• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Technologies > Le Nobel de médecine 2013 récompense la biologie du 20ème siècle

Le Nobel de médecine 2013 récompense la biologie du 20ème siècle

Le Nobel 2013 de médecine vient d’être attribué à deux Américains, James Rothman, Randy Schekman et un Allemand, Thomas Südhof, dont la carrière scientifique s’est déroulée aux Etats-Unis. Les travaux couronnés concernent les mécanismes de trafic intracellulaire. Ce n’est pas une seule découverte qui a été récompensée mais plutôt des travaux indépendants reliés par quelques points communs. C’est sans doute Südhof qui semble se détacher par une certaine originalité dans ses travaux, ayant développé une approche alternative pour élucider les mécanismes de transmissions synaptiques médiatisés par les neuromédiateurs qui sont stockés dans des vésicules avant d’être libérés. Südhof a aussi mis en évidence des mécanismes d’assemblage, travaillant sur deux types de protéines, les neurexines et les neuroligines, dont le complexe réalisé intervient dans l’échafaudage des synapses. Ces deux types de molécules font partie de la grande famille des protéines adhésives, essentielles dans l’assemblage des cellules ainsi que dans la transmission des communications cellulaires. Les neurexines et les neuroligines altérées (par voie génétique notamment) sont susceptibles de perturber le bon fonctionnement des transmissions neuronales et peut-être de jouer un rôle dans l’autisme et la schizophrénie, selon Südhof.

On comprend bien que ces recherches s’inscrivent dans un contexte mécaniste et finalement, appartiennent à une ère qu’on peut baptisé comme étant l’ère Watson, Monod, Changeux. De la bonne science médicale capable de trouver des mécanismes, des structures, et de faire le lien avec la génétique et de possibles implications dans les pathologies mentales. Cette recherche est très pointue et très conventionnelle, même si elle marque une relative originalité. Ces protéines adhésives seraient selon le lauréat du Nobel porteuses de perspectives intéressantes dans la compréhension de plusieurs pathologies mentales. Cette opinion est très respectable, même si elle laisse penser que l’impasse est au bout du chemin car l’approche mécanistique n’a plus vraiment d’avenir. Les options inédites et radicales seront peut-être examinées et couronnées dans 20 ans par d’autres prix Nobel.

Les recherches menées par les deux autres lauréats du Nobel, Schekman et Rothman, s’inscrivent elle aussi dans le paradigme mécaniste avec l’étude de mutants génétiques permettant de comprendre avec finesse et force détails moléculaires des processus importants dans les régulations physiologiques. Il est question de stockage et de transports de molécules grâce à des vésicules qui finalement, image mécaniste oblige, représentent des sortes de citernes contenant des « encres ou ancres moléculaires » permettant de peindre les structures, les parois... Comme c’est le cas du cholestérol. Ou bien d’écrire des textes permettant aux cellules de communiquer, cas des neurotransmetteurs et autres hormones circulantes. Ces citernes sont même capables de fusionner si une protéine est présente pour réaliser ce processus. Ces travaux ont donc permis de voir précisément comment les vésicules se mettent en place, se comportent dans les cellules, se façonnent pour rejoindre leur destination fonctionnelle. C’est du dessin industriel moléculaire de très haute précision et d’excellente facture qui nous est proposé.

Le Nobel 2013 n’est donc pas un cru exceptionnel. On n’y trouve pas de découverte majeure mais un ensemble de contributions déterminantes s’inscrivant dans le grand schéma de la science biologique mécaniste du 20ème siècle. Aucune originalité radicale. Sans doute, la participation des deux Américains aux prestigieuses revues scientifiques (l’un deux a été éditeur en chef du PNAS) a influé sur le comité Nobel qui ne reste pas insensible au carnet d’adresse des lauréats. Le Nobel 2013 aurait pu être décerné une bonne dizaine d’autres prétendants qui l’auraient autant mérité.

 


Moyenne des avis sur cet article :  3.8/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • Maître Yoda Castel 7 octobre 2013 14:26

    De plus, je propose qu’on réhabilite la guillotine pour les prix nobel politiquement incorrect.


