Zohra Bitan la française

Elle a le regard franc, le physique dynamique et surtout ne parle pas la langue de bois. Elle s'anime sur des sujets forts avec un sourire volontaire qui n'empêche pas la gravité.

" Fille d'immigrés algériens, épouse d'un juif breton " comme elle aime se présenter, elle a beaucoup agi (" dire c'est aussi agir "), beaucoup travaillé, s'investit totalement.

Entrée au PS à 27 ans, à la Licra à 35, parce que " la gauche c'est bon pour nous les émigrés " comme disait son père, elle quitte le PS en 2011, après 20 ans de militantisme.

Elle a travaillé 8 ans dans le privé, est devenue cadre de la fonction publique territoriale, recrutée dans une ville PS qui lui a proposé d'adhérer à ce parti. Elle a été conseillère municipale.

Elle cite avec force ce jeune homme rencontré :" mettez-nous dans des poubelles, on deviendra des ordures ", pour aborder son combat. " L'intégration sociale des émigrés n'a jamais été en marche avec le PS ", qui pour elle " ne pense qu'assistanat dont la majorité des gens ne veut pas, paternalisme et ghettoïsation ".

" Cela devrait être Neuilly avec toutes les aides octroyées "." La gauche passe la pommade et est contente d'elle-même ". Comme pour eux, les émigrés n'ont pas vocation à aller au centre ville ", alors les politiques ont créé" les ZEP puis les super ZEP et les super super ZEP, les ZUS". Puisque " les émigrés ne peuvent pas se mélanger aux français "." Ils en ont fait des handicapés sociaux, pas intégrables ". La mixité sociale n'existe pas. Il faut dire " non à l'apartheid social ". Pour aider une minorité qui ne veut pas s'intégrer, on a délaissé " la majorité qui veut se diluer ". On a donné " des béquilles et des fauteuils roulants à des gens " qui veulent faire et peuvent faire la France.

Dès 1981 après les émeutes des Minguettes, au lieu de punir les casseurs, " on leur a payé des vacances "." On ne punit pas les enfants délinquants ". Puis plus près de nous " les jeunes loups arrogants de Terra Nova " ont constaté que les ouvriers blancs passaient chez Le Pen et les ont lâchés.

Pour Zohra Bitan la pauvreté, la misère n'existe pas qu'en banlieue, mais aussi dans les milieux ruraux." La misère et la pauvreté n'ont pas de territoire ".

Aucune politique publique n'a mis l'accent sur " le rôle des parents ". Or c'est l'essentiel. Lorsque François Hollande parle, il parle seulement aux jeunes, comme à Villiers-le-Bel.

Pour s'intégrer il faut faire un effort." On doit apprendre à faire, pour être autonome "." On privilégie quelqu'un parce qu'il a fait l'effort ". "Il n'y a pas de fatalisme ".

Au lieu d'une augmentation de l'allocation scolaire de 25% il aurait mieux valu " lancer des actions parents-enfants ". Dans les centres de protection maternelle et infantile il ne faut pas se contenter de veiller aux vaccins, mais " créer des cellules d'accompagnement des parents ".

Pour lutter contre la violence, il ne faut pas avoir peur de " la détecter dès l'âge de 3 ans, ce qui est " scandaleux à gauche ". Mais " qui n'a pas habité une cité " ne sait pas ce qu'on y vit en matière de violence.

Au lieu de la discrimination positive, il faut un accès à l'éducation pour tous et la méritocratie.

La 3ème et la 4ème génération sont nées en France, alors que les gamins disent n'être pas français." L'amour de la patrie semble être une insulte ". Les français ne sont pas racistes. Malheureusement " le blanc qui dit cela se fait traiter de facho ".

" On est content d'être français ; encore plus content si on est une femme " dit-elle. Elle est retournée dans son pays d'origine, l'Algérie, en 2009, 20 ans après sa dernière visite. Elle reconnait :" l'Algérie c'est le pays de mes parents, de ma mère qui a souffert de ne pas lire et écrire le français ".

En soulignant qu' "on n'entend pas les 8 députés issus de l'immigration ", Zohra Bitan dit qu'il y a urgence de transformer " pour vivre ensemble ". Car la crise est synonyme de " crispation ".

Elle lance " La France pour tous " avec une idée phare" une éducation civique continuée ", des "Campus Marianne", pour relever le défi avec une réunion, même une fois par mois, dans des salles prêtées par des municipalités convaincues.

Seulement " 13% des français trouvent la classe politique crédible ". Il faut alors redresser la barre. Il ne faut plus que ce soit " la cité ou le djihad ". Il ne faut pas abandonner les parents face au djihad." Des tas de gens sont religieux sans embêter personne ".

En matière d'emploi, il faut coopérer avec les entreprises pour faire le point des filières qui embauchent, ouvrir " les formations à la clé "qui aboutissent automatiquement aux emplois. Pourquoi ne pas proposer " des métiers dans l'agriculture à des gosses de banlieue ".

A lire donc " Cette gauche qui nous désintègre ", le livre que Zohra Bitan fait paraitre, qui dénonce " les indignés de salon ", " la gauche intellectuelle, paresseuse, arrogante et hypocrite, qui sous couvert d'antiracisme enfonce les enfants de l'immigration ".