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L’observatoire 2006-2007 de la netcampagne présidentielle

L’Ifop, en partenariat avec le Panel Maximiles, a réalisé les 22 et 23 novembre 2006 une enquête inédite sur les pratiques politiques des internautes français dans le cadre de son « Observatoire 2006-2007 de la netcampagne présidentielle » auprès d’un échantillon de 1004 individus représentatif de la population internaute française âgée de 18 ans et plus.

Les résultats de cette étude offrent un premier état des lieux de la netcampagne et permettent de nuancer quelques idées reçues sur la toute puissance supposée des blogs politiques depuis la victoire du non au référendum du 29 mai 2005, précédée par une forte mobilisation des oopposants au traité constitutionnel sur la toile. Ainsi, les résultats de cette enquête attestent de l’importance du Web comme source d’information politique mais permettent de relativiser les visions parfois "enchantées" des acteurs Web 2.0 prophétisant l’apparition d’une nouvelle démocratie en ligne à même d’apporter une réponse efficace à la crise de la représentation politique.

Premier constat, près des deux tiers (64%) des internautes interrogés par l’Ifop manifestent leur intérêt pour l’actualité autour de la campagne présidentielle, soit un résultat proche de ceux déjà observés cet automne auprès d’échantillons représentatifs de l’ensemble de la population française en âge de voter. Sans surprise, l’intérêt exprimé pour l’actualité présidentielle varie sensiblement d’une catégorie d’internautes à un autre, le capital culturel des individus (évalué ici par le niveau de diplôme) apparaissant comme le critère le plus discriminant. A titre d’exemple, 74% des diplômés de l’enseignement supérieur s’intéressent à la campagne présidentielle contre 47% des internautes peu voire pas du tout diplômés, soit un différentiel notable de 27 points !

En dépit de cet intérêt élevé, les résultats de l’enquête Ifop-Panel Maximiles mettent à jour une insatisfaction quasiment majoritaire : 46% des internautes s’estiment mécontents du déroulement de la campagne, contre 27% d’avis contraires. Cette insatisfaction, probablement due à la focalisation des médias sur Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, apparaît d’autant plus élevé que les participants à l’enquête se déclarent proches d’une formation politique se situant à l’un des extrêmes du spectre politique français.

En termes de pratiques politiques sur la toile, les résultats de l’étude montrent le poids non négligeable du média Web au sens large : 40% des internautes déclarent utiliser régulièrement le Web pour s’informer sur l’actualité politique. Pour cela, ils privilégient massivement les organes institutionnels : 63% des sondés collectant des informations politiques sur la toile ont recours aux sites d’information de la presse écrite et 50% aux portails d’information généralistes. Loin derrière, les sites des formations politiques, ceux des élus ou les blogs de citoyens obtiennent des scores nettement moins élevés (respectivement 20%, 19% et 13%).

En revanche, cette première enquête sur les pratiques politiques des internautes sur la toile remet les blogs politiques à leur place : seuls 10% des répondants en visiteraient "souvent" (2%) ou "de temps en temps" (8%), soit un score inférieur au visionnage de vidéos politiques en ligne (12%) ! Invités à préciser les raisons pour lesquelles ils visitent régulièrement des blogs politiques, les internautes concernés mettent majoritairement en exergue une liberté de ton qu’ils ne trouvent pas ailleurs (56% de réponses) et une proportion non négligeable insiste également sur la possibilité d’y consulter des informations inédites (42%). L’influence médiatique des blogs apparaît donc démesurée, en comparaison de leur audience réelle. Il n’empêche, l’attirance des journalistes pour cette forme d’expression sur Internet ne peut que renforcer leur audience au cours de la campagne présidentielle.

Enfin, les résultats de cette première enquête permettent de dresser le profil de l’internaute politiquement actif sur la toile  : un homme, plutôt situé en haut de l’échelle sociale, diplômé de l’enseignement supérieur, proche des formations politiques dites gouvernementales (PS, UDF, UMP) et bien intégré au système politique français. Ces données qui ne surprendront pas les observateurs critiques invitent donc à relativiser la capacité du Web politique à réconcilier les populations en situation de défiance vis-à-vis du système politique français.

Bien entendu, ces données constituent un état des lieux avant que la France n’entre pleinement en campagne présidentielle en janvier-février 2007. Nul doute que de nouvelles mesures réalisées en cours de campagne électorale permettront de déceler d’éventuelles évolutions grâce à la mobilisation progressive des électorats.

Consulter les résultats de L’observatoire 2006-2007 de la netcampagne présidentielle (document PDF).


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15 réactions à cet article    


  • Carlo Revelli Carlo Revelli 4 janvier 2007 12:33

    Bonjour,

    Je suis un peu étonné par certains résultats notamment sur les pratiques politiques des internautes et sur comment ils s’informent.

    D’ailleurs, à ce sujet comment est défini un internaute dans le cadre de cette enquête ? On est considéré comme « internaute » en fonction de quels critères et à partir de combien d’heures de connexion mensuelles ?


    • Yves-Marie Cann 4 janvier 2007 18:43

      Contrairement à d’autres enquêtes proches de ce sujet et publiées ces derniers mois, l’observatoire 2006-2007 de la netcampagne présidentielle est réalisée via un questionnaire auto-administré hebergé sur Internet.

      Ne peuvent donc participer à l’enquête que des personnes disposant d’une connection à Internet.


    • Manu (---.---.112.240) 4 janvier 2007 13:52

      C’est toujours difficile de tirer des conclusion avec un échantillon de 1000 personnes, ce qui fait 0,0016% de la population.

      Mais il est vrai qu’il faut nuancer la réussite de la politique participative sur le web.

      Il serait intéressant de voir si des services comme 100questions1president.fr arrivent à décoller.

      Manu smiley


      • martin Kelleborn (---.---.162.39) 4 janvier 2007 16:23

        Ce qui m’étonne c’est « le profil de l’internaute politiquement actif... bien intégré au système politique français » La lecture des commentaires sur Agoravox donne plutôt le sentiment que c’est un fort mouvement de révolte qui domine !


        • Yves-Marie Cann 4 janvier 2007 17:29

          L’activité politique sur Internet ne saurait être restreinte à la seule prise de parole sur un blog, un forum ou en réaction à un article.

          Etre politiquement actif sur la toile c’est aussi rechercher des informations sur l’actualité politique (car pour obtenir des informations politiques sur Internet il faut aller les chercher...), visiter le site d’une formation politique, visiter des forums ou des blogs politiques, visionner des vidéos politiques en ligne ou encore télécharger des tracts politique, recommander des sites politiques à des proches, etc.


        • Pierre Guillery Pierre Guillery 4 janvier 2007 16:49

          Je vois que ces résultats confortent le sentiment que j’exprime dans une autre tribune un peu ’provoc’ (2007 : l’échec des blogs politiques). Les Français ne sont pas encore « murs » pour que le Net déplacent les frontières politiques - mais ça viendra.

          Passionnant aussi comment les internautes (quelque soit la manière de les définir) se ruent sur le web pour l’information. Les médias doivent en tirer des leçons : les gens les plus susceptibles « d’acheter » le travail journalistique privilégient le Net. Une petite idée d’explication : la presse est trop chère en France. Demandez à Libération. Et pendant ce temps là, Elkabbach avance vers « l’info 3.0 ». Pour ma part je dépense sans problème une cinquantaine d’euros pour des abonnements en ligne (Le Monde, Financial Times, etc.), alors que si j’achetais au numéro ça serait beaucoup plus cher, et beaucoup moins pratique... A méditer.


          • cricri (---.---.141.84) 4 janvier 2007 18:40

            Le profil de « l’internaute » me surprend : « Proche des formations politiques dite gouvernementales.. »

            Il me semble que la moitié d’entr’eux sont plutôt des Résistants" assez critiques des parties branchés et souvent attirés par un total changement social...avec un leitmotiv anticapitaliste ou antilibéral ou bien blasés du Socialisme dont ils constatent l’inefficacité et l’inégalité sur le plan social.


            • Yves-Marie Cann 4 janvier 2007 18:53

              D’une manière générale, les internautes pratiquant plusieurs activités politiques sur Internet sont nettement plus proches des formations politiques gouvernementales que ceux n’en ayant aucune.

              Ceci étant dit, il se peut également qu’une pratique politique particulière (par exemple prendre régulièrement position dans un forum de discussion politique, sur un blog ou Agoravox) soit davantage le fait d’internautes critiques vis-à-vis du système politique français. En outre, ton « impression » n’est pas surprenante car il s’agit aussi de pratiques politiques VISIBLES PUBLIQUEMENT grâce au recours à l’écrit. Visiter un site politique, télécharger des tracts, transférer des informations politiques à des proches... voici autant d’activités politique quasiment voire totalement « invisibles ». Il n’empêche qu’elles existent !


            • CedricA (---.---.139.196) 5 janvier 2007 01:46

              Très intéressante analyse. Elle met notamment en avant le principe que la blogosphère politique touche peu de gens directement, mais via les média qui y sont attentif, peu concerner beaucoup plus de monde. Il y a tout de même un effet de levier. En effet une information qui fait le tour de la blogosphère à une très forte chance de se retrouver dans les médias traditionnels.

              La principale différence avec l’avant blog, c’est que (1) tout le monde peut être blogueur, même les non parisiens, (2) c’est un média transparent qui culturellement cite ses sources.


              • Voltaire Voltaire 5 janvier 2007 12:35

                Je partage cette analyse. L’effet de levier me parait très important. De par leur curiosité, les internautes suivants l’actualité politiques sont en général mieux informés des programmes, idées et démagogies des politiques. En ce sens, ils ont un rôle influent auprès de leur entourage, en diffusant ou rectifiant l’information de base véhiculée par le 20h.

