur Internet, demain dans la rue et dans les urnes par un vote populiste de rejet qui ne sera pas forcément un vote d’adhésion à une reconstruction positive.

J’ai trouvé en conclusion du livre des recommandations visant à renforcer tous les liens sociaux et à redéfinir la notion de liberté, mais je n’ai pas trouvé les réponses en termes de modèle alternatif et d’actions concrètes pour y arriver. Faut-il abolir le libre-échange tant décrié ? Faut-il sortir de l’Europe, mais comment peser sur l’ensemble du monde, comment inscrire un modèle de société national différent dans la mondialisation ? En s’en protégeant (protectionnisme) ou en généralisant un modèle expérimenté d’abord dans notre pays ? Faut-il imposer une nouvelle gouvernance aux entreprises ou les inciter à une recomposition de leur actionnariat et à un nouveau partage de leurs profits (fiscalement, réglementairement,…) ? Concrètement, que répondre au chômeur, à l’étudiant qui peine à trouver un travail et un logement, à l’agriculteur ou à l’éleveur qui subit de telles baisse de prix du lait ou de la viande qu’il ne couvre même plus ses frais et ne peux plus vivre de son travail ? Que penseront-t-ils de recommandations sur un modèle de société qui vise simplement « l’émancipation par les liens qui libèrent » et la nouvelle définition de la liberté ?

Et surtout, la question essentielle : sur quelles valeurs appuyer le modèle idéal, donnant la direction du projet de société ? Espérons qu’un prochain livre de Jacques Généreux apportera des réponses à ces questions.

Notons que, même s’il ne le dit pas dans ce livre, certains mouvements politiques aujourd’hui encore minoritaires, en dehors du Parti de Gauche et du Parti Communiste, ont fait ce constat des dérives du système tout en formulant des propositions d’évolution importante du modèle, en repriorisant les objectifs. J’en vois principalement deux : les écologistes et le Mouvement Démocrate. Ce dernier, dans le courant de pensée humaniste et démocrate porté par François Bayrou, a entamé une profonde réflexion de reconstruction, de propositions de réorientation des priorités et des moyens d’actions, en partant justement des valeurs et en remettant l’homme, le progrès humain, au centre du projet. Il décrit les axes de ce modèle dans son projet humaniste.

Il appartient à toutes les formations politiques de définir leurs valeurs prioritaires, leur projet de société, avant de décliner un programme. Alors, il sera passionnant de faire un véritable débat public sur ce thème du modèle de société, et cela pourra redonner au citoyen l’envie de l’engagement politique et l’espoir d’un monde meilleur !

 

Merci en tout cas à Jacques Généreux pour son intelligente et passionnante contribution !


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16 réactions à cet article    


  • Jacques Généreux Jacques Généreux 8 novembre 2010 13:46

    Je salue avec reconnaissance ce bel effort de lecture et de restitution de mon travail. Je me conterai ici d’apporter quelques précisions concernant les trois principales interrogations ou réserves développées dans le point 3 - Conclusion.

    1°) la théorie du complot.
     Il n’y a rien de tel dans mon livre. J’aime à dire qu’une des phrases les plus importantes de mon livre (sur le plan méthodologique) est la suivante : « A défaut de pouvoir sonder leurs intentions personnelles, l’analyse rigoureuse doit souvent se contenter de déceler la logique poursuivie de fait par les gouvernements » ( La Grande Régression, page 237). Nul procès d’intention donc (nous ne « voyons » jamais les intentions), juste des faits et des effets des politiques managériales et des politiques publiques. J’ajoute que dans mon analyse, le règne de la cupidité et le déchaînement du pouvoir prédateur des gestionnaires de capitaux sont un moment particulier et un effet d’un mouvement d’ensemble des sociétés modernes qui dépassent largement la force et la volonté de leurs acteurs singuliers.

