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Quelle querelle entre les générations ?

Enfin une étude qui relance le débat ! Une enquête récente de Senior Stratégic prétend révéler un conflit entre la génération des 18-30 ans et celle des 50-60 ans, également surnommée la génération des « baby-boomeurs ». L’occasion de faire le point sur les relations entre les générations et de révéler une autre fracture, entre les 18-30 ans et les 30-50 ans...

Enfin une étude qui relance le débat ! Une enquête récente de Senior Stratégic (voir le lien vers le site) prétend révéler un conflit entre la génération des 18-30 ans et celle des 50-60 ans, également surnommée la génération des « baby-boomeurs », et que l’on pourrait d’ailleurs élargir à 70 ans. Pour cette étude, les jeunes seraient 91 % à penser qu’il leur est plus difficile de trouver un travail motivant, d’avoir confiance dans l’avenir et de fonder une famille, 55 % à penser que les baby-boomers laissent une société en pire état que celle qu’ils ont trouvés.

Plus surprenant encore, 68 % des jeunes pensent que leurs parents sont moins ouverts d’esprit, même s’ils reconnaissent qu’ils étaient plus idéalistes et contestataires qu’eux-mêmes. Des compliments que les baby-boomers leur rendent bien, en jugeant les jeunes plus égoïstes qu’eux (63 %), ayant perdu le sens des valeurs collectives (52 %) et moins motivés à travailler (52 %).

Loin de remettre en cause l’intérêt de cette étude de Senior Stratégic un cabinet connu spécialiste du marché des seniors, il est nécessaire de rappeler brièvement l’état des relations entre les générations en France. Nous aimerions à cette occasion émettre aussi une hypothèse sur la vraie querelle entre les générations, qui serait plutôt entre les 18/30 ans et les 30/50 ans qu’entre les 18/30 et les 50/70…

91 % jugent leur insertion sociale et professionnelle difficile. Ce chiffre est dur, mais pas surprenant. Le fait qu’il y ait un malaise dans la jeunesse, et tout particulièrement chez les 20/30 ans, qui ne peuvent accéder à l’autonomie, par un emploi stable et un logement décent est évident. Cette enquête, qui traduit aussi l’opposition naturelle – et saine – entre les enfants et les parents, en est le reflet. Mais le regard critique des jeunes porte-t-il sur la société ou sur les générations dites des baby-boomers (50-64 ans) ? Il serait dangereux de confondre les causes, même si la société est effectivement dirigée actuellement par les baby-boomer. Car, au quotidien, et dans la famille notamment, les faits sont exactement inverses au sentiment social : l’amour entre les parents et les enfants se porte bien et jamais les solidarités entre les générations n’ont été aussi fortes.

Ce fait, constaté depuis dans toutes les enquêtes, avait été révélé, il y a quinze ans déjà, par une étude de la Cnav (1992). Dans cette enquête, la génération « pivot », les baby-boomers, déclaraient à 64 % aider leurs enfants, et leurs parents, les grands-parents étaient 33 % à le dire. Une enquête de l’Insee (Économie et Statistique, 1996) confirmait ce fait et soulignait que 42 % des ménages avaient déjà aidé leurs enfants par le biais d’aides au logement, de versement ou de prêt régulier d’argent, et ce, quel que soit le milieu social. Combien de jeunes ont pu se loger grâce à la caution de leurs parents ? Combien ont pu acheter une voiture grâce à leur aide ? Les parents et les grands-parents contribuent aussi aux frais d’une naissance, et les liens entre les générations n’ont jamais été aussi proches et si forts au quotidien. On le sait, la crise renforce ces solidarités, et pas seulement sur le plan financier. Par exemple, les grands-parents sont près de 85 % à garder occasionnellement leurs petits-enfants, et les solidarités mères-filles soutiennent les femmes qui élèvent seules leurs enfants.

