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La police municipale de Nouméa veut se débarasser de ses brebis galeuses

La police municipale de Nouméa, la 5ème de France en effectif, défraie la chronique locale depuis des années en raison de ses grèves à répétition, de son indiscipline notoire, de son efficacité très contestable, de certaines de ses bavures... Malgré la désignation de directeurs expérimentés issus de la Police ou de la Gendarmerie, les tentatives de réforme ont toujours échoué. Après des années de laisser-faire et de connivence, le maire décide enfin de sévir et de punir plusieurs policiers municipaux pour un acte de désobéissance collective commis en 2008. La poignée d’agents concernés crient à la « répression syndicale » et veulent organiser la « riposte ». Derrière cette agitation dérisoire se profile un problème beaucoup plus grave qui engage, d’une certaine façon, l’avenir des libertés publiques en Calédonie.

Du 28 Novembre au 4 Décembre 2008 une vingtaine de policiers municipaux appartenant à la "sécurité-ville" (une sorte de BAC locale chargée surtout de nettoyer la ville de ses SDF et alcooliques) a mené une grève sur le tas - sans respecter la réglementation en la matière - qui a duré une semaine. Il s’agissait en fait d’un véritable acte de désobéissance collective suscité par les habituels meneurs : une demi-douzaine de gradés pratiquant le nomadisme syndical et dont le but plus ou moins avoué est le refus de toute hiérarchie d’origine métropolitaine et, au-delà, le rejet de tout changement remettant en cause leurs pouvoirs, leurs avantages (horaires, primes..), leurs méthodes de travail etc....
 
Par malchance, pendant que ces agents jouaient aux cartes au poste, un jeune homme se faisait battre à mort par des voyous sur la Place des cocotiers, c’est-à-dire devant la Mairie, en plein centre ville, à 300 mètres du siège de la Police Municipale... Cela faisait désordre, même pour le Maire de Nouméa et son adjoint à la sécurité, JP GUILLEMARD, qui "couvraient" depuis des années les comportements de ces "cow-boys" directement issus du vivier RPCR, c’est-à-dire de la clientèle du député LAFLEUR, le parrain politique calédonien, celui dont l’avis préalable "faisait " l’affectation de tel fonctionnaire ou bien suscitait la disgrâce de tel autre .
 
Après un long processus disciplinaire 2 meneurs viennent d’être révoqués et quatre autres sanctionnés moins gravement par le Maire.
 
Cette affaire s’inscrit dans un contexte particulier : est-il possible de réformer la police municipale de Nouméa  ? Un nouveau directeur issu de la Gendarmerie s’y essaie depuis un an ; s’y opposent une vingtaine d’agents issus de la "Sécurité-Ville" et appartenant aux syndicats les plus revendicatifs ( Fédération des Fonctionnaires et SCTNC) .
 
Jusqu’alors le Maire de Nouméa Jean LEQUES (UMP, âgé de plus de 80 ans, en place depuis deux décennies) a pratiqué un double-jeu fait de déclarations d’intentions musclées sur le respect de la loi et l’ordre et, parallèlement, d’un laxisme frôlant la connivence avec les syndicats les plus revendicatifs (appartenances syndicales changeant au fil-du temps, des jalousies inter-individuelles, des ambitions personnelles, des intérêts particuliers ). A sa décharge son adjoint à la sécurité, Jean-pierre GUILLEMARD, placé là par M. LAFLEUR pour surveiller le Maire, ne lui a pas facilité la tâche en accaparant toutes les affaires de police, en y plaçant ses hommes, en créant des syndicats-maison, et en instrumentalisant d’une façon éhontée les policiers municipaux recrutés par ses soins...
 
Son adjoint ayant été écarté lors des dernières municipales, le Maire a retrouvé une certaine indépendance d’action, à ne pas confondre avec le courage politique dont sont dénués la plupart des élus locaux, prisonniers de leur affairisme et de leur clientèle.
 
Quoi qu’il en soit le Maire s’est décidé à sévir enfin et, indirectement, à conforter son directeur de la Police Municipale de Nouméa afin de lui permettre de poursuivre ses projets de réforme.
 
Ceux-ci sont loin d’être acquis ! Il faut savoir que cette police (les critiques locaux la considèrent toujours comme une "milice") municipale n’a toujours pas de statut à l’image de ses homologues de Métropole. La Loi sur les Polices Municipales n’a toujours pas été rendue applicable en Calédonie par les politiciens locaux ( pas plus que par l’Etat ). Elle agit donc, dans certains domaines, en dehors de tout cadre légal. Un seul exemple (oh combien significatif) : elle n’applique aucun code de déontologie. Par ailleurs la formation de ses agents est une palinodie ( un mois de formation interne) , ses statuts exorbitants du droit commun de la fonction publique territoriale métropolitaine, son système de primes et d’avantages divers à la limite du scandale !
 
