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Accueil du site > Tribune Libre > De l’abstention et des sondages

De l’abstention et des sondages

On ne connaît pas encore le nom des candidats, mais le dernier sondage TNS Sofres est formel : Sarkozy et Royal font la course en tête, et Le Pen, à 12,5%, progresse !!! A ceci près que les sondages n’ont, d’après les sondeurs eux-mêmes, aucune valeur prédictive et ne reflètent que l’état de l’opinion à un moment donné... Soit, mais un chiffre est pourtant très surprenant : c’est le petit 14% de personnes qui ne se prononcent pas...

Qui peut en effet sérieusement croire que la participation s’élèvera à 86% quand elle n’était que de 78% (76% hors votes blancs et nuls) en 1995, avec pourtant un enjeu très mobilisateur, Chirac vs Balladur, et 71% (69%) en 2002, avec il est vrai une démobilisation forte des électeurs, le premier tour semblant joué d’avance ?

Pour le référendum sur le traité constitutionnel, la participation ne s’est élevée qu’à 69% (68%), alors que le vote a été précédé d’un intense débat démocratique....Le nombre de votes exprimés au référendum de 2005 est à 200 000 voix près le même qu’au premier tour des présidentielles de 2002...

Alors pour 2007, sursaut démocratique, ou méthodologie d’enquête bidon ?

De manière structurelle, la France perd de 800 000 à 1 000 000 de votants tous les cinq ans, puisque ce sont des générations très civiques qui décèdent (environ 2 600 000 personnes) et des générations très peu mobilisées qui sont inscrites d’office sur les listes électorales (environ 3 600 000 dont une petite moitié vote). Chiffre auquel viennent se rajouter les nombreux déçus de notre démocratie. Dans le même temps, le nombre d’inscrits augmente de 1 000 000...

Si l’élection 2007 est mobilisatrice, on aura au mieux la participation de 2002, c’est-à-dire en tendance 2 000 000 de votants de moins qu’en 1995...

Autre niveau d’analyse.

Si le sondeur vous pose la question suivante :
M. Dupont, si l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, parmi la liste suivante, pour quel candidat y a-t-il plus de chances que vous votiez ?

Je suis incité à formuler un choix, dire que je ne souhaite pas voter c’est formuler un choix négatif, contre une dizaine de choix positifs.

Par contre, s’il vous pose la question suivante :
M. Dupont, pensez-vous voter aux élections présidentielles qui auront lieu l’an prochain ?

Je peux répondre par la négative, sans devoir aller contre les propositions du sondeur... Si on applique cette méthode, ce ne sont pas 15% des électeurs qui s’abstiennent, mais plus de 30%... La différence est tout à fait significative (et rejoint l’analyse ci-dessus).

Dernière remarque, il est tout à fait normal d’exprimer auprès du sondeur une opinion majoritaire, et donc de désigner l’un des candidats des formations dites de gouvernement, par mimétisme, recherche de l’illusion collective dans l’expression de l’appartenance à une supposée majorité. C’est rechercher la normalité face au sondeur, alors même que dans l’isoloir, le choix sera tout autre.

Sans compter la difficulté d’exprimer un vote pour un parti marginalisé. Même sous couvert de l’anonymat, le sondé n’a aucune certitude sur l’identité réelle de son interlocuteur, et peut craindre de dire précisément pour qui il votera. Une ligne téléphonique, ce n’est pas l’isoloir, un face à face encore moins...

Enfin, soyons sérieux, si on s’en tient à ces intentions de votes, et au « camp » de chaque candidat, le référendum sur le Traité constitutionnel pour l’Europe aurait été remporté haut la main par ses contempteurs. Les suffrages exprimés dans le sondage TNS Sofres de juin donnent une France à 75% favorable au Traité constitutionnel... Chacun sait ce qu’il en a été dans les faits. On peut donc prévoir des scores bien plus élevés pour les partisans du non, et bien moindres pour les autres.


