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La fracture numérique ne doit pas dissimuler l’impérialisme technologique

Le thème de l’inclusion numérique fait l’objet de nombreux forums, que ce soit au Conseil National du Numérique, ou à la Netscouade… Mais malgré des discours parfois anxiogènes, il y a fort à parier qu’avec le temps, les usages suivront l’offre des services proposés. C’est pourquoi, réussir le virage du 21ème siècle exige de l’anticipation, notamment dans le secteur culturel. Pour que les géants américains ne viennent pas se substituer à l’offre nationale, on peut compter sur les pépites françaises afin d’imaginer le nouvel environnement numérico-médiatique de demain… Toutefois l’hégémonie de certaines entreprises invite à la prudence et oblige à l’innovation perpétuelle.

 En 2013, l’observatoire du numérique, rappelait que les ménages français ont un fort taux d’équipement en ordinateur et que 82% d’entre eux disposeraient d’une connexion à internet personnelle. Selon ses recherches, notre pays serait classé 7ème en Europe lorsqu’on regarde ces indicateurs et aurait ainsi plutôt bien réussi à réduire la fracture numérique.

Inévitablement ces améliorations de l’accès à la technologie ne sont pas restées sans conséquences, notamment sur le secteur des médias. Toutefois, le ministère de la rue de Valois affirmait dans une étude du Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) en 2008, qu’il faut « relativiser l’impact de la révolution numérique sur les pratiques culturelles ».

Selon Olivier Donnat, l’auteur de l’étude, il est nécessaire « pour appréhender la diversité actuelle des modes d’articulation de l’internet avec les médias ou les formes d’accès à la culture qui lui préexistaient et évaluer à sa juste mesure l’impact de la révolution numérique, de regarder la société française comme l’addition de quatre générations  ».

La fracture numérique serait ainsi plus le fait d’un facteur générationnel que social. Une analyse que semblait partager le président du directoire de la radio RTL, Christophe Baldelli, lors du colloque NPA – Le Figaro. La radio qui a d’abord résisté à l’arrivée du disque, n’échappera pas à une réflexion sur les enjeux du numérique, pourtant les stations restent confiantes : « nous avons au moins vingt ans devant nous, car les 40-60 ans sont notre auditoire majoritaire et ils ont une consommation classique des médias ».

Cependant, avec l’exemple de la TV connecté, le bloggeur Laurent Chemla ironisait en 2012, à la fois sur les bouleversements technologiques, et sur l’analyse générationnelle. Il écrivait alors dans une tribune publiée dans Owni, l’un des sites de la préhistoire du web participatif : « la télé connectée existe déjà (…) Elle passe par une antenne, puis via mon réseau local elle arrive sur mon écran d’ordinateur. Et lui il a déjà une souris, un clavier, un écran assez proche de mes yeux de presque-cinquantenaire ».

Un témoignage qui ne remet pas totalement en cause l’analyse des quatre générations d’Olivier Donnat. En effet lorsqu’il évoque « la génération du second âge des médias », celle des 30/40 ans, il rappelle que c’est elle qui peut « saisir assez largement les potentialités offertes par la culture numérique ».

Autre exemple, la chaîne cryptée Canal+ qui célèbre ses 30 ans est le symbole de cette génération bercée par « le fameux esprit Canal » souvent évoqué, entre autre dans le magazine Télérama. La firme qui est depuis quelques semaines en concurrence avec Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande, n’a pas vraiment de raison de s’inquiéter car comme le rappelait encore récemment Stéphane Richard PDG d’Orange :

« L’interface et le moteur de recommandation de Netflix sont bien, mais, en terme de qualité produit, je ne pense pas que ce soit cela qui va révolutionner à court terme l’offre de SVOD. On peut faire mieux : Canal Play est un produit très compétitif et même sans doute meilleur au niveau qualitatif  ».

