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Accueil du site > Actualités > Société > Une tempête en cache une autre. Vulnérabilité des sociétés

Une tempête en cache une autre. Vulnérabilité des sociétés

La tempête dans le Sud-ouest fut d’une grande intensité. Voici quelques détails de cet épisode climatique vu du terrain. Moins grave dans ses conséquences sera la tempête sociale secouant l’université à partir d’aujourd’hui, puis cette grève plus ou moins générale du 29 janvier lancée par plusieurs syndicats et partis.

Comment raconter cette tempête du 24 janvier ? Dormant la fenêtre ouverte pour cause de surchauffage (merci le gestionnaire de mon HLM) je fus réveillé par des rafales de vents. Quatre heures précises. Comme l’avait annoncé le bulletin d’alerte de Météo France. Un coup d’œil sur le balcon. L’arbre majestueux n’a pas plié, comme du reste en 1999. Mais quelles secousses. Il semble que l’intensité était moindre et la « structure » du vent différente, plutôt des rafales entrecoupées de fausses accalmies. Le phénomène a duré jusque vers 10 heures, peu spectaculaire mais une ville ne ressemble pas aux campagnes.

14 heures. Je prends vélo. Direction Bordeaux. Rien à signaler à part quelques arbres arrachés, beaucoup moins qu’en 1999 et moins d’objets divers, tuiles, gravas, branches, ordures ménagères. Il est quand même étonnant de voir le nombre de poubelles sorties malgré le bulletin d’alerte. Sans doute, la proportion de "blondes" à Bordeaux est au niveau « normal ». Il faut dire aussi que le bulletin d’alerte n’était qu’orange pour la Gironde, réajusté en cours de nuit, la tempête étant décalé d’une trentaine de kilomètres au nord, par rapport à la prévision. Bordeaux n’a pas autant souffert qu’en 1999.

Dimanche, 13 heures. Je pars pour Andernos, sans m’être informé au préalable de la situation. Sur la route du Cap Ferret, des arbres arrachés, moins semble-t-il que lors de la précédente tempête. C’est surtout au sud, dans les Landes, que le désastre a été constaté. Sous une pluie soutenue, je croise un nombre considérable de véhicules se dirigeants vers Bordeaux. Sur le coup, on ne réfléchit pas. Peut-être des propriétaires revenant de leur visite pour constater les dégâts dans leur résidence secondaire. Arrivée à Andernos. Pas d’électricité. Impression de voir une ville fantôme. Et pas un seul commerce ouverte. Les boulangeries fermées à cause des portes électriques automatiques. De quoi réfléchir sur notre extrême dépendance vis-à-vis de l’énergie et surtout, de l’électricité.

14 heures 30. Retour sur Bordeaux. Cette fois sous une pluie battante. Et là aussi, un étrange ballet d’automobiles, cette fois en direction de la mer. Comme s’ils s’étaient donnés le mot. Qu’imaginer ? Certainement des habitants dans les localités du bassin rejoignant leur domicile. On imagine les uns venus trouver quelque ravitaillement sur Bordeaux, les autres déjeuner chez des amis et pour beaucoup, la nécessité de trouver une zone électrifiée. Les localités étant privées d’électricité et de téléphone, le seul moyen de prendre des informations ou d’appeler des proches est de se déplacer dans une zone où les relais pour mobile sont alimentés en électricité. Toujours est-il qu’hormis le phénomène de synchronicité constaté (qui n’a rien d’un mystère jungien mais plutôt d’un mimétisme immanent), c’est dans ces situations qu’on prend conscience combien les sociétés sont vulnérables face à ce type d’événement climatique extrême.

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Autre tempête qui s’annonce, cette fois au sein de la société. Rien de commun dans les conséquences. Il n’y aura pas d’arbre abattu, ni de poteaux renversé. Juste quelques petits tracas auxquels les Français sont habitués. Ecoles fermées, bus au garage. La première secousse débute ce mardi, avec les enseignants-chercheurs en grève. Une fronde sans précédent, réunissant les ES par-delà les clivages politiques, ce qui est inhabituel au sein de l’Université. Et la menace d’une grève illimitée à partir du 2 février. Différente dans ses ressorts et motifs sera la grande mobilisation du 29 janvier. Mais tout aussi exceptionnelle au vu des catégories et secteurs professionnels concernés. Justice, éducation, transport, banques, énergie, poste, retraités, industrie automobile… cette grève plurielle au possible renverra sans doute un écho à l’appel des appels lancé dans Libé. Quant aux Français, 7 sur 10 soutiennent cette action selon les sondages publiés.

