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Accueil du site > Tribune Libre > Chercheur en France : une vue de l’intérieur du système

Chercheur en France : une vue de l’intérieur du système

Depuis plusieurs années, le mouvement « Sauvons la recherche », alerte le « grand public » et les décideurs sur les difficultés que traverse la recherche en France. Les opinions pour ou contre sont souvent émises par des personnalités qui ne connaissent pas le système de recherche français. Un regard de l’intérieur obtenu au travers d’entretiens et d’expériences personnelles s’impose.

Le système de recherche français est essentiellement public. Il découle de décisions qui remontent, en grande partie, à l’après-guerre et à la période de redémarrage de l’activité économique. Ce système, toujours en grande partie, résulte de la vision du chef de l’Etat de l’époque, le général de Gaulle [1]. Dans le secteur privé, il n’existe que très peu de dispositifs de recherche structurants ou en réseau ; chaque entreprise agit le plus souvent en son nom propre au travers d’un service de recherche et développement.


Composition du dispositif de recherche

La force de recherche française publique est articulée autour des universités et des grands organismes de recherches, tels le CEA, le CNRS, L’INSERM, l’INRA, L’INRIA, etc. A l’exception du CNRS, qui a mission de couvrir tous les domaines de recherche, chacun de ces organismes œuvre dans un secteur particulier ; recherche nucléaire pour le CEA, agronomique à l’INRA, médicale à l’INSERM [2], etc. Les laboratoires de ces organismes leur sont soit « propres » (le seule tutelle est l’organisme considéré), soit « associés » (ils dépendent de plusieurs tutelles). Ainsi, la plupart des laboratoires des universités françaises sont des laboratoires associés, le plus souvent au CNRS ou à l’INSERM. Il existe donc des interactions fortes entre les organismes et l’université.

Les personnels de recherche sont soit des personnels permanents, soit des agents contractuels. On distinguera deux catégories essentielles parmi les permanents : les chercheurs (chargés et directeurs de recherche) et enseignants-chercheurs (maîtres de conférence et professeurs), et les ingénieurs et techniciens (dit ITA ou IATOS selon les organismes). Parmi les contractuels, on retrouve les mêmes catégories que ci-dessus, avec des chercheurs et des ingénieurs et techniciens. On inclut dans la première catégorie les doctorants, sous contrat de trois ans avec le ministère de la Recherche ou son équivalent du moment, les post-doctorants (pratique qui consiste pour un doctorant à parfaire son expérience dans un autre laboratoire, un peu à l’image du compagnonnage), et les chercheurs sur contrat de recherche.

En 2002, les effectifs des personnels de recherche publique en France étaient de l’ordre de 180 000 personnes [3], dont environ 26 000 au CNRS, 9 000 à l’INRA, et 90 000 à l’université. En 2004, la France disposait de 75 000 chercheurs et enseignants chercheurs dans le secteur public [4]. Le nombre des personnels non fonctionnaires était de 20 000 en 2004 [4], nombre qui a augmenté depuis avec la mise en place des contrats de l’agence nationale de la recherche (ANR). Constat : la plupart des non-fonctionnaires se trouvent dans les équipes de recherche. Il n’est pas rare qu’une équipe de recherche compte bien plus de personnel non fonctionnaire (donc contractuel) que fonctionnaire.

La dotation de crédits provient d’une part du budget civil de la recherche et du développement et d’autre part, du ministère chargé de l’Enseignement supérieur. Le premier s’élevait en 2003 à 6 700 millions d’euros dont 6 200 millions au titre du ministère chargé de la Recherche et à 500 millions au titre de l’enseignement supérieur du ministère de l’Éducation nationale. Le second s’élevait à la même date à plus de 2 100 millions d’euros soit un total général de plus de 8 800 millions d’euros [3]. La dépense globale de l’Etat pour la recherche publique s’est élevée en 2005 à 1,6% de son PIB soit 20 milliards d’euros. La dépense de l’Etat pour la recherche publique et privée se montant, elle, à 2,1% environ de son PIB, soit environ 27 milliards d’euros.


