Les gens sont pour l’ouverture des commerces le dimanche parce qu’ils sont égoïstes et très très cons.
Ils se disent : chouette, je vais faire mes courses le dimanche
.
Ce qui montre déjà la pauvreté de leur vie privée, s’ils ne peuvent consacrer
un malheureux jour par semaine à leur famille, leurs amis, à lire, à se
ballader, ou même, juste, à penser.
Cela montre aussi leur connerie : parce que dans leur tête, ils évacuent le
fait que pour qu’ils fassent leurs courses le dimanche, leur jour de repos, il
faut que d’autres s’en passent, et ne consacrent pas ce temps à leur famille,
leurs amis.
On peut toujours me raconter que c’est sur la base du volontariat. Dans les
faits, nous savons tous qui décide.
Le commerce, c’est aussi beaucoup de mère célibataires qui ont des salaires de
misère et qui voient déjà fort peu leurs gosses. Si le dimanche devient un jour
travaillé normal, pas de prime pour ce jour-là, mais des frais en plus :
comment trouver et payer une nounou ce jour-là ? Comment élever ses gosses sans
ne plus les croiser ? Quand les mouflets, livrés à eux-mêmes, feront n’importe
quoi à l’adolescence, il se trouvera les mêmes bonnes âmes pour leur jeter la
pierre et demander la suppression des subsides sociaux de leurs mères qui n’ont
rien fait d’autre que de se tuer à la tâche pour un salaire de merde.
Tant d’égoïsme me révolte !
Mais surtout, ils sont très, très cons les amateurs de courses le dimanche.
Parce que si le dimanche devient un jour travaillé pour le commerce, il y a
plein de besoins annexes à satisfaire : des livraisons de denrées le dimanche
(roule petit camion, bosse petit livreur), des vigiles, des
administratifs, en cas de pépin, les transports en commun pour acheminer tous
ces abrutis de consommateurs, des banques, pour que le pognon tourne sans fin,
le courrier, pour que les ordres de paiement circulent, donc des transports de
fond aussi, et les flics qui vont avec. Si le flux de marchandises ne se fige
pas le dimanche, il n’y a aucune raison d’arrêter de produire ce jour-là :
ouvrons les usines, et leurs fournisseurs et les prestataires de service qui
gravitent autour. Si mon réseau informatique plante le dimanche en pleine
pointe de production, il faudra des informaticiens sur le pied de guerre, et
ainsi de suite.
Si on ouvre une brèche dans le repos du dimanche, ils vont être plein de
gentils patrons de tous les secteurs à gueuler : pourquoi pas moi ?
Et on va leur répondre avec une fausse naïveté : ben oui, c’est vrai, ça,
pourquoi pas vous ?
Et une fois que tout le monde bossera le dimanche, les amateurs de courses le dimanche devront probablement demander l’ouverture des magasins la nuit ! Les cons !
Car en moyenne, les gens qui aimeraient bien faire leur courses le dimanche partent du principe que cela reste leur jour de repos. D’ailleurs, si on leur demandait plutôt s’ils aimeraient travailler le dimanche, que le dimanche soit un jour de travail comme les autres, je pense qu’il y aurait nettement moins de volontaires.Cons... et égoïstes !
Le repos dominical n’avait que 100 ans.
Ce ne sont pas les travailleurs qui l’avaient arraché au patronat mais bien le
patronat qui l’avait concédé aux travailleurs, pour pallier à leur manque de
productivité dû à une fatigue trop grande.
Enfin, il n’y a que très peu de chance que cela crée des emplois en plus.
Depuis les 35 heures, nous avons bien compris que l’embauche ne se fait qu’au
compte-gouttes et en dernier recours.
Bien avant, il y a les heures sup (surtout qu’elles sont largement non payées),
les roulements de salariés en place, l’augmentation de la productivité, et les
stagiaires. Et après, en dernier recours, les emplois précaires jetables à
temps partiel.
Au final, tout le monde bossera n’importe quand, n’importe comment et je me demande qui trouvera encore le temps d’aller faire ses foutues courses le dimanche. Alors passer du temps avec sa famille, ses amis, je vous laisse imaginer...