Pas plus l’Etat, que la Chambre Territoriale des Comptes, ou même la justice quotidienne ne paraissent s’intéresser à une telle structure qui va, de l’avis général, à vau-l’eau depuis des années.
 
Si l’on prend un peu de champ, l’épreuve du passage d’une structure partisane, fonctionnant au favoritisme, à une structure démocratique n’est-elle pas l’exemple-type d’une certaine problématique calédonienne dans le domaine de l’accès au droit et à l’exercice des libertés ?

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6 réactions à cet article    


  • leypanou 30 juin 2010 11:21

    Qui est ce qui avait dit déjà que la France est une république bananière ? Je suis certain que les faits que vous dénoncez existent un peu partout dans beaucoup d’institutions mais personne n’en parle. Il faut seulement espérer que votre article va faire évoluer les choses. Les mauvaises habitudes sont difficiles à changer et il faut vraiment un grand courage politique ou même courage tout court pour que cela évolue. Il est en effet probable que tous ceux qui tiennent au statu quo vont tout -tout n’est pas exagéré- faire pour faire capoter les réformes et maintenir coûte que coûte leurs privilèges. C’est le devoir du vrai journaliste de dévoiler ce genre de choses. C’est aussi le devoir du citoyen attaché à une vraie république de fournir les informations car les journalistes ne sont pas/ne peuvent pas être partout. Agvx permet de savoir autre chose que les informations filtrées -thèmes et présentations.


    • asterix asterix 30 juin 2010 15:57

      Une des premières, si pas la première condition d’une démocratie, c’est d’avoir une police incorruptible. A cent pour cent, c’est impossible mais à 95 pour cent, c’est parfaitement réalisable.


      • Massaliote 30 juin 2010 16:58

        « désobéissance collective » ? Laurent Blanc, voila des recrues. smiley


        • Saint Martin de Tours 4 juillet 2010 03:08

          Avé Scipion ! L’agora de la police municipale tremble sous la rumeur : le grand déballage n’est pas loin.... parait-il...pour l’instant, les légionnaires grognent et bavent pendant que le Centurion se tient -comme d’habitude- loin du Champ de Mars... mais ne désepérons pas... ces grands guerriers savent faire la tortue... à moins que ce soit l’autruche ? ou le roquet chihuahua ?


          • titus poulo 5 juillet 2010 11:08

            L’éloignement de la métropole explique que depuis le début cette milice municipale, en l’absence de tout référentiel pertinent, s’est auto-persuadée de sa supériorité et de sa perfection.
            Les fonctionnaires qui la composent sont des gens du pays, qui ont du vécu, qui connaissent la population et le moindre endroit, et donc n’ont nul besoin de formation, qui par définition s’impose aux ignares.
            Le problème est que dés que les choses commencent à s’améliorer et l’autonomie des roitelets est quasi acquise, la mairie leur impose un nouveau directeur de métropole, qui donc forcément n’y connait rien, qui n’a évidemment jamais fait de terrain de sa vie, qui pense que c’est par le travail que les choses se font, et que la loi parisienne est parfaitement adaptée au caillou : graves erreurs !
            Alors il faut régulièrement faire bloc pour expulser l’intrus et on perd du temps alors qu’on pourrait continuer à vivre tranquille.
            Mais là, cette fois-ci ce sont les roitelets qui sont expédiés en exil, alors finalement, ils trouvent que ce n’est pas si marrant de se faire virer ... c’est vraiment bon que pour les autres !


            • médipole 10 décembre 2014 04:56

              On traite certains policiers municipaux de brebis galeuses, ce sont ces agents que l’on insulte qui ont remis de l’ordre dans Nouméa pendant dix ans, on ne les a pas critiqué à l’époque, bien sûr les élus municipaux récoltaient les lauriers. Tout fonctionnait à merveille jusqu’au jour où le changement de Directeur a tout bouleversé. En effet, le premier patron de la Sécurité Ville parti à la retraite fût remplacé par un gendarme en détachement, et là, tout changea, ce nouveau directeur se laissa embobiner par des agents qui ne connaissaient rien au travail de voie publique, trop habitués à arpenter les couloirs de la police municipale. La Sécurité Ville a alors perdu de sa valeur par le fait qu’un nouveau patron se retrouve dans un cocon façonné par quelques policiers désireux de se faire bien voir. Il est vrai qu’avec le premier Directeur, cela ne marchait pas. J’ajouterai pour finir que vous ne devez pas toujours prendre en compte tout ce qui peut être écrit sur la police municipale, seulement je peux vous dire qu’il y a beaucoup de mensonges. 

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