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La logique et la raison

La logique est un système de pensée basé sur le raisonnement, dans le but de satisfaire à une argumentation. Les limites de ce système sont évidemment dépendantes de celles de la raison, et donc par extension de celles du contexte philosophique, culturel, religieux, moral, politique, juridique, historique, géographique, scientifique, enfin tout ce qui concoure à la formation de cette raison. Je ne vais pas m’attarder ici sur la définition de la raison, qui on l’aura compris possède presque autant de définitions qu’il y a d’individus, et défendre mon point de vue ne serait pas raisonnable…

Mais il n’en demeure pas moins que la raison est pour chacun un concept positif, et ce malgré la multitude de sens qu’elle peut avoir, c’est à dire même au cas où elle signifie pour certains le contraire de la raison, ou son absence. Cela signifie donc que les hommes sont tous, d’instinct si j’osais, d’une manière ou d’une autre doués de raison, et donc susceptibles d’atteindre aux mystères de la logique.

Par exemple, il peut être logique pour certains d’expulser les roms des camps illégalement occupés, car leur raison les incite à respecter les lois, qui interdisent de violer la propriété. Mais pour d’autres, il semble tout aussi logique de les laisser s’installer sur des places données ou prêtées par l’administration, ou de faire modifier les lois pour qu’ils puissent s’installer dans certains lieux prévus à cet effet. Les deux propositions étant toutes aussi raisonnables, et logiques.

Par contre, et même s’il est tout à fait logique (du point de vue juridique)de vouloir expulser les roms installés illégalement, cela est-il pour autant raisonnable, sachant que d’un pays à l’autre ces « gens du voyage » se déplacent « de par le fait », et ne veulent ni ne peuvent prétendre à aucune installation nulle part ?

Et est-il logique, dans le cas où on leur proposerait raisonnablement de s’installer dans un lieu fixe (c’est à dire en payant eau et électricité, impôts locaux et taxes diverses), de continuer à les appeler « gens du voyage » ? est-il logique d’exiger d’eux des papiers en règle pour régulariser leur situation, régularisation qui passe par la recherche d’un emploi stable et d’un lieu d’habitation fixe, deux conditions qui ne sont possibles à satisfaire qu’une fois régularisés ?

Face à ces contradictions, la logique et la raison vacillent, mais cela est tout à fait normal : ces apparents paradoxes sont aisément explicables, car ils sont le résultat de la complexité humaine, complexité qui oppose deux logiques, deux raisons opposées et toutes deux unies dans l’homme : selon que l’on réfléchit en terme d’intérêt individuel ou en terme d’intérêt collectif, deux raisonnements sont également acceptables, en ce sens qu’ils sont tous deux aussi logiques.

Ainsi il est logique que les pauvres meurent de faim d’un point certain point de vue, car la raison explique que la rareté pousse à la concurrence, et que seuls les meilleurs réussiront à survivre, comme une sorte de sélection naturelle. D’un autre point de vue, on peut considérer qu’il est illogique que les pauvres meurent de faim, car ils n’ont rien fait pour le mériter. Victimes de leur contexte mais frères d’humanité, ils devraient se voir offrir la possibilité de vivre décemment, au nom des principes d’entraide et de partage qui fondent la différence fondamentale entre le règne de la nature et la condition humaine. Cela signifie que si nous nous plaçons du point de vue de l’intérêt collectif, notre raison nous pousse à vouloir de la justice ; mais du point de vue de l’intérêt individuel, notre raison nous indique qu’il faut des plus faibles pour qu’il y ait des plus forts.

Malheureusement, et depuis l’apparition du capitalisme, certains économistes ont voulu réconcilier nos deux natures en s’emparant d’un des plus gros mensonges de l’Histoire, la fameuse « main invisible » d’Adam Smith, qui théoriquement affirme que la somme des intérêts individuels concoure à l’intérêt général. Comme si devenir égoïstes et individualiste était le moyen le plus sûr de faire un partage juste, comme si la morale se réconciliait enfin avec l’amoral, nos gouvernants se sont emparés de cette supercherie pour nous donner une raison supérieure aux contradictions humaines : celle de la logique financière, l’argent. Le culte de l’argent, le conditionnement à la société de consommation, la propagande éhontée servie sur les bienfaits d’un individualisme qui servirait l’intérêt collectif ont si bien servi leurs défenseurs qu’aujourd’hui il devient difficile de penser, de raisonner autrement que selon les critères de cette raison supérieure, de cette logique implacable qu’est le capitalisme.

Mais si l’Afrique est pauvre, c’est parce qu’elle n’est pas rentrée dans l’histoire, ou parce qu’on a tout fait pour l’en empêcher ? Si les attentats sont chaque jour plus nombreux en Afghanistan et en Irak, s’arrêteraient-ils si à la place on aidait financièrement ces pays au lieu de piller leurs ressources ?

Et si au lieu de les aider financièrement, on les aidait à ne plus avoir besoin de notre argent ?

Nous sommes tous tellement conditionnés par notre manière de penser que nous nous sommes enfermés dans une logique qui n’est acceptable que parce qu’elle fonctionne dans le cadre d’une raison supérieure inculquée, et qui est pour le moins sujette à caution : les résultats sont visibles au présent. Mais si nous sortons de ce cadre et partons du point de vue inverse, c’est à dire que l’intérêt général doit permettre la satisfaction de l’intérêt individuel, alors les possibilités d’accorder sa raison avec la logique nous sont offertes : il n’est pas logique que des enfants meurent de faim quand quelques hommes se croyant raisonnables les affament, même logiquement. Il n’est pas logique que des communautés entières soient stigmatisées pour leur couleur de peau, leur sexualité ou leur mode de vie. Il n’est pas logique que sous des prétextes fatalistes on se soumette au système capitaliste qui nous exploite. Il n’est pas logique qu’on laisse, depuis des siècles, des hommes avides de pouvoir et d’argent nous diriger, surtout lorsqu’ils nous prennent notre argent et exercent leur pouvoir contre nous.

En supprimant le conditionnement qui nous force à une logique individualiste, tout devient alors possible : il devient logique de nourrir tout le monde sans distinction, de respecter notre planète, nos cultures et nos différences, il devient logique de partager les connaissances, les ressources,les techniques et les technologies. Il devient alors illogique de vouloir se battre pour être le plus riche, ou le plus fort. Illogique aussi d’accepter de choisir la couleur des chaînes, alors que nous pourrions nous en passer.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr


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3 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 18 août 2010 12:28

    Je constate (crois constater) qu’il y a un « ordre établi » dans nos sociétés, ou Système, c’est à dire la mainmise de quelques centaines de familles qui « règnent »et se maintiennent par personnes interposées : les politiques.
    Et les différentes théories, évidemment surtout libérales, Smith, Friedmann et autres, servent D’ABORD LEURS INTERETS.


    • slipenfer 18 août 2010 14:32

      Le nouvel ordre mondial

      une vidéo récapitulant les éléments-clés de la Mondialisation à l’heure actuelle…


    • silversamourai silversamourai 18 août 2010 21:42

      Bonjour,
       
      la logique et la raison sont des outils.

      La lutte se situe donc sur les valeurs à promouvoir .....

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