Pour résumer, dans un article intitulé, La fracture numérique, paradoxe de la génération Internet, Caroline Rizza (ENST) estimait que pendant « que les communicateurs officiels continuent à glorifier l’avènement de la « société de l’information », de nombreuses interrogations apparaissent sur l’impact social réel d’Internet ». Par ailleurs, si des différences sociales et générationnelles existent pour de bon, elles ne sont pas inhérentes à la problématique du numérique, et subsisteront probablement au fil des siècles.

En revanche, pour permettre à une offre française de rester compétitive dans un monde de plus en plus ouvert sur l’extérieur, il est primordial d’encourager la création d’un environnement numérique national. C’est par exemple l’objectif de Framasoft qui souhaite « dégoogliser internet ». Déjà lors de l’édition précédente du colloque NPA Le Figaro en juin dernier, cette problématique avait été abordée.

Le PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes conforté par le ministre Arnaud Montebourg avait alors déclaré son refus de voir la France devenir une « colonie de Google », qui construit « sa richesse sur le cimetière des entreprises et des initiatives européennes qu'il aura condamnées ». Une préoccupation que semble partager Philippe Scoffoni, directeur associé d’Open-DSI qui regrette dans le billet Les irréductibles gaulois passent à l’attaque version Framasoft, édité sur son blog, que trop souvent l’emporte « la simple volonté de remplacer plutôt que de prendre un temps d'avance »…

Si on peut saluer l’initiative de la French Tech lancée par la ministre du numérique, devenue ministre de la culture, Fleur Pellerin, le tout reste de savoir quelle suite sera donnée à ce mouvement « pro-business » ?!


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2 réactions à cet article    


  • lsga lsga 28 novembre 2014 12:41

    Observer comment le Capitalisme va écraser ce qui jadis était nommé : « La Haute Bourgeoise Nationale ». Il n’y a rien que vous soyez en mesure de faire pour empêcher le Capitalisme de réduire à néant toutes vos prétentions nationalistes petites bourgeoisie. Rien. 

     
    L’exemple culturel est le bon. Gallimard, Flammarion et leur politique éditoriale de contrôle et de censure du contenu littéraire, sont très représentatifs de la nature fasciste et autoritaire de la Haute Bourgeoisie Nationale (qu’elle soit française ou autre : c’est le caractère national qui provoque cela).
     
     
    Mais, aujourd’hui, cette « grande » bourgeoisie nationale devient « petite » bourgeoisie internationale. Face à Amazon, le PDG de Gamillard fait figure d’épicier poujadiste. Amazon, qui va rapidement contrôler l’essentiel du Capital Littéraire, bouffe tous ces « petits » éditeurs. Amazon peut imprimer des livres à la demande, au moment même où la commande est passée. Mieux, les équipes d’Amazon viennent de faire passer la majorité des lecteurs américains sur les supports numériques, ce qui permet de vendre les livres à un prix défiant toute concurrence. Bref, Amazon produit et distribue des livres à des coûts presque nuls, avec un taux de profit extrêmement faible (comme prévu par Marx dès 1870...). Se faisant, Amazon se fou totalement du contenu littéraire, et permet à n’importe quel petit auteur de s’autopublier et de s’autodistribuer, sans qu’aucune censure ne s’exerce. Voilà ce qui différencie l’Oligarchie Internationale de la Haute Bourgeoisie Nationale : leur conversion au Capitalisme est total, au Capitalisme Financiarisé, ils ne se préoccupent donc plus que de la dure réalité du paiement au comptant, ce qui est vendu ne les intéresse même plus. 
     
    Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’Amazon est une entreprise Socialiste, loin s’en faut. Cela veut dire que Amazon est plus facile à collectiviser que Gallimard, cela veut dire que les technologies d’Amazon correspondent aux framework socialiste. Vivement ! 

    • Ruut Ruut 16 décembre 2014 08:55

      Amazon m’as toujours livré alors que les grandes boites de distributions Française ont toujours refuser de me livrer, ils ne s’occupent pas des particuliers...

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Auteur de l'article

Hubert Arvilles


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