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Accueil du site > Actualités > Société > Syndicats en folie : l’arme (fatale) du portefeuille

Syndicats en folie : l’arme (fatale) du portefeuille

La France gronde. Dans ce bouillonnement certains laissent échapper des cris de colère vraie, et une envie sincère que quelque chose change. D'autres en profitent aussi pour jouer des cartes plus personnelles. 

Dans cette cacophonie les syndicats ont un rôle à part, qui leur donne des pouvoirs et devoirs bien particuliers. Organisés pour défendre des groupes d'intéret précis ils sont pourtant largement financés par l'argent de tous, leurs adhérents ne leur apportant qu'une faible fraction de ce qui les fait vivre. 

Alors quand leurs actions débordent et viennent pourrir la vie de ceux qui les nourrissent, il est temps de couper les vivres à ces enfants gâtés pour les ramener... A ces réalités ! 

Dans le bouillonnement de colères populaires tous ne sont pas égaux. Il y a des petits, comme tous ces mouvements citoyens quasiment inconnus du grand public, qui essaient de construire un nouvel idéal, sans y être invités. Et il y a des puissants, installés de longue date, partis, associations « agréées », organisations diverses, qui ont place, de droit, aux tables où le pouvoir construit les changements.

 

Parmi ces « puissants » de la revendication, les syndicats ont une place toute particulière. Installés depuis 1945 dans une construction jusqu’ici intouchable, quelques organisations se sont vu attribuer le qualificatif de « représent atives », et jouent un rôle majeur dans la régulation sociale du pays.

Présentes dans l’entreprise pour y défendre l’intérêt général des employés, elles ont aussi pris part à tout ce qui touche de près ou de loin la vie de ces citoyens employés, au fur et à mesure que l’entreprise en devenant la base de financement. Santé, retraite, chômage, formation professionnelle…. Chez nous, les syndicats sont un peu partout.

Et cette position est restée figée, malgré la baisse inexorable de leur base d’adhérents, qui ne représente plus aujourd’hui que 8% des salariés. Par commodité, parce que le pouvoir a besoin d’interlocuteurs dans les négociations pour pouvoir dire que le peuple qui travaille a été écouté, par incapacité à imaginer autre chose, et enfin par faiblesse face à des organisations qui peuvent et savent nuire, on laisse ainsi perdurer une fiction : celle d’un peuple travailleur représenté uniquement par des acteurs dont les élections disent combien ils ne pèsent presque plus rien.

 

Alors ces avantages laissés aux syndicats devraient au moins, en contrepartie, s’accompagner d’une responsabilité irréprochable dans l’exercice de leur pouvoir. Cela n’est clairement pas le cas général et, dans un pays qui sombre jour après jour dans une confusion générale, il est temps de remettre un principe à l’honneur : celui du respect de la loi imposé aux puissants. Et ceci vaut tout particulièrement pour la CGT, qui bénéficie d’un statut confortable de syndicat représentatif malgré ses faibles effectifs d’adhérents, et a choisi de s’engager dans des actions hors bon sens, extrémiste, et même sans doute hors la loi avec ses occupations/ blocus de dépôts de carburants.

 

Rappelons quelques données sur les syndicats, et notamment la CGT :

  • leurs adhérents représentent au total en moyenne seulement 8% des employés (6% dans le privé et 15% dans le public). La qualité de représentatif qui leur est accordée est donc très largement discutable. Elle est en fait une fiction qui permet au pouvoir de faire semblant de discuter des questions sociales du pays avec une représentation de celui-ci.
  • Depuis 2008 (seulement) une obligation leur a été faite de communiquer chaque année des comptes financiers. Ceux-ci sont encore loin de la transparence visée par la loi. En particulier :
    • les comptes restent séparés et non consolidés entre les confédérations nationales et les fédérations locales
    • les revenus sont en général séparés en 3 postes : cotisations, subventions et autres, sans plus de détail. Et il est fort possible que des contributions ressemblant à des subventions (transferts d’autres organisations) grossissent le poste cotisations. Pour la confédération CGT, en 2012, les cotisations représentaient 34% des revenus. 2/3 des revenus étaient donc de l’argent public, c’est à dire notre argent, bon gré mal gré. 
    • Certaines contributions « en nature », telles que les salariés détachés, du privé ou de la fonction publique, mises gratuitement à leur disposition, sont exposées dans les rapports (parce que la loi y contraint) mais ne sont pas valorisées comme des subventions financières dans les bilans. Pour la confédération CGT, en 2012, cela représentait 28 postes permanents. Convertis en subventions, cela ramènerait sans doute la part des cotisations dans les revenus aux environs de 30%.
  • Enfin, le mode de financement de ces organisations a fait récemment (2014) l’objet d’un arrangement qui accroit encore le caractère inique de leur mode de vie. Une nouvelle taxe sur les salaires, de 0,016%, a en effet été créée à cette époque (environ 100 millions d’euros par an) pour financer les syndicats d’employés et d’employeurs à part plus ou moins égale. Pour autant, le montant de la formation professionnelle, dont ils tiraient auparavant, dans une grande opacité, une part importante de leurs revenus, n’a pas baissé (0,9% des salaires). Ainsi la boucle est bouclée ; ces organisations non représentatives sont explicitement, par la force, invitées à construire notre cadre social sans avoir notre aval et en puisant dans nos poches. Ainsi, même avec une audience éventuellement encore en baisse dans le futur, ils ne couleront pas. Il suffira d’augmenter le 0,016% à 0,02% et, ni vu ni connu, demain, l’éternité ?

