Les dangers sanitaires potentiellement générés par les NTIC sans fil suscitent depuis des années de nombreuses polémiques. Récemment, le 4 février 2009, au nom du principe de précaution, la Cour d’Appel de Versailles a condamné BOUYGUES TELECOM au versement de dommages et intérêts ainsi qu’au démontage d’antennes relais installées dans la ville de Tassin-la-Demi-Lune. L’association Robin des Toits, située à Paris, milite depuis une dizaine d’années sur ce sujet sensible, non pas par phobie de la téléphonie mobile ou par inquiétudes démesurées mais sur la base de connaissances scientifiquement validées. Sa mission consiste donc à seconder et à fédérer des personnes ou des collectifs luttant pour la sécurité des populations exposées à ces NTIC sans fil. A ce titre, Melting-Actu se propose de retracer sous forme d’article les informations recueillies dans le cadre d’une émission radiophonique, à l’occasion d’une interview exclusive que nous avons menée avec Monsieur Marc Cendrier, Président de Robin des Toits.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sans fil (téléphones portables, Wi-fi, bluetooth, RFID, etc.) ont de plus en plus le vent en poupe et envahissent massivement les entreprises et les lieux publics. Elles constituent par ailleurs un outil de travail prépondérant dans toutes les formes d’organisation du travail pour une majorité de salariés. Pourtant leur utilisation ne reste pas sans danger pour la santé. En effet de nombreuses recherches scientifiques, appuyées par la plus grande enquête épidémiologique jamais réalisée jusqu’à ce jour et publiée dans la Une Bruxelloise du Soir (Etude
INTERPHONE), confirment et attestent la présence de risques sanitaires dangereux et avérés, liés notamment à une surexposition massive aux ondes électromagnétiques.
Ainsi, la prolifération de toutes ces sources de rayonnement, encore dénommée « Electrosmog » dans les pays anglo-saxons, engendre aujourd’hui le développement de handicaps particulièrement invalidants et exclusifs comme l’hyper électrosensibilité dont les symptômes se manifestent sous la forme de migraines, nausées, acouphènes ou encore douleurs dans la nuque. Non reconnu en France, ce syndrome a pourtant fait l’objet de nombreuses mesures comme la résolution d’une directive européenne visant à abaisser les seuils d’exposition (3V/m alors que les seuils autorisés français, conformément au Décret Jospin, avoisinaient une fourchette de 41 à 61 V/m) ainsi que la mise en place d’un protocole de détection de cette pathologie. En outre, une étude dirigée par le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer) semble confirmer que l’utilisation massive des GSM pour une durée supérieure à dix ans pourrait bien être à l’origine de la multiplication de différentes formes de cancers, principalement quatre grands types (Gliomes, méningiomes, neurinomes de l’acoustique ou tumeurs de la glande parotide). C’est pourquoi, de nombreuses associations, dont la structure « Robin des Toits », ont décidé de réveiller les consciences et d’alarmer les pouvoirs publics avec suggestions concrètes à l’appui, sur un fléau qui ne cesse de s’amplifier - d’autant plus que des incidences sur les femmes enceintes ou porteurs de pacemaker ont également été détectées.
Selon la Constitution française, il est écrit à l’article 1er de la Charte de l’Environnement que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. » En ce sens, le gouvernement et les représentants de l’Etat ont déjà présenté, en réponse à ce problème de santé publique, un plan d’actions mais hélas inadapté à la situation actuelle. En conséquence, l’association Robin des Toits, tout comme le CORPS (Coordination pour une Obligation de Responsabilité Politique et Sociale) ont émis à leur tour un certain nombre de propositions peu onéreuses, efficaces et faciles à instaurer. On pourrait citer entre autres : la mise en place de nœuds de raccordements filaires, sans danger pour la santé, pouvant couvrir les zones d’ombres à haut débit et évoluer en fonction des progrès technologiques, la soumission des opérateurs à des règlements et obligations coercitives en matière de santé publique, le respect impératif du seuil d’exposition du public fixé à 0,6V/m, seuil maximal et indépassable et non moyen, l’interdiction formelle de la vente de portables à des enfants de moins de 14 ans, la reconnaissance de l’hyper électrosensibilité, la prise en charge des mesures de champs électromagnétiques par des organismes indépendants et non mandatés par les opérateurs eux-mêmes, l’affichage obligatoire du Débit d’Absorption Spécifique dans les points de vente de téléphones sans fil et mobiles, la vente unique de kits piétons filaires. A ces solutions s’ajoute par ailleurs, la possibilité et la nécessité de mener une large campagne d’information auprès de l’opinion publique à l’appui des fonds engagés dans une étude comparative sur les mesures prises par nos voisins européens quant aux valeurs limites d’exposition du public aux ondes radioélectriques.
Malheureusement, en dépit des alertes adressées à divers représentants des collectivités territoriales dans plusieurs courriers et lettres ouvertes (lettre de l’association Robin des Toits du 20 octobre 2008, courrier du CORPS du 16 septembre 2008, Lettre de Robin des Toits du 16 octobre 2008 adressée au Maire de Strasbourg), leurs revendications restent vaines et muettes. Les intérêts économiques et industriels sont, à priori, supérieurs à ceux des citoyens en terme de santé publique, alors que certains lobbies ont déjà mis le doigt sur des dysfonctionnements et des super gaspillages monstrueux et scandaleux quant à l’installation de ces nouveaux moyens de télécommunication dans les services publics. En l’occurrence, les collectivités font appel à des cabinets privés qui ne jurent que par les ondes hertziennes tandis que les installations filaires sont inoffensives sur le plan médical et largement moins coûteuses. Résultat : alors que 98 % de la France est déjà achalandée en Internet haut débit à fibres optiques, le département des Hauts de Seine a investi plus de 500 millions d’euros dans un projet d’installation de bornes Wi-fi. (Source : Robin des Toits)
Désormais, les associations en appellent à la responsabilité publique et pénale des élus, quant à l’application scrupuleuse du principe de précaution et n’hésitent plus dorénavant à se porter partie civile devant les tribunaux en se basant précisément le dernier rapport indépendant BIOINITIATIVE, confirmé et validé par l’Agence Européenne de l’Environnement. Ainsi le 4 février 2009, la Cour d’Appel de Versailles a confirmé le jugement du Tribunal de Nanterre et condamné la société BOUYGUES TELECOM au versement de dommages et intérêts pour trouble du voisinage devant la présence d’antennes à proximité des habitations ainsi qu’au retrait immédiat de ces installations.
Faut-il encore espérer maintenant que ce jugement suscite la promulgation et l’application d’une loi. Madame Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET prévoit prochainement d’organiser une table ronde au sujet des antennes. La ville de Toulouse, tout comme d’autres villes de France prennent désormais les devants et s’inspirent de dispositifs espagnols conjuguant santé publique et technologies. A Paris, on espère la mise en place de zones « blanches ».
Conclusion, comme le disait Shakespeare, « quand le courage empiète sur la raison, il ronge le glaive avec lequel il combat. » Gageons que les efforts de Robin des Toits portent leurs fruits et se propagent dans tout l’hexagone !!!
Sandra WAGNER