• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > La Thérapie arrive chez vous

La Thérapie arrive chez vous

Si les approches historiques de la thérapie restent dans une rigidité thérapeutique, d’autres approchent, plus récentes bien que datant des années 50, se sont adaptées à la modernité actuelle, aux changements familiaux, de mode de vie ; à la société moderne.

Si l’un des changements est l’apparition des thérapies dites brèves, en opposition à la psychanalyse durant de nombreuses années, un autre changement moins visible mais néanmoins important est la relation avec le patient ; les approches deviennent plus interactives, demandant au patient de s’investir par ses actions. Une des facettes de cette évolution est la possibilité qu’à le thérapeute de se rendre chez le patient.

Se déplacer chez le patient était impossible par le passé car il était indispensable de créer un lieu « a-contextualisé » ou le thérapeute sortait la personne de son univers pour qu’elle se retrouve dans un lieu « neutre ». Ces idées de neutralité dans les relations, et de zone décontextualisée, ont été battues en brèche par toutes les études montrant qu’il est impossible de ne pas communiquer.

Alors qu’elles sont les raisons qui permettent de réaliser des thérapies à domicile. Il existe d’une part un élément non thérapeutique ; l’évolution de la société, du service à domicile, sur place, le temps devenant un élément critique.

D’autre part, si certaines conditions sont nécessaires, une thérapie à domicile permet d’avoir une vision contextualisé de l’environnement de la personne (ce que font depuis longtemps les travailleurs sociaux) et donne des informations supplémentaire, que le thérapeute devra vérifier lors des entretiens. Les approches systémique et brève, sont dans l’interaction avec le patient, et ce qui devient important est alors la qualité de la relation patient-thérapeute, car il existe toujours un contexte qui influe sur la relation.

Dans bon nombre de cas, surtout avec les enfants, cela permet de « dépathologiser » la situation, le problème du patient afin qu’il ne porte pas une étiquette de psychologiquement instable. C’est donc plus facile d’approche.

À cela, il faut cependant rester vigilant à quelques risques. Le thérapeute doit rapidement prendre la pleine mesure de l’influence de l’environnement sur le patient. Une personne qui n’est pas en sécurité dans sa propre demeure restera sur ses gardes. Le respect de la confidentialité de ce qui est dit doit être encore plus préservé, aussi il faut s’assurer que la personne est seule ou, si c’est un problème de couple, ou avec un enfant, qu’il est possible en toute discrétion de s’entretenir avec les différents protagonistes en sécurité. Enfin c’est au thérapeute de faire la part supplémentaire de travail pour que la qualité de la relation soit optimale ; pas de téléphone, d’enfant à aller surveiller, de dérangement supplémentaire.

Le domicile peut donc être un lieu thérapeutique à partir du moment où le thérapeute tiens un cadre stricte et que l’environnement n’est pas en lui-même la source du problème. C’est aussi une approche moins chronophage et plus dans le mode de pensée actuel d’un bon nombre de personnes. C’est ouvrir la thérapie à des personnes qui n’auraient jamais osé franchir le pas d’un cabinet thérapeutique.


Moyenne des avis sur cet article :  3/5   (6 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • easy easy 10 septembre 2011 19:13

    Je vois deux sortes de cas.

    Soit le patient est très névrosé quel que soit son contexte (pour le dire vite, Samir Nacéri sera à peu près aussi prompt à exploser n’importe où). Et en ce cas une thérapie appliquée à lui seul, surtout s’il a plus de 30 ans, me paraît suffisante.

    Soit le patient n’est hystérisé que dans un certain contexte. Et là, il faudrait, mais c’est très, très délicat, traiter le groupe qui forme ce contexte.


    • OlivierParent OlivierParent 10 septembre 2011 19:52

      Bonjour,


      Concernant votre dissociation en deux cas, je suppose que le pré-supposé derrière est que dans le premier cas, le problème est intrinsèquement lié à la personne alors que dans le second cas le contexte est partie prenante au problème... ?

