La Police n’a plus les moyens d’assurer ses missions
Récemment, des syndicats de police ont manifesté leur mécontentement, se plaignant entre autres, du manque de moyens. En cela, leur démarche parait la même que dans les années précédentes, du moins de prime abord.
Mais en y regardant de plus près, lorsque l'on s'intéresse non plus seulement aux faits divers qui deviennent de plus en plus inquiétants par leur violence et leur multiplication, mais quand on observe l'action de la Police face à la délinquance, alors le constat est accablant.
Que peuvent les forces de Police et de Gendarmerie, face à l'explosion de la délinquance en France, alors que leurs moyens matériels et leurs effectifs ne cessent de diminuer pour des raisons budgétaires, et que la politique du chiffre a démoli le sens même du travail de policier ?
Il est facile de constater lorsque l'on dépose plainte dans un commissariat de l'état de dégradation des locaux ; et aussi de l'absence de moyens car il faut souvent passer par une attente de plusieurs heures avant de pouvoir être reçu pour faire sa déclaration.
De plus, concernant la présence policière sur la voie publique, on peut déplorer pareillement un manque de réactivité de la part des forces de l'ordre. L'exemple du tireur Abdelhakim Dekhar qui a visé des journalistes en plein PARIS et qui a commis successivement plusieurs agressions sans être interpellé lors des faits est révélateur.
Cette situation critique résulte en grande partie de la Réforme Générale des Politiques Publiques qui avait pour objet de réduire les dépenses dans les administrations, notamment par le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Certes, il y a eu des économies réalisées entre 2007 et 2012 de l'ordre de 12,3 milliards d'euros, mais comparé au 41,9 milliards d'euros qui se sont ajoutés à la dette de la France au seul deuxième trimestre 2013, ces économies paraissent bien minces.
Par contre, les conséquences de la RGPP sur les forces de Police et de Gendarmerie ont été dramatiques ; les réformes de structures, ont mené à la disparition pure et simple de services entiers, ce qui a contribué à la désorganisation de ces administrations.
Le recrutement des policiers a également souffert sur un plan quantitatif du fait de la réduction des personnels mais aussi sur un plan qualitatif à cause du recrutement d'adjoints de sécurité qui ont remplacé pour partie les gardiens de la paix.
La politique du chiffre qui a été imposée, a également porté ses effets néfastes. En novembre 2009, le secrétaire général du syndicat SGP M.COMTE déclarait ::" ...c'est le Gouvernement qui impose des quotas d'interpellations... qui impose le nombre de garde à vue comme indicateur essentiel de l'activité des services...."
Le président du syndicat de la magistrature M.BONDUELLE déclarait pour sa part en janvier 2011 que les Commissaires de Police touchaient des primes en fonction du nombre de garde à vue réalisées par leurs services et il ajoutait :"...cela motive à placer en garde à vu y compres les gens qu'on aurait pas dû placer en garde à vue..."
Cette politique du chiffre a eu pour effet de congestionner les services de police et de démotiver les personnels réduits à fournir des statistiques. Elle a eu également pour effet de contribuer à la dégradation de la sécurité dans son ensemble, car les missions de base de la police que sont la recherche des malfaiteurs et la sécurisation de la voie publique ont été négligées.
Mais d'autres facteurs viennent encore nuire à l'action de la police, comme par exemple la mutualisation des moyens et des véhicules. Dans un même commissariat, les moyens en véhicules et autres matériels commes les radios, sont mutualisés, c'est à dire partagés entre différents services. Cela bien évidemment produit des perturbations dans le bon fonctionnement des missions de police qui sont retardées.
Ainsi on peut mieux comprendre l'exaspération des syndicats de police qui s'inquiètent de cette situation.
Pour retrouver une Police efficace et présente sur le terrain, il devrait y avoir une réflexion prenant en compte les spécificités des secteurs, et non plus une simple recherche visant à résuire coute que coute les dépenses au détriment de la sécurité des français.
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