Un soutien financier limité

Avec 2,1 % de son PIB consacrés à la recherche civile et militaire, la France se situe un peu au-dessus de la moyenne européenne (tirée vers le bas par les nouveaux entrants), devancée par la Suède (3,9 %), la Finlande (3,5%), la Suisse (2,95%), l’Allemagne et le Danemark (2,50) et l’Autriche (2,35). Hors recherche militaire, ces écarts s’accroissent et la France se retrouve, de plus, derrière la Belgique, voire les Pays-Bas [5].

En termes de dynamique, depuis 1995 et d’après Eurostat, trois pays seulement régressent quant au volume de recherche (inflation prise en compte) : la Grande-Bretagne (- 11,4 %), les Pays-Bas (-9,5) et la France (-6,9). Progressent en revanche l’Allemagne (+ 15 %), le Danemark (34 %), la Suède (16 %) et la Finlande (+ 70 %). Dans le même temps, hors UE, les progressions des Etats-Unis et du Japon se sont élevées à 7 % et 9,5 % respectivement. Il ressort donc qu’en France - exception parmi les pays riches - la recherche est moins bien soutenue aujourd’hui qu’elle ne l’était voilà dix ans [5].

Des mesures avaient pourtant été annoncées par le président J. Chirac, dont un milliard d’euros de plus en 2006. L’examen des chiffres révèle que la recherche publique n’en a pas ou peu bénéficié, puisque 460 millions ont été affectés au soutien aux entreprises [5], et 400 millions au comblement des 2% d’inflation calculés sur les 20 milliards d’euros évoqués plus haut ! Les 150 millions d’euros restant équivalent au montant des investissements de R et D que la seule firme Hewlett - Packard va effectuer en cinq ans dans le domaine des puces RFID, cet investissement ne représentant que 1% du budget R et D de l’entreprise [6] ! Comparaison significative.


La recherche des (et sur) contrats

Au sein d’un organisme comme le CNRS, 80% de la dotation « sert » à payer les salaires des personnels. Les 20% restants vont aux infrastructures (physiques et organisationnelles), et au soutien à la recherche. La dotation CNRS issue de ce soutien est donc très faible : entre 1500 et 5 000 euros annuels par chercheur selon les laboratoires en sciences de la vie. Il en est de même à l’INSERM, à l’INRA et dans les universités.

Les chercheurs et ingénieurs sont donc conduits pour effectuer leurs travaux, à rechercher des contrats auprès d’agences nationales ou internationales, ou plus rarement auprès d’entreprises privées. Ce dernier cas de figure est plus difficile à mettre en œuvre car les échelles de temps auxquelles fonctionnent ces entités divergent totalement. Trois à quatre ans de travail constitunt un horizon acceptable en recherche académique, et quasi insupportable en recherche privée. La recherche académique s’accompagne également d’une prise de risques qui, contrairement à des idées reçues solidement ancrées dans certains milieux, ne caractérise pas dans ce domaine le monde de l’entreprise.

La recherche de contrat reste cependant une activité très coûteuse pour la collectivité. La mise en place des programmes de recherche, leur diffusion, les réunions exploratoires et préparatoires, le temps passé aux réponses aux appels d’offres, à leur évaluation, à la production des rapports d’étapes et finaux et à leur évaluation a un coût (calculable à partir des coûts horaire officiels) qui n’est jamais explicitement mentionné. Deux chercheurs du CNRS et de l’INSERM ont récemment calculé que ces coûts cachés du programme de l’Union européenne (6e programme cadre) correspondaient à plus de la moitié des sommes distribuées !

Coûteuse pour la collectivité, la recherche sur programme l’est aussi pour les laboratoires. Il faut en effet former les personnels sur le contenu des programmes de recherche pour qu’ils acquièrent ensuite l’autonomie nécessaire à leur action. Une fois autonomes, et ayant acquis de l’expérience, ceux-ci quittent l’équipe à la fin de la période de 12, 24 ou 36 mois de contrat. Il faut alors tout recommencer à zéro au prochain contrat décroché.