 

Aujourd’hui largement financés par nos soins, dotés parfois d’un vrai trésor de guerre, ces fictions sociales sont pourtant très fragiles, justement du fait des excès du système qui aujourd’hui les porte.

 

Ainsi la confédération CGT qui encaisse environ 20 millions d’euros par an, et dispose d’environ 40 millions d’euros de trésorerie en liquide et placement, pourrait être bien moins fière et intransigeante si on s’avérait d’appliquer des mesures de bon sens face à sa démesure :

  • faire cesser la mise à disposition gratuite des employés, publics et privés, dont elle bénéficie aujourd’hui
  • réduire drastiquement, voire annuler complètement les subventions qu'elle reçoit, notamment pour dédommager les victimes de ses grèves.

 

Et il serait bon de mettre plus d’énergie, et de la contrainte s’il le faut, pour faire respecter les obligations de transparence financière prévues par la loi de 2008.

Après tout, pourquoi accepterions-nous collectivement de nourrir à nos frais des acteurs qui ont pris les clés sociales du pays quand ils sont hors la loi ? Cette idée de bon sens a aussi été proposée dans une récente pétition des Contribuables Associés, que vous pourrez soutenir ici.

 

Le pays se disloque, l’heure des demi-mesures touche vraiment à sa fin. 

 

F. Lainée

fondateur des Politic Angels


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11 réactions à cet article    


  • Phoébée 31 mai 2016 19:18

    ’Après tout, pourquoi accepterions-nous collectivement de nourrir à nos frais des acteurs qui ont pris les clés sociales du pays quand ils sont hors la loi ? ’

    .

    Bonne idée commençons par le Medef !!!

    .

    C’était un message de la Sécurité Sociale ..... La SS pour Pierre Gattaz  :->


    • petit gibus 31 mai 2016 20:21
      Conseil aux « Contribuables Associés »
      Si vous voulez payer moins d’impôts smiley

      Faites comme notre ministre Macron
      c’est dans le canard enchainé smiley
      sous estimez vos biens immobiliers ,
      vous éviterez ainsi de payer l’ISF

      mais bon avec toutes nos niches fiscales,
      pas besoin de vous donnez des conseils,
      vous connaissez les ficelles smiley



      • Coriosolite 31 mai 2016 22:07

        Je ne vois vraiment pas ce que gagnerait le dialogue social, indispensable dans une société complexe comme la nôtre, si on ruinait les syndicats.

        Quant à la représentativité de chaque syndicat, elle est mesurée grâce aux élections professionnelles. Si vous avez un autre indicateur pertinent n’hésitez pas à le dire.

        Que tout ça soit perfectible, tant au niveau de la mesure de l’influence de chaque syndicat ou de la transparence financière, sans aucun doute. Mais qui imagine une société libre sans organisations des travailleurs ?


        • foufouille foufouille 31 mai 2016 22:09

          site internet chinois ?
          article assez nul.


          • TSS 1er juin 2016 01:02

            @ l’auteur


             La presse ecrite est aussi financée par notre argent ,les policiers

             qui nous matraquent dans les manifs sont aussi payés par nous !!

             Il me semble que vous ayez une indignation selective... !!

