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Primaire et ruralité

Voici donc venu le jour test. Ce n’est pas tellement le résultat de ce premier tour des primaires « citoyennes », qui importe, mais la mobilisation participative constatée.

En dehors de toute adhésion à un parti, nos concitoyens sont invités à désigner le candidat qui pourrait porter les espoirs du PS lors de la prochaine élection présidentielle. Il est important de faire une première distinction ; le PS n’est pas toute la gauche et les autres représentants potentiels de cette gauche Française n’ont pas de mots assez durs vis-à-vis de cette primaire.

Cette nouveauté a déjà fait couler beaucoup d’encre. Il est certain que sa pratique, courante aux Etats-Unis, en Italie, en Grèce est ici assez contradictoire avec les institutions de la Vème République. Mais que reste-t-il de cette 5ème initiale après quinquennat, cohabitation acceptée… ?

S’il y a quelques semaines l’information n’avait pas encore circulé, personne ne peut prétendre maintenant ne pas savoir. Voilà plus de 5 semaines que l’actualité est occupée par cet évènement. Trois grands débats ont été organisés, dont l’un en prime time sur une chaîne généraliste (France 2), les autres sur des chaînes moins courues mais amplement rediffusés. La sphère du Net a été également un relais efficace pour faire connaître la manière de voter, pour permettre aux supporters de tel ou telle de faire la promotion de son (sa) champion(ne). Il est impossible d’invoquer un quelconque silence médiatique pour expliquer une éventuelle participation faible. Les chiffres donnés par les enquêteurs d’opinion s’établissent d’ailleurs à un niveau élevé dont nous allons pouvoir vérifier la validité : beaucoup évoquent des chiffres autour de 4 à 5 millions de votants.

Pourtant demeurent des obstacles, des difficultés : l’obligation pour certains, en province particulièrement, dans la ruralité profonde, de se déplacer parfois assez loin pour signer le petit formulaire et donner son euro. Des réticences demeurent pour certains habitants de ces zones rurales d’afficher une détermination partisane. En milieu rural le vote conserve encore bien souvent son caractère très secret et même si les fichiers sont promis à la flamme par le PS, chez nous les haies ont des yeux et des oreilles, les fichiers sont dans les têtes et y demeurent pendant plusieurs générations. Le différentiel participatif ville/campagne sera par conséquent à observer attentivement. Une petite remarque entendue mérite l’analyse. Dans un petit village de la Nièvre, bastion socialiste s’il en est, un certain nombre sont très gênés par cette nouvelle pratique :

« si je vais voter à ces primaires je m’affiche de gauche, si je ne vais pas voter, je m’affiche de droite … »[...] « Je tiens absolument à un anonymat total quant à mes opinions » …[...] Cette nouveauté est un scandale, une atteinte à la démocratie …

La ruralité n’est absolument pas prête à ces nouvelles manières. Il faudra par conséquent regarder à la loupe la répartition des votants sur le territoire : l’impact de la désignation ne sera pas le même si très peu de personnes font l’effort d’un déplacement ou si les distorsions territoriales sont considérables.

Non seulement le PS est tout particulièrement intéressé par cet exercice nouveau, mais la gauche dans son ensemble et la droite également ne peuvent rester indifférentes. Après des réserves irritées, de très nombreuses voix à droite s’élèvent maintenant pour reconnaître l’intérêt de ce nouvel abord de la vie « partisane ». Le premier Ministre, François Fillon lui-même, vient de reconnaître l’intérêt de la méthode.

« Après s’être violemment déchirés aux élections sénatoriales, les élus de la majorité présidentielle (UMP, Nouveau Centre et radicaux) rivalisent de professions de fois en faveur de l’organisation d’une primaire ouverte pour désigner le candidat qui tentera de prendre Paris à la gauche. »

Ce dimanche 9 octobre est important ; il nous donnera une indication nouvelle sur la manière dont nos concitoyens entendent s’occuper ou non de leurs affaires politiques. Certains diront que cette élection particulière, privative, n’est pas l’élection elle-même, la seule valable, organisée par l’Etat et la République. Ils auront stricto sensu raison, mais refuseront de prendre en compte deux phénomènes : la faiblesse représentative des partis politiques, pauvres en militants et adhérents, et le désir toujours réaffirmé de plus de « participation » à la décision. Cette dualité ne pouvait plus être ignorée. Nous allons voir si la formule proposée remplie la fonction participative escomptée et tellement revendiquée. Il y aura sans doute dès demain des analyses tout aussi brillantes les unes que les autres, mais au-delà de ces interprétations souvent partisanes, nos compatriotes sauront distinguer facilement le succès de l’échec.

Pour être complet, donnons la petite formule que les votants d’aujourd’hui auront signée après avoir donné leur euro :

« Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire. »

Outre le fait que la gauche revendique une République qui ne lui appartient pas en propre, les valeurs par ailleurs énoncées sont universelles et là encore pas réservées.

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