Va-t-on vers l’expulsion choisie ?
Ce n’est un secret pour personne : l’immigration dans ce pays est de plus en plus complexe, même quand les raisons pour lesquelles elle est demandée sont justifiées d’un point de vue familial, humain, sécuritaire ou autre. Mais que doit-on penser quand la machine s’emballe ?
Mardi 19/02, 6 h 30. Extrait du flash info de la station TOP music, émettant dans la région de Strasbourg :
« Un Ivoirien de 41 ans est détenu au centre de rétention de Geispolsheim alors qu’il était venu en France fin décembre avec un visa régulier. Il voulait rentrer chez lui, mais en est empêché par les autorités françaises, qui veulent le faire entrer dans les statistiques des reconduites à la frontière. »
Pour vérification, je suis allée sur le site de la radio (www.topmusic.fr) et j’ai écouté le podcast, histoire de vérifier que je n’avais pas rêvé... On sait jamais, vu l’heure matinale...
Dans un premier temps, ça me prête plutôt à rire... J’adore Les Guignols de l’info et j’avoue que, là, c’est sûrement le genre d’idée que les auteurs n’auraient pas osé avoir ! Et pourtant, en ce moment, Brice Hortefeux est largement dans leur collimateur avec des idées que je trouve parfois très perverses.
Mais, après l’effet de surprise, j’essaye d’imaginer les discussions qui ont pu avoir lieu lors de la « mise en rétention administrative » (devrait-on remplacer par « interpellation » ?). Ou de me mettre à la place d’une personne voulant juste prendre un avion pour rentrer après quelques semaines passées LEGALEMENT en territoire étranger : « Non, non, on vous garde, vous rentrerez plus tard et gratuitement ».
Au moins, cette personne une fois en cours d’expulsion ne donnera pas de piètre image de la France à ses voisins d’avion. Peu de chances qu’elle se débatte comme Envoyé spécial nous l’a montré il y a une dizaine de jours, dans un reportage que j’ai trouvé très dur.
Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’un cas comme celui-là doit avoir des justifications particulières... Serait-on en train de créer un fichier de gens qui n’obtiendront jamais le droit de revenir dans notre pays, pour quelque raison que ce soit ? Ou même sans.
Et comment cette personne a pu être choisie parmi le flot de gens embarquant pour la Côte-d’Ivoire ? Chaque personne devant se rendre là-bas (de préférence noire, j’imagine...) ne devient-elle pas suspecte ?
Le gouvernement de « Speedy Sarko » (puisque ce surnom qui a largement dépassé nos frontières) l’est à double titre : par la promptitude de son chef à être partout à la fois et la rapidité d’exécution des ordres, sans réflexion préalable.
Un mince espoir me paraît se profiler... Hier soir, France 2 a montré au journal de 20 heures le cas de neuf Africains en situation irrégulière, cuisiniers dans un grand restaurant de Paris. Ils font grève au grand jour, sous la bannière de la CGT et leur patron semble les soutenir. Bel exemple, quand on connaît la dureté du milieu de la restauration. Ces personnes ont néanmoins une certaine chance : elles travaillent dans un secteur où la main-d’œuvre manque. Et puis, comme qui dirait, ça sent les élections...
L’humanité, c’est pas forcément gratuit même si a priori ça ne devrait rien coûter.
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