La tempête sociale est en route. Nul ne peut dire quelle en sera l’issue ces prochains mois. Mais il est certain que le commandant de bord Sarkozy va devoir manœuvrer le bateau France dans une passe les plus délicate qu’elle traverse. Car l’époque n’est plus à manier la cagnotte pour colmater quelque secteur en colère. L’addition est salée. Et l’expression banque de la colère formulée par P. Sloterdijk est parfaitement d’actualité. On y ajoute l’impasse car le problème étant de transcrire cette colère en une alternative politique. Et pour l’instant, aucune solution en vue. Pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème dit une maxime orientale ! A moins que le problème ne soit pas uniquement politique. Bref, tout ce chaos manque singulièrement de représentation et de pensée. Passions et pulsions conduisent les hommes vers on ne sait quel destin historique.

Conclusion. Climat planétaire ou climat social, les sociétés sont plus que jamais vulnérables. Mais les pannes électriques ne ressemblent pas aux pannes sociales


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14 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 26 janvier 2009 12:05

    Tu as survécu ?
    Ouf !
    Mais que fait Sarkozy ?
    On se remet vite d’un désastre climatique. Pour ce qui est du social, qui aurait pu être évité, c’est autre chose...


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 26 janvier 2009 13:49

      Sarkozy est sur le pont,

      sa devise : avec moi le déluge !

      C’est sûr, nous avons un Président dans le vent !


    • LE CHAT LE CHAT 26 janvier 2009 13:10

      cet hiver est froid , les salaires gèlent aussi ! smiley


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 26 janvier 2009 13:51

        Et les sinistrés attendent debout avec de l’eau jusqu’au genoux,

        et ils répètent en choeur, vivement que ça gèle pour qu’on puisse s’asseoir !


      • finael finael 26 janvier 2009 16:50

         C’est bien gentil de nous prédire pour la n+1ème fois une "tempête sociale" qui se fait toujours attendre, mais bien peu se préoccupent des effets des forces de la nature et de la vulnérabilité de nos sociétés à celles-ci.

         Une nouvelle fois nous avons eu de la chance : une seule ligne à très haute tension a été touchée, toutefois, comme cela se répète de plus en plus souvent, des centaines de milliers de foyers ont été privés d’électricité, routes et voies ferrées ont été coupées.

         Qui réalise vraiment la vulnérabilité croissante de nos sociétés à de simples phénomènes naturels comme il y en a toujours eu ?

         C’est peut-être à cela qu’il faudrait réfléchir plus sérieusement : tempêtes, vagues de chaleur, vagues de froid, précipitations, orages ... bloquent de plus en plus souvent des régions entières, perturbent le fonctionnement de nos infrastructures ... et bien plus que quelque soi-disant groupe "d’ultra-gauche" détournant l’attention de cette vulnérabilité qui devient, elle, vraiment dangereuse !


        • olivier cabanel olivier cabanel 26 janvier 2009 18:16

          à l’auteur,

          depuis des années on sait enterrer les lignes haute tension,
          chaque fois que le débat est soulevé, la réponse tombe : "c’est trop cher",
          ce n’est pas la première fois qu’une tempète fait des ravages en France,
          combien cela a-t-il couté pour remettre les lignes en place ?
          surement très cher,
          et cette fois aussi, la facture sera lourde
          alors question :
          "et si on se décidait enfin à les enterrer ?"
          comme disait l’autre "c’est une putain de bonne question"

          quand a la crise sociale, elle sera tout sauf enterrée, heureusement.
          l’agité présidentiel va devoir résister aux secousses,
          lui qui aime bouger, il va etre gaté.


          • Bernard Dugué Bernard Dugué 26 janvier 2009 21:08

            En effet, c’est pour cette raison que la région de Nice a été privée de courant parce que la ligne HT souterraine n’a pas été réalisée. La ligne de surface ayant été sanctionnée après un appel des écolos pour protéger le site du Verdon.

