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Accueil du site > Actualités > Société > Le pseudonyme : La burqua de blogueurs

Le pseudonyme : La burqua de blogueurs

En voulant poster un commentaire à la suite d’un billet d’un blogueur en vue, quelle ne fut pas ma surprise de lire le message suivant : « les commentaires ANONYMES ne sont pas acceptés . Merci de prendre au moins un pseudonyme ». J’en oubliais immédiatement le sujet de mon commentaire, hypnotisé par cette formule épiphanique. C’est l’obscénité, la redondance naïve ainsi que la contradiction dans les termes qui met à nu l’évidence banale, instituée, des règles extrêmement contraignantes de l’expression de soi dans l’espace virtuel de la toile. L’obligation de prendre un pseudonyme.
 
Il ne faut donc pas parler en son nom mais s’en inventer un, et ce faisant l’individu échappe au destin de sa vie biologique, de sa généalogie. La narration de soi, car il s’agit bien de cela même à travers des billets d’actualité commentés jusqu’au vertige, est d’abord la volonté de se faire connaître tout en étant masqué. Il y a là curiosité surtout quand on évoque volontiers les blogs comme étant le futur de la nouvelle agora par excellence… On ne peut que s’étonner davantage lorsqu’on s’imagine des milliers d’anonymes armés de pseudos, protégés par leurs avatars s’organiser en force politique à travers le « No Sarkozy day » mais là encore il ne faut pas s’y tromper il s’agit toujours de se faire connaître et reconnaître. Au sens littéral, l’Internet est un « no mans’ land ».
 
Il est symptomatique d’une société « flexible », « liquide » que l’interrogation philosophique classique du « qui suis-je ? » rencontre un désir social et un cyberespace socialisé à cette fin . C’est ce qui se produit avec l’exigence de se raconter. L’adoption d’un pseudonyme, cette métaphore narcissique, le permet en opérant une réduction de soi à une formule à travers laquelle l’internaute est censé se saisir lui-même en informant les autres de ce qu’il est et de se redéfinir en permanence sous la tyrannie de l’instant. Au fond il s’agit de se rendre intelligible à travers un système de positions constamment instables. Se raconter pour se trouver ,tenter de répondre à la question : comment faire d’une vie biologique, enserrée dans destin généalogique, social, une vie humaine ? à cette question, on répond depuis Socrate qu’une vie ne s’humanise que d’être « examinée » par celui qui la vit. Une vie examinée est une vie racontée qui instaure son narrateur en sujet d’une histoire. Le récit fait de la vie « une vie » singulière en lui donnant ce qu’elle possède pas d’emblée, à savoir la parole. À travers cette parole anonyme on expose d’abord sa propre identité. Anna Arendt a tiré toutes les leçons de cette identité narrative : « ce que » je suis d’autres peuvent en décider, et en décident d’ailleurs quotidiennement. Mais savoir « qui » je suis est une tentative d’auto définition qui me revient en propre : elle se rejoue dans chacun des récits que j’entreprends de moi-même. C’est là sans doute la raison du succès des blogs, mais aussi leur faiblesse qui les condamne politiquement dans la mesure où ils ne seront jamais, par nature, l’expression collective d’une volonté, d’une force organisée. Ce sont des médias individuels de masse. Comme le voile, le pseudonyme, l‘anonymat permet de se dire en jouissant de ce que je dévoile en le cachant.
 
 
 
Je ne cherche désormais ni ne trouve.
Je ne suis ni ici ni ailleurs.
Je me refais au-delà du souci.
Je me consacre aux marges de l’homme et
cultive en un fond qui n’existe pas l’infime
tendresse de ne pas être. »
 
Roberto Juarroz. Poésies verticales.
 
 
 

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23 réactions à cet article    


  • Reinette Reinette 3 février 2010 15:49


    TROC

    échange 2 burqa modèle treillis contre un pseudo sympa
    voir photo
    http://www.zarinas.com/burqas.shtml#camoburqa

     smiley smiley smiley smiley smiley


  • Arunah Arunah 3 février 2010 18:06

    @ Reinette

    Tout bien considéré, c’est encore la burqa bourgogne qui est la plus chic, à condition qu’elle soit en lin, bien entendu, ce dont je doute...
    Une burqa couleur de vin ? Dieu aurait-il ( parfois ) de l’humour ?
    On peut aussi s’interroger sur les motivations des femmes choississant le modèle « drapeau américain »... Peut-être pour les demandes de visas US ?

    Un pseudo ? Frou-frou, ça vous va ? 