    2°) Quel autre modèle ?
     L’auteur de cette riche analyse écrit : « je n’ai pas trouvé les réponses en termes de modèle alternatif et d’actions concrètes pour y arriver ». Eh oui en effet, on ne trouve pas toute l’oeuvre d’un auteur dans un seul livre, ni le traitement de tous les sujets dans chaque livre ! Dés le premier chapitre de La Grande Régression, le lecteur est prévenu du fait qu’il ne trouvera pas ici la description de l’autre société possible, primo, parce que ce n’est pas le sujet du livre, secundo parce que j’ai traité cette question en 400 pages (excusez du peu !) dans « L’Autre société » (précédemment publié sous le titre Le Socialisme néomoderne, et dont une nouvelle édition sous le nouveau titre paraitra en poche en février, coll. Points-Essais, Seuil).

    3°) Quelles valeurs ? 
     Même réponse que ci-dessus. L’Autre société (chap.8, près de 100 pages tout de même) montre comment les connaissances contemporaines sur le fonctionnement des êtres humains et des sociétés humaines, permet de refonder précisément tous les principes politiques, économiques et sociaux qui devraient guider une « Société du progrès humain ».

    La Grande Régression n’est que le troisième opus d’un travail engagé depuis dix ans pour opérer une refondation anthropologique rigoureuse de la philosophie politique et des sciences économiques et sociales (et ce ne sera pas le dernier). Si ce dernier livre apporte une pierre nouvelle à l’édifice (analyse des dynamiques progressistes et régressives à l’oeuvre dans les sociétés humaines), il constitue aussi une forme d’introduction à, ou de vulgarisation de l’analyse développée dans les deux ouvrages précédents. Plus léger et plus accessible, La Grande Régression est un livre qui peut être lu sans avoir lu les deux autres et qui a même été en partie écrit précisément pour cela. Pour un lecteur plus exigeant, bien sur, La Grande Régression est une invitation à lire l’ensemble et ne peut être rigoureusement évalué quand le re-situant dans cet ensemble. Jacques Généreux


    • Francis, agnotologue JL 8 novembre 2010 13:55

      @ Marianne, ne croyez pas que l’on boude votre article, ce serait une erreur. Pour ma part, si je n’en dis rien c’est parce que, ayant lu avec enthousiasme « La Dissociété » je suis impatient de trouver le temps de lire le nouvel ouvrage de Jacques Généreux, que je salue ici chaleuseusement.


      • Marianne Marianne 8 novembre 2010 14:41

        Merci à Jacques Généreux pour son commentaire. Je lirai avec intérêt « L’autre société » à paraître en février.
        Je tiens à préciser en effet que la « théorie du complot » ni même le mot « complot » n’était sous sa plume. C’est le fait de se déclarer convaincu qu’une volonté machiavélique d’une élite organisée, consciente des effets destructeurs du système, à le perpétuer, à développer chômage, précarité et inégalités, uniquement à son avantage, qui nourrit la stigmatisation de certains groupes, abusive par amalgame, et qui déclenche ou entretient chez les lecteur un esprit de vengeance qui alimente une forme de haine.