            • Robert GIL Robert GIL 1er juin 2016 09:20

              a écouter sans moderation :
              TA COLÈRE EST LÉGITIME


              • jaja jaja 1er juin 2016 11:17

                « Ainsi la confédération CGT qui encaisse environ 20 millions d’euros par an, et dispose d’environ 40 millions d’euros de trésorerie en liquide et placement, pourrait être bien moins fière et intransigeante si on s’avérait d’appliquer des mesures de bon sens face à sa démesure : »

                Ah l’argent des syndicats ! Que de choses à dire... Tout ou presque vient du rapport Perruchot qui n’est qu’un tissu d’âneries et surtout d’amalgames...
                Notons que l’auteur ne s’occupe absolument pas de l’argent touché par les « syndicats » patronaux ni même de celui touché par les syndicats jaunes... La seule CGT l’intéresse !

                Ceci dit il est vrai que l’argent donné ne l’est jamais gratuitement. Acheter la paix sociale est bien le but du patronat... rien de nouveau...on sait comment il pratique, la montée dans la hiérarchie des cadres syndicaux d’entreprise, par exemple, qui oublient leur révolte initiale une fois mieux lotis que la masse de leurs ex camarades.. Ainsi la cogestion pratiquée dans les Comités d’établissements (CE) s’apparente souvent à de la pure collaboration de classes... Cette cogestion étant un véritable cadeau empoisonné donné à la classe ouvrière...

                Allez on tient bon et demain à nouveau manifs partout en France !


                • Politic Angel 1er juin 2016 12:34

                  Bonjour Jaja,

                  pourquoi parler ici plus de la CGT que des syndicats patronaux, eux aussi parfois mieux financés par les pouvoirs publics que par leurs adhérents ? 
                  Simplement parce que les actions de débordement comme le chantage aux journaux ou les blocages de raffineries sont aujourd’hui, hélas, l’apanage de cette organisation. 
                  L’objet de cet article n’est pas de proposer de détruire brutalement le système de représentations syndicales, patronales ou employés, mais de rappeler (i) la fiction sur laquelle repose parfois la notion de représentativité et (ii) que les ressources publiques dont bénéficient ces acteurs s’accompagnent de devoirs et de limites dans le actions menées. 

                  Bonne suite dans les manifs, mais merci de laisser ceux qui pensent autrement vivre aussi comme ils le souhaitent.

                  • foufouille foufouille 1er juin 2016 12:50

                    @Politic Angel
                    "Simplement parce que les actions de débordement comme le chantage aux journaux ou les blocages de raffineries sont aujourd’hui, hélas, l’apanage de cette organisation. "
                    faut faire quoi autrement ?
                    verser des pots de vins comme ton merdef ?
                    l’autre solution n’existe pas.


                  • jaja jaja 1er juin 2016 12:50

                    @Politic Angel

                    Bon pour les journaux à la botte, possédés par des milliardaires, je regrette que ces propagandistes au service du Médef ne soient pas encore bloqués à cette heure... comment ces derniers peuvent-ils refuser un texte de la plus grande centrale syndicale française et nous abreuver des déclarations de toute la droite, extrême comprise ? La CGT a eu raison de bloquer leur parution ! A refaire ! Les raffineries, elles, sont en grève majoritaire mais pas bloquées.
                    j’ai déja dit que la représentativité des syndicats s’apprécie lors des élections professionnelles tout comme la représentativité des partis politiques ne s’apprécie que lors des élections politiques... (et heureusement pour eux ! smiley )

                    Quand au nombre d’adhérents des syndicats, la seule CGT avec 670 000 membres surpasse et de loin le nombre total d’adhérents de tous les partis politiques français réunis...

                    Personne ne vous empêche de vivre comme vous l’entendez... A condition bien sûr que votre liberté ne consiste pas à briser notre grève auquel cas vous serez combattu !


                  • chapoutier 1er juin 2016 19:50

                    @Politic Angel
                    mais merci de laisser ceux qui pensent autrement vivre aussi comme ils le souhaitent.

                    il faudrait donc que les travailleurs acceptent sans broncher de retourner 100 ans en arrière pour le confort de l’auteur ?
                    heureusement que les travailleurs résistent et luttent pour le bien commun. sinon on serait logé à la même enseigne que les travailleurs du Bangladesh. et l’auteur n’aurait peut-etre pas la possibilité de gloser comme il le fait car il serait contraint de travailler 12 heures par jours pour un salaire de misère.

                    de plus, les syndicats sont largement plus représentatif et largement plus d’adhérents que les partis de merde au pouvoir à tour de rôle, l’auteur ferait bien de se faire discret sur la question.

                    l’auteur se la joue tranquilou indépendant, mais en quoi son parti, le PS , est-il représentatif du peuple ?

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