Il existe un consensus chez les chercheurs du secteur public pour estimer que la recherche sur contrat doit être maintenue car elle permet de dégager des moyens dans un secteur que les tutelles souhaitent explorer. En revanche, il existe aussi une opinion assez générale sur le risque que constitue la systématisation du modèle de recherche sur appel d’offres, risque de multiplication de fraudes scientifiques [7] et surtout risque de stérilisation de l’activité de recherche [8] à terme non définissable. Comme le disent de nombreux scientifiques, ce n’est pas en cherchant de la pénicilline que celle-ci a été identifiée [9], les rayons X n’ont pas été découverts alors que l’on recherchait un moyen de voir au travers du corps humain, les cristaux liquides ne résultent pas de la volonté de fabriquer des écrans plats, et comme l’expose joliment E. Brezin, vice-président de l’Académie des sciences, « ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a découvert l’électricité ». En bref, l’epistémiologie qui inclut l’histoire des sciences révèle que celle-ci est faite de ces découvertes fortuites, non voulues, non cherchées, non commandées et non budgétisées ! Peut être serait-il bon de conserver ce point-là à l’esprit aujourd’hui.


Un métier fantastique et pourtant difficile

L’idée de contribuer à l’avancement de la connaissance, de produire un bien accessible à tous et dont la détention par l’un ne prive pas l’autre, celle d’exercer un des rares métiers où l’exécutant est payé pour se tromper (et bien sûr pour comprendre pourquoi), la chance de pouvoir répondre directement à sa propre curiosité, de mener de la conception à la réalisation une expérience, font de l’activité de recherche une activité fantastique. Il y a néanmoins des prix forts à payer pour cela.

Le premier prix à payer, à titre individuel, réside dans le fait que les études sont longues, et la sélection drastique. La carrière commence tard (à 23 ans en moyenne en début de thèse), pour terminer à 28/29/30 ans son post doc, et bénéficier d’une éventuelle embauche autour de la trentaine au mieux. Les salaires sont modestes surtout en début de carrière : 1 100 euros/mensuels nets à bac + 5 pour un doctorant, 1 600 (sur 12 mois) pour un chargé de recherche ou maître de conférence (bac + 10, age moyen 30 ans), pour une fin de progression autour de 2 800 à 3 000 euros net mensuel, après une quinzaine d’années [10]. Autour de 3 700 euros pour un directeur de recherche ou professeur moyen en fin de carrière, toujours bac+10, et la responsabilités d’un groupe de 6 à 30 personnes voire plus (y compris responsabilité pénale), plus de nombreuses tâches collectives, y compris de l’expertise, pratiquement jamais rémunérées contrairement à une idée reçue. Ce n’est pas la misère, mais ce n’est pas non plus un salaire de « cadre sup. » à responsabilités égales. D’autant qu’avec la réforme des retraites et le coût prohibitif des rachats d’années d’études, les professions intellectuelles vont voir leur revenu sensiblement baisser. La retraite est en effet un salaire différé qu’il sera bientôt impossible d’obtenir à taux plein lorsque l’on commence sa carrière à 28 ou 30 ans.

Autre prix à payer, fonctionner au sein d’un système administratif pesant. Deux raisons à cela. La première est que la gestion des crédits par les organismes s’est considérablement alourdie en une dizaine d’années, en particulier lors de l’apparition au sein de ces établissements, des procédures de marchés publics. Celles-ci, destinées aux commandes importantes de l’Etat et de collectivités (travaux publics, commandes militaires, etc.) ont été imposées aux laboratoires qui ont perdu un temps fantastique à tenter de s’y adapter, pour que le ministère des Finances constate ensuite l’étendue des dégâts et fasse machine arrière. En d’autres termes, on a demandé aux chercheurs pendant des années de courir le 100 mètres en poussant une brouette pleine de terre et on les a moqués pour ne pas avoir tenu les 10 secondes ! La recherche a payé le prix de la corruption d’autres secteurs, publics ou privés, que ces marchés étaient censés combattre. Cette vison est à évaluer a posteriori en regard d’affaires telles que celle des frégates de Taiwan [11] ou Clearstream [12].

Deuxième raison des lourdeurs administratives : un pilotage financier de l’activité publique en général, de plus en plus présent. Ce pilotage conduit à l’oubli complet par la tutelle financière des missions mêmes du service public. Après la poste ou la SNCF [13], cette dérive touche tous les secteurs de l’Etat, y compris celui de l’enseignement supérieur et de la recherche.


De la critique

Chercher c’est aussi savoir se soumettre aux critiques et les prendre en compte. Dans son travail, le chercheur est - là aussi contrairement à une idée reçue - constamment évalué. Sa tutelle lui demande un rapport succinct annuel, et plus complet tous les deux ans, puis très détaillé tous les quatre ans. Il est évalué tous les ans par ses pairs, et tous les quatre ans par une commission nationale et internationale d’experts. De plus, un chercheur ou un ingénieur chargé de travaux doit soumettre son travail à l’expertise de ses pairs avant diffusion, le plus souvent au travers de publications scientifiques. Ces évaluations sont le plus souvent internationales et ne constituent en aucun cas des formalités, bien au contraire.

Enfin, autre évaluation, celle liée aux demandes de financements soumises aux agences nationales et internationales (voir la recherche des et sur contrats, plus haut). Celle-ci peut être drastique également avec des taux d’acceptation à un chiffre. On peut d’ailleurs se demander si l’activité de nombre de ceux qui décrient l’activité de recherche des universitaires, des membres de l’INRA ou de l’INSERM, fait l’objet d’autant d’évaluation critique de la part de leurs confrères ou du public. Personnellement j’en doute et j’ai même l’outrecuidance de croire que notre société fonctionnerait mieux si l’activité de services d’entreprises et d’administrations, ou celle de décideurs étaient aussi évaluées que l’est celle des chercheurs.


Références et notes

[1] Pierre Lelong. Le général de Gaulle et la recherche en France. Revue pour l’histoire du CNRS. Novembre 1999. Voir http://histoire-cnrs.revues.org/document481.html

[2] On consultera si nécessaire les sites des différentes organismes, faciles à trouver sur internet

[3] Comité national d’évaluation de la recherche évaluation de la recherche publique dans les établissements publics français. Décembre 2002.

[4] Ministère délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche. Voir http://cisad.adc.education.fr/reperes/default.htm

[5] Collectif « sauvons la recherche ». Ces chiffres n’ont pas fait l’objet de contestation officielle.

[6] ZDNet France. HP va investir 150 millions d’euros pour le développement des RFID. Août 2005.

[7] Girolamo Ramunni. La fraude scientifique. Revue pour l’histoire du CNRS. Novembre 2003. Voir
http://histoire-cnrs.revues.org/document566.html

[8] Pierre Le Hir et Catherine Rollot. Université et recherche : la guerre des promesses. Le Monde. 12 avril07.

[9] On trouvera une explication succincte sur cette découverte sur Wikipedia (France), rubrique Alexander Fleming.

[10] Source CNRS. Voir
http://www.sg.cnrs.fr/drhchercheurs/concoursch/chercheur/carriere-fr.htm

[11] Joël Bucher. Silence on triche : le fric ou le néant, les frégates de Taiwan. Cyberbook. http://boom2000.free.fr/index2.htm

[12] Denis Robert et Ernerst Backes. Révélation$. 2001. Les Arènes éditeur.

[13] Martine Bulard. Dérégulation en direct : service public, danger. Le Monde Diplomatique. Mars 2006.


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7 réactions à cet article    


  • loran 7 mai 2007 15:35

    Pour avoir passer ma thèse dans un labo CNRS après un parcours entier dans l’université française, je peux dire que l’université et le CNRS dans les années 90 ne m’ont pas laissé un grand souvenir d’innovation et d’ouverture sur le monde de l’entreprise. La recherche et développement dans ces deux grands établissements était (et reste encore je le pense) des activités en vase clos. Le manque de dialogue avec l’industrie et l’abérrant manque de rationalisation des recherhches ont appauvri la crédibilité des labos CNRS et universitaires.

    A l’époque de ma thèse je me rappelle en avoir discuté avec Jean-Pierre Kahan (de l’académie des sciences) lors d’une rencontre très intéressante. Il me racontait comment les japonais avait mis la puissance de leur recherche universitaire au service de leur industrie dans les années 60, en impliquant les théoriciens (mathématiciens, physiciens, phénomèlogistes) et les experimentateurs dans de nombreux domaines (matériaux, électronique, nuléaire, etc.), ils ont créé un superministère de l’industrie et de la recherche en associant les universités et centre de recherche des grands conglomérats industriels.

    En France, les grands organismes (CEA, INSERM, CNES, etc. )ont plus de crédilité et de résultats concrets que le CNRS et l’université. Cela est dû à la dilution des budgets et à un certain manque de volonté des chercheurs à collaborer ou même à dialoguer avec l’industrie (le diable en personnes pour certians que j’ai cotoyés). Un exemple : l’étude des fullerènes à partir des années 90 a été largement mise en oeuvre dans une dizaine de labo CNRS en même temps. Si la concourrence permet une saine émulation, elle ne doit pas se faire au détriment de l’appauvrissement des bugdets ainsi alloués à la discipline pour chaque équipe.

    Je crains malheureusement que le hiatus entre industrie et université ne fasse que grandir tant ces deux mondes ne partagent pas la même vision de l’utilité des résulats potentiels d’une même discipline.

    Loran


    • legros 8 mai 2007 17:44

      @Loran

      votre argument selon lequel les organismes thématiques (CEA, Inserm et autres) ont plus de succès que le CNRS et les universités est infondé. Vous confondez succès scientifiques et succès de communication. Il se trouve que les succès en santé humaine (domaine de l’INSERM) se prêtent mieux à la publicité que les travaux de sociologie, de droit, de physique théorique faits au CNRS. Par sa politique de soutien via des equipes mixtes, le CNRS est de fait associé à de nombreuses découvertes de première importance (cf les prix Nobel de Cohen-Tannoudji et Chauvin, ou la magnétorésistance géante)

      Le problème de l’université est différent et double.

      1)La recherche à l’université meurt de faim sur le plan financier

      2) Contrairement aux grands organismes, les personnels universitaires et les équipes de recherche universitaires ne sont pas évalués régulièrement, ce qui favorise un mandarinat de mauvais aloi.

      Enfin, pour approfondir et en particulier sur les différences de finalité entre recherche fondamentale et appliquée, je vous conseille la lecture des « états généraux de la recherche », aux éditions Tallandier. c’est là que je me suis rensigné pour répondre.


      • Ronny Ronny 8 mai 2007 18:46

        @ Loran

        Ce que vous dites du Japon est tout a fait exact. Néanmoins, très rapidement après avoir implémenté cette politique, les autorités japonaises sont revenues à un système de financement supportant à la fois la recherche privée et la recherche publique fondamentale. Elles avaient perçu le risque que constituait le seul financement d’une recherche sur projets.

        En ce qui concerne les comparaisons inter-organismes, celles ci sont difficiles car les moyens mis à leur disposition (et leurs missions) diffèrent. Le CEA (EPIC) a bénéficié d’un très important soutien lié aux recherches militaires... Le CNES a été très soutenu par les pouvoirs publics pour que la France puis l’Europe accèdent à l’espace. L’inserm et le cnrs ne déméritent pas, contrairement à des idées reçues. En ce qui concerne ce dernier organisme, je vous conseille la lecture de l’étude bibliométrique (mesure de l’impact des travaux de recherches, publiée par le cnrs) disponible à l’adresse : www.cnrs.fr/DEP/publi/documents/bib1999.pdf

        Vous constaterez que, tous domaines confondus, les papiers des labo cnrs se situent au premier rang, à égalité avec ceux des labos US. Notez cependant que la période concernée est déjà ancienne et que je n’ai pas trouvé d’études similaires sur une période plus récente. En tous cas l’étude bibliométrique met mal l’idée que les chercheurs français ne trouvent pas...

        @ Legros

        D’accord avec votre remarque sur la confusion possible entre succès scientifique et succès de communication. Certaines grosses avancées scientifiques ont mal été « valorisées », et à l’inverse certains scientifiques savent très bien « vendre » un résultat mineur comme une avancée spectaculaire, quitte à passer par dessus la règle de l’évaluation...


        • chris 8 mai 2007 23:21

          expat pour trois ans aux US. Le probleme de la recherche en France et le manque de reseau avec le prive. Avec l explosion des fonds a but non lucratifs aux states, il est temps que le france se reveille car ceux ci vont representer un % de plus en plus importants. La systematique mise a dos de la recherche appliquee a la recherche fondamentale qui se sent tjs superieure mais qui cache aussi une sorte de manque de confiance : les doctorants et le postdocs se sentant mal armes pour entrer ou collaborer avec le prive...Les theses CIFRE sont pour cela tres utiles et a mon avis,devraient etre plus soutenues.