        • missionaryman missionaryman 8 novembre 2010 15:30

          Bon, on est quand même au royaume des idées là...entre le pays des bisounours et les évangiles (ceux du gentil jésus hippie).
          Le capitalisme débridé qui ne vise que les intérêts d’une minorité d’actionnaires est évidemment condamnable (ça s’appelle le darwinisme social), mais que peut-on y faire, vraiment, à part des déclarations d’intentions et de magnifiques vociférations ?
          « L’ombre » du progrès, progrès qui a quand même amélioré la vie d’une grande partie de l’humanité, c’est la surpopulation qui en résulte. A la croisée des XIXe et XXe siècles la population mondiale était de 1,6 milliards d’individus, pour 6 milliards maintenant.
           Le tissu social dans un monde petites villes et villages, avec des moyens de locomotion restreints, favorisait les relations sociales. Ayant été élevé dans une petite ville de province, je peux vous dire que dans ce monde là, tout le monde se connait, vous ne faites rien sans que tout le monde soit au courant, l’anonymat inexistant ,et les militants anti-caméras ne pourraient rêver pire que ce « meilleur des mondes ».
           Comme tout les utopistes, vous vous référez à une monde idéal qui n’a jamais existé, et chaque fois que l’on a voulu imposer un monde d’amour et de fraternité, ça a mal fini : révolution française, révolution bolchevique, ect...
           Je vous rappelle, au moins pour la France, que si la situation économique était plus florissante il y a trente ans, toutes les générations de français ont connu la guerre jusqu’en 1962, dans cette même société riche de liens sociaux que vous nous décrivez...
           Et franchement,le fait de ne plus avoir à faire la guerre apporte tout de même beaucoup dans une existence.
           Vous décrivez en fait les problèmes d’une époque, qui sont réels et préoccupants j’en conviens, mais dans un monde de bientôt 8 milliards d’individus, où les machines et les ordinateurs tuent le travail, que faire ? Vraiment, concrètement..
           


          • kiouty 8 novembre 2010 17:33
            Décryptage (2ème partie)
            Et ta soeur elle fait du decryptage aussi ?

            Comme Dugue aujourd’hui et tant d’autres les jours precedents, vous etes ridicule avec vos mots a la mode qui ne veulent rien dire.


            • ddacoudre ddacoudre 8 novembre 2010 22:48

              bonjour mariane

              il y a beaucoup a dire, j’ai écrit en 1999 un essaie sur le même thème rappelant que toute société évolue et que l’homme n’existe que dans le regard de l’autre et que le développement harmonieux d’une société est un acte culturel ou il faut apprendre petit a petit qu’il n’y a qu’une espèce humaine à laquelle nous appartenons tous, mais qu’il ne nous est pas donné de comprendre de manière inné. s’il en est ainsi c’est que la possibilité des deux mode de réalisation doivent correspondre a la nécessite que suggère l’environnement que nous subissons et sur lequel nous avons une action qui le réorganise. saisir quand il faut passer de l’un a l’autre est affaire de pression « sociétale » qu’elle s’exprime par la raison, l’idéologie, l’intelligence, ou la guerre.

              j’ai eu l’occasion d’écrire que l’axiome d’adam smith, avait trouvé sa finalité et que la pollution a fait la démonstration que l’intérêt individuel ne concourt pas mieux à l’intérêt collectif que s’il avait conscience d’oeuvrer en ce sens. en fait l’étude de l’évolution d’une société par l’individu est aussi fausse que celle par son seul comportement collectif.
              anthropologiquement nous sommes soumis à la sédentarisation qui a engendré la concentration humaine qui est à la fois source de conflit et de violence et source de créativité.

              il n’y a effectivement personne qui dirige notre évolution, nous vivons dans l’illusion de disposer du libre arbitre, alors que nous ne répondons qu’aux sollicitation de l’environnement et des effets que nous lui infligeons en le modifiant tout comme tous les autres animaux. sauf que nous nous mesurons la conséquence de nos effets car la nature n’a pas le temps de digérer notre pollution.

              or conscient de cela nous ne cessons pas pour autant d’en produire et ce n’est pas la bonne conscience de quelques pays qui vont changer la donne mondiale, car malgré que nous disposions des technologies viables pour y palier nous mesurons son utilisation non a l’efficacité mais au surcoût qu’elle engendre et si elle est financièrement rentable. l’intelligence consisterai a faire une dissociation financière pour les surcoûts écologiques, pour les sortir du domaine marchand.
              nous en sommes incapables soumis à ce que j’appelle les dominants systémiques que sont « la loi du marché », les théories d’économies capitalistiques, qui contrairement a ce que tu espères ne peuvent pas se « sociabiliser », il ne cède qu’au rapport de force.
              c’est pour cela que je dis toujours que nous en sommes encore au servage libéralisé, et que j’ai écrit en 19999 ceci :".....

              Nous pouvons convenir que lorsqu’un particulier prend l’initiative d’un investissement créatif, il est normal qu’il dispose des revenus et profits de ce dont il est le propriétaire.

              Mais lorsque son projet doit utiliser l’aide de tiers, alors c’est lui qui est demandeur ; et c’est une évidence que de comprendre que sans ces aides, il ne parviendrait pas à ses fins.

              De fait une collaboration s’impose, et si le propriétaire veut être le maître absolu de ses décisions, s’il veut disposer du fait du prince, alors il doit rester seul. Dans tous les autres cas il y a une collaboration à imaginer pour que le propriétaire conserve les profits de son investissement et atteigne ses buts, sans s’approprier ceux générés par les tiers. L’histoire de l’impuissance collective a conçu des maîtres plutôt que des guides. Le reconnaître ne la rend pas irréductible ; et si le code civil a analysé en 1804 la « marchandisation » de la force de travail comme du « louage de service », donc du marchandisage, je pense que depuis 1804, il est intervenu bien des événements culturels (développement des sciences) qui nous permettent de concevoir notre activité de travail complexes entre adultes culturalisés, comme une relation humaine, et non un conflit d’intérêt.....« 


              ceci ne se décrétera pas, pour y parvenir il faut que les événements qui y conduisent s’élaborent alors même que nous n’en avons pas conscience, certain se mettent en place mais trop lentement par rapport à ceux annonciateurs du déclin.


              tu reproches à Généreux de ne pas proposer de solutions, c’est tout a fait normal nous sommes toujours a la recherche de l’être salvateur qui n’existe pas hormis dans notre désir de se laisser vivre en espérant q’un »autre" assumera la charge de guide, Obama vient d’en faire l’amère expérience ceux qui l’ont élu croyaient au père noël.


              notre réussite nous la devons au Savoir et au Savoir faire, c’est la seule richesse inépuisable que nous possédons, son parcourt fut long et plein d’embuche notamment quand le savoir était soumis au dogmatisme de la théologie comme d’autre l’ont été au communisme et comme le notre est sous le joug des dominant systémiques financiers, comme si les résultats comptables étaient une vérité absolue codifiant la loi du marché dans nos échanges.


              la mondialisation a verrouillé la possibilité d’un état de s’extraire de ce processus sans perte et fracas, delà les solutions sont restreintes, elle ne peuvent que jaillir de l’intelligence des humains sous réserve qu’on les instruises et qu’on les émancipe, pour cela il faut créer des Universités pour adultes pour qu’il partagent leur temps entre le travail le loisirs et l’apprentissage du Savoir dont il retirerons un revenu, afin de développer les événements qui engendrerons la nouvelle société ou civilisation d’ont je n’ai aucune idée. c’est pour cela que j’avais intitulé mon essai rémunérer les hommes pour apprendre.


              cordialement.




              • Marc P 8 novembre 2010 23:08

                Ces idees m’attirent vers le vote partis de gauche... Toutefois tous ces développements disons economico anthropologiques me paraissent par trop le signe d une approche excessivement matérialistes, la personne n’est pas au centre ou la cible bénéficiaire des remises en question de ce que l on vit actuellement... Ce sont des systèmes qui sont pensés pour être rendus plus efficacement profitables à l ensemble des participants ou des exclus de l’action-activite cohesion dynamique sociale... Je regrette un manque d’attention aux besoins profonds lorsqu ils sont légitimes de chacun d’entre nous...
                Trop matérialiste, pas assez facteur d empathie et d acces a l alterite...
                Pour faire un mot maladroit et mauvais, la generosite de lintention est trop intellectualisée et pas assez cordiale voire empreinte d abnégation ; la bride these, antithese synthese ou fadaise plombe et crispe l’esprit du projet... cf « l’’âge de l’empathie, Frans de Waal »
                Cdlt
                Marc P


                • À Mehdi Thé OuLaLA33 9 novembre 2010 01:13

                  Un bon point pour vous Marc P.