  • Reinette Reinette 3 février 2010 18:40

    Salut Arunah

    Frou-frou j’aime pas trop - ça fait émission télé - pas glop

    burqa Danemark est pas mal non plus smiley


  • martien martien 4 février 2010 04:22

    Bonjour reinette,

    je me demandais s’il n’y avait pas les même types de déclinaisons pour :
     les barbes des barbus musulmans
     les tenus des bouddhistes
     celles des derviches tourneurs
     les robes de bures des traditionalistes catholiques
     les chapeaux des juifs
    ....enfin brefs, pour toutes ces (selon moi, tristes) représentations religieuses de l’humanité ?
    En même temps cela ne risque-t-il pas de multiplier encore plus les sous-groupes dans chacune de ces confessions au point de créer de nouvelles dissensions guerrières ?
    Longue vie aux batraciens.


  • Talion Talion 3 février 2010 12:27

    Que vous aillez envie d’afficher votre identité au vu et su de tout le monde, fort bien !... Mais respectez le droit de chacun de ne pas vouloir afficher son identité lorsqu’il s’exprime !

    Je me permets au passage de rappeler qu’un des sport favori des recruteurs avant une embauche est de traquer vos traces sur Internet !
    Il n’y a rien de pire que de savoir que quelqu’un qui peut vous nuire économiquement, professionnellement ou socialement parlant puisse s’amuser à établir votre profil psychologique dans un but malveillant !

    Vouloir plaider la fin de l’anonymat sur Internet est aussi débile et indéfendable que de plaider la suppression des isoloirs lors des votes !... Idée au passage souvent défendue par des capitaines d’industrie souhaitant vérifier si leurs employés mettent le « bon bulletin » dans l’urne...

    Une démocratie ne peut marcher que si elle élimine tout risque d’autocensure dans la pratique quotidienne de la liberté d’expression.

    Mis à part un ennemi de la démocratie et un partisan de la soumission des populations les plus modestes à leurs employeurs, je vois mal qui pourrait plaider contre la possibilité de s’exprimer de manière anonyme sur Internet !

    Seuls les riches et les puissants peuvent plaider avec cynisme le principe du « courage de ses opinions », pour les autres, la peur de se faire virer par leur employeur les poussera à l’autocensure !
    Si l’auteur n’a pas compris cela, c’est qu’il est hypocrite ou idiot  smiley


    • Nobody knows me Nobody knows me 4 février 2010 11:38

      N’oublions pas non plus les légions de démarcheurs et de marchands qui scrutent la moindre adresse mail, le moindre cookie, pour nous assaillir d’offres commerciales toutes aussi inutiles qu’inefficaces, générées, organisées et ciblées par des programmes...

      Pourquoi j’reçois toujours des offres pour agrandir mon pénis d’abord ?
      xD


    • ddacoudre ddacoudre 3 février 2010 12:34

      bonjour capitaine Dan

      jolie métaphore, mais nous pourrions très bien échanger fort anonymement, cei ne présente aucune difficulté si ce n’est que quand nous lisons un post qui l’ a écrit présente pour certain plus d’intérêt que ce qu’il dit, c’est un reste de la peur de l’inconnu de l’étranger, au travers d’un post l’on ne se connait pas, car nous ne communiquons pas, nous échangeons seulement des informations, nous avons une curieuse notion de la liberté quand nous demandons au gens de décliner leur identité. ce n’est pas décliner son identité qui est problématique c’est pourquoi on le demande qui est intéressant et dessous, il y a toujours la recherche d’un contrôle pour définir des risques et des responsabilités. il ne faut pas chercher une trop profonde raison au pseudo ils évitent d’être emmerdé par des psychanalystes de comptoir.
      au delà de l’organisation de la multitude, nous retrouvons toujours la peur de l’inconnu.
      même adulte comme dans l’enfance nous continuons à avoir peur du noir.

      cordialement.


      • Gabriel Gabriel 3 février 2010 13:35

        Face à un état qui flic, ment et abolit une à une les libertés citoyennes, l’anonymat reste la seule protection à l’expression démocratique.


        • voxagora voxagora 3 février 2010 13:57

          Hortefeux nous voit ! L’article « Frédéric Lefebvre et Brice Hortefeux chantres de l’inflation législative » a disparu !


          • Shaytan666 Shaytan666 3 février 2010 15:29

            Pas du tout mais l’article en question étant d’hier il est passé dans les archives, suffit de cliquer sur l’édition du 2 février et vous pourez consulter et commenter cet article.
            Faut pas voir le mal partout !


          • voxagora voxagora 3 février 2010 17:17

            Merci d’avoir distingué ma réaction parmi d’autres du même tonneau.
            Les articles de la veille passent dans des archives ?
            Où sont-elles et comment y va-t-on ?
            Je ne sais pas ce que je préfère : « voir le mal partout » ou « voir l’humour nulle part » ?


