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Accueil du site > Actualités > Technologies > Refondation de la physique. Les trois flèches du Temps

Refondation de la physique. Les trois flèches du Temps

Notre époque arrive vers une fin. La science peut poursuivre ses développements techniques sans fin ou alors envisager, ce qui est complémentaire, de comprendre au plus près des choses ce qu’est la Nature, la matière, le cosmos, la vie, la conscience. En ce cas, il faut étudier l’option radicale visant à refonder toute la science en commençant par la physique puisque c’est cette discipline qui permet d’accéder aux réalités et principes universels. Toutes les sciences sont destinées à être refondées. C’est l’enjeu du 21ème siècle !

1 L’Etre et le Temps en question

Heidegger pensait que l’histoire de la philosophie occidentale s’expliquait par l’oubli de l’Etre. Et si l’histoire de la science occidentale reposait sur l’oubli du Temps ? En vérité, dans l’esprit de Heidegger, la philosophie n’a pas oublié l’Etre, mais s’est contentée d’une esquisse (celle de Parménide) pour ensuite l’abandonner. Il est intéressant, du point de vue heuristique, d’appliquer ce schéma à la science, avec un temps mal esquissé puis largement dessiné et incompris, plutôt qu’oublié. Les anciens se sont interrogés sur l’Etre, ou bien le Temps, mais ils ont laissé des traces approximatives et imprécises sur ce que sont le Temps et l’Etre. L’imprécision ne doit pas laisser penser que les anciens étaient imprécis. Ce n’est qu’une appréciation relative venant de notre époque où la précision et les détails foisonnent. Ce qui devrait nous permettre d’accéder à ces questions fondamentales sur l’Etre, ou du moins, sur le Temps qui est à la fois une notion et un paramètre déterminant dans les théories physiques et biologiques.

Le Temps figure dans la science comme une notion centrale comparable à l’Etre dans la philosophie mais la situation est très différente. L’Etre a été oublié parce qu’il ne se livre pas facilement et se trouve en quelque sorte hors de portée de la pensée alors que le Temps est une notion dont on fait l’expérience subjective, que l’on appréhende et que l’on mesure en science, pour ensuite le formaliser sous forme d’un paramètre essentiel dans toute formulation d’une dynamique ou une mécanique. On ne parlera pas d’un oubli du temps mais d’une incompréhension du Temps ou des Temps par la science moderne. Ou mieux encore, de la proximité intellectuelle d’une catégorie de temps qui a fait oublier une autre catégorie de temps et de ce fait, a engendré une méprise sur ce qu’est le Temps universel dans la Nature.

Ce malentendu avec le temps est daté. Il remontre à Galilée et Newton, puis s’accentue en prenant un tournant inédit avec l’énigme de l’entropie à la fin du 19ème siècle. Pour le dire en une formule, la science moderne a privilégié ce qui arrive dans le temps en négligeant ce qui advient avec le Temps. Notamment ce qui se produit par un effet de mémoire et d’accumulation.

La science moderne s’est placée sous l’égide de l’alliance rompue entre une Nature observée, mesurée, manipulée, décrite par ses phénoménalités matérielles et temporelles, interprétée mécaniquement, et une Nature intégrale, douée d’une intériorité, d’une mémoire et peut-être d’un principe téléologique qui permet à l’univers d’aller vers un ordre complexe. Cette alliance rompue se dessine sous un angle double, ontologique et téléologique. La nature physique est aveugle et ne sait pas où elle va si ce n’est vers un désordre déductible d’une certaine interprétation de l’entropie. Le monde vivant se complexifie mais est lui aussi aveugle d’après les conceptions darwinistes et l. Il n’y a que l’homme qui est doté d’une conscience et peut se savoir où il veut aller, alors qu’il œuvre sur la planète en allant vers des sociétés de plus en plus complexes, que ce soit dans les techniques, les cultures ou l’organisation sociale.

2 Aristote et Nicolas de Cues

Le temps est le nombre du mouvement pensait Aristote. Mais qu’est-ce le mouvement ? « Ainsi l’altération est le mouvement de l’être altéré en tant qu’altéré ; le développement et la réduction sont le mouvement de l’être qui se développe, et de l’opposé, à savoir l’être qui se réduit ; car il n’y a pas ici d’expression commune pour ces deux idées ; la génération et la destruction sont le mouvement de l’être qui est engendré et qui se détruit ; de même que la translation est le mouvement de l’être transféré » (Physique, III, 1, § 8)

Si l’on interprète correctement Aristote en prenant note que le temps est le nombre du mouvement, il existe trois flèches du temps. Celle qui est responsable de l’altération et la corruption, celle qui produit la croissance et la génération et enfin celle qui est associée à la translation. Si l’on resitue ce triplet dans un contexte scientifique moderne, alors on peut aisément faire un parallèle entre la corruption des choses et la tendance au désordre telle qu’elle se déduit du second principe de la thermodynamique, alors que la translation renvoie à une physique du point matériel telle qu’elle est développée dans la mécanique rationnelle (Newton, Lagrange), le temps étant alors un paramètre et les théories symétriques par rapport à ce temps. La physique contemporaine fonctionne avec ces deux catégories de temps, le premier étant irréversible et conçu comme une flèche, l’autre étant réversible et interprétation comme une flèche qui peut inverser sa direction à l’image d’un film que l’on passe à l’envers. Mais avez-vous remarqué que la troisième catégorie de temps n’apparaît pas dans la physique contemporaine. C’est la flèche de la complexité, de l’ordre, de l’organisation, qui est opposée mais pas de manière symétrique à la « flèche de l’entropie ».

En fait, cette flèche de la complexité transparaît chez certains auteurs, souvent philosophes, parfois physiciens. Prigogine est l’un de ceux qui s’est approché le plus près de la complexité et sa flèche du temps. On s’approche mais peut-on comprendre cette flèche de la complexité si mystérieuse ? Alors que la flèche du désordre est si évidente. Un vase se brise et tout est clair. L’inverse non. La complexité prend des millions d’années pour se constituer alors qu’en quelques secondes on peut tout détruire en usant des outils adéquats.

L’autre accès permettant de rouvrir cette enquête sur la complexité nous est offert par Nicolas de Cues, prêtre et savant du 15ème siècle. Sa conception des choses naturelles comprend deux pôles, l’explicatio et la complicatio, que l’on peut traduire par développement et enveloppement. Cette conception n’est pas étrangère à celle de son héritier en métaphysique qui deux siècles et demi plus tard, proposera la conception des monades. D’après Deleuze, Leibniz est un philosophe baroque et les monades sont faites de plis, de replis et de déplis. Ordre déplié, ordre implié suggèrera trois siècles plus tard le physicien quantique Bohm. Cet ordre interne et monadologique est consistant avec la possibilité d’une complexité émergente qui repose sur la mémoire de la monade qui en fait, décrit la matière mais dans une option différente de l’atomisme. La matière n’est pas seulement un ensemble d’objets dotés de propriétés externes. Elle est aussi une substance douée d’intériorité, de mémoire, d’informations reçue et le cas échéant ordonnées.

La conclusion de cette étude sommaire est qu’il faut prendre en compte trois flèches du temps pour décrire complètement le devenir et l’ordre des choses dans la Nature. Ces trois flèches ne sont pas correctement comprises par les anciens ni la science moderne d’ailleurs. Ce qui amène à confirmer la nécessité d’une refondation de la connaissance scientifique de la Nature. Nous disposons de données précieuses. Les deux premières flèches sont très présentes dans la physique moderne mais la troisième flèche se dessine actuellement et c’est cela qui devient passionnant.

3 Les flèches du temps dans la science moderne

Qu’est-ce que le temps ? Il se peut bien que le temps soit identique à l’énergie et que l’énergie soit l’autre aspect de l’information. La science du temps se conçoit alors comme une science de l’information. Les trois flèches du temps sont alors associées à des dispositions de l’information. Ce constat est assez trivial sauf pour la troisième flèche du temps, celle de la complexité, qui commence à se dessiner dans les avancées de la physique des années 2010. Et ce dans les trois champs principaux que sont la physique quantique, la dynamique statistique et la cosmologie. Trois flèches, trois physiques, neuf conjectures pour bien comprendre le temps et surtout élucider la troisième flèche, celle de la complexité. La nouvelle science du temps sera aussi une science de l’information.

Je n’en dirais pas plus bien que j’en sache un peu plus. Je cherche, la science du temps, mais aussi un éditeur.


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19 réactions à cet article    


  • Ben Schott 16 février 2015 10:10

    Si on refonde la physique, tenez-moi au courant, je changerai peut-être d’avis sur le 11 septembre...


    • christophe nicolas christophe nicolas 16 février 2015 15:55

      il ne faut pas tenir pour certain ce que la majorité pense ou effectivement tu changeras d’avis sur le 11 septembre.


      Il y a trop d’expériences inexpliquées pour que la physique actuelle soit satisfaisante. Cela peut paraître bizarre mais c’est ainsi.


    • bourrico6 17 février 2015 08:20

      Il y a trop d’expériences inexpliquées pour que la physique actuelle soit satisfaisante. Cela peut paraître bizarre mais c’est ainsi.

      C’est quoi satisfaisante ?
      Votre phrase bien conne est digne de Dugué une phrase qui montre que vous ignorez tout ou que vous interprétez comme cela vous chante.
      Naturellement, je n’attends pas de réponse de votre part.


    • Hervé Hum Hervé Hum 16 février 2015 10:42

      Bonjour Bernard Dugué,

      je doute que votre approche des trois flèches du temps vous mène quelque part !

      La réponse que vous cherchez se trouve dans cette définition de la conscience :

      « le sens de l’action en conséquence de la connaissance. »


      • el cogno 16 février 2015 12:51

        Tiens, il change de terme, après la révolution, voici la refondation.

        Le jour il parlera d’évolution, j’ouvre le Champagne !

        Quoi que non, sa démarche du XIXèmé siècle et son autisme quand à l’évolution scientifique le maintiennent dans une sorte de « tunnel » mental dont il ne peut rien sortir d’intéressant.


        • soi même 16 février 2015 17:46

          Il est dans le cyclotron de l’CRN de Genève .

          J’ai une autre idée, les articles de Bernard, sert de tête de gondole comme, il y a d’autre sur le site pour que justement l’on ce précipite sur la bonne réclame de ses produits , il est vrai, si l’on laissait tombé les têtes de gondole et que et jeté un œil sur des véritables articles de fond, il se passerait probable quelque chose dans le Temps avec d’autres aiguilles temporel que Mono, Chalot, Bernard et Cabanel et compagnie !


        • Le p’tit Charles 16 février 2015 13:03

          Le temps est le concept inventé par l’homme pour savoir ou il se trouve...quand à la science ou les découvertes..notre monde en est saturée et se retrouve au fond du trou..Ce n’est plus la science au servie de l’homme mais la science au service du porte monnaie.. !


          • soi même 16 février 2015 15:23

            Comme d’habitude Bernard tourne au tour du pot :

            Le temps est ce qui a de plus mystérieux, il contient à la fois dans l’instant, le passé, le présent, et le futur , il n’est jamais linéaire dans son déroulement, il a eu des variations dans son histoire, il peut être plus lent où plus rapide , il n’est jamais statique et la dernier chose le temps à une limite, il n’est pas indéfinie, il s’inscrit dans un espace, notre cosmos, c’est à dire au delà du cercle zodiacale il n’a plus court, on à affaire à l’Éternité !


            • soi même 16 février 2015 15:25

              « Écrire, c’est comme dessiner : c’est tracer des contours nets, refuser le vague à l’âme, jeter un rai pénétrant de lumière dans l’ombre des profondeurs, dans ces zones de la vie intérieure où s’agitent les démons de l’obscur et de l’indéterminé ; c’est écarter un instant ces démons, conquérir sur eux au moins un répit, le temps de se ressaisir et de faire son métier d’homme. »

              in Goethe

            • Pyrathome Pyrathome 16 février 2015 15:27

              Laissons du temps au temps.....


              • soi même 16 février 2015 15:54

                A oui, laissons du Bernard au Bernard, sauf il faut qu’il arrête de jouer au Bernard l’ermite, car sa pensé est en train de devenir troglodyte .


              • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 16 février 2015 16:23

                Monsieur DUGUE faites un tout à la Maison Georges Lemaitre où j’ai déposé les véritables fondements de la science.


                • Alren Alren 16 février 2015 16:29

                  Vous postulez pour quel prix Nobel ? « islam » ?


                • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 16 février 2015 17:07

                  Gardez-le pour vous !


                • colere48 colere48 16 février 2015 16:30

                  ....où j’ai déposé les véritables fondements de la science....

                  Effet WHAAAOUUUUUUU garanti !!!!


                  • lsga lsga 16 février 2015 16:55

                     bon, visiblement, vous prétendez de plus en plus passer dans le camps de la philo. Donc, en Science, il faut formaliser, prédire, simplifier. En philo, il faut affiner les concepts, les questions, faire avancer LE DÉBAT. 

                     
                    Alors, monsieur Dugué, quelles sont les autres positions possibles que la votre ? à qui vous opposez vous le plus directement ?

                    • Francis, agnotologue JL 16 février 2015 17:21

                      ’’Pour le dire en une formule, la science moderne a privilégié ce qui arrive dans le temps en négligeant ce qui advient avec le Temps. Notamment ce qui se produit par un effet de mémoire et d’accumulation.’’

                      Les sciences dures modernes ont peut-être procédé ainsi, mais cela ne signifie pas que la partie dédaignée par ces sciences ait été laissée pour compte par les autres sciences : dans ce domaine,il n’y a pas à réinventer l’eau chaude. Il me semble.

                      ’’en prenant note que le temps est le nombre du mouvement, il existe trois flèches du temps. Celle qui est responsable de l’altération et la corruption, celle qui produit la croissance et la génération et enfin celle qui est associée à la translation.’’ Vous avez cité l’entropie, la vie végétale et animale, et le le mouvement sans lequel il n’y aurait ni l’un ni l’autre. Je me demande où vous voyez matière à concevoir trois flèches du temps ? Est-ce que le temps s’écoule à l’endroit puis l’envers, quand je vais de Paris à Bézier puis quand je reviens ?

                      ’’(il semble que) le temps soit identique à l’énergie’’.

                      Alors là, je suis scié ! Ou bien c’est une tautologie vieille comme le monde (E=Pt, Énergie = Puissance * temps), ou bien vous êtes un génie !


                      •  C BARRATIER C BARRATIER 16 février 2015 18:17

                        Je sens qu’avec moins d’érudition, je suis arrivé à des conclusions qui me satisfont, et qui ne prétendent pas être la vérité. Sur le temps, j’en étais resté à EINSTEIN ..Le temps, 4 ème dimension...Ce qui pose problème à l’homo sapiens pas si sapiens que ça est qu’il a besoin d’un début et d’une fin, alors il les invente, il ne peut pas les expérimenter sur l’univers. Il veut aussi des limites, il ne peut pas appréhender l’infini, il faut que quelque chose soit fini...Ce n’est pas ce que la physique lui démontre...

                        L’univers, la vie, sont à vivre plus qu’à prétendre expliquer
                        En table des news :

                        Sens de la vie, sens de l’univers

                         

                        http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=59


                        • CKPLAN 19 février 2015 08:13

                          L’univers est nombre .....Voyez mon blog :http://flechedutemps.blogspot.fr/

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