                • Marc P 9 novembre 2010 12:41

                  Merci oulala33 pour votere video stupefiante mairie 18ieme je crois, on en redemande et cet elu écolo est un héros...
                  cdlt
                  Marc P


                • paul 8 novembre 2010 23:57

                  Dans la partie 3 de l’article, son auteur écrit :« il me parait abusif d’attribuer les dérives du système au principe de libre-échange lui même, de même qu’au pouvoir du capital ».

                  C’est en contradiction avec ce que disait J.Généreux à l’occasion du débat sur la constitution européenne : « ou bien la concurrence est libre, et alors elle s’en trouve inévitablement faussée,
                  ou bien celle ci n’est pas faussée mais alors elle ne saurait être libre ».
                   Corriger les excès et le manque de régulation de cet outil (le capital, le libre-échange ? ) parait
                  pour le moins utopique, comme vouloir moraliser le capitalisme et les marchés .

                  Plus loin l’auteur écrit aussi « je trouve nauséabonde une certaine théorie de complot de domination du monde qui fleurit sur les blogs ...et entretient la peur et l’esprit de vengeance »
                  Là, ce n’est plus de l’utopie, mais une grande naïveté ou un déni réalité . Dénoncer des théories de complotistes, fait penser à d’autres débats...nauséabonds .
                  Des personnes très influentes dans le monde de la finance, de la politique, ou des médias, se cooptent pour se réunir régulièrement ,généralement dans la plus grande discrétion ,
                  vous en pensez quoi ? Je doute que vous soyez ignorante à ce point sur le sujet .


                  • kemilein 9 novembre 2010 00:10

                    deux articles d’une rare qualité issu d’une oeuvre encore plus grande (merci à vous cher jacques généreux, notamment pour avoir autant de talent et le mettre au service d’une « noble » cause en ces temps d’individualisme)
                    deux interventions encore une foi, d’une rare qualité.

                    impatient d’être en février pour me faire la « collection » Dissociété et l’Autre, dont ce cher jacques parlait deja dans un débat (video) sur l’émancipation.

                    un grand merci.


                    • FYI FYI 9 novembre 2010 03:04

                      « en mettant tous les moyens de la puissance publique au service d’intérêts privés » c’est la définition du fascisme.
                      Concernant vos propos sur la théorie du complot, elle est aussi pertinente que les affirmations d’autres personnes concernant la main mise sur les merdias il y a encore 5 ans, personne n’y croyait, apparemment il y a désormais unanimité. Il apparaît qu’il vous faut encore du temps pour intégrer le fait que des groupes oeuvrent contre l’intérêt général ce qui est la définition du complot.
                      Maintenant ce n’est pas parce que la majorité d’entre vous n’y croient pas (encore), que la raison vous embrasse. J’ai toujours constaté malheuresement que la majorité a toujours tort, il suffit de prendre acte de l’élection du présent président de la république, ce qui dénote de l’incroyable déliquescence des gens.
                      Concernant M. Genereux, est-il conscient par exemple que M. Mélenchon est un franc maçon ? Faites attention à qui vous octroyez votre confiance, la désinformation font parti du quotidien...


                      • kemilein 9 novembre 2010 12:21

                        Le grand architecte l’oeil qui voit tout
                        bouuuuuuuuuuuh ca fait tellement peur...


                      • FYI FYI 9 novembre 2010 17:06

                        @kemilein
                        Dites avez-vous déjà travaillé pour au moins 2 sociétés du CAC40 ?

                        Avez-vous remarqué que l’organistion structurelle est la même ...
                        Désormais le système financier est mondialisé, il a bien fallu un organe centralisateur, etc ...
                        C’est sous votre nez mais vous vos argument c’est « boooouuuh », alors boooouuuh tjrs tebé du net.

                        Votre soucis est que vous êtes un larbin, pas conscient.


                      • sisyphe sisyphe 9 novembre 2010 10:21

                        Article intéressant, de même que l’oeuvre (et la réponse) de Monsieur Généreux, dont l’analyse est tout à fait pertinente.. 


                        Je n’ai pas lu les ouvrages de Monsieur Généreux ; pourtant, devant la difficulté de proposer des solutions, il me semble qu’il en existe, et que la première d’entre elles, est, évidemment, un changement des règles du jeu du néolibéralisme, par le biais d’une réforme monétaire  ;(ici celle préconisée par Maurice Allais, récemment disparu) qui redonne le pouvoir de création monétaire aux états (par l’intermédiaire de banques centrales contrôlées), et le supprime au secteur privé. 

                        Chacun sait que qui détient l’argent, détient le pouvoir ; aussi, tant que cette réforme monétaire ne sera pas entreprise, le pouvoir restera aux mains de ceux qui ont délité tout lien social et érigé l’individualisme consommateur et la division en mode de fonctionnement. 

                        Redonner le pouvoir aux états, par le biais de la création monétaire (et donc l’évitement de la dette, qui les enchaîne aux usuriers privés), c’est refonder le processus démocratique, que le capitalisme néolibéral démantèle par le biais de la mondialisation, c’est restaurer la souveraineté des états et des citoyens, c’est réinstaurer les liens sociaux, supprimer la loi implicite du chacun-pour-soi, et de la compétition entre individus, au bénéfice d’un projet commun, nécessitant la solidarité, et le soutien réciproque. 

                        Le capitalisme n’est ni moral, ni immoral ; c’est une machine a-morale, dont le seul but est la création indéfinie de richesses ; le problème, c’est que, sous la forme qu’il a pris depuis maintenant une quarantaine d’années (abandon de l’étalon or, puis accords de la Jamaique en 1976), il est devenu un système de production d’inégalités, d’exploitation de le très grande majorité au profit d’une minorité, un jeu (comme dit plus haut) à somme nulle, où ceux qui gagnent ne peuvent le faire qu’au détriment de ceux qui perdent. 

                        Il s’agit donc d’en changer le fonctionnement, en changeant les règles du jeu, en supprimant au privé (banques, organismes financiers, assurances, bourses) leur mainmise absolue sur l’argent, en le restituant aux états démocratiques, en fonction de leurs besoins, et en mettant l’ensemble du secteur privé sous dépendance : impossibilité de création monétaire, prêts avec intérêts, fin des paradis fiscaux, taxes sur les fruits de la spéculation, mise hors spéculation des produits de première nécessité, etc.... 

                        Reprendre les rènes du système, au profit des citoyens, par l’intermédiaire de la maîtrise de création de l’argent. 

                        Je suis extrêmement étonné que pratiquement aucun parti ne revendique cette mesure fondamentale, fondatrice d’un nouvel équilibre, quand elle apparaît la plus évidente. 

                        Je ne sais pas si le parti de la Nouvelle Gauche propose cette mesure ; toujours est-il qu’il faut, plus que jamais, constamment, incessamment, l’avancer, la porter à la connaissance du plus grand nombre, pour nourrir l’espoir que les citoyens arrivent à l’imposer à un système où les maîtres du jeu, devenus fous de leur propre puissance, jouent l’avenir des hommes à la roulette de leur avidité sans borne... 

                        REFORME MONETAIRE  ; donc ; (ici celle proposée par Bunzl et Robertson) avant tout autre chose, et en urgente priorité. 

                        • kemilein 9 novembre 2010 12:28

                          « Je ne sais pas si le parti de la Nouvelle Gauche propose cette mesure »

                          oui elle le fait, avec en complément la sortie du traité de lisbone pure et simple et une renégociation des traités qui nous emmerdent (et nous empêchent) pour notre patrie SOCIALE (dixit la constipation)

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