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Accueil du site > Actualités > Société > La perversion du message de Noël

La perversion du message de Noël

Ça y est. Les fêtes de Noël approchent. Et avec elles les inévitables cadeaux pour la famille et les amis. Une orgie de dépenses qui me paraît de plus en plus inutile, vaine et vide de sens. J’y pense en ce milieu du mois d’octobre car, ayant une petite fille de 2 ans, l’heure est, à l’initiative de ma compagne, à l’écriture de la lettre au Père Noël. Au menu, lecture approfondie des catalogues de jouets qui arrivent en masse dans nos boîtes aux lettres et longue conversation téléphonique avec la belle-mère pour savoir si les cadeaux choisis sont pertinents. Je déteste Noël pour ces choses-là. S’en plaindre, c’est passer pour un réactionnaire insensible à la magie de Noël. S’en plaindre, c’est aussi enfoncer une porte ouverte et disserter sur un vieux poncif. Tant pis.

Cette orgie consumériste - orgie qui ne servira d’ailleurs qu’à faire grossir les étales des vide-greniers de plus en plus à la mode en ces temps de pouvoir d’achat en berne - est symptomatique de l’époque où nous vivons. Il faut avoir pour être. Nous avons été élevé et élevons nos enfants, je le ferai remonter aux années 70, dans le culte du bien matériel, au toujours plus, à la surenchère des cadeaux. Il faut que l’enfant dispose de la panoplie complète : la dernière console de jeux, le dernier jeu à la mode, de la poupée au circuit voiture en passant par le tableau à la craie selon les âges. Au fil des innovations techniques, on assiste à l’inflation de la panoplie avec le lecteur MP3 ou vidéo, le téléphone mobile de plus en plus tôt, le mini-PC pour son éducation, et bientôt la tablette numérique. La liste est longue.

Or, tout ceci n’est qu’une perversion du message de Noël qui s’est installée insidieusement à la faveur de l’hégémonie du capitalisme et de la consommation de masse des trente glorieuses. Jésus n’est-il pas né en effet dans un milieu modeste ? Le culte de l’amour n’est-il pas le seul commandement de Jésus par-delà toutes autres considérations : "Aimez-vous les uns et autres comme je vous ai aimés" ?

Or, nous privilégions aujourd’hui l’avoir à l’être, les biens matériels aux sentiments, aux émotions humaines et nous dit-on c’est bon pour l’économie, vital diront certains. Pis, nous savons pertinemment que tous ces biens ne sont plus produits dans nos pays mais principalement dans les pays asiatiques par des ouvrières pour quelques poignées de dollars. C’est une question de pouvoir d’achat nous permettant d’en acheter toujours plus. "Chéri, j’ai pris ça aussi pour compléter, c’était vraiment pas cher". Toujours est-il que ma fille déballera encore cette année une vingtaine de cadeaux entre les parents, grand-parents, oncles et tantes, amis. Est-ce bien raisonnable ? Alors, quel message ou quelle attitude adopter ? Un peu de mesure dès aujourd’hui ne serait que bénéfique. Mais je pense plutôt à une réflexion de fond. Avons-nous besoin de tout cela ? Le plaisir d’offrir et le plaisir de recevoir se résument-ils à un bien matériel ? Cherchons-nous à remplir inlassablement le vide creusé par notre société du divertissement ? Souffrons-nous d’un déficit d’idéal, d’espoir, de combat, de sens, de politique peut-être ? A quand une société du qualitatif et non du quantitatif. Il appartient à tous d’en décider ; j’ai quant à moi déjà décidé.


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13 réactions à cet article    


  • Halman Halman 21 octobre 2010 10:35

    Noël sert surtout de prétexte aujourd’hui aux gens à faire la foire jusqu’à 4 heures du matin en hurlant, se saoulant, tapant dans les murs, cassant la vaisselle, régler ses comptes et faire la morale aux autres en faisant chier les voisins, racontant n’importe quoi en beuglant sur la politique, et passer des heures à jouer à la wii.

    Et finir ivres avec une bouteille à la main, ne tenant plus debout et se vautrant par terre tous les deux pas.

    Et ils diront qu’ils ont passé des fêtes geniales, qu’ils se sont bien éclatés.


    • RoseAssec Rose49 21 octobre 2010 13:30

      Oula la !

      Tu fais une sacrée généralité. Peut-être que chez toi, ça se passe comme ça, mais ce n’est pas le cas dans toutes les familles.
      Ou alors, je sais pas moi, tu confonds avec le réveillon du premier de l’an ?!?!
      En tout cas, pour ma part, Noël, c’est avant tout se retrouver en famille.
      Personne ne hurle, ne se saoule, ni ne casse de vaisselle, aucun règlement de compte non plus.

      Je suis d’accord sur le thème de cet article. Noël est devenue une fête commerciale, cadeaux obliges. C’est devenu notre culture maintenant que la religion n’est plus autant présente. De là à dire que c’est un prétexte pour foutre le bordel ... il y a un grand pas...
      Ou bien, je suis complètement à l’Ouest et ma famille est unique et par là même, exceptionnelle.