      Nous arrivons à un carrefour ou plusieurs bases théoriques vont s’opposer : les approches historiques et classique vont voir les deux situations comme ayant une source intra-psychique. Les approches dérivant de Palo-alto et de la systémique, mettront en avant le fait que le contexte existe toujours, qu’il est impossible de s’en extraire et que dans les deux cas, le problème n’est pas intra-psychique mais dans l’interaction entre la personne et son environnement.

      Aussi, si je comprends parfaitement votre dissociation en deux catégories, il me semble que dans tous les cas, c’est l’interaction qu’il faut travailler. Après je dirais que c’est une question de protocole. Certaines écoles voudront voir les acteurs du systèmes et travailler avec eux, d’autres vont chercher les acteurs les plus demandeurs du changement, d’autres uniquement avec la personne déclarée patiente. 

      Par rapport à l’article vous avez raison de souligner indirectement que la thérapie à domicile n’est pas la panacé universelle. Elle s’adapte plus à certains dysfonctionnement et comme je l’indiquais, il est important que le thérapeute vérifie si le contexte ou se passe la thérapie influe de façon importante sur la personne.
      Dans votre premier cas comme la personne peut exploser n’importe où que ce soit au domicile, ou en cabinet cela revient donc au même non ?
      Dans le second cas, je pense que le mode d’action va dépendre du thérapeute surtout.

      Merci de votre réaction enrichissante.

    • easy easy 10 septembre 2011 20:42

      A mon sens et sauf cas d’anomalies structurelles et biochimiques, je ne crois pas qu’un individu ait des problèmes phychologiques absolument intrinsèques. Un individu ayant passé toute sa vie sur une île déserte ne présentera pas de problèmes comportementaux et ne se sentira souffrir de rien en zone psychologique.

      Toujours à l’exclusion des pathologies physiques, les problèmes psys ne viennent que de la vie à deux, à trois surtout et bien entendu en groupe, en société.

      Je suis convaincu qu’un 100% Robinson, le jour où il voit un navire pour la première fois, il n’y accorde aucune attention et l’a oublié dans la minute qui suit. Idem s’il voit soudain 12 étoiles s’aligner en cercle. Il ne réagit hystériquement que s’il voit un autre homme.

      Ce n’est que la présence d’un autre, d’un semblable, qui induit un énorme univers de pensées et de sentiments dont la peur, le désir, la curiosité, la morale, la confiance, la méfiance, l’abandon, la fidélité, l’amour, la haine, la projection, la générosité, la jalousie, l’introjection, la honte...( Le miroir, la photo, posent bien des problèmes aux primitifs)

      Nos problèmes sont donc d’abord liés à notre enfance et, au fil des années, au continuum de ce contexte originel (et continuum il y a très souvent, par un biais ou un autre. Rien que le fait d’être déclaré orphelin crée une situation continue, définitive)

      Cela posé, parce que les continuités ne sont pas toujours très puissantes ni très continues, une personne peut donc, vers 30 ans, élaborer des relations presque ab nihilo avec d’autres. 
      Si dans ces nouvelles relations, dans ces nouveaux contextes, la personne présente régulièrement des anomalies comportementales rendant ses relations difficiles, considérons que ses problèmes lui sont intrinsèques. Non pas au sens absolu mais au sens où quel que soit le milieu dans lequel on l’installe, elle manifeste les mêmes turbulences (on remarquera alors qu’elle pousse tous les nouveaux contextes à ressembler à son contexte originel)

      Si une personne n’est turbulente que dans certains contextes, peut-être parce qu’ils lui rappellent trop son contexte originel, on dira que son mal est poeu intrinsèque et c’est là qu’on devra traiter le groupe.

      Vous évoquez le possibilité que seuls certains acteurs du système dans lequel baigne le patient acceptent de travailler sur eux-mêmes. Et bien il se pourrait que ce soit déjà une excellente chose.

      En effet, dans un système à 5 personnes, si deux seulement sont traitées et pacifiées, ça peut avoir une influence pacifiante sur tout le groupe par mimétisme. Voir deux membres de sa famille se réconcilier, les voir vivre en préservant leurs marges mutuelles, nous indique la bonne voie à suivre et nul doute que nous la suivons.