            Quant à la crise sociale, je n’ai aucune prédiction sur cette affaire. Je sais que la mobilisation du 29 sera énorme mais il n’y a rien comme alternative, bref, comme pour le CPE. J’entrevoie la nature du problème mais au vu de ce qu’on récolte comme réactions, il n’y a pas de solution. Autrement dit, il va falloir s’habituer à vivre dans une société merdique


          • tchoo 26 janvier 2009 22:17

            Tant mieux pour vous d’avoir vécu cet épisode de façon si "ludique".
            J’en retiendrai une chose (de la tempête), c’est la difficulté de beaucoup de mes concitoyens à prendre les alertes météo de Météo-France au sérieux (presque autant qu’en 1999) pourtant, fort de l’expéreince de 1999, ces services ont beaucoup insisté sur la gravité du phénomène vendredi toute la journée.

            Nos sociétés sont peut-être vulnérable (c’est même sur) mais mes concitoyens ont du mal à admettre que la nature garde la totalité de sa puissance et c’est à nous de nous protéger, à chacun pour soi et pour les autres !


            • Blé 27 janvier 2009 06:47

              La vulnérabilité de notre société n’est pas prête de s’arrêter, à cause d’un tout petit petit détail : le P I B augmente après chaque catastrophe.

              Qui ne le sait pas ?


              • Bernard Dugué Bernard Dugué 27 janvier 2009 09:43

                PIB, vous voulez dire produit intérieur du bois ? En effet, il paraît qu’on va débiter pas mal de bois dans les Landes


              • vivelecentre 27 janvier 2009 08:15

                au niveau de la "tempête sociale" elle est certainement fondée.

                En effet ,si l’on se réfère à se qu’écrit l’auteur qui, malgré un cv qui en ferait "rêver" plus d’un et obligé de se contenter d’une Hlm.. !

                A moins que l’on soit dans les abus malheureusement) bien habituels....


                • Bernard Dugué Bernard Dugué 27 janvier 2009 09:41

                  Sachez qu’il n’y a pas d’abus dans les HLM. Ils sont attribués en fonction des ressources mais si un type prend du galon, montre son entreprise, ou que sa femme prend un boulot ou qu’il gagne deux autos et 100 000 euros, eh bien il passe au dessus du plafond et paye un surloyer

                  J’aimerais bien payer un surloyer ! A part ça, il n’y a rien de dégradant à habiter dans un HLM, surtout si de sont des HLM de moyen standing, pas les cages à poules des année 60. Mes diplomes ne me servent à rien et j’aurais mieux fait de m’installer voyant. J’aurais gagné plus en voyant plus.

                  Tout ce que je prédis, c’est qu’un agoravoxien va publier un billet sur Bayrou qui votera la censure. Et pourtant, les modéros pourront le constater, je n’ai pas triché, il n’y a pas encore un tel billet proposé. J’ai regardé dans ma boule de cristal.


                • vivelecentre 27 janvier 2009 12:10

                  Merci de votre réponse ..mesurée, ma question/remarque était un peu perfide, vous l’avez pris comme il faut.

                  Permettez moi de penser que le système du "sur loyer" devrait être extrêmement limité dans l e temps compte tenu des délais d’attente indécents pour accéder à ces logements

                  compte tenu de vos dons de voyance, comment voyez vous l’avenir du mouvement "orange" et surtout le destin de son leader maximo ?


                  • Emile Red Emile Red 27 janvier 2009 12:26

                    Le pouvoir ( de dire toujours NON ) a les moyens de construire à prix réduit écologique, aujourd’hui il y a du bois à profusion, il suffit de le ramasser.

                    Je ne doute pas que la grande sagesse gouvernementale va nous envoyer l’armée, ses grues et ses porte char pour empiler les troncs dans les jardins de l’Elysée, puisqu’il manquerait de terrains constructibles.

                    D’ailleurs, dimanche, n’avons nous pas vu notre Saint Patron et sa cours venir passer commande de pin quand le peuples en réclame, du pain, le coquin a tout de même manqué la messe en badigeonnant son oraison.


                    Trop cher qu’il a dit, nous augmenterons plutôt nos palaciens frais de fonctionnement, et quand la fonction ne ment, sans aucun doute elle dit la vérité...

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