Alors qu’elle était, dans les années 60, le symbole de l’incompréhension entre les générations, la famille est devenue la valeur préférée des Français. Ce nouvel esprit de famille permet à chacun d’être lui-même tout en étant avec ses proches. La famille contemporaine, qui voit plus d’un enfant sur deux naître hors mariage, plus d’un mariage sur deux déboucher sur un divorce ou les familles recomposées nombreuses apparaître, est plébiscitée. Même si les nouvelles générations retrouvent le sens des traditions sans les contraintes, même si le regard sur la maternité a changé en trente ans, ce sont bien les baby-boomers et les baby-boomeuses qui ont permis cette métamorphose de la famille, de la norme au lien.

Alors non, aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler ni de guerre ni de règlements de compte entre les générations. Celles et ceux qui ont connu les enfants battus, les suicides des jeunes filles enfermées à 18 ans dans leur chambre, les enfants bannis à jamais parce ce que leur amour ne plaisait pas au père, ou parce qu’ils avaient refusé de reprendre l’activité familiale, pourraient parler, eux, de ce mur à qui l’on doit aussi la révolte des jeunes dans les années 60. Ce n’était pas de l’idéalisme, mais une aspiration à l’existence, à la maîtrise de son corps comme de son avenir.

Alors, oui, l’échec de cette génération de Mai-68 aura sans doute été de ne pas créer une société qui insère mieux les jeunes. L’amour et la solidarité entre les générations ne suffit pas, en effet, à résoudre le malaise sourd et profond d’une grande partie de la jeunesse à qui on refuse la stabilité de leur foyer, à l’approche de la trentaine. Il faudrait parler aussi de la génération entre deux âges, celle des 30/50 ans, qui, tout en ayant été très choyée par ses parents, a su bénéficier de meilleures conditions d’entrée dans la vie active, et attend sagement que les baby-boomers partent en retraite pour occuper le pouvoir. Cette génération, qui se caractérise aussi par un retour à la norme notamment dans les styles d’éducation sévère de leurs enfants, est souvent critique par rapport au modèle plus tolérant de leurs parents. Mais ce sont aussi eux qui ne font pas la courte échelle aux plus jeunes, alors que les baby-boomers les aident au maximum. Plutôt que de parler du vieux schéma de la rivalité entre les jeunes et les baby-boomer, largement infondé, nous serions bien inspirés d’étudier l’opposition réelle entre les 18/30 ans et les 30/50 ans. Car aujourd’hui, ce sont bien les plus jeunes qui leur contestent le pouvoir dans l’entreprise.

Alors, contre la pollution de la planète, pour l’ouverture d’esprit et un meilleur niveau de vie, les jeunes savent qu’ils peuvent davantage compter sur les baby-boomers que sur la génération des quadra. Cette génération d’entre deux âges semble bien sur la sellette, y compris chez les baby-boomer, qui, devenus grands-parents, hésitent de moins en moins à cultiver leurs différences avec l’éducation trop stricte de certains de leurs enfants-parents, par ailleurs encouragés dans cette voie par des ouvrages à succès…

Eric DONFU


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10 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 27 septembre 2008 11:26

    tu fait pas parti de ceux qui ont reussi ?


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 26 septembre 2008 13:02

    Quand j’avais 18-30 ans, on était 90% à trouver que les 50-60 ans étaient tous des cons, et qu’ils étaient responsables de l’état déplorable du monde. Donc, rien de nouveau sous le soleil....


    • jondegre jondegre 26 septembre 2008 13:34

      Les baby-boomers voudront conserver le systeme actuel jusqu’au bout, ils comptent bien consommer et vivre comme si c’etaient encore les 30 glorieuses (en fermant un peu les yeux sur certaines choses) jusqu’a la fin.
      Ca tombe bien, car les ideologues n’ont rien d’autre a proposer et les oligarques sont d’accord, ils ne bradent du pays que ce qui ne concerne la jeunesse et l’avenir. Et comme en epee de damocles, il y a ces rumeurs folles d’epuisement climatique, ecologique et autres matieres premieres, ce jusqu’au boutisme a un bel avenir devant lui.