    • Litha Litha 21 octobre 2010 10:39

      Ici on adore Noël, on a toujours adoré Noël. On a jamais cru au père noël, on savait que c’était la famille qui offrait, du coup la personne qui offre a aussi le plaisir de la reconnaissance.

      Comme on est beaucoup et que chaque couple offre un cadeau a tout le monde (max 10-15€ sauf pour notre maman et conjoint) on dépasse de la moitié le sapin.

      On invite un ami si on sait qu’il est seul pour Noel et on lui offre aussi un cadeau.

      On prépare cette réjouissance longtemps à l’avance. Bien sur on pourrait dire que c’est commercial, sauf qu’au final on fait en sorte que cela revienne pas trop cher.
      Et puis comme pour les enfants qui sont capable de jouer plus longtemps avec l’emballage qu’avec le cadeau, au moment du dessert on se fait des batailles de boules de papier cadeau, vu qu’on a rarement de la neige.

      Ce que tu fais comme souvenir à ta petite dépend de toi, tu peux soit faire qu’elle se dise, cool plein de cadeau d’un père noël ou bien chouette ma famille autour de moi, moi aussi je vais offrir quelques choses et faire des dessins pour tout le monde.
      Car un cadeau c’est plus le sentiment qu’on met dedans que sa valeur marchande.


      • UltraLord 21 octobre 2010 14:12

        Tout à fait, Noël est un prétexte pour se retrouver tous ensemble.

        Pour ma part, j’habite loin de ma famille, je n’ai pas de voiture, et le train c’est le bazar pour y aller. Du coup, je ne vois pas régulièrement ma famille.

        Noël, c’est le prétexte chaque année pour revoir à peut être tout mes oncles et tantes ainsi que mes parents et grands parents. C’est le seul moment où j’arrive à les voir tous ensemble.


      • vfcc 21 octobre 2010 13:48

        "... Or, tout ceci n’est qu’une perversion du message de Noël qui s’est installée insidieusement à la faveur de l’hégémonie du capitalisme et de la consommation de masse des trente glorieuses. Jésus n’est-il pas né en effet dans un milieu modeste ? Le culte de l’amour n’est-il pas le seul commandement de Jésus par-delà toutes autres considérations : « Aimez-vous les uns et autres comme je vous ai aimés » ? « 

        Ouille, des que je voie de la religion ca me fait tiquer.
        Le »message de noel« que vous aimeriez supplanter le »commercial", me fait bien marrer. Par ce que l’origine selon vous serait le christianisme.

        Vous parler de récupération, mais savez vous ceci ? La religion chrétienne a évoluée au fil du temps et a dû s’adapter à son environnement. Initialement la fête s’appelait les saturnales où l’on célébrait une autre divinité Saturne.

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Saturnales
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_Invictus_%28religion%29


        • Raphaël 21 octobre 2010 14:05

          C’est plus un raisonnement par l’absurde par un athée convaincu que l’apologie de la religion. Quoi que l’on pense de la religion, elle avait au moins l’intérêt de t’instituer une certaine morale dans notre pays de tradition judéo-chrétienne. Or, pour reprendre les mots de Jean Baudrillard (voir La sociéte de consommation) : la consommation est devenue la morale de notre monde.

          Sur l’origine de la date du 25 décembre, il me semble qu’il s’agit d’une récupération par les chrétiens d’un tradition païenne qui célébrait le retour de la lumière (solstice d’hiver) et non des saturnales.


        • vfcc 21 octobre 2010 18:20

          Yep, c’est une erreur. Rassurant, au moins vous avez été lire les liens.

          Concernant l’institution de « morale » des religions ca aussi ca me fait marrer.
          La morale, ce qui est bien ce qui est mal, c’est relatif à la personne. Tout le monde a une vision différente.
          Ceux qui parlent de morale sont souvent des hypocrites, « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
          Les religions veulent toujours convertir d’autres gens à leur « morale », « leur vision des choses ».

          Raisonnement par l’absurde vous dites ? Mais quelle est la « victime » qu’il faudrait préserver moralement de la fête de noël tel que nous la connaissons aujourd’hui ? Les êtres humains qui perdent leur « morale » a cette période de l’année ? Ca fait du mal a la planète par ce que l’on consomme plus a cette période de l’année ?
          Offrez ou n’offrez pas de cadeaux, ca vous regarde. Si l’article n’avait contenu aucune indication religieuse je l’aurais regardé autrement. Avec, j’ai juste l’impression que c’est du prosélytisme.


        • Raphaël 21 octobre 2010 20:59

          Navré que vous y ayez vu un prosélytisme pour la religion et le retour de sa morale. Je m’interroge en fait à la fin de l’article sur un certain vide laissé par les religions, un manque de sens, un vide à combler. Une morale qui serait devenu une morale de la consommation. Et être athée n’empêche pas de s’interroger sur l’importance qu’ont eu les religions.
          Je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous dites que la morale est relative à la personne. Elle ne vaut certes qu’individuellement mais universellement. En pratique, il y a des morales différentes selon les époques, les mœurs, l’éducation, le milieu social. Mais plus par déficit de connaissance.


