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Le premier syndicat de l’enseignement professionnel aborde la problématique du harcèlement devant le recteur de l’académie de Corse

Le harcèlement moral au travail est encore tabou dans l’Education nationale. Le Snetaa-FO, premier syndicat enseignant des Lycées Professionnels, depuis peu affilié à Force Ouvrière, n’hésite plus cependant à aborder cette grave question ; y compris devant les responsables de l’institution scolaire. Retour sur l’audience de son bureau académique auprès du recteur de l’académie de Corse, le 5 novembre 2010, dont l’objet était un point sur la rentrée scolaire. Elle s’est déroulée en fin de matinée, dans les locaux du rectorat, en présence de : pour le Snetaa-FO, M. Moretti, M. Tartare, et M. Arnaud ; pour le rectorat, M. Barat, recteur, M. Nadizi, directeur de cabinet du recteur, et Mme Excoffier, secrétaire général de l’académie. Si le Snetaa-FO s’inscrit dans une démarche constructive, il n’en demeure pas moins vigilant quant à la situation des personnels, notamment lorsqu’ils sont victimes d’abus de la part de leur administration.

Le Snetaa-FO donne d’abord quelques informations sur l’évolution du Snetaa-eil : en particulier son affiliation à Force Ouvrière. Puis il intervient sur la rénovation de la voie professionnelle, et la nécessité de préserver le corps des Professeurs de Lycées Professionnels (PLP). Il relève des points positifs de la réforme des lycées : la revalorisation, avec le Bac Pro en 3 ans (qui se substitue peu à peu aux anciens BEP), des filières professionnelles par rapport aux filières générales ; et la refonte de programmes qui réintroduisent un seuil minimum d’exigences pour des élèves qui ont vocation à devenir des citoyens à part entière. Il demande si, dans l’académie de Corse, cette revalorisation des contenus pourrait être prolongée, comme cela se fait déjà ailleurs, par la mise en place d’heures de philosophie dans les filières professionnelles.
 
Le recteur se dit favorable à une telle mise en place et, d’une manière générale, redonne quelques éléments de pédagogie liés aux spécificités de l’enseignement professionnel. Il rappelle qu’il accueille souvent des élèves en difficultés qui, justement, ont sans doute plus besoin que d’autres de bénéficier d’un enseignement exigeant. A cet égard, il précise que le fait de « s’adapter » à eux ne doit pas devenir un prétexte pour renoncer à son niveau d’exigences.
 
Le Snetaa-FO s’interroge alors si, dans le fait même de transmettre des savoirs, les professeurs pouvaient compter sur le soutien de leur administration. Il attire l’attention sur le cas d’une enseignante d’histoire-géographie harcelée au travail dans un collège de Haute-Corse au cours de l’année scolaire précédente qui, au lieu d’être soutenue, s’est vue déplacée d’office dans un autre établissement. Elle n’a pourtant fait qu’appliquer les programmes dont elle avait la charge, et n’a commis aucune faute. Sa situation n’apparaît pour l’heure nullement clarifiée.
 
Le recteur tente de disqualifier l’enseignante en question en prétendant qu’elle avait « déjà eu les mêmes problèmes » dans d’autres affectations, et en mettant en cause la manière dont elle s’adresserait à ses élèves. Il cite des propos qu’elle leur aurait tenu, en s’appuyant sur « ce que les élèves disent ».
 
Le Snetaa-FO objecte toutefois que les affirmations concernant cette enseignante ne sauraient être fondées à partir d’un crédit excessif accordé à la parole de l’enfant, contre celle de l’enseignant ; la parole de l’élève devant effectivement être recueillie avec prudence. Il souligne en outre qu’il y a dans l’académie des précédents, indiquant que l’administration perd parfois de vue que le professeur est le référent pour rendre compte de ce qui se passe dans son cours. Il évoque un autre cas de harcèlement, dans lequel des pièces diffamatoires ont ainsi été glissées dans le dossier administratif de l’intéressé par un chef d’établissement, qui s’appuyait sur des dires d’élèves et sur la rumeur.
 
Le recteur l’informe du fait qu’il se serait intéressé à ce dossier (après que l’agent en question ait demandé à le consulter), et qu’il en aurait fait retirer des pièces.
 
Le Snetaa-FO attire l’attention, d’une manière plus générale, sur une dégradation des conditions d’enseignement et sur le problème du harcèlement. Il souligne que, fait rare, un enseignant de l’académie de Corse a par exemple démissionné (l’année scolaire précédente) et quitté la fonction publique ; il s’inquiète encore du fait qu’une telle dégradation pourrait, dans l’avenir, déboucher sur des cas de suicides en relation avec le travail. Il plaide pour la mise en place d’un groupe de travail académique, conformément aux préconisations du Bulletin Officiel (BO) du 8 mars 2007, sur les conditions de travail et le harcèlement moral au travail. Il rappelle qu’il ne s’agit pas seulement des professeurs, mais de la qualité de la vie professionnelle des divers personnels du service public d’éducation, y compris des personnels non enseignants. Puis il intervient sur la réduction des capacités d’accueil dans l’académie et sur la problématique plus globale des suppressions de postes.
 
Le recteur affirme défendre le maintien en place d’un certain nombre d’agents.
 
Le Snetaa-FO souligne enfin la nécessité de prendre en compte la loi relative au handicap dans les établissements scolaires de l’académie.
 
Le recteur observe cependant que l’aménagement des collèges et des lycées relève plus particulièrement des compétences de la Collectivité Territoriale de Corse (CTC) ; et il attire l’attention sur le fait que, suite à la récente modification de l’organigramme de cette dernière, il lui est difficile de savoir qui doit être son interlocuteur en la matière.
 
Votre serviteur
Retrouvez ce compte-rendu d’audience dans son contexte original sur http://generation69.blogs.nouvelobs.com/
 
Remarque : l’audience a été précédée de la réunion d’un groupe de travail sur la rénovation de la voie professionnelle, à laquelle participaient, pour le Snetaa-FO, M. Moretti et M. Tartare. C’est plus spécifiquement à cette occasion qu’ont pu être abordés certains problèmes posés par la réforme des lycées : la précipitation dans sa mise en œuvre ; le fait de confier aux enseignants de plus en plus de tâches administratives ; un risque de dénaturation des textes, consistant à leur faire dire ce qu’ils ne disent pas ; etc.
 

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