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10 réactions à cet article    


  • Le sondagophobe (---.---.126.57) 22 juin 2006 11:43

    Les sondages téléphoniques vont à l’encontre du secret de l’isoloir.

    Pourquoi je dirais mon choix au téléphone avec tout le flicage que cela permet ?

    Ceux qui refuse comme moi d’y répondre apporte un biais au résultat.

    Et ce sont peut-être ceux qui ne votent pas qui répondent le plus facilement. Nouveau biais.

    J’adore ces sondages qui nous donnent des pourcentages avec des décimales, mais ne nous disent jamais la marge d’erreur.


    • Zermikus (---.---.57.106) 22 juin 2006 12:09

      Mais pourquoi répondre aux sondeurs ? A quoi servent les sondages ? Et surtout, à qui ?... N’est-ce pas une manière d’influencer, de manipuler ?... A quoi servent les votes blancs ? A première vue, ils ne sont pas pris en compte....

      On peut vous faire mille propositions, si aucune ne vous convient, il ne faut pas en accepter une, même si elle semble s’approcher de ses souhaits... On est parfois obligé de subir un système qui ne nous convient pas, on n’est jamais obligé de le soutenir, encore moins de l’entériner... Z


      • Voltaire (---.---.65.37) 22 juin 2006 13:18

        il y a confusion me semble t-il : la question posée est bien « pour qui voteriez-vous, à cet instant ». Les 14% qui ne se prononcent pas n’ont tout simplement pas de choix, mais cela ne refléte en rien l’abstention. De la même façon, nombreux sont ceux qui exprime un choix mais n’iront pas voter, pour diverses raisons.

        Les sondages donnent une représentation de l’opinion à un instant donné (avec tous les correctifs et biais qu’ils impliquent), mais pas sur un vote effectif. Ainsi, de très nombreux jeunes peuvent exprimer des préférences politiques claires mais ne se déplacent jamais pour aller voter...

        Pour refléter de façon plus précise les intentions de vote en réalité électorale, les sondeurs pourraient appliquer un correctif en fonction de l’abstention habituelle de chaque catégorie d’âge et socio-professionnelle. Peut-être d’ailleurs les instituts de sondage le font-ils déjà ; il serait intéressant de se renseigner, mais les affirmations du début de cet article me semblent fausses.


        • biou_biou (---.---.184.253) 22 juin 2006 14:42

          Les sondeurs n’ont à ma connaissance jamais prédit que les 14% de « ne se prononcent pas » se convertiraient en 14% d’abstention !

          Une personne peut très bien se prononcer pour quelqu’un lorsqu’il est appelé au téléphone, mais ne pas prendre sa voiture pour aller voter, ou aller chez des amis éloignés ce week-end, etc. De même pour le sondage, beaucoup de personnalités sont proposées (ex. Lang + Royal + Fabius + ...), beaucoup plus que le nombre de candidats qui seront officiellement proposés en 2007. Au final un seul sera investi par chaque parti (a priori) et certaines personnes ne se reporteront pas forcéement leur choix sur la personne investie du même parti.

          Enfin la relation entre le score du « Non » au référendum sur la constitution européeenne et le score des personnalités politiques ayant appelé à voter pour le oui ou pour le non est faible. En effet beaucoup d’électeurs PS ont voté « Non » pour sanctionner également le gouvernement (de droite) mais voteront toutefois pour le candidat PS même s’il était favorable au « oui ».


          • Michel Launay 22 juin 2006 15:45

            Bonjour,

            Merci pour vos remarques, permettez que je précise ma pensée.

            J’entends dénoncer l’usage abusif qu’il est fait des sondages, de la sur-médiatisation qu’il en est faite, sans que ne soit jamais rappelé , alors que ces mêmes sondages ont une influence certaine sur la désignation des candidats, les biais multiples qu’ils contiennent.

            En l’occurence, les adhérents du PS seront amenés à désigner leur candidat, influencé par la médiatisation d’un certain nombre de sondages, candidat désigné donc sur la base d’outils mensongés.