        • UltraLord 21 octobre 2010 14:05

          Noël, c’est cool. Mon beau fil a écrit tout seul sa liste au père Noël. Il veut une « vaoiture de le pimpier » et un « fraon » (NDLR : pharaon). Voila, ça, c’est la magie de Noël. On s’en rappellera et on lui rappellera.

          Maintenant, Noël, c’est naze. C’est une fête consumériste au possible, un concours au plus de cadeaux, et aux plus gros. C’est une arnaque financière sous couvert de générosité ...

          Mais au lieu d’acheter 20 cadeaux en chine, vous pouvez aussi regrouper les achats et plutôt offrir moins de cadeaux qui pourront peut être être produits moins loin, plus français, plus bio, plus ce que vous voulez.

          Pour moi, Noël (comme tout le reste) est ce qu’on en fait. Je déteste l’aspect consumériste de la fête, et rappelle souvent que je ne veux pas de cadeaux (allez, une boite de chocolat à 5€ histoire de ... mais pas plus). Par contre, j’ai une petite fille de 9 mois, et je sais que je me rappellerai de tout ses Noëls et de toutes les listes au père Noël qu’elle fera. Je sais aussi que je préfère faire que d’acheter. Alors mon beau fils a eu en retard une véritable cabane dans le jardin faite de récupération. Et cette année, je dois lui tailler une épée en bois.

          Le tout, finalement, est d’être au clair avec soi même. Le reste en découle simplement.


          • Raphaël 21 octobre 2010 14:20

            Entièrement d’accord sauf par le fait que « le reste en découle simplement ». J’ai plus l’impression que nous faisons partis des marginaux et qu’il est plus difficile de prôner le moins ou le plus qualitatif porteur de sens que l’orgie consumériste. Comment expliquer un enfant ou a fortiori à sa maman et aux grand-parents que avoir toute la panoplie n’est pas nécessaire ?


          • UltraLord 21 octobre 2010 16:50

            Cher Raphaël,

            Je suis assez d’accord avec Jean. Mes parents connaissent mon point de vue. Comme ils ne sont pas stupide et que j’ai réussit à leur expliquer, ça ne leur pose pas de problème.

            Maintenant, quand les gens ne comprennent pas, la première étape est la discussion. La seconde, effectivement plus brutale reste celle de Jean : imposer. Mais après tout, chez soi, on a le droit d’être qui on veut et de faire ce que l’on veut dans la mesure où on ne nuit à personne.

            En dernière nécessité, dans mon cas, c’est simple, le message est transmis à toute la famille. La maison est petite, alors les gros cadeaux pas cher, au bout d’un mois, c’est dans le jardin, et au bout de deux, c’est aux encombrants ...

            Et puis la finalité, c’est vos enfants. Les nôtres ont appris à jouer avec les emballages des cadeaux. Après, ce qu’il y a dedans, ils s’en foutent royalement. Mis à part un cadeau bien choisi une fois de temps en temps, ils n’y tiennent pas. D’ailleurs, on fait les encombrants, alors ils ont déjà des tonnes de jouets. Maintenant, pour chaque jouet qui rentre, c’est presque un jouet qui sort.

            Bref, soit vous éduquez vos enfants au qualitatif, et alors ils n’auront aucun problème avec moins de cadeaux mais plus de qualité. Soit vous tombez dans le consumérisme, et vous croulez sous une tonne de paquets et de jouets, auxquels vos mômes joueront une fois au mieux ...

            Mais je crois simplement que c’est le manque de temps et de courage qui conduit au consumérisme. Vous envisagez être marginal. Je pense que les gens sont assez d’accord avec ce que vous dites. Seulement, se cotiser pour acheter un gros cadeau, il faut du temps, une idée, s’organiser ... Et c’est ça le hic. Il faut faire plein de cadeaux à tout le monde, parce que ça se fait. Alors il faut faire vite, on a pas le temps.

            Vous n’êtes pas marginal. Vous avez simplement fait le choix de prendre votre temps pour vivre comme vous pensez que vous devriez. C’est un choix courageux, mais je ne dirai pas qu’il est marginal.

            Cordialement,


          • Marc Bruxman 21 octobre 2010 19:56

            Avant on fétait le solstice d’hiver. C’était une fête paienne, les Cathos sont venus, on a plus fété le soleil mais Jesus et ca se fesait à l’église. Aujourd’hui, on fait toujours la fête le même jour, on ne fête plus Jesus mais la consommation, la fête se prépare au centre commercial et se déroule à la maison. 


            Au XXème siécle, les commerçants ont pris le pouvoir. Ils ont instaurés le Samedi comme jour de priére qui se déroule dans un centre commercial car on ne leur a pas laissé le faire le même jour que les Cathos. 

            Comme quoi, les dieux changent, les grandes dates restent ! A Noel, les jours recommencent à grandir, n’est ce pas une (bonne) raison de faire la fête ? 

            Joyeux Noel à tous ! 


            • LE CHAT LE CHAT 21 octobre 2010 22:20

              t’es en retard , maintenant les jours de messe sont les mardis , et les fidèles entonnent les cantiques antisarko et anti medef ! avec moult drapeaux rouges pour le folklore ! smiley

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