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« Vêtir ceux qui sont nus » de Luigi Pirandello, au Théâtre de Gennevilliers

Cécile Coustillac entre dans le rôle de Ersillia Drei à la manière d’une schizophrène qui aurait parfaitement intégré le double jeu que son personnage a décidé de distancier pour réussir son objectif vital, à savoir paradoxalement son suicide.

Ersillia devra s’y reprendre à deux fois pour parvenir à ses fins car, à la première tentative par un accord tacite, l’ensemble de ses proches se relayeront pour la sauver de leurs propres remords à son égard.

Cet échec de l’anti-héroïne constituera l’intuition existentielle de Pirandello pour mettre à nu cette cruelle vérité qui tente d’imposer l’image exacerbée de soi comme réalité du sujet.

En effet les uns et les autres renverront quelquefois à leur insu, mais toujours sous prétexte de compassion, les véritables motifs d’une dévalorisation qui conceptualisent la victimisation sans qu’il soit possible d’en dénier le point de non-retour.

En outre, si la médiatisation s’empare à son tour du fait divers, ici la mort accidentelle d’un enfant, la cohorte hystérique des chiens enragés pourra se livrer à une poursuite effrénée qui, dans un premier temps, atténuera la blessure sous la douce chaleur des projecteurs braqués sur la plaie mais qui rapidement va dévoyer le fantasme de l’infanticide en une machine infernale où la mauvaise foi se substituera aux bonnes intentions de façade.

S’invitant dans la ronde, les délabrements de l’amour et la dépréciation du sexe auront alors tout loisir de pratiquer leur chantage récurrent dont la seule issue serait de s’en extraire vêtue d’une robe virginale.

Dans l’impasse patente de cet espoir inaccessible, la jeune femme n’aura d’autre ressource que celle du poison lent en métaphore de l’imprégnation destructive qu’elle aura contractée auprès de ses semblables tant féminins que masculins.

Seuls peut-être la littérature et l’art seraient à même de rendre compte de cette souillure indélébile que l’imaginaire pourrait alors, le cas échéant, habiller de manière positive.

En installant de fait Cécile Coustillac sous contrôle inquisiteur de ses partenaires (Sharif Andoure, Gilles David, Antoine Mathieu, Thierry Paret, Hélène Schwailer et Anne-Laure Tondu), Stéphane Braunschweig élabore une mise en scène avec "fenêtres sur rue" d’où monte un anonymat infini en écho au huis clos étouffant de cette tragédie intime et néanmoins collective.

Photo © Elisabeth Carrechio

- VÊTIR CEUX QUI SONT NUS - *** Theothea.com - de Luigi Pirandello - mise en scène : Stéphane Braunschweig - avec Sharif Andoura, Cécile Coustillac, Gilles David, Antoine Mathieu, Thierry Paret, Hélène Schwaller et Anne-Laure Tondu - Théâtre de Gennevilliers -


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