    • OlivierParent OlivierParent 11 septembre 2011 12:22

      Vous touchez là, un sujet qui n’a de bonne réponse que celle que l’on croit vrai actuellement. La guerre des modèles et des paradigmes fait rage... Pour simplifier à l’extrême je dirais que c’est le choix entre : Freud & Descartes (linéarité, cause première, recherche du pourquoi) Vs. Palo-Alto & Einstein (circularité, interaction, recherche du comment).


      Certains pensent que tout est intra-psychique, d’autres pensent que tout est interactionnel et que un « problème » est une incapacité à répondre de façon adaptée (et cela en fonction de la norme de la société) à une situation.
      Rappelez-vous qu’il y a encore une petite cinquantaine d’années pour la psychiatrie (Cf. ancien DSM), l’homosexualité était une maladie psychiatrique... La société à évoluée, la norme à changé, et du coup cela est devenu dans la norme. C’est la norme (majorité) qui influe. 
      Comme vous le disiez un Robinson ne développe pas de maladie psychologique, de même que dans les pays du 1/3 monde la dépression n’existe pas. 

      Nous nous construisons avec notre histoire, la question n’est pas là. La question est de savoir si notre histoire décide de notre futur.
      Le clan Freud & Descartes aura tendances à attribuer notre action passée uniquement à notre construction intra-psychique que notre histoire aura élaborée. Le clan Palo-Alto & Einstein aura tendance à dire que ce qui importe est de comprendre comment il se fait (et quelqu’en soit la réponse) qu’une personne réagisse ainsi dans telle situation, et que ce sont les interactions et sa vision des choses qui nous permettrons de changer cela.

      Ou autrement dit : il n’est pas utile de comprendre pourquoi nous sommes tombé par terre pour nous relever. Une fois relevé, nous serons alors mieux placé pour se retourner et comprendre la raison, et trouver comment éviter de retomber.

      Mais nous nous éloignons du sujet de l’article bien que cette discussion est intéressante car obligatoirement subjective et nous oblige donc à comprendre les deux points de vue afin d’aller vers celui qui nous semble soit le plus logique, soit le plus efficace. Pour ma part le choix est fait depuis longtemps :)

      Merci encore une fois de faire vivre Agoravox par vos réactions.

    • Loup Rebel Loup Rebel 12 septembre 2011 12:35

      Bonjour Olivier Parent,

      Vous faite du prosélytisme pour votre chapelle ?

      Il y a quelques psychanalystes, en Suisse notamment, mais en France et d’autres pays également qui se déplacent chez certains patients, si besoin.
      Ne restez pas figé sur des images d’Epinal

      Vous dites par ailleurs :

      • Vous touchez là, un sujet qui n’a de bonne réponse que celle que l’on croit vrai actuellement. La guerre des modèles et des paradigmes fait rage... Pour simplifier à l’extrême je dirais que c’est le choix entre : Freud & Descartes (linéarité, cause première, recherche du pourquoi) Vs. Palo-Alto & Einstein (circularité, interaction, recherche du comment). ...

      Vous avez en partie raison, mais vous oubliez juste Jacques Lacan, à moins que vous ne l’ignoriez. Que dit le clan Lacan, selon vous ?

      Vous oubliez (ou ignorez) également les surréalistes. Prenez 5 minutes pour poser votre regard sur « La trahison des images », œuvre de Magritte exposée au Los Angeles County Museum.

      Sans parler de Jung, à qui l’on doit une immense contribution à l’histoire des religions et des croyances, et leurs interactions avec une autre réalité : la réalité psychique, et son miroir : le symbolisme et le langage. Ce qui a eu pour effet direct de faire un grand pas en avant dans la façon de soigner les psychoses. Même si l’on peut regretter que la psychiatrie traine encore un peu les pieds pour réformer certaines pratiques médicales archaïques.

      Cordialement

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès