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Révolutionner le secteur social pour le rendre utile

La société d’aujourd’hui ressemble trop souvent à un terrain de foot où chaque équipe connaîtrait par cœur le jeu du camp adverse. Les jeunes en difficultés dans les quartiers ont bien souvent une vision très stéréotypée de la société : une France ostraciste et raciste, équipée d’une police fasciste, dominée par des patrons prêts à tout pour faire du profit et par des politiques malhonnêtes. Leur monde extérieur, c’est-à-dire le reste de la société, s’est également reclus dans une bulle tout autant nourrie de représentations à l’égard des « sauvageons ». Dans ce succulent tableau intervient un personnage tiers dont le rôle pourrait ne pas être des moindres. Pourrait. Mais il faudrait, pour cela, qu’il soit en capacité d’utiliser ce fameux levier des représentations. Ce personnage, c’est l’éducateur. Particulièrement celui qui intervient dans les quartiers, auprès desdits gamins. Mais il est, dans le monde du social, une pensée commune implicite au sein de laquelle tout nouvel arrivant est attendu. Et cette idée dominante est trop souvent trop proche de celle des gamins. Un nombre trop important d’éducateurs spécialisés ont aussi une représentation stéréotypée de la société. Dans ce trio, chaque acteur semble perdu dans sa propre bulle de représentations.

Les gamins des cités le plus en difficultés, prisonniers de leur vision du monde, adoptent face à la société une attitude à la fois de repli, de défense et d’attaque. Les plus englués dans cette représentation pensent qu’il n’y a que la magouille pour s’en sortir, quitte à faire régulièrement de la prison. Leur monde est dominé par la loi du plus fort. Beaucoup d’entre eux n’ont pas usé les bancs d’école, l’échec les en a vite éloignés. Le résultat d’un tel gâchis ? Des individualités qui n’ont pas éclos parce que noyées par une image collective dans laquelle ils se sont laissé enrôler. Des petits « hommes prototypes » sortis d’usine, toujours la même, caractérisés par un vocabulaire pauvre, des expressions communes : "mon frère", "il a poucave", "c’est un blédard", "il fait la boule", une tenue vestimentaire venue tout droit des clips de rap américain, une manière de marcher façon soldat blessé, un seul courant musical en guise de repères (à nouveau le rap), une identification aux lois caïds et machistes, et quand tout va vraiment mal, de l’insolence, de la violence, tant physique que verbale, de la provocation, et le sentiment que la société leur doit beaucoup. Notamment le droit de ne pas travailler. Ces gamins se sont perdus dans un monde sclérosé, truffé de métastases de représentations. Chaque camp ayant peur de l’autre, il se perd dans sa bulle de représentations. Et bien entendu, la situation n’avance pas. Comment le pourrait-elle dans un tel contexte ?

Dans ce succulent tableau intervient un personnage « tiers » dont le rôle pourrait ne pas être des moindres. Pourrait. Mais il faudrait, pour cela, qu’il soit en mesure d’utiliser ce fameux levier des représentations. Ce personnage, c’est l’éducateur. Particulièrement celui qui intervient sur les quartiers, auprès desdits gamins. Son rôle s’inscrit dans un long terme, il consiste à amener le jeune à trouver ses propres ressources afin de tendre vers une certaine harmonie personnelle et sociale, suffisante pour évoluer dans la société. Mais il est, dans le monde du social, une pensée commune implicite au sein de laquelle tout nouvel arrivant est attendu. Et cette idée dominante est trop souvent proche de celle des gamins. Un nombre trop important d’éducateurs spécialisés ont aussi une représentation stéréotypée de la société. Cette manière de voir s’impose dès l’entrée en formation. Il est en effet de bon ton de "penser unique" dans les écoles du social. Alors, "les jeunes sont victimes d’une société blanche capitaliste aux relents parfois colonialistes", telle est un peu l’idée, à peine caricaturée. Dans ce contexte, un directeur d’association qualifie la nouvelle présidente du Medef de "bécasse" en précisant tout le bien qu’il pense du gouvernement actuel. La scène se passe en réunion de travail et elle n’est pas isolée, puisqu’au cours des autres temps de travail, il est souvent question d’un certain loup blanc du social, petit nom de M. Sarkozy. On l’évoque comme on le fait de l’ennemi en temps d’occupation, et il est préférable de s’entendre sur ce sujet sous peine d’ouïr : "Il y a des Sarkozy parmi nous". La prévention spécialisée, selon mon expérience de terrain, est paranoïaque. Et cette expérience se situe dans plusieurs équipes. Certains ne se retrouveront bien évidemment pas dans cette description, mais je crains fortement qu’ils ne soient pas majoritaires. Pire encore, je crains qu’aucun ne se retrouve dans cet énoncé tant je pense que le déni est virulent. Ce propos sera alors tout simplement taxé de haute caricature, pour ne pas dire de haute trahison.

Il est pourtant des lectures qui me rassurent. Les écrits de M. Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé, sont de celles-ci. Dans un extrait de la Revue Non-violence actualités de février 2001, l’auteur nous dit : "Il y a un discours qui a été largement répercuté par les médias sur la délinquance d’exclusion : Ils sont délinquants, mais c’est parce que les tours sont trop hautes, le chômage trop fort, etc." Ce discours-là est peut-être pertinent d’un point de vue sociologique, mais très dangereux d’un point de vue éducatif car il déresponsabilise complètement les jeunes. Un jeune s’apprête à faire brûler une voiture, je lui demande pourquoi ; il me dit : "C’est parce que mon père est au chômage, mon frère est en prison" ; je lui dis : "Arrête ton char, c’est toi qui choisis de frotter l’allumette et de mettre le feu au carburant. Au moment où toi tu prends cette décision, que viennent faire ton père au chômage et ton frère en prison ?"... On s’aperçoit donc qu’un discours qui s’est voulu généreux, tenu par des militants généreux, s’est révélé complètement dangereux. Or, lorsque le gamin intègre ce type de discours, alors plus rien ne le retient parce que ce qu’il fait, c’est de la faute de la société. Les adultes doivent réinvestir l’espace public.

Quant à moi, où est-ce que je me situe dans ce discours, me direz-vous ? Après tout, je suis moi aussi, éducatrice spécialisée ! Et comme tout un chacun, la question des représentations est aussi mienne et j’en suis également parfois prisonnière. Toutefois, je ne me retrouve pas dans la pensée que je décris, tout simplement parce que je crois profondément que nous vivons actuellement une crise éducative qui ne sera pas sans conséquences pour demain. Et je demeure convaincue que nous ne parviendrons à en sortir qu’au prix d’un effort, certes inconfortable, mais nécessaire, de remise en question en termes de valeurs, et de convictions.

A ce titre, Françoise Kourilsky, psychologue et spécialiste du management du changement, nous dit : "Il faut être l’observateur de ses pensées." La pratique de l’auteur est issue d’un savant mariage entre le courant systémique, constructiviste et la philosophie orientale. Et son approche est digne d’un grand intérêt dans l’affaire qui nous intéresse. L’idée est que l’être humain construit une réalité de deuxième ordre (les sens, l’interprétation, la déduction, l’hypothèse, la supposition...) à partir de la réalité de premier ordre (les faits, un comportement, une expérience). De cette réalité de deuxième ordre découle la "nacelle" émotions, sensations, comportements, action, réactions, décisions. En un mot, ce que nous ressentons et agissons. Si l’on considère le jeune, la société et l’éducateur comme un système et si, comme je le dis plus haut, nous pensons qu’il est nécessaire d’intervenir sur le système, jugé non satisfaisant dans son interaction, afin d’obtenir un changement, il sera alors nécessaire d’opérer au niveau de la réalité de deuxième ordre. Il est en effet vain et malsain de vouloir agir sur la "nacelle" émotions, celle-ci étant étayée de l’expérience vécue, et contredire l’expérience vécue se résume à la nier, et nier l’expérience vécue représente, dans le courant systémique, ce que l’on appelle une atteinte à l’écologie du système. Aussi, dans l’idée d’une intervention sur le système "société, jeunes, éducateurs", interviendrons-nous sur la réalité de deuxième ordre de chacun des acteurs, soit sur les valeurs, les croyances, les critères, les règles, les suppositions et hypothèses des trois protagonistes. Le but étant que tout se passe au mieux, il est nécessaire d’éviter de heurter l’écologie du système, sous peine de se retrouver face à des résistances. En termes plus clairs, il ne faut pas s’inscrire dans une démarche "aller contre" mais plutôt " faire avec". En effet, la systémique nous dit qu’une représentation ne se combat pas, mais s’élargit. Combattre une représentation consiste à « aller contre », ce qui ne manquerait pas de créer, au mieux, un blocage, au pire, une régression du système. De manière concrète, le discours à tenir auprès de chaque acteur ne consiste pas à dire "cette représentation n’est pas la bonne" mais "cela peut représenter ça mais aussi ceci et cela".

Le secteur social est une vieille dame prisonnière, qui appréhende le monde selon un modèle de pensée qu’il serait nécessaire de remettre à jour et il me semble qu’elle s’inscrit aujourd’hui dans un besoin, celui d’être accompagnée dans une conduite de changement. Face à ce travail, les détenteurs du levier de changement sont les écoles de formation, les institutions et les médias du secteur. Un simple exemple pour illustrer ce propos. J’ai suivi l’année dernière une formation de coaching à l’Université Paris VIII. J’ai demandé à l’association qui m’employait si cette formation pouvait être financée dans le cadre du programme de formation interne. La réponse fut négative pour différentes raisons, mais l’une d’entre elles concernait le domaine de la formation choisie. Ainsi, lorsque j’ai été reçue par le directeur pour formuler ma demande, celui-ci m’a fait part de sa représentation du coaching : "un outil douteux utilisé par les sectes".

Il se trouve pourtant que cette formation, comme toute processus de formation, redonne un dynamisme salvateur à ma pratique, m’amène à nouveau à la questionner, mais aussi et surtout, me permet d’accéder à un autre modèle de pensée que celui qui, d’une certaine manière, s’était imposé à moi lors de ma formation d’éducatrice spécialisée, puis, lors de l’exercice de mon métier dans différentes institutions et différents secteurs du social. En ce sens, cette formation représente une valeur ajoutée.

L’accompagnement vers le changement (le coaching) est une pratique qui pourrait présenter un grand intérêt face à l’accompagnement des jeunes en difficultés. Tout est simplement à modeler, à adapter, et cela peut se faire en toute éthique. Il nous faut, pour cela, dans l’intérêt des personnes que nous accompagnons, accepter un travail d’élargissement de nos représentations.


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17 réactions à cet article    


  • (---.---.38.189) 15 janvier 2007 14:54

    L’accroissement de l’immigration des plus défavorisés de la planète qui contribue à grossir le nombre de miséreux et de cas sociaux permet, semble t il l’émergence d’un métier nouveau, le « coaching ». Le terme anglais est tout de même plus « classy » que le terme banalement français « d’accompagnateur ».

    C’est tant mieux, tout celà aide au moins à la création d’emplois, tout comme les épidémies promeuvent le renforcement des équipes hospitalières.

    Tout de même à la grande différence que les « coachs » ne soignent pas les corps mais sont supposés guider les esprits....Mission délicate s’il en est, car guider les égarés suppose que l’on comprenne d’abord ou ils vont, puis que l’on aie soi même le sens de l’orientation.

    Pas évident au plan résultats... Mais bon, celà donne du travail et de l’occupation à quelques uns et quelques unes, chevaliers des temps modernes, pourfendeurs intellectuels d’injustices par la plume et la langue, c’est toujours ç’a de gagné.


    • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 15 janvier 2007 19:22

      Ces notions de Caïds font justement partie de représentations contre lesquelles lutte l’éducateur. Eduquer, c’est « conduire vers », « faire grandir », amener à devenir autonome et pouvoir « faire société », soit être suffisamment inséré dans une vie sociale. Le Caïd est en dehors de la société, il est exclu, marginalisé et souffre nécessairement de cette situation peu enviable. D’autant que l’on trouve toujours derrière des attitudes de caïds, voire de délinquance, une souffrance passée de gamin ou d’ado, des carences affectives et/ou éducatives. Le caïd n’est donc pas un exemple en termes d’éducation. C’est la relation de confiance qui s’instaurera au fil du temps qui amènera le jeune à respecter l’éducateur. Le gamin testera maintes fois les limites du professionnel qui saura alors à chaque fois poser le cadre nécessaire et structurant à la relation. Il saura écouter, encore et encore, désirer parfois pour le jeune qui n’en a pas encore la force, l’interpeller sur des attitudes de répétition dans lesquelles il peut s’inscrire, sans vraiment en prendre conscience, il saura dire non et frustrer le jeune qui découvrira ici la limite à ne pas dépasser, l’éducateur devra alors momentanément accepter d’être détesté et rejeté. Bien souvent, le jeune en difficulté n’a connu que partiellement ce type de relation éducative dans son environnement familial. Une relation basée sur l’écoute, le respect et la confiance. C’est ce que tente d’instaurer l’éducateur spécialisé qui devient alors « substitut » partiel et temporaire de l’environnement familial du jeune. L’idéal est que l’intervention éducative soit la plus courte possible, pourtant, il faut parfois des années pour aperçevoir un début de changement chez le jeune. tel est le paradoxe de l’acte éducatif. I.B.B.


    • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 15 janvier 2007 20:05

      Je crois que nous ne nous sommes pas compris, je n’ai jamais dit qu’un ancien détenu ou délinquant ne pouvait pas devenir un bon éducateur. Je parle de la notion de caïd, qui n’est pas une valeur à mettre en avant pour aider un gamin à se construire. il est plutôt de mise de lui faire prendre conscience de toute la souffrance qui se niche derrière ce statut. L’idée est bien qu’il ne soit pas tenté de suivre ce chemin, tout simplement. Le passé de l’éducateur ne regarde que lui-même, ce qui fait de lui un professionnel, c’est sa capacité à faire la part des choses, à ne pas envahir le jeune de sa propre sujectivité, de son propre désir, de son passé et de ses attentes. On appelle cela faire des projections sur l’autre. Quand l’éducateur se projette sur le jeune, il n’est plus professionnel et devient dangereux pour le gamin. Il s’agit donc pour le professionnel, d’un travail d’introspection afin de se connaître et de pouvoir comprendre ce qui se joue dans la relation éducative. I.B.B.


    • (---.---.38.189) 15 janvier 2007 20:20

      Effectivement, un caïd repenti saurait probablement utiliser son vécu et sa combativité pour se faire respecter et écouter des « dévoyés » dont il est question.

      Les éducateurs n’ont peut être pas l’intronisation nécessaire pour être respectés et risquent à force de cotoyer ces milieux et prendre sur leurs frèles épaules la misère du monde de se désocialiser, se marginaliser en s’identifiant à ceux qu’ils cotoient et finalement perdre leur identité sans en pouvoir en retrouver une autre. Fragilité courante des intellectuels dont la sensibilité devient un facteur d’echec.

      Dès lors ils ne peuvent plus jouer le rôle d’interface entre les deux mondes car ils ne sont crédibles ni d’un côté ni de l’autre. Devenant aigris, voire agressifs, ils suscitent la défiance et ne sont plus en capacité d’assumer leur mission.

      Les deux mondes en présence sont si différents qu’ils ne peuvent se rejoindre que très exceptionnellement. La société économique se défend contre une intrusion qu’elle n’a nullement désirée et la société immigrée se révolte contre cette fatalité. La confrontation de l’eau et du feu avec les éducateurs au beau milieu.


    • (---.---.38.189) 15 janvier 2007 21:56

      La reconnaissance identitaire est essentielle pour des êtres dont l’esprit se trouve aux frontières du réflexe Pavlovien. Dans le règne animal, seul le chef de meute est respecté, reconnu comme guide et suivi. La solution passe par le chef de meute.


    • Gil (---.---.93.79) 15 janvier 2007 18:46

      L’éducateur spéçialisé se situe entre une commande publique, et un usager, pas forcément demandeur à priori.

      Le financeur, politique par définition, a toujours la tentation de faire de l’éducateur spéçialisé un élément du contrôle social.

      L’usager a souvent une demande d’adhésion de l’éducateur au champs de ses représentations, fussent-elles fausses.

      L’éducateur quant à lui, se situe comme interface entre ces deux mondes qui habituellement ne se rencontrent guère. Mais il se doit d’être essentiellement LIBRE, car il ne saurait trouver la moindre efficacité à souscrire pleinement aux représentations de l’un ou de l’autre. Il espère simplement tendre vers un idéal, utopie motrice, d’un mieux-être des individus et de la société, et des individus dans la société. Il essaie d’être une sorte d’huile dans les rouages... Il ne prétend pas y parvenir, trop de facteurs ne dépendent pas de lui. Au mieux peut-il être porteur de cet espoir. Son devoir, c’est d’essayer.


      • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 15 janvier 2007 18:58

        Bonjour Gill, Je trouve votre analyse assez juste. Vous semblez bien connaître le secteur, n’êtes-vous pas vous-même travailleur social ? Au plaisir. Isabelle B.B.


      • fouadraiden fouadraiden 15 janvier 2007 19:22

        à l’auteur,

        c’est toujours compliqué ces affaires.

        comment s’y prendre ?

        vous y mettez beaucoup de bonne volonté. combien de jeunes cela permettra t il de sauver de la délinquance et de l’échec scolaire ?

        la conséquence visible(quelques promotions ici ou là) des émeutes leur a t elle donné raison ou tort ?

        la violence est elle une solution ? non,mais des fois ça aide.


        • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 15 janvier 2007 19:50

          Fouadraidien, « Combien de jeunes cela permettra t’il de sauver de la délinquance et de l’échec scolaire ? » Je n’ai bien sur aucune réponse à cette question. Comment faire de tels statistiques quand on travaille avec de l’humain et toute sa complexité ? Le tout est à mon sens beaucoup d’énergie pour quelques résultats, la majorité des éducateurs vous dira en être satisfaite. Ce n’est pas mon cas, je préfère oeuvrer sur d’autres plans, beaucoup plus en amont. Il me semble essentiel de vulgariser la question de l’éducation et de la psychologie. Il faut aider les familles à se parler, à faire sauter les tabous, à éviter les répétitions de générations en générations, pour cela, je préfère un travail en macro plus qu’en micro. Je pense que des campagnes de communication autour de certaines thématiques liées à l’éducation deviennent incontournables. Si elles sont bien ciblées, bien formulées, si elles parviennent à marquer les esprits, alors, le jeu en vaudra très certainement la chandelle. Mais cela n’enlève rien au nécessaire travail de fourmi des éducateurs sur le terrain, à condition toutefois, qu’ils soient en mesure, dans les temps à venir, de se questionner sur leurs propres représentations de la société et de la relation qu’ils instaure avec les jeunes. Je fais référence ici aux éducateurs de prévention spécialisée, ceux que l’on nomme « les éducs de rue ». Quant à la violence, pour répondre à votre question, je ne vois pas ce qu’elle peut résoudre, si ce n’est de graves dérapages comme une gamine sévèrement brûlée dans un bus et quelques voix supplémentaires pour le parti d’extrême droite aux prochaines élections. Il suffit de lire certains commentaires sur Agoravox pour comprendre que certains n’hésiteront pas à user de ce type de vote ! I.B.B.


        • fouadraiden fouadraiden 15 janvier 2007 22:45

          à l’auteur,

          c’est jamais facile de travailler sur le terrain confronté aux « vrais » problèmes.je ne le pourrais pas. ceci dit,je ne jugeais pas les éducateurs ou leurs politiques,ils font ce qu’ils peuvent,avec les moyens qu’ils ont,enfin j’imagine.

          vous disiez que les jeunes ,dont vous parlez ,prétextaient le chomage de leur parents pour passer à la violence,dans certains cas.

          permettez moi de dire que s’il s’agit de la jeunesse maghrébine(pour ne pas jouer sur les mots) la plupart de ces parents sont actuellement à la retraitre.je pense meme qu’on peut dire,sans trop d’erreurs, que la majorité d’entre eux n’ont jamais connu le chomage,c’est d’ailleurs la raison de leur présence en france ou en europe:le plein emploi et la main d’oeuvre.

          s’agissant de leurs enfants,le probleme est différent. donc, la première raison que les jeunes invoquent pour eventuellement justifier leur violence n’est pas la précarité de leur parent.nous n’avons pas simplement affaire à une classe popualire supplémentaire.c’est trop facile de dire cela,bien que l’intention soit louable de le croire

          ils ont un autre discours.

          vous dites qu’ils ont souvent des stéréotypes.mais n’est il pas plus grave de ne pas en avoir ?

          vous dites qu’ils se replient,c’est sans doute vrai.ils vont tout de meme pas passer leur vie entière à se battre ou à revendiquer tout de meme.

          la solution.

          malheureusement ,on laisse plutot les choses en l’état.la solution ne peut etre au bricolage.

          les parents de cette jeunesse ont tout misé sur l’école.c’était là leur seul espoir ,je pense qu’ils doivent etre désabusés.

          aujourd’hui ,l’école n’est meme plus une solution pour eux,arriver à leur faire croire le contraire reste est un défi de tout les instants.


        • gem (---.---.117.250) 15 janvier 2007 19:55

          J’au eu du mal à rentrer dans l’article : le début m’a fait l’impression de « tourner autour du pot ». Après c’est meilleur et l’impression est finalement bonne.

          Cela m’inspire deux remarques

          * on ne rentre pas dans le secteur social par hasard : le MEDEF ou Sarkosy, ça doit pas être la tasse de thé de la plupart des gens concernés... Pourquoi s’en étonner ?

          * ni l’appareil socio-éducatif, ni les gens qui le composent, n’ont intérêt à résoudre les problèmes. Plus ça flambe et plus on fera appel à eux, plus on les embauchera, et plus on sera généreux avec eux. Et ça n’est pas le genre de chose qu’on s’avoue facilement, quand on veut croire à l’utilité de la mission qu’on exerce !

          Ca pèse aussi, et lourdement, dans « l’écologie du système » (comme le savent ceux qui crament pour attirêt plus que l’attention !)


          • BUOT-BOUTTIER BUOT-BOUTTIER 15 janvier 2007 20:19

            Bonsoir Gem, « on ne rentre pas dans le secteur social par hasard : le MEDEF ou Sarkosy, ça doit pas être la tasse de thé de la plupart des gens concernés... Pourquoi s’en étonner ? », dites-vous. Certes, vous avez raison, mais ne peut-on pas aussi être plus nuancé ? Entre le blanc et le noir se niche le gris et il me semble bien plus proche d’une certaine vérité que ses deux extrèmes. Quant à l’emploi des travailleurs sociaux, ne vous faites aucun souci pour eux, le social reste un des rares secteurs (en particulier en région parisienne) qui peut prétendre au plein emploi. Lorsque vous avez un diplôme d’éducateur spécialisé en poche en région parisienne, vous êtes en réelle position de force face aux employeurs qui peinent à recruter. Ainsi, ce ne sont pas eux qui choisissent mais les candidats qui ont l’embarras du choix entre plusieurs postes (le salaire, en revanche reste toujours plus ou moins dans la même grille !). Aucun besoin donc, pour les travailleurs sociaux, que la situation sociale s’aggrave, ce n’est d’ailleurs pas du tout la philosophie de ce corps de métier plutôt philanthropique ! Au plaisir. I.B.B.


          • (---.---.38.189) 15 janvier 2007 21:48

            Entre le blanc et le noir se niche le gris.

            Entre la réussite et l’échec se niche la médiocrité.

            Entre le bien et le mal se niche la tièdeur, et la tièdeur est ce qui se produit de pire dans l’ame humaine.


          • V (---.---.93.173) 16 janvier 2007 01:03

            Sur ce sujet je vous signale la proposition de Jacques Attali consultable sur www.supprimerlechomage.org


            • Fred (---.---.155.75) 16 janvier 2007 13:25

              Enfin, le probleme a la base est quand l’education de ces jeunes. A chaque fois que l’on parle de ces problemes, beaucoup de gens mettent la faute sur la societe, l’education nationale, le rap, les jeux videos, la tele, le racisme...mais une question se pose, ces jeunes n’ont-ils pas de parents ?

              Certes la societe a ses torts et doit travailler pour ameliorer l’education dans les quartiers difficiles mais il me semble que si les parents eduquaient leurs enfants dans le respect de la societe et des aines il y aurait un peu moins de probleme.


              • Valérie Moissonnier - Coach (---.---.210.221) 20 janvier 2007 20:47

                Bonjour,

                En tant que coach professionnelle depuis 5 ans, j’ai trouvé votre article très intéressant et je pense en effet qu’il y a du travail à faire dans le secteur social et que le coaching et autre techniques de communication telle la communication non violente - CNV- ou la Process Communication peuvent jouer un rôle dans cette évolution. J’ai signalé votre article sur mon blog www.radiocoaching.info


                • jo l'indien jo l’indien 7 novembre 2007 17:40

                  Votre article est fort interessant dans son contenu mais également par les commentaires qu’il suscite.

                  Le travail sociale est en pleine crise, ces fameuses crise qui précèdent une révolution ou en tout cas un changement d’ordre vitale !

                  le problème de la jeunesse aujourd’hui se sont les adultes ou l’absence d’adulte. Je fais de l’accompagnement de jeunes en exclusion et forcé de constater que la difficultée ne vient pas de ces jeunes mais de s fameux professionnel que l’on nomme « partenaires », fermés dans un fonctionnement archaïque qui fait qu’elles crées de l’exclusion.

                  Dans le cadre de mon travail j’use du méthode qui s’appelle le Counseling, ou en français l’Entretien Motivationel, qui me permet de profiter d’un tête à tête avec un jeune pour et travailler sur ces représentations, susciter le doute afin qu’il puissent lui même refléchir à un changement et l’accompagner sur d’éventuels pistes de changement mais tout cela à partir de ces propres mots et maux ! c’est lui l’expert...Cela implique de la part de l’educateur un savoir faire et un savoir être, chose qui, de ma faible expèrience peut-être mais sur des terrains propice aux conduites à risques 93 et 18ème, manque cruellement au professionnel, se positionner en ayant déjà reflechit sur son métier.

                  Il y’a une vraie revolution des pratiques a lancer,les politiques sarkozyenne ne nous empêches en rien à penser notre métier d’édicateur bien au contraire et surtout que nous sommes dans le 21ème siècle nous avons tout les pretexte à l’innovation pour le mieux être des jeunes, des adultes et de la société !

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