          Enfin, un grand probleme est que les instituts CNRS INSERM PASTEUR...sont tres hermetique : on fait sa these a l INSERM et y fait sa carriere...

          L article est parfois ambigue car l argent de l etat donne aux entreprises pour soutenir la recherche est aussi de l argent pour les chercheur francais quis sont dans le prive ! Phenomene bcps plus develope a l etranger et qui a fait ses preuves

          Le plus amusant est de voir les chercheurs francais arrives aux states ou le salaires en academiques postdocs n est pas plus eleves en france n avoir aucun probleme a saute dans le biotech prive alors qu en France c etait hors de question car ici il n y pas cette fracture intellectuel !

          par contre l analyse sur la recherche et ses contrats est tres pertinente : aux US, c est aussi la raison pour laquelle le prive est si attirant, la liberte du public n existe quasiment plus : esclave des grants ! A savoir : aux US la nouvelle donne est de tout paye, ex : vous paye a l universite le nombre de m2 de votre lab chaque annee....donc plus de grant et vous perdez tout !


          • Ronny Ronny 9 mai 2007 09:26

            @ Chris

            Assez d’accord avec vos commentaires, pour avoir travaillé plus de deux ans aux USA. Le manque de réseau avec le privé est effectivement critique en France et résulte de façon shématique (et à mon avis) du fait que les opérateurs de recherches diffèrent dans leur culture. Pour simplifier (et caricaturer ?), on a les ingénieurs d’un côté et les universitaires de l’autre, les uns se méfiant des autres et le mode de raisonnement des uns différant de celui des autres. Pour avoir tenté des rapprochement avec l’industrie, je reste néanmoins persuadé que le problème crucial est celui de « l’horizon ». Pas moyen de proposer une recherche à 4 ans avec 30 % de réussite à un industriel en France. Il faut une chance de succès de 75% et un succès possible dans l’année.

            En ce qui concerne les salaires la comparaison est difficile. Les collègues US sont souvent payés sur 9 mois, voire parfois moins, le reste provenant de leur « grants ». De plus les « benefits » diffèrent. Nos assurances sociales sont prelevées sur le salaire et non négociables. On peut negocier sa couverture aux USA et l’implication financière de l’employeur dans cette couverture.

            Effectivement, l’université US facture des m2. D’un autre côté luniversité prêtera sans sourciller 30 000 $ à une équipe sur un éventuel crédit qu’elle obtiendra alors que cette situation est impossible à imaginer en France.

            Et en France comme aux USA, le premier travail d’un chercheur est de trouver de l’argent pour « fonctionner », et non plus d’effectuer des recherches scientifiques...


            • maracana 10 mai 2007 16:33

              je voudrais bien savoir vos points de vue quant aux projets de recherche en coopération avec les pays maghhrébins (tunisie, algérie, maroc). Je constate qu’en france en général, on n’aime pas trop la recherche, est-ce qu’une question d’argent ? (un thésard aura 1100€ alors que s’il commence une carriere d’ingénieur il aura 1500€ et plus)


              • Christophe Christophe 16 mai 2007 16:40

                @Ronny,

                Désolé de passer si tardivement sur votre article très intéressant.

                A priori, la relation Labo - Entreprise dépend du secteur d’activité : entre recherche fondamentale et recherche appliquée.

                Les entreprises ne veulent pas du tout entendre parler de recherche fondamentale, en tout cas, elle ne veulent pas la financer.

                Par contre, ayant travaillé pendant 6 ans en recherche appliquée dans une structure que vous ne citez pas, l’Office National d’Etude et de Recherche Aérospatial (ONERA) financée principalement par la Délégation Générale de l’Armement, nous avons beaucoup travaillé avec les industriels (EADS/Airbus, SNECMA, Turboméca, Microturbo, Dassault, Matra, MBDA, ...).

                Aujourd’hui, je travaille dans l’industrie privée, et là, c’est la course incessante aux financements publics par l’obtention de PEA ou tout autre type de contrat de recherche financés soit par l’Etat ou l’Europe.

                Nous avons un sérieux problème en France ; nos dirigeants d’entreprises n’aiment pas prendre de risques, voir n’en prennent aucun. Comment faire de la recherche privée dans ces conditions ?

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