      Et sinon, qui s’est endette sur 30 ans pour un bien immobilier paye 3 fois le prix, dans un marche de l’emploi qui exige salaires baissiers et mobilite geographique (les boomers ?). A tous les cocus de la bulle immobiliere, l’heure de la prise de conscience approche.


      • bob 26 septembre 2008 13:53

        Monsieur,

        Vous vous demandez dans votre titre "quelle querelle entre les generations ?" puis vous stigmatisez ces jeunes (18-30 ans ) en expliquant bien pourquoi leur egoisme est de leur seul fait malgre les efforts enormes consentis par leurs aines soixante-huitards.
        La reference aux soixantes-huitards et non aux 30-50 ans (Generations elles-meme differentes) souligne la separation entre les personnes qui se sont complues dans le mouvement de Mai 68 et leurs contemporains qui ont vecu a ce moment la mais n’ont pas ete obligatoirement d’accord.

        Vous oubliez seulement de preciser que (liste non-exhaustive ) :

        - Les soixante huitards ont beneficie d’une periode de croissance sans precedent dans l’histoire de France ou emploi et niveau de vie croissait a des vitesses vertigineuses.
        * Les autres ont droit a du chomage en se faisant expliquer pourquoi ils sont privilegies lorqu’ils recoivent le SMIC.

        - Les soixantes-huitards ont, dans de trop nombreux cas, droit a des postes relativement bien payes contrairement a la spiritualite et a l’abandon des valeurs materialistes qu’ils pronaient.
        * Les autres ont ce qui reste, a savoir les postes tres sollicites par la direction, soumis a resultats mais dont la paye est inversement proportionnelle a la quantite de travail fourni.

        - Les soixantes-huitards pretendaient faire une societe plus juste des qu’ils seraient au pouvoir (leur jeunesse rendait evident cet accession ) : Ils y sont.
        * Ou est la justice et l’egalite prones par Mai 68 ???
        Toutes les occasions sont bonnes pour ecraser les jeunes.

        Enfin, vous parlez d’enfants battus, de jeunes suicides ( pas seulement chez les filles d’ailleurs ) ou d’enfants refusant de reprendre l’affaire familiale, mais... c’est toujours le cas aujourd’hui !!!


        • LE CHAT LE CHAT 26 septembre 2008 14:18

          Mais ce sont aussi eux qui ne font pas la courte échelle aux plus jeunes, alors que les baby-boomers les aident au maximum .

          T’as vraiment des clichés tout faits sur les 30-50 ans . J’ai toujours fait tout mon possible pour mes gosses , mais on voit que tu connais pas mon vieux , dont les personnages sur les billets de banque clignaient des yeux les jours où il ouvrait son porte feuille tellement ils étaient éblouis par la lumière .


          • Ulmo Ulmo 26 septembre 2008 15:19

            Quelle farce cet article.
            Les Baby Boomer avaient tout pour eux.

            • Une influence électorale et politique très précoce grace a la proportion sans précédent vis a vis du reste de la population.
            • Une période de vie sans conflit international majeur et caractérisé par un essor économique spectaculaire réparti de facon décente (durant leur jeunesse du moins).
            • Des idées et des envies très nombreuses pour améliorer les sociétés et laisser à leurs enfants un monde meilleur
            Le bilan est bien piteux.
            • Ils se sont donné droit à des pensions de retraite qu’ils ne pourront toucher que s’ils exploitent la génération suivante, qui a le malheur d’être moins nombreuse (La faute à qui ?)
            • Ils ont lamentablement échoué à proteger la planete ce qui mène les pays à entrer en compétition pour piller les ressources de la planete, quitte à faire la guerre
            • Ils ont lamentablement gâché la période d’opulence, laissant des états endettés, une économie au bord du gouffre, et laissant à leurs enfants, non pas un avenir incertain, mais NOIR
            • Ils monopolisent les médias et nous proposent leur pensée unique sans meme laisser le moindre espace aux autres générations à moins d’un profit à la clé.
            Alors, oui, l’echec de cette génération est d’avoir completement raté ou trahi tout ce pourquoi elle s’est battu naivement durant sa jeunesse.