    • Buddha 7 octobre 2013 14:44

      Depuis le nobel de la paix au marchand de drones..........................who gives a damn about that bloody useless price..... !!


      • Buddha 7 octobre 2013 14:45

        prize au lieu de price...désolé..


        • doctorix, complotiste doctorix 7 octobre 2013 16:22

          Pour la médecine, je ne sais pas, mais pour la paix, ce sont cinq gusses parfaitement inconnus qui l’attribuent, plus un sixième qui fait la pluie et le beau temps si ça ne va pas dans le bon sens.

          Un américain, bien sûr.
          Le Nobel, c’est du grand guignol.

          • ung do 8 octobre 2013 01:24

            article intéressant  ; quoique je n’arrive qu ’à comprendre que le quart des infos , vu mon faible niveau scientifique .
            Je me suis laissé dire que les prix Nobel scientifiques devraient être attribués pour beaucoup à des Asiatiques , vu le nombre de leurs publications .
            Mais comme dit Buddha , on a perdu toute illusion sur la valeur intrinsèque du prix . Ca ne sert qu ’ à faire de la propagande , à faire mousser les nord américains et leurs valets , européens , canadiens et australiens .On se rappelle de l’ attribution à O - bouffon ou à l ’UE . Depuis quand la Norvège ou Suède se prosterne devant les Yankees comme cela ? qui peut me renseigner ?


            • Bernard Dugué Bernard Dugué 8 octobre 2013 11:50

              Cet article parle du Nobel de médecine malgré le côté surréaliste des commentaires qui évoquent la paix Si les Américains ont les Nobel, c’est parce que leur recherche est meilleure. Parce que les jeunes chercheurs audacieux sont poussés en avant au lieu d’être bridés et asservis par un patron, comme chez nous. Pas plus compliqué. La recherche médicale française est mauvaise, n’en déplaise aux ministres


            • jean-charles 9 octobre 2013 15:07

              Je ne comprend pas votre prose et pour avoir lu quelques uns de vos articles sur votre passé, je crois comprendre que vous entretenez une certaine aigreur par rapport à ce qu’a été votre parcours personnel. Même si tout n’est pas parfait (loin de là), votre commentaire sur la qualité de la recherche biologique/médicale française est une généralisation abusive, teintée de la subjectivité de votre propre vécu.

              La France occupe la place qu’elle doit occuper par rapport à la taille de sa population et des moyens qu’elle engage dans sa recherche, soit la 5eme place mondiale (parfois mieux, parfois moins bien en fonction des spécialités considérées).

              Concernant le prix Nobel, il récompense ce qui a été découvert et non pas ce qui le sera ... donc lui reprocher de récompenser la science du 20ieme siècle est un non sens. Ces trois personnes ont été des chercheurs qui ont été des leaders dans leurs domaines : la compréhension du trafique cellulaire. Il s’agit avant tout d’une recherche fondamentale qui permet de comprendre dans son ensemble, le fonctionnement cellulaire. Les références faites aux pathologies sont en partie marketing même si certaines d’entre elles sont en effet associées à des erreurs d’aiguillage de certains composants cellulaires.

              La biologie du futur et les ruptures que vous appelez de tous vos vœux, ne s’appuieront de toute manière que sur les connaissances que les équipes de ces hommes ont patiemment récoltés pour comprendre les règles de la communication cellulaire. La vraie critique que l’on peut faire à ce genre de prix, est de peut-être mettre trop en avant des individus alors qu’il s’agit d’un travail pour beaucoup, collectif.


              • christophe nicolas christophe nicolas 14 octobre 2013 20:06

                J’ai une très mauvaise nouvelle pour la médecine chimique mais une très bonne pour la médecine naturelle... l’exposition aux champs antigravité est de nature à guérir vos corps en améliorant la potentialité des interactions... En gros le corps est dopés dans ses processus naturels de reconstruction et de réparation. Bon ça bloque à cause de ceux qui gèrent les intérêts, ce n’est pas grave, ils feront une chimiothérapie merdique.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès