Transhumanisme et singularité, la fin d’une illusion
Pas plus tard que ce dimanche, une radio FM diffusait une brève intervention de Luc Ferry à propos du transhumanisme dont les arguments seraient plutôt convaincants. Mais notre expert en philosophie a avoué son impuissance à entrer dans la controverse en développant des arguments scientifiques qu’il ne possède pas. Mais en vérité, il existe deux questions sur le transhumanisme et la singularité technologique qui s’y raccorde. Les objectifs visés sont-ils réalisables et sont-ils souhaitables. Pour répondre à la première question, il faut des connaissances scientifiques mais pour la seconde qui concerne l’éthique et les fins de l’homme, une aptitude à philosopher suffit largement, pour peu qu’on sache les effets technologiques sur l’homme.
Actuellement, les objectifs d’immortalité et de conscience artificielle sont très éloignés. Ce qui est à l’ordre du jour, ce sont les réalités dites augmentées au service d’un équipement technologique permettant d’améliorer l’homme avec des prothèses aux usages multiples. Ces outils sont censés augmenter les possibilités d’existence mais est-ce une fin souhaitable ? La seule quête que reconnaît la philosophie, c’est le bonheur. Rapporté à cette quête, l’idéal de réalité augmentée semble bien dérisoire. Avons-nous besoin de lunettes connectées pour être heureux ? Non ! Mais ces lunettes peuvent avoir une utilité technique indéniable. Votre patron peut vous envoyer en tous lieux un message pour exécuter une tâche. Si les prothèses technologiques ne font pas le bonheur des gens augmentées, elles font au moins du bien aux manipulateurs du système et autres marchands de rêves artificiels. Une simple balade dans une forêt en automne permet d’accéder au bonheur et montre à quel point toutes ces technologies sont dérisoires et inutiles. Si elles ont du succès, c’est parce que les gens ne savent pas vivre ou alors qu’on leur a désappris les choses simples du bonheur. Qui sont largement accessibles avec les bienfaits des biens de consommations courants, automobiles, lecteurs CD, ordinateurs et l’accès à un logement décent, avec gaz et eau à tous les étages… et surtout la nature et l’aptitude à contempler les choses, à entrer en communion avec l’univers. Ce propos dérange mais vous ne pourrez pas me condamner à boire de la ciguë !
L’un des ressorts du capitalisme n’est autre que l’ignorance humaine des choses naturelles et surnaturelles. C’est le même ressort qui a soutenu le communisme. Le transhumanisme est une idéologie au service du capitalisme.
Après le volet philosophique, le plat de résistance contre la singularité est bientôt prêt. Le couvert est mis, le dîner est prêt, supper’s ready, entendez-vous ces nappes de mellotron jouées par Tony Banks en intro de ce fameux morceau des seventies qui s’achève par une évocation de la nouvelle Jérusalem ? La musique prend son envol. Dans un coin de paysage, deux chouettes de minerve conversent sur un arbre, elles s’apprêtent à prendre leur envol pour commenter notre avenir. Elles s’appellent Luc Ferry et Etienne Klein mais soudain, les voilà stupéfaites. Dans le ciel à la tombée de la nuit, un aigle s’envole. Ses ailes sont faites d’un matériau que l’on croyait enterré. La trinité et le triptyque platonicien. L’intelligible revient éclairer le sensible.
On l’aura compris, la singularité ne tient que parce que la conception de la nature, en plus d’être matérialiste, est résolument moniste. L’idéologie transhumaniste n’est plus possible dans un cadre dualiste avec une moitié de la dualité qui échappe à notre maîtrise.
Si la conception dualiste refait surface, c’est avec le développement de la physique quantique qui éclaire d’un jour nouveau les secrets de la matière et la question des Idées qui se présentent sous un aspect inédit. Il se passe des choses dans la science contemporaines, des choses étonnantes, découvertes récemment, années 2000 pour la dualité jauge gravité et l’holographie, années 2010 pour la physique quantique de la matière condensée. Nous allons assister à la seconde révolution quantique, après celle qui a commencé dans les années 1920. Et nous allons comprendre pourquoi une conscience artificielle est impossible parce que nous allons comprendre ce qu’est la conscience naturelle et comment elle émerge.
Cette connaissance dérange car elle déstabilise les ignorants en dévaluant les outils scientifiques leur permettant de s’amuser dans le monde. Les hommes fuient la vérité. Ils restent dans la caverne, fuyant la lumière de la vérité. En réalité, les cafards de Platon bâtissent une seconde caverne, plus présentable et ludique que le sensible, mais qui s’avère toute aussi opaque car elle n’est qu’un artifice éloigné du vrai intelligible !
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