          • Shaytan666 Shaytan666 3 février 2010 18:51

            Tout en haut de la page il y a une bande noire assez étroite, à côté de la mention « Agoravox en page d’accueil » il y a une petite fenêtre « Editions précédentes », vous cliquez sur la flèche bleue et vous sélectionnez la date désirée, Voilà, voilou  smiley


          • Francis, agnotologue JL 3 février 2010 15:14

            Je ne comprends pas ce que nous dit l’auteur qui écrit, je cite 

            « En voulant poster un commentaire à la suite d’un billet d’un blogueur en vue, quelle ne fut pas ma surprise de lire le message suivant : : »« les commentaires ANONYMES ne sont pas acceptés . Merci de prendre au moins un pseudonyme ». Il ne faut donc pas parler en son nom mais s’en inventer un« 

            Croit-il que le système lui a refusé de poster sous son nom ? Stupide : les systèmes ne savent pas faire la différence entre un nom et un pseudo.

            J’aimerais savoir quelle est la proportion de vrais noms dans les pseudos qui ressemblent à des noms. N’est-ce pas hypocrite de se présenter sous un nom d’emprunt sans le dire ?

            Fustiger »ceux qui postent sous un pseudo" est une stratégie : en effet, derrière cela il y une volonté de contrôler qui est qui.


            • Francis, agnotologue JL 3 février 2010 15:17

              En réalité, le pouvoir sait très bien qui est qui, mais il n’a pas assez d’yeux et d’oreilles pour surveiller tout le monde. Et c’est pour cela qu’il voudrait que nous postions tous sous notre réelle identité : afin que chacun surveille chacun, l’autocensure étant la meilleure des censures, la plus efficace et la moins chère.


            • Shaytan666 Shaytan666 3 février 2010 15:25

              L’auteur m’a bien fait rire, façon de parler ou plutôt d’écrire. Il fustige l’emploi des pseudos alors que lui même poste sous un pseudo  smiley où est la logique dans tout ça ?


              • Gabriel Gabriel 3 février 2010 15:57

                @ Shaytan666 

                 S’avez pas honte ce ruban rose sur votre burqua c’est une provocation à l’érotisme !...


              • cmoy patou 3 février 2010 15:44

                Même les artistes ont des pseudos non mais !


                • COLONEL KURTZ 3 février 2010 16:53

                  Attention...l’anonymat n’est pas toujours si anonyme que CA


                  • Charles Martel Charles Martel 3 février 2010 17:34

                    ça sent l’article commandé ça. hein ?


                    • colza 3 février 2010 17:57

                      A mes débuts sur internet, j’ai posté sous mon nom...
                      Quelques jours plus tard, j’ai tapé mon nom sur Google... wahou !!!
                      Ca n’a pas traîné, j’ai pris un pseudo...
                      Je ne tiens pas à accéder à la célébrité.


                      • Bélial Bélial 3 février 2010 21:21

                        Le relatif incognito que permet internet et un site comme celui-ci nous permet de nous exprimer sans être emmerdés par les recruteurs et les chiens de garde de l’état. Il est donc à défendre.

                        Les gens de pouvoir aiment bien nous surveiller, mais n’aiment pas qu’on les surveille, quand on poste des vidéos off et quand Alex Jones ou Daniel Estulin traînent trop près de la réunion annuelle du groupe de bilderberg tous les ans au mois de juin.


                        • Voris 4 février 2010 10:05

                          L’auteur vient de découvrir l’existence d’Internet...


                          • Surya Surya 4 février 2010 13:37

                            Chacun est libre de faire ce qu’il veut, il me semble. Libre aux personnes qui veulent écrire sur internet en leur nom propre de le faire, cela ne leur donne en aucun cas le droit de porter un jugement (forcément négatif) sur les personnes qui choisissent de prendre un pseudo. D’un autre côté, prendre un pseudo n’autorise pas non plus à se cacher derrière pour insulter les autres, mais ce n’est pas pour pouvoir le faire que les gens prennent des pseudos, ou alors c’est la minorité. Essayer de culpabiliser les personnes qui préfèrent, chacune pour ses raisons personnelles tout à fait respectables, utiliser un pseudo, relève d’une attitude assez extrémiste et d’un manque de tolérance envers les choix des autres.
                            Autant enlever, en effet, les isoloirs dans les bureaux de vote (au fait, c’est bien anonyme si l’on vote avec les machines à voter, ou seul l’enveloppe avec le petit papier dedans garantit l’anonymat ?)

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