                De même que les médecins, commerçants, enseignants et autres professions généralements considérées comme influentes par les politiques, les lecteurs de blogs et autres sites politiques ont gagné une influence bien au delà de leur nombre propre.

                Reste à savoir si leur rôle citoyen est plus neutre que celui de ces autres catégories de référants.


              • Axel Karakartal Axel Karakartal 5 janvier 2007 02:28

                « mais permettent de relativiser les visions parfois »enchantées« des acteurs Web 2.0 prophétisant l’apparition d’une nouvelle démocratie en ligne à même d’apporter une réponse efficace à la crise de la représentation politique. »

                On commence à entendre cet argument répété un peu partout comme s’il s’agissait d’une découverte.

                A ma connaissance, personne ne dit que les blogs représentent AUJOURD’HUI une force politique considérable. C’est donc un faux débat.

                Les blogueurs sont les premiers à connaître leurs stats de fréquentation, et savent faire la différence entre un blog qui rassemble 5000 visiteurs chaque jour, et un JT de TF1 qui rassemble 8 millions, ou le site du Monde.

                Ils savent aussi que la viralité sur le Net, ça marche surtout pour le négatif, pour détruire, et encore très mal pour construire.

                Ce faux débat fait penser aux arguments à la naissance du Web marchand. De nombreux sceptiques jugeaient que la vente en ligne, ça ne marcherait jamais : les consommateurs n’auraient pas confiance dans les modes de paiement en ligne ; ils avaient besoin d’un contact réel avec la marchandise pour acheter, etc etc. Et d’aligner les chiffres montrant que cette vente en ligne ne représentait qu’un pourcentage infime de la consommation des ménages.

                Allez dire aujourd’hui à CDISCOUNT, ou à AMAZON, que la vente en ligne ça ne marche pas ! smiley Il a suffi de quelques années pour que tout change.

                L’organisation de « forces citoyennes » sur Internet, c’est encore devant nous, ce n’est pas un présent, mais c’est une tendance lourde, à venir dans les 5 à 10 ans. Aligner les chiffres du présent n’a pas plus de valeur pour juger de la situation de dans 5 ans, que dans le cas des débuts du Web marchand.


                • xavier DUMOULIN (---.---.24.232) 6 janvier 2007 15:37

                  Les commentaires sur les résultats de l’observatoire de la netcampagne indiquent qu’il ne faut sûrement pas projeter sur le net des espérances démesurées pour le développement de la citoyenneté. Pour faire court on s’aperçoit qu’une toute petite minorité d’internautes s’intéresse à la politique. Cette fraction d’internautes va d’ailleurs beaucoup plus rechercher des informations en provenance des journaux que sur les blogs politiques. Le profil de ces internautes est très typé (études supérieures, intégration dans la vie politique etc.). On ne fera donc pas l’économie d’une campagne de terrain pour toucher ceux qui ne se retrouvent pas encore dans les propositions des candidats. c’est d’autant plus nécessaire si l’on veut reconquérir l’électorat populaire. Ceci dit le net reste une magnifique opportunité. Mais ici comme ailleurs, la technique n’est qu’un outil et ses usages sont à considérersous un regard sociologique.


                  • chihab-25 (---.---.30.89) 6 janvier 2007 18:34

                    ravis d’etre parmi les membres de ce forum qui va certainement convrir tous les espaces de debat concernant les présidentielles francaises.nous suiverons ici au Maroc avec beaucoup d’intéret ce qui se passe en France.La France c’est l’amie de toujours du Maroc.le Maroc est fier d’etre son partenaire dans tous les domaine.merci à cette France et aux francais pour leur soutien qu’ils ne cessent d’apporter à nos positions -surtout- politiques et diplomatiques auprés de la communauté internationnale.Chihab-25


                    • chihab-25 (---.---.30.89) 6 janvier 2007 18:44

                      additif:je m’éxcuse pour les fautes grammaticales qui peuvent se produire dans mon texte ci-dessus,car je ne métrise pas bien la langue de moliere.chihab-25(couvrir et domaines je veux dire)


                    • Netpo (---.---.176.13) 9 janvier 2007 15:57

                      tout à fait d’accord sur cette remarque sur cet effet levier. Nous avions publié un long billet sur ce sondage, concluant en fait -et c’est à peu près la même chose- à un effet loupe : « un effet loupe à double foyer : les internautes plébiscitent les sites de presse écrite pour s’informer, or les sites de presse écrite relaient de plus en plus (citations régulières, voire syndication quotidienne) les contenus des blogs politiques ».

                      En revanche, je continue à penser que ces résultats doivent être pris avec les pincettes méthodologiques nécessaires. Les répondants envisagent les blogs comme des relais dans la chaîne d’information. Or, les blogs pourraient jouer un rôle autre (mobilisation/organisation) durant la net-campagne pour à des fins d’organisation militante, et non à des fins d’information du grand public. C’est là que le « levier » jouerait à plein, et pas seulement auprès des médias.

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