            Je ne suis pas sympatisant PS, mais il me semble évident que les sondés sont aujourd’hui influencés pour désigner la candidate qui leur est présenté sous un jour bien plus sympathique que les ronchons habituels(la preuve, c’est les sondages qui le disent...), ce qui gonfle de manière artificielle les intentions de vote en sa faveur... Hors ce que nous enseigne l’études les dynamique élctorales, c’est qu’il y a des tendances lourdes de démobilisation électorales, qui permettent de se faire une idée relativement précise du niveau futur de participation.

            Je pense donc qu’à coup de sondage irréalistes voire manipulateur( c’est pourquoi cet article est également référencé dans la catégorie « arnaque »), on est en train de nous fabriquer le futur président de la république, et en tant que citoyen, je trouve cela très grave.

            La montée du vote « non » est d’ailleurs une autre tendance lourde : en s’appuyant sur la sympathie partisance des candidats, en 1995, le rapport est de 65 pour le oui, 35 pour le non, en 2002 on est à 55 vs 45, pour arriver finalement en 2005 avec 45 vs 55...

            Enfin il y a certainement autant de personnes qui décident au dernier moment d’aller voter que de personnes qui pensant intialement voter ne se rendent finalement pas aux urnes.


            • bombadil (---.---.177.110) 22 juin 2006 16:19

              Soyez remercié pour vos précisions, je trouve que votre article est tout à fait juste. Les sondages ne confortent que la parodie de démocratie, sous prétexte qu’on veut savoir par avance le résultat des votes, curiosité aiguisée chez les citoyens, le fondement de ces pratiques ne peuvent qu’être faites dans le but de manipuler les masses en sachant que bon nombre de citoyens ont tendence à chercher la majorité pour ne pas se trouver dans l’embarras.

              Tous les grands embarras de l’histoire ont vu le jour de cette manière.


              • parkway (---.---.18.161) 22 juin 2006 16:37

                vous nous faîtes suer (poliment) avec vos sondages !

                qui disaient que 80% des français étaient pour le traité giscard 3 mois avant le 29/5/2005 ?

                que des conneries !


                • Royal 53+% Sarko 20-% (---.---.41.253) 22 juin 2006 17:31

                  Royal declasse Sarko apres des sondages internationales sauf chez les sondages qui trichent au jeu chez un echantillon exclusivement fait parmi les lecteurs du « Le Figaro Magazine » EDITION SPECIALE AIR FRANCE


                  • Gil (---.---.93.79) 22 juin 2006 23:24

                    Les sondages, ça répond aux gens qui veulent toujours tout savoir avant les autres. Moi quand on m’interroge, j’aime bien répondre un peu n’importe quoi, comme ça, ça plombe le truc...

                    En politique, le seul sondage qui vaille, c’est les urnes, et point barre !

                    Actuellement, on nous bassine avec le couple Ségo/Sarko... Encore un peu, et ces deux-là, je les enlève d’entrée de la liste et je choisis dans les candidats qui restent. Na !


                    • aldoric (---.---.99.14) 23 juin 2006 11:38

                      Il est vrai que tous les moyens sont bons pour pré-fabriquer un affrontement SARKO/ROYAL : c’est un scenario à l’américaine, tous les médias comme les instituts de sondages ( dont les PDG appartiennent souvent soit au PS soit à l’UMP ) procèdent par leurs actions de ce choix imposé et réducteur ; On semble imposer par avance une pseudo modernité à l’opinion publique ( âge des candidats, une femme...etc ) : sauf que M. Sarkozy radote de plus en plus dans ses discours ( « je le dis comme je le pense », choix systématique du dernier consensus à l’occasion de problèmes d’actualité...) et que Mme Royal donne raison à tous les lobbys qui se présentent à elle ( homos pour le mariage gay, femmes battues,lobby patronal pour la réforme des 35 heures etc... ) en soutenant d’ailleurs des positions qu’elle condamnait peu de temps avant !! La démagogie à l’état pur !!! On cherche ainsi la débilitisation du peuple français.

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