            Oui, il y a un conflit générationnel.
            Non, vous ne vous en rendez peut être pas encore compte.
            Mais je vous fais confiance, vous le verrez quand vous comprendrez que nous ne voulons pas sacrifier collectivement notre vie pour entretenir votre retraite dorée apres un tel gâchi.

            • TSS 26 septembre 2008 16:06

              pourqoi les baby boomer ont ils benficié de ce qu’on appelle les 30 glorieuses ? parce que juste avant il y avait

              eu une bonne vieille guerre donc : pertes humaines +reconstruction du pays.

              alors les vingt/trente ans vous savez ce qui vous reste à faire,les survivants nageront dans le bonheur !!

              mais...pas une guerre civile comme semblent l’esperer certains mais un un vrai conflit ,celui vers lequel on se

              dirige tout droit guidés par des gens qui prennent les decisions au doigt mouillé !!!!


              • barbouse, KECK Mickaël barbouse 26 septembre 2008 16:42

                oui bien sur qu’il y a un conflit de génération avec celle de 68,
                et c’est tant mieux. il ne nous donne qu’une catégorie de leçon, celle de leurs échecs....

                amicalement, barbouse. 


                • Christoff_M Christoff_M 29 septembre 2008 22:23

                   la génération de 68 n’admet pas la critique, et se voient en héros !!

                  c’est bien le problème de la France actuelle tout à l’opposé des reves de 68tards...

                  la plupart ayant tourné leur veste et étant cadres ou bien placés dans l’administration...

                  les pires étant les bobos ou les verts..

                  d’ou le malaise perceptible de la France actuelle qui patauge engluée dans ses contradictions et qui par manque de courage et d’autocritique d’une génération prétentieuse, a abouti à une impasse...

                  gros défaut français : ne pas reconnaitre qu’on peut se tromper et corriger le tir avant des solutions de dernière minute !!


                • sylvie 30 septembre 2008 13:34

                  Je suis assez d’accord pour dire que s’il y a conflit entre les générations, ce n’est pas entre les 18-20ans et les baby-boomers mais bien entre les quadras et leurs enfants.

                  En effet, les seniors qui sont au centre de la famille jouent un rôle de plus en plus important dans l’éducation de leurs petits enfants. 

                  S’il y a achoppement, c’est bien entre la génération des quadras - qui n’aura pas su transmettre à ses enfants l’héritage que ses parents leur aura laissé - et leurs enfants.
                  Les baby-boomers - se sont battus pour obtenir de nombreux acquis sociaux dont tous bénéficient aujourd’hui.
                  Loin sans faut de dire qu’ils ont totalement réussi , dans leurs espoirs, à changer la société, mais au moins auront-ils essayé !

                  Que dire de la génération des parents-quadras - sans leur jeter l’opprobe - ?
                  Qu’ils n’ont pas su passer le relais, qu’ils s’appuient sur une éducation plus rigide tout en étant paradoxalement très permissive ? 
                  Oui, je le pense et je constate que les relations grands-parents-petits-enfants sont très étroites. Que les jeunes partagent souvent les mêmes idéaux que leurs grands-parents et qu’ils aiment en parler avec eux et s’appuient sur une réflexion partagée pour s’impliquer dans une société dans laquelle les parents sont en manque de repères - peut-être justement pour avoir rejeté l’exemple de leur parents -.

                  Il ne s’agit donc pas de faire peser "le problème de générations" sur les baby-boomers. Ce serait une erreur grave, mais bien de se demander ce que font les parents-quadras pour leurs grands enfants qui demain